MARTINI Pietro Antonio (1739-1797), Exposition au Salon du Louvre en 1787, 1787,
gravure sur cuivre, Paris, B.N.F., Cabinet des Estampes.
L’ACADÉMIE (fondée sous Louis XIV ; créée par le
cardinal Mazarin)
« L’Académie royale de peinture et de sculpture » est
créée à Paris en 1648, avec l’Ecole des Beaux-Arts sous sa dépendance directe
qui enseigne uniquement le dessin basé sur l’étude des antiques. Pour se former
à la peinture ou à la sculpture, un élève doit fréquenter des ateliers privés
régionaux ou parisiens.
Pour faire
partie de l’Académie, un artiste doit soumettre, pour agrément, une ou plusieurs œuvres
servant de base au choix du sujet imposé, dans le genre choisi par lui.
Ensuite, il réalise le projet en définitif et le présente pour réception.
L’œuvre s’appelle alors le « morceau de réception » et devient
propriété de l’Académie. Cette
dernière présente les œuvres au public de manière irrégulière à l'occasion
d'expositions. La première présentation est organisée en 1667 au
Palais-Royal et les suivantes se font dans le même lieu sous le nom de, « l’Exposition ». Dès 1673, on
introduit l'usage de publier un livret qui présente et donne la liste des
différentes œuvres exposées.
La
doctrine de l’Académie s’appuie sur la hiérarchie des Genres, héritée de
l’Antiquité. Par ordre décroissant de prestige et de format, cette hiérarchie
place en tête la peinture d’histoire (profane, religieuse ou allégorique),
ensuite le portrait, la peinture de genres (mise en scènes d’êtres humains
considérés dans leur existence quotidienne), le paysage et la nature morte. On passe en fait de
ce qui exige le plus d’imagination et de créativité, pour lequel il faut plus
de talent, à ce qui est considéré comme de la copie pure du réel. Cette
hiérarchie se retrouve dans les désignations du personnel de l’Académie qui a
une importante fonction d’enseignement. Seuls les peintres d’histoire ont accès
aux fonctions d’« officiers » : professeurs, adjoints à
professeur notamment.
BAIL Antoine Jean (1830-1918), L'Atelier de dessin de l'Ecole des Beaux-Arts, 1855,
huile sur toile, Lyon, Musée Gadagne.
Ces
œuvres étaient montrées au public au cours d’expositions dont la régularité ne
fut pas la principale qualité au XVIIe siècle.
Les statuts de 1663, modifiés en 1668, prévoyaient une présentation biennale.
Il fallait, trouver un moyen de compenser l’absence de « boutiques »,
lieux de présentations d’œuvres auxquels les Académiciens et Officiers avaient
renoncé, dans le cadre de leur nouveau statut.
L’Académie
s’installe au Louvre en 1692 et l’exposition également, dès 1699, dans la
Grande Galerie. Dès 1725, l'exposition a lieu au Salon carré du Louvre, puis s'y déroule régulièrement à partir de
1737. L'habitude est alors prise de parler du « Salon officiel »
comme lieu de présentation au public des œuvres des Académiciens (35 000
visiteurs en 1781). Une partie des Académiciens compose les jurys qui
contrôlent le Salon, le Prix de Rome et l’affectation des commandes publiques.
Le Prix de Rome est une bourse d’étude artistique créée en 1663 (concernant
plusieurs arts mais dont le plus prestigieux est la peinture) qui permet aux
lauréats du concours (homme célibataire de moins de trente ans) de séjourner jusqu’à cinq années à l‘Académie de France, à la Villa Médicis à Rome (étude des œuvres
de l’Antiquité et de la Renaissance) et d’avoir à leur retour une carrière
soutenue par un poste officiel (le plus élevé étant professeur à l’Ecole des
Beaux-Arts) et des commandes.
HEIM François Joseph (1787-1865), Charles X distribuant des récompenses aux artistes à la fin du Salon de 1824, 1825,
huile sur toile, 173 x 256 cm, Paris, Musée du Louvre.
huile sur toile, 173 x 256 cm, Paris, Musée du Louvre.
LES SALONS DU XIX° SIÈCLE
Après la Révolution française, le Salon s'ouvre à tous les artistes vivants et l’Académie se nomme désormais « l’Académie des Beaux-Arts » (1803). L'art officiel prévaut et impose ses thèmes très classiques centrés sur l'histoire et les mythologies grecque et romaine auxquels doivent se soumettre les candidats au Prix de Rome. Le Salon carré devenant très vite trop petit, l'exposition envahit la Galerie d'Apollon et la Grande Galerie.
Après la Révolution française, le Salon s'ouvre à tous les artistes vivants et l’Académie se nomme désormais « l’Académie des Beaux-Arts » (1803). L'art officiel prévaut et impose ses thèmes très classiques centrés sur l'histoire et les mythologies grecque et romaine auxquels doivent se soumettre les candidats au Prix de Rome. Le Salon carré devenant très vite trop petit, l'exposition envahit la Galerie d'Apollon et la Grande Galerie.
Pendant une très grande partie du XIXe siècle, la peinture
promue par l'Ecole des beaux-arts domine la production artistique ; suivre
ses préceptes conduit au Salon, permet d'obtenir des commandes, des
récompenses, voire l'acquisition d'une œuvre par l'Etat et son entrée au musée
du Luxembourg.
La peinture académique, c'est l'expression d'un métier où prime l'apprentissage du dessin et exige le "fini" ainsi que le souci du détail. Méticuleuse, cette peinture ne néglige aucun détail : bouton de guêtre ou reflets dans le métal argenté d'un casque de pompier. La peinture académique se caractérise aussi par des sujets convenus, tirés de l'Histoire, de la mythologie ou des textes religieux. On note cependant, dès le milieu du XIX° siècle, un recul des thèmes d’histoire et de religion.
Les œuvres
étaient présentées au jury au moins 10 jours avant le début de l'exposition. Après
décision du jury, les toiles acceptées étaient accrochées les unes au-dessus
des autres et celles refusées étaient marquées au dos d'un "R". La
remise des médailles était présidée par un personnage officiel et, à partir de
1864, on y ajouta la proclamation des Prix de Rome de l'année.
BIARD François (1798-1882), Quatre heures au Salon (l'heure de la fermeture), 1847
huile sur toile, 57x67 cm, Paris, Musée du Louvre.
Le jury, favorisant une peinture conventionnelle, devient
petit à petit un symbole de conservatisme. Dans la deuxième moitié du XIXe
siècle, les critères de sélection d'admission au Salon sont contestés. D'autres
salons et expositions indépendants se multiplient alors en marge du Salon
officiel. Le plus fameux est le « Salon des Refusés » de 1863 : cette
année-là, 5 000 œuvres avaient été soumises au jury du Salon, 3 000 œuvres
avaient été refusées (dont Le déjeuner
sur l’herbe, 1863, de Manet). Devant la colère exprimée par les nombreux
artistes frustrés, Napoléon III concède cet espace d'exposition aux Palais de
l’Industrie et des Beaux-Arts. L’Ecole des Beaux-Arts est réformée la même
année pour l’émanciper de la tutelle de l’Académie, l’ouvrir à la modernité
artistique et y créer des ateliers de peinture et de sculpture.
La
composition du jury fut, tout au long du XIXe siècle une source de débats, car
le sort des peintres et des sculpteurs dépendait de la décision du jury
puisqu'en dehors du Salon, il n'existait pas d'autres lieux d'exposition, tout
au moins dans la première moitié du XIXe siècle. Par la suite, l'ouverture de
galeries (galeries Durand-Ruel présentant les peintres impressionnistes à
Paris, puis Londres et New-York), l'exposition du bazar Bonne Nouvelle et,
après le Second Empire, la création de Salons indépendants du pouvoir politique
permirent aux artistes de se faire connaître. La Troisième République, en
n'imposant aucun art officiel, ouvrit une longue période de totale liberté en
matière artistique. L'ancien « Salon de l'Académie royale » (Ancien
Régime et Restauration) puis
« Salon de peinture et de sculpture » (Révolution et Deuxième
République) fut remplacé par le « Salon des Artistes français » (dès
1881 et qui, depuis 1901, se tient chaque année, sauf guerre ou travaux, au Grand Palais des Champs-Elysées). On voit se constituer, avant la Première Guerre Mondiale, d'autres
sociétés autogérées d'artistes — peintres, sculpteurs, graveurs —, qui exposent
chaque année au Grand Palais : le "Salon des Indépendants" (dès 1884) puis le "Salon d'Automne" (dès 1903).
DANTAN Edouard (1848-1897), Un coin du Salon en 1880, 1880,
huile sur toile, 97, 2 x 130, 2 cm, Collection privée.
huile sur toile, 97, 2 x 130, 2 cm, Collection privée.
GERVEX Henri (1852-1929), Une séance du jury de peinture du Salon des Artistes français au Palais de l'Industrie, vers 1883,
huile sur toile, 299x419 cm, Paris, Musée d'Orsay.
LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES
A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, de gigantesques expositions
qui attirent des millions de visiteurs réunissent "tous les pays d'Orient
et d'Occident", elles portent le nom d'Expositions universelles.
Chaque pays présente ses inventions techniques,
mais aussi ses réalisations artistiques, culturelles et sociales. Consacrées à
leurs débuts à l'industrie et aux techniques, les Expositions universelles
s'ouvriront peu à peu aux Beaux-Arts.
De 1851 à
1867, ces expositions sont organisées alternativement par l'Angleterre et la
France qui imposent ainsi leur hégémonie au reste du monde. La première
Exposition Universelle de 1851 se tient au Crystal Palace de Londres. Paris
accueille la suivante en 1855 au Palais de l'Industrie et au Palais des
Beaux-Arts. Cinquante-trois états y participent avec certaines de leurs
colonies. Puis viennent les Expositions universelles de 1867, 1878
(construction du palais du Trocadéro, détruit en 1937), 1889 (érection de la
Tour Eiffel), 1900 (création du Petit et du Grand Palais, des gares de Lyon et
d'Orsay).
A
l'Exposition universelle de 1855, l'édifice de la section des Beaux-Arts
(peinture, gravure, lithographie, sculpture et médailles, architecture)
accueille 2176 artistes dont 1072 Français. Leurs œuvres sont vues par un
million de visiteurs. Les peintres Eugène Delacroix, Dominique Ingres et Ernest
Meissonier figurent parmi les lauréats français. Courbet, devant le
refus de ses œuvres (Un enterrement à
Ornans, 1850 et L’Atelier 1855)
expose 40 tableaux en marge de l’exposition officielle dans une baraque faite
de bois et de brique dénommée le « Pavillon du Réalisme » (il réitérera cette expérience lors de l’Exposition Universelle de 1867).
Exposition Universelle, Paris, Palais des Beaux-Arts, 1855.
Photographie de la salle consacrée au peintre Jean-Auguste-Dominique INGRES (1780-1867),
Jeanne d'Arc au sacre de Charles VII, Le Triomphe de Napoléon Ier, L’Énigme du sphinx, portraits, Vénus et odalisques.
Photographie de la salle consacrée au peintre Jean-Auguste-Dominique INGRES (1780-1867),
Jeanne d'Arc au sacre de Charles VII, Le Triomphe de Napoléon Ier, L’Énigme du sphinx, portraits, Vénus et odalisques.