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jeudi 10 juillet 2014

224-ART CONTEMPORAIN : LA VOIE DU RÉEL -DEUXIÈME PARTIE




- TINGUELY Jean (1925-1991), Homage to New York, 17 mars 1960,
happening organisé dans le jardin du MOMA, 
sculpture-machine s'auto-détruisant avec bruits, explosions et fumées, en présence du public.
VOIR UNE VIDÉO (5 MN 30)

- BEUYS Joseph (1921-1986), I like America and America likes me, New-York, mai 1974.
(L'artiste, recouvert de feutre, avec chapeau, canne, triangle et lampe torche, 
coexiste pendant trois jours avec un coyote symbolique de l'Amérique et de ses Indiens).


4-L'ESPACE DU LIEU : installations in situ, surtout dès les années 1960


Il faut tout d'abord évoquer quelques installations in situ et environnements conçus dès les années 1920-1930 par les artistes constructivistes (El Lissitzky) et dadaïstes (Kurt Schwitters) puis par Marcel Duchamp pour les grandes expositions du groupe surréaliste des années 1930-1960.

- EL LISSITZKY (Lazar Markovitch Lisitskii dit, 1890-1941), Espace Proun (Prounenraum), 1923,
Grosse Berliner Kunstausstellung (Grande Exposition d’Art de Berlin) de mai à octobre 1923,
 photomontage constitué de 4 photos, publié dans le n° 1 de la revue de juillet 1923. 
Le spectateur déambule dans un environnement abstrait (déplacement, multiplication des points de vue, durée) : "A chaque mouvement du spectateur dans l'espace, l'effet des murs se transforme. De la marche humaine naît ainsi une dynamique optique. Ce jeu rend le spectateur actif", El Lissitzky.

- SCHWITTERS Kurt (1887-1948), Merzbau, 1923-1933, maison de l'artiste à Hanovre, photo de 1932,sculpture évolutive, inachevée et disparue, occupant progressivement 3 étages et 8 espaces de la maison,construite avec des matériaux pauvres et de récupération placés dans des niches consacrées à des artistes,des amis, à l'amour..., bois et plâtre peints en blanc, papiers, métaux en forme d'éléments géométriques,objets trouvés ou donnés, notamment des fragments de miroirs et de poupées, une cravate, un dentier, deslettres, une mèche de cheveux, un flacon d'urine...


- DUCHAMP Marcel (1887-1968), 1200 sacs de charbon suspendus au plafond au-dessus d'un poêle, détail, 1938,
Exposition Internationale du Surréalisme, Paris, janvier-février 1938.
L'artiste conçoit le hall principal de l'exposition pour ressembler à une grotte souterraine avec 1200 sacs de charbon
suspendus au plafond. Une seule ampoule fournissant l’éclairage, une lampe de poche est donnée à
chaque visiteur pour contempler les oeuvres à l'intérieur. Le tapis est rempli de feuilles mortes, de
fougères et d'herbes, et l’arôme de torréfaction du café remplit l'air. 

- DUCHAMP Marcel (1887-1968), Le Fil (Mile of String), 1942, 
installation dès le vernissage de l'Exposition First Papers of Surrealism, New-York, octobre-novembre 1942.
La ficelle en tension crée un parcours dans l'exposition et un voile et un réseau devant les peintures exposées, obligeant à regarder à travers.
Cependant, l'installation a surtout lieu au plafond, l'espace étant libre au-delà du premier plan photographié.


A partir des années 1960, l'installation, l'installation in situ, l'environnement, deviennent des formes récurrentes de la sculpture contemporaine. La sculpture n'existe plus comme un simple objet posé dans une salle de musée mais entretient de multiples relations avec son environnement. 

L'espace du lieu devient une partie de l'oeuvre, voire l'oeuvre entière. Le sol, le plafond, les cloisons, les murs et les baies de la galerie mais également ses systèmes d'éclairage, de chauffage ou d'aération sont utilisés ou détournés. L'artiste prend possession, en 2D et en 3D, de l'architecture depuis ses fondations et ses façades, jusqu'aux toitures ou aux terrasses. Son oeuvre est, de plus, bien souvent présente dès l'extérieur avant de gagner l'intérieur, créant un parcours voire un mouvement qui révèlent tout autant le lieu que la matérialité de l'oeuvre. 


L'artiste fait également jaillir l'oeuvre vers l'extérieur, outrepassant les limites du musée et répandant l'oeuvre au dehors, dans la ville, la nature et la vie quotidiennes, ou à l'inverse fait entrer la ville, la lumière, les sons et la nature dans le monde habituellement clos du musée. Il investit aussi des bâtiments sans rapport avec les lieux institutionnels du monde de l'art (maisons, hangars ...), souvent destinés à la rénovation ou à la démolition qu'il peut transformer à sa guise. Enfin, il crée parfois de toutes pièces des lieux, des architectures ou des décors scénographiques.


Dans toutes ces démarches, il y a fusion entre les arts de la sculpture et de l'architecture, de nombreux artistes contemporains ayant d'ailleurs une formation d'architecte. Il y a non seulement un jeu entre l'intérieur et l'extérieur mais entre art (représentation, perception) et réalité. Le rôle participatif du visiteur est souvent important dans ces œuvres (parcours, jeu, multiplication des points de vue, expérience sensible, mentale et politique). La plupart des installations étant temporaires, leur trace est conservée par les projets de l'artiste, par la photo et la vidéo mais également par la mémoire des visiteurs.



- KLEIN Yves (1928-1962), La spécialisation de la sensibilité à l'état matière première en sensibilité picturale stabilisée, 1958,
Exposition Le Vide, paris, Galerie Iris Clert, 28 avril-12 mai 1958,
si l'espace intérieur est vide et blanc, tout ce qui est à l'extérieur (vitrine, rideau) et utilisé pour le vernissage est bleu (cartons d'invitation, timbres, cocktail).

- ARMAN (1928-2005), Le Plein, 1960,
exposition à Paris, Galerie Iris Clert, octobre 1960.
L'artiste remplit la galerie d'objets de rebut et de détritus triés de poubelles.
Cependant, l'exposition est stoppée au bout de 10 jours, du fait de débuts de décomposition.


- FLAVIN Dan (1933-1996), Alternating Pink and Gold, 1967,
environnement, néons colorés, chacun d'une hauteur de 244 cm,
Chicago Museum of Contemporary Art.

 - CHRISTO (né en 1935) & JEANNE-CLAUDE (1935-2009), Wrapped Museum of Contemporary Art, Chicago, 1968-69,
premier Building Wrap des artistes aux Etats-Unis,
photo Harry Shunk, façade (930 m2) enveloppée d'une bâche brune (en contraste avec la neige) et de cordes, avec l'aide des étudiants du Chicago Art Institute of Design.


- KOUNELLIS Jannis (né en 1936), Douze chevaux attachés, Rome, Galerie L'Attico, 1969.

- TURRELL James (né en 1943), Mendota Stoppages, 1969-74, Ocean Park (Californie), Hôtel Mendota,
James Turrell réalise des installations in situ, des sculptures de lumière dans des pièces où il vide totalement l’espace, obstrue les ouvertures et procède à de fines découpes dans les murs, afin de contrôler l’entrée de la lumière. 


- ASHER Michael (1943-2012), Installation, 1970, Claremont (Californie), 
Pomona College Museum of Art,
l'artiste conceptuel modifie deux des galeries adjacentes au musée, en les transformant en deux espaces triangulaires reliés par une étroite ouverture qui limite fortement le flux de lumière dans l'un des espaces, tout en gardant l'autre espace sans portes, ouvert jour et nuit et introduisant la lumière, l'air et le bruit de la rue dans la galerie.



5-LA NATURE, SUPPORT ET MATÉRIAU :  Land Art, dès 1967

Dès 1967, en Angleterre (Richard Long) et surtout aux Etats-Unis (Robert Smithson, Michael Heizer, Denis Oppenheim, Walter De Maria et Christo et Jeanne-Claude), les artistes du Land Art prennent le paysage naturel, le territoire pour support et pour matériau (minéraux et végétaux mais également éléments naturels comme l’eau, la neige, l’air, la lumière). L’œuvre, souvent éphémère, quitte les milieux culturels et commerciaux de l’art (galeries, musées) pour investir (installations, parcours, installations in situ, environnements, performances) des lieux isolés ou grandioses (déserts, montagnes, lacs) voire des lieux urbains ; elle investit également ces mêmes lieux culturels avec les projets et des textes et les seules traces photo ou vidéo des œuvres éphémères réalisées en pleine nature, ou bien y importe des éléments naturels (terre remplissant la galerie, parcours de pierre ou tableau de boue dans le musée). L’artiste contestataire se relie tout à la fois aux arts primitifs (travail dans et avec la nature), au Romantisme (thème lyrique du paysage), au Minimal Art (art monumental et géométrique en rapport au lieu) et à l’art de la performance. 

Les artistes réalisent souvent des œuvres colossales ou « earthworks » en utilisant des moyens industriels, et notamment des engins de chantier ou des hélicoptères (points de vue, photos, vidéos). Certains artistes européens, comme Richard Long puis Nils Udo et Andy Goldsworthy, préfèrent cependant des oeuvres plus intimistes et physiques, utilisant de préférence leur propre corps (marche, manipulation) ou des éléments naturels comme outils improvisés (sève comme colle, épines comme aiguilles, lianes comme corde ...).


- LONG Richard (né en 1945), A Line Made by Walking, 1967, Angleterre.
Une marche de l'artiste, de plusieurs heures (temps), imprimant
 dans l'herbe (paysage), par ses pieds (corps), la trace de son passage.

- LONG Richard (né en 1945), Throwing stones into a circle, (Jeter des pierres dans un cercle), 1979, 
une marche de six jours dans les montagnes de l'Atlas, Maroc.


- DE MARIA Walter (né en 1935), Earth Room, 1968,
Galerie Heiner Friedrich, Munich, 50 m3 de terre emplissant la galerie sur une hauteur de 56 cm.

- DE MARIA Walter (né en 1935), Mile Long Drawing, 1968,
désert des Mojaves (sud de la Californie), avec l'aide de Michael Heizer (né en 1944), 
deux lignes d'1 km 600 sont tracées à la craie blanche sur le sol du lac asséché pour permettre de donner une échelle appréciable à l'espace incommensurable du lac. La silhouette de l'artiste a le même but : donner une échelle humaine.


- DE MARIA Walter (né en 1935), The Lightning Field, 1969-1977, Nouveau-Mexique.
400 piquets en acier inoxydable répartis dans un rectangle de 1x1,6 km,
 soit 6 705 m2 destinés à attirer le spectacle de la foudre.

- CHRISTO (né en 1935) et JEANNE-CLAUDE (1935-2009), Wrapped Coast, 1968-69, 
93000 m2, Little Bay, Australie.


- HEIZER Michael (né en 1944), Double Negative1969,
 Moapa Valley, Mormon Mesa, Nevada.
Deux tranchées de 15 m de profondeur, 9 m de large et 457 m de long, creusées
sur les deux côtés d'un canyon, nécessitant le déplacement de 218 000 tonnes de roche.

- SMITHSON Robert (1938-1973), Spiral Jetty, 1970, Great Salt Lake, Utah.
 Réalisation d'une jetée en forme de spirale de 500 m de long et de 5 m de large,
 nécessitant le déplacement de 6 800 tonnes de terre et de roche.
VOIR UNE VIDÉO (4 MN)



- UDO Nils (né en 1937), Tour de roseau, Méditérannée, 1973,
Ilfochrome sur aluminium, 125 x 125 cm, Galerie Claire Gastaud.
- UDO Nils (né en 1937), Le Nid, terre, pierres, branches de bouleau, herbe,
la lande de Lüneburg, Allemagne, 1978.
- GOLDSWORTHY Andy (né en 1956), First Snowball, Leeds, Yorkshire, January 1977.

- GOLDSWORTHY Andy (né en 1956), Elm Leaves, Ilkley, Yorshire, September 1978.





6-LE CORPS, SUPPORT ET MATÉRIAU : performances, happenings et Body Art, surtout dès 1955


Il faut tout d'abord évoquer les manifestations, scandaleuses ou révolutionnaires des années 1910-1930 des artistes futuristes, dadaïstes, constructivistes puis des étudiants du Bauhaus à la recherche d'un art total mêlant corps et oeuvre, costumes et décors, théâtre, littérature, poésie et musique bruitistes, et danse. Dans la même période, Marcel Duchamp se crée un double féminin et se met en scène sous l'objectif de Man Ray.


- BALL Hugo (1886-1927), L'artiste au Café Voltaire, Zurich, 1916,
en costume de chaman en carton coloré et rigide, lisant un poème phonétique.


- MAN RAY (1890-1975), Marcel Duchamp en Rrose Sélavy, 1920 ou 1921,
photographie en noir et blanc, tirage argentique, 21,6x17,3 cm, The Philadelphia Museum of Art.
Rrose Sélavy est un personnage fictif créé par Marcel Duchamp. Son nom apparaît pour la première fois comme signature sur une œuvre d'art, Fresh Widow, en 1920. Le nom de Rrose, qui ne prend alors qu'un seul r, est inscrit en signature sur la tablette. Il figure ensuite dans une série de photographies réalisées par Man Ray, où Duchamp pose travesti en femme, maquillé et chapeauté, dans une sorte de parodie des conventions du portrait de la star féminine de l’époque. Le nom choisi évoque la phrase « Éros, c'est la vie ». Duchamp affirme également qu'il choisit le nom « Sélavy » pour sa sonorité juive. Le double r initial évoque, lui, le double l initial de certains noms gallois, comme « Lloyd ». Duchamp signe également du nom de Rrose Sélavy une série d'étranges calembours. Son personnage sera repris par Robert Desnos.


- SCHLEMMER Oskar (1888-1943), Das Triadische Ballet, 1922,
photographie de 1924.
Peintre, sculpteur et chorégraphe, l'artiste anime des ateliers du Bauhaus entre 1920 et 1929.

Dans les années 1950, la prédominance du geste dans l'art s'affirme en peinture (Action Painting et Abstraction lyrique) aux Etats-Unis et en Europe. 
Au Japon, les artistes du groupe Gutai, autour de Jiro Yoshihara, réalisent dès 1955, en public et parfois avec lui, des performances (corps en action, corps-pinceau, corps-sculpture vivante), des installations, des parcours et des œuvres éphémères en lien avec la peinture abstraite, des matières pauvres et des supports de grand format (projections, lacérations, destructions). 
Aux Etats-Unis, le happening (terme créé par Alan Kaprow en 1959) consiste en la création par l'artiste (Alan Kaprow, Jim Dine, Claes Oldenburg, Robert Rauschenberg) d’événements  avec la participation d'une partie du public (étudiants, visiteurs)Le musicien John Cage crée pour sa part des événements associant musique, danse, poésie et peinture (avec Robert Rauschenberg) puis influence par son enseignement néo-dadaïste (absence de frontières entre les arts et entre les arts et la vie), à l'extrême fin des années 50 et au début des années 60, l'activité du groupe international Fluxus fédéré par Georges Maciunas (Allemagne, avec Nam June Paik et Joseph Beuys, France, avec Ben et Robert Filliou, Japon...). 
En France, c'est encore la logique du geste qui guidera, dès les années 60, la réalisation des sculptures des Nouveaux Réalistes (accumuler pour Arman, compresser pour César, piéger pour Spoerri ...).


- MURAKAMI Saburo (1925-1996 ), Oeuvre, 1956,
l'artiste traverse en les déchirant huit écrans en papier.




- SCHOEFFER Nicolas (1912-1992), CYSP-1sculpture cybernétique et spatiodynamique interactive autonome

 présentée sur le toit de la Cité Radieuse à Marseille lors d'un Ballet de Maurice Béjart, 1956,
acier noir, alu polychrome peint, 200x300x170 cm (hors socle),
 équipée d’un cerveau électronique, de cellules photoélectriques et de microphones, cette sculpture réagit aux modifications
 de son environnement lumineux et sonore par des déplacements et par la mise en mouvement des plaques colorées qui la constituent.


 
- KLEIN Yves (1928-1962), Anthropométries, performance en public du 9 mars 1960, Paris, Galerie Maurice d'Arquian. 
Sous la direction de l'artiste, deux femmes utilisées comme des pinceaux-vivants, s'enduisent le corps de peinture bleue puis s'appliquent sur des supports au sol et au mur, imprimant leur empreinte (sans les bras). Pendant ce temps, neuf musiciens jouent la "Symphonie monotone", formée d'un son continu suivi d'un énorme silence.

- KLEIN Yves (1928-1962), Le Saut dans le vide, action, Fontenay-aux-Roses, octobre 1960,
l'artiste écrit dans son journal, "Un homme dans l'espace. Le peintre de l'espace se jette dans le vide ! (...° Pour peindre l'espace, je dois me rendre sur place, dans cet espace même".
Photomontage (Harry Shunk et John Kender) où ses amis judokas, tendant une bâche pour ses multiples sauts,
 ont été remplacés par la photo de la rue vide.


 
- MANZONI Piero (1933-1963), Sculture viventi, 1961,
les personnes sont signées par l'artiste qui leur remet un certificat d'authenticité daté et timbré (couleur du timbre en fonction de la partie ou de la totalité du corps, voire de la durée du certificat ou de l'opération financière), en tant qu'oeuvre d'art.
Pour l''artiste, l'oeuvre est le corps, ni exposable, ni collectionnable, ni vendable. Il réalise une oeuvre
éphémère et parodie l'acte artistique de la signature et le certificat d'authenticité de l'oeuvre d'art.

- BEN (né en 1935), Rentrer dans l'eau tout habillé avec un parapluie, performance, 1964/72, 
texte et photos noir et blanc, sur panneau 75x75 cm.


- BEUYS Joseph  (1921-1986), Comment expliquer des tableaux à un lièvre mort, 1965,
performance de 3 heures dans l’exposition de  Düsseldorf, galerie Schmela, miel et poudre d'or, micro, vitre de séparation,
 vidéo retransmettant la performance.

- KUSAMA Yayoi (née en 1929), Horse-Play, Woodstock, 1967.
Dès l'âge de 10 ans, l'artiste a des visions hallucinatoires de pois qu'elle reporte sur ses dessins.
Après une carrière de dix ans au Japon, elle détruit toutes ses œuvres anciennes et part s'installer aux Etats-Unis. Là elle met le monde en conformité avec ses visions, recouvrant de ces pois obsédants ses tableaux et dès les années 1960, les corps vivants (le sien ou celui d'autres personnes ou animaux) et les objets (échelles, sièges, barques, chaussures) de formes phalliques en tissu. Elle utilise son propre corps comme oeuvre (performances) et l'intègre dans des environnements s'additionnant de lampes électriques et de miroirs.


- KAPROW Allan (1927-2006), Yard, happening, 1961/1967, Pasadena (Californie),
recréation de l'oeuvre née en 1961 à New York, cour de la Galerie Martha Jackson. Les visiteurs se déplacent tant bien que mal sur des piles de pneus qu'ils réarrangent à volonté.

- KAPROW Allan (1927-2006), Fluids, happening, 3 jours d'octobre 1967, Pasadena et Los Angeles, 
photo Denis Hopper, l'artiste, avec l'aide de participants recrutés par affiches publicitaires, construit une vingtaine d'enclos aux murs ininterrompus constitués de blocs de glace, livrés aux intempéries et laissés à fondre ; cette construction est un acte vain qui permet de vivre l'art comme expérience, dans le travail et l'entraide.


- LONG Richard (né en 1945), A Line Made by Walking, 1967, Angleterre.
Une marche de l'artiste, de plusieurs heures (temps), imprimant
 dans l'herbe (paysage), par ses pieds (corps), la trace de son passage.

- NAUMAN Bruce (né en 1941), Revolving Upside-Down, 1968,
image extraite de la vidéo, 1 mn, noir et blanc ;
la camera, inversée, filme l'artiste qui ,mécaniquement, tourne sur un pied.
VOIR LA VIDÉO (1 MN), 1968
VOIR LA VIDÉO (1 MN)


- GILBERT (né en 1943) et GEORGE (né en 1942), Singing Sculpture, Bruxelles, 1969 (performance conservée par la trace photo et vidéo).
(Les deux artistes, en costume, sont montés sur une table, le visage recouvert de peinture métallique dorée. Ils imitent, parfois pendant plusieurs heures, les mouvements syncopés des automates en mimant une chanson des années 1930, Underneath the Arches, diffusée par un magnétophone et son haut-parleur, placés sous la table).
- PAIK Nam June (1932-2006) et MOORMAN Charlotte (1933-1991), TV Bra for living sculpture, 1969, performance de la violoncelliste Charlotte Moorman. 
Cette dernière joue de son instrument, affublée d'un soutien-gorge équipé de deux mini-téléviseurs diffusant des images en direct, comme sur les téléviseurs disposés autour d'elle. Au-delà de la relation hybride corps intime et technologie, il y a une interaction entre le son du violoncelle filtré par un processeur et les images diffusées qui changent en fonction de lui, modulées, désorganisées ou régénérées par le son.




7-LA PLACE ET LE RÔLE DU SPECTATEUR : dès 1913, mais surtout à partir des années 1950


Il faut tout d'abord évoquer à nouveau les manifestations futuristes et dadaïstes puis les œuvres surréalistes, reposant sur l'implication du spectateur.


- DUCHAMP Marcel (1887-1968), Roue de bicyclette, 1913,
réplique de 1964, roue métallique, D : 64,8 cm, sur un tabouret en bois peint, H : 60,2 cm.
"J'ai probablement accepté avec joie le mouvement de la roue comme un antidote
 au mouvement habituel de l'individu autour de l'objet contemplé".

- CALDER Alexander (1898-1976), Sphere and Heavy Sphere, 1932-1933,
 fer, bois, cordes, tiges et objets divers, H. 317,5 cm (dimensions variables), New York, Calder Foundation.
Sous l'influence de son amitié avec le compositeur Edgar Varèse apparaissent des oeuvres fondées sur la percussion. Ces sculptures marquent le tournant de l'oeuvre de Calder vers des sculptures sonores, musicales, des sculptures installations. C'est une sculpture en partie composée d'objets tout faits : une simple caisse en bois, des bouteilles en verre, une cymbale. Les pièces abstraites sont suspendues au bout d'un fil. Elles sont faites pour être balancées dans l'espace et venir heurter ces objets. Il faut imaginer cette sculpture en mouvement avec ses pièces fracassant l'ensemble de bouteilles, cognant contre la cymbale, renversant la caisse en bois. Tous ces bruits différents transforment cette sculpture en une oeuvre sonore, une oeuvre musicale.
VOIR SUR CE BLOG UN ARTICLE ANALYSANT CETTE OEUVRE DE CALDER


 - DUCHAMP Marcel (1887-1968), 1200 sacs de charbon suspendus au plafond au-dessus d'un poêle, détail, 1938,
Exposition Internationale du Surréalisme, Paris, janvier-février 1938.
L'artiste conçoit le hall principal de l'exposition pour ressembler à une grotte souterraine avec 1200 sacs de charbon
suspendus au plafond. Une seule ampoule fournissant l’éclairage, une lampe de poche est donnée à
chaque visiteur pour contempler les œuvres à l'intérieur. Le tapis est rempli de feuilles mortes, de
fougères et d'herbes, et l’arôme de torréfaction du café remplit l'air.

MAN RAY (1890-1976), La Fortune III, 1946/1973,
objet - composé d'un rouleau de papier toilette, sous une roulette de jeu de hasard,
Blois, Le Musée de l'Objet, collection d'art contemporain.
La Fortune a été créée pour illustrer la notion d’acte surréaliste, lors d’une conférence donnée au Whitney Museum de New York en 1946. À l’entrée, un morceau de papier hygiénique portant un numéro est distribué à chaque auditeur. En fin de conférence, Man Ray fait tourner la roue, promet une fortune, puis donne l’objet au gagnant de la loterie. 


La participation active du spectateur devient courante à partir des années 1950. Désormais, le spectateur a souvent un rôle (oeuvre interactive ou ludique) dévolu par l'artiste et tous ses sens sont sollicités (expérience sensorielle) : il adopte un point de vue, une posture, une participation, il sent l'oeuvre, il l'écoute, il la goûte, la parcourt (déambulation), la touche, la construit, la manipule, la déplace, la met en mouvement, la modifie ou même la détruit. Ses états psychologiques sont également sollicités : humour, surprise, excitation, joie, sérénité, révolte, malaise, peur ...


- AGAM Yaacov (né en 1928), Assemblage mouvant, 1953, bois peint, 25x49x3,5 cm, six éléments mobiles de couleur pivotant sur fond peint, Paris, MNAM.

- BURY Pol (1922-2005), Plans mobiles, 1953-55, contre-plaqué peint, métal, plaques montées les unes sur les autres sur un axe mobile et manipulables par le spectateur, 135x60x10 cm, Paris, MNAM.


- TINGUELY Jean (1925-1991), Machine à dessiner n°3, relief Méta-mécanique, 1955,
tableau de bois peint en noir, disque métallique tournant, fil métallique et au verso, trois roues en bois, courroies en caoutchouc, deux moteurs électriques, 54, 5x106x33 cm, Bâle, Musée Tinguely.
(machine à dessiner des oeuvres abstraites, mécanique, grâce à un bras actionné par le spectateur).

- MANZONI Piero (1933-1963), Manzoni e le uova, 21 juillet 1960, Milan, Galerie Azimut,
l'artiste signe de son empreinte de pouce les oeufs durs, leur donnant le statut d'oeuvre d'art, "œufs d'artiste", avant de les faire manger par le public.


- KAPROW Allan (1927-2006)Yard, happening, 1961/1967, Pasadena (Californie),
recréation de l'oeuvre née en 1961 à New York, cour de la Galerie Martha Jackson. Les visiteurs se déplacent tant bien que mal sur des piles de pneus qu'ils réarrangent à volonté.

- KAPROW Allan (1927-2006), Eat (dessin du plan de l'environnement), 1964, 
environnement dans des caves de New York, les deux derniers week-end de janvier,
les visiteurs, sur réservation, déambulent dans les caves et se voient offrir par des performers du vin et de la nourriture.


- KAPROW Allan (1927-2006), Fluids, happening, 3 jours d'octobre 1967, Pasadena et Los Angeles, 
photo Denis Hopper, l'artiste, avec l'aide de participants recrutés par affiches publicitaires, construit une vingtaine d'enclos aux murs ininterrompus constitués de blocs de glace, livrés aux intempéries et laissés à fondre ; cette construction est un acte vain qui permet de vivre l'art comme expérience, dans le travail et l'entraide.

- ONO Yoko (née en 1933), Cut Pieces, 1964-65,
performance durant laquelle l'artiste, assise sur scène dans la posture traditionnelle de la femme japonaise, invite les spectateurs, un par un, à prendre une paire de ciseaux pour découper et garder un morceau de ses habits, jusqu'à ce qu'elle soit complètement nue.
Cette performance, effectuée au Japon en 1964, s'est répétée à New York en 1965 puis à Londres en 1966, avant de se répéter dans les décennies suivantes.


- SPOERRI Daniel (né en 1930), Tableau-piège, 1965,
 restaurant de la City Galerie, Zurich, vaisselle et repas sur table, 82x82 cm
(c'est à la suite d'un repas partagé que la vaisselle et les restes d'aliments sont collés et verticalisés).

- CRUZ-DIEZ Carlos (né en 1923), Chromosaturation du rouge et du bleu, 1965/2009,
bois stratifié, plexiglas, métal, tubes fluorescents, Lyon, MAC,
les chambres colorées immergent le spectateur dans une situation monochrome absolue.


- NAUMAN Bruce (né en 1941), Going around the corner piece, 1970, installation vidéo en circuit fermé avec 4 caméras et 4 moniteurs en noir et blanc et muets, 1 cube blanc de 284x654x654 cm.
(Le spectateur circule autour du cube blanc aux angles duquel sont placés les caméras qui le filment et les moniteurs qui lui restituent son image en léger différé. déstabilisant ses points de repères. Le spectateur poursuit son image (et l'image de l'espace qu'il parcourt), sans pouvoir l'atteindre.

- MORRIS Robert (né en 1931), Bodyspacemotionthings, 1971-72 (et 2009),
Londres, Tate Modern, Turbine Hall,
participation active et ludique du spectateur qui monte, descend, grimpe et cherche l'équilibre
 dans des structures en bois ou des jeux de cordes et de ballon.


- SOTO Jésus-Rafaël (1923-2005), Pénétrable  de Pampatar, 1971. Les Pénétrables, créés par l'artiste dès 1967, proposent une structure géométrique de fils suspendus, soit en fils de nylon colorés, soit en métal (sculpture sonore) en interaction avec le spectateur. Ce dernier ne tourne plus autour de l'oeuvre mais entre dans l'oeuvre, la traverse, l'anime et la ressent.


POUR EN SAVOIR PLUS