samedi 15 novembre 2025

1424-PHILIBERT DERUSSY, "LE RAPHAËL DU DAGUERRÉOTYPE"-1


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS

- DERUSSY Philibert (Lyon 1814-Paris 1894), Portrait d'homme jeune, vers 1845-1851,
daguerréotype, photographie positive directe sur cuivre argenté,
 Paris, BnF (Gallica).



PHILIBERT DERUSSY, "LE RAPHAËL DU DAGUERRÉOTYPE"

1- BIOGRAPHIE



LYON (ANNÉES 1810-1830)


Ses origines

Philibert Derussy est né le 9 décembre 1814, à Lyon, rue plat d'argent (ou du Plat-d'Argent), 19 (État civil de Lyon, Naissances, 1814, acte 4043, vue 356) (1). 

Il est le dernier des cinq enfants de Jean Jacques Derussi/Derussy (Lyon c.1762-Lyon 1822), fabricant de tulle, et de Jeanne Alix (Lyon 1775-Lyon 1839), qui se sont mariés à Lyon, le 9 avril 1793.

Rien n'est connu de la jeunesse de Philibert Derussy à Lyon. À sept ans (1822), il perd son père, âgé de 60 ans. 

Peut-être travaille-t-il par la suite avec son frère aîné, également prénommé Philibert (né à Lyon le 8 février 1796), dans le magasin de nouveautés de ce dernier ?

Sa mère, Jeanne Derussy née Alix, âgée de 64 ans et six mois, décède à Lyon, rue Saint-Jean, 30, le 5 août 1839.



PARIS (ANNÉES 1830-1840)


Son mariage

Le 12 juillet 1842, âgé de 27 ans, Philibert Derussy épouse, à Paris (paroisse Saint-Laurent, 10e arrondissement), Marie Antoinette Vilain, 22 ans (née à Paris en mai 1820) (État civil reconstitué de Paris). 

Cette dernière est la fille d'Antoine Vilain et d'Elisabeth Laurent, et la soeur cadette du sculpteur Victor Vilain (1818-1899), 1er Prix de Rome en 1838.

L'adresse des époux n'est pas connue à la date de leur mariage, ni à celle de la naissance de leur fils, Jules Edouard Derussy, le 10 mai 1843 (l'État civil reconstitué de Paris ne cite pas l'arrondissement) (2).


Sa carrière et sa famille

Philibert Derussy participe, aux côtés de MM. Sabatier Blot, Bourquin, Claudet et Bisson fils, à l'Exposition des produits de l'Industrie française de 1844 (Paris, Champs-Élysées, 1er mai-30 juin) où apparaissent, pour la première fois, des daguerréotypes (portraits et vues).

Les nombreux catalogues et articles relatifs à l'Exposition révèlent sa profession et son nom, jusque-là absents de l'ensemble des annuaires et des journaux parisiens, et font sa réputation :

- "Derussy à Paris - Instruments pour le daguerréotype, portraits au daguerréotype" (Catalogue officiel de l'Exposition de 1844, p. 222, n° 3498 ; L'Industrie, Exposition des produits de l'Industrie française, 1844 p. 20). 

Ses portraits colorisés y sont jugés "agréables" et d'une "grande vérité" (Mémorial du Commerce et de l'Industie, 1844 p 503 ; Bulletin de l'Ami des Arts du 1er janvier 1845 p 18).

- "M. Derussy a exposé des épreuves où ce procédé est asez heureusement employé : les teintes naturelles dans les chairs et la variété des tons dans les habits remédie en partie à l'ensemble gris et triste des épreuves ordinaires (Archives du Commerce, janvier 1845 p. 271).

Ces épreuves "lui méritent une citation favorable pour la bonne exécution" (Exposition des produits de l'industrie française en 1844, Rapport du Jury central, t. 3, 1844, p. 386). 

Sa récompense est l'occasion d'attester, pour la première fois, son adresse, "rue des Prouvaires, 3". Cette voie va de la rue Saint-Honoré à la rue Traînée, dans le 3e arrondissement de Paris (actuel 1er). 

Le 25 août 1844, sa fille, Victoria Marie Louise Derussy, naît à cette adresse qui est, tout à la fois, celle de l'atelier et du domicile (3). 

En 1845, l'adresse de son atelier est pour la première fois citée dans un annuaire parisien :

- "Derussy, portraits au daguerréotype, Prouvaires, 3" (Almanach-Bottin du Commerce de Paris, 1845, p. 132).

Au printemps 1847, Philibert Derussy participe à l'Exposition de l'Académie de l'Industrie qui a lieu dans la salle Valentino (rue Saint-Honoré, 359). Ses daguerréotypes sont, là encore, très remarqués. 

"Il nous paraît avoir atteint le but (...) d'obtenir des épreuves daguerriennes d'une extrême perfection avec une promptitude en quelque sorte fabuleuse (...) tout ce qu'il a fait jusqu'à ce jour est dépassé par les épreuves merveilleuses qu'il obtient maintenant avec ses nouveaux procédés et, à ce sujet, nous engageons les amateurs à visiter l’exposition qu’il tient constamment ouverte, rue Saint-Honoré, 83. 

Ils y admireront un grand nombre de portraits qui, tous, ont été obtenus dans l’espace de deux à six secondes, une promptitude qui empêche la physionomie de se contracter, et permet de lui conserver son expression naturelle. M. Derussy opère aussi rue des Prouvaires, 3, près la rue Saint-Honoré, en face celle du Roule" (L'Indépendant du 1er juillet 1847).

L'épouse de Philibert Derussy, Marie Antoinette, née Vilain, âgée de 27 ans et cinq mois, sans profession, décède malheureusement, à Paris, le 12 octobre 1847.

Elle est inhumée, le 14 octobre suivant, au Cimetière de Montmartre (18e arrondissement) (État civil reconstitué de Paris ; Le Moniteur parisien du 17 octobre 1847 ; Registres du Cimetière de Montmartre). 

Son frère Victor Vilain expose un buste en plâtre la représentant, au Salon de mars 1848 (Catalogue du Salon, Explication des ouvrages exposés au Musée du Louvre, 1848 p. 368).

Philibert Derussy se retrouve veuf après 5 ans de mariage et père de deux enfants, respectivement âgés de 4 et 3 ans (2).

Ses nom, activité professionnelle et adresse sont cette fois cités dans l'Annuaire général du Commerce de 1848 et de 1849, "Derussy, portraits au daguerréotype, Prouvaires, 3".

Philibert Derussy participe ensuite à l'Exposition nationale des produits de l'Industrie agricole et manufacturière de 1849 (Paris, Champs-Élysées, 1er juin-30 juillet) et est à nouveau récompensé par une citation favorable (L'Artiste, 1849, vol. 5 p. 107 ; Le Moniteur Industriel du 22 novembre 1849 ; Études économiques pratiques : compte-rendu de l'Exposition industrielle et agricole de la France en 1849, 1849, p. 279 ; Rapport du Jury central sur les Produits de l'Agriculture et de l'Industrie - Exposés en 1849, 1850, T. I, p. 538).


- Extrait du Rapport du Jury central sur les Produits de l'Agriculture et de l'Industrie -
 Exposés en 1849, 1850, T I, p. 538.
 (texte par la suite repris dans La Lumière du 2 mars 1851 p. 14).



L'été 1849, dans ce qui semble être sa première petite annonce, il est présenté sous le nom de "Durussy" (sic), le surnom de "Raphaël du Daguerréotype" (4) et la date de son installation se voit (enfin) précisée :

"ancienne maison tenue depuis 8 ans [1841]", avec potentiellement la même adresse (attestée par ailleurs dès 1844) (Le Journal des Débats politiques et littéraires du 21 juillet 1849 ; Journal des Villes et des Campagnes du 1er août 1849 ; La Presse du 8 août 1849).


- Publicité du photographe Derussy parue dans La Presse du 8 août 1849.



Le fait qu'il propose ses "Portraits Daguerriens" sous une en-tête affichant, "Beaux-Arts, - Tableaux, Musiques, Gravures, Objets d'art", relance l'interrogation sur sa formation artistique initale. Il se qualifie d'ailleurs du terme ambigu, "d'artiste", en 1847, lors du décès de son épouse Marie Antoinette (dont il avait, peut-être, fait la connaissance par l'intermédiaire de son frère sculpteur). 

Le nom de Philibert Derussy perdure dans les annuaires parisiens de 1850 et de 1851, toujours, rue des Prouvaires, 3. Il est l'un des locataires de ce bâtiment de quatre niveaux, acheté en 1840 par M. Didier, médecin-dentiste, qui a cherché, dès 1846, à louer sa "grande et belle maison pour hôtel garni" (La Presse du 2 juin 1840 et du 18 septembre 1846). 

Ce bâtiment, situé près de l'angle formé par la rue des Prouvaires et la rue Saint-Honoré, est l'un de ceux qui vont échapper, pour un temps, aux expropriations et destructions entamées à partit de 1851, afin d'étendre le quartier des Marchés et d'établir les pavillons des Halles de Paris (5).


- DERUSSY Philibert (Lyon 1814-Paris 1894), Portrait de jeune fille, vers 1845-1851,
daguerréotype, photographie positive directe sur cuivre argenté,
 Paris, BnF (Gallica).



PARIS (DÉBUT DES ANNÉES 1850)


Son itinérance 

Deux petites annonces, qui paraissent ensuite en novembre 1851, révèlent que Philibert Derussy, "après huit années de succès non interrompus" (depuis 1844), a exercé, l'été 1851, dans la station thermale de Luchon (Haute-Garonne) et qu'il est désormais présent à Toulouse, avec une galerie d'exposition rue Lafayette et un atelier allée Lafayette, 22 (L'Émancipation du 7 novembre 1851 ; La Gazette du Languedoc du 16 novembre 1851).


- Publicité du photographe Derussy parue dans L'Émancipation (Toulouse) du 7 novembre 1851.

- Publicité du photographe Derussy parue dans la Gazette du Languedoc du 16 novembre 1851.



Cette annonce interroge sur d'éventuels déplacements antérieurs en province mais aucun élément n'est venu confirmer cette hypothèse, que ce soit dans sa ville natale ou ailleurs. 

Alors que cette publicité précise que le photographe va "rester fort peu de temps" à Toulouse, ce dernier va y séjourner plusieurs mois et être cité dans le Guide toulousain ou Annuaire général de Haute-Garonne de 1852 (index alphabétique) : "Derussy al Lafayette, 22".

À son départ, c'est l'un de ses élèves toulousains, Douau (coiffeur-parfumeur), qui ouvre un atelier rue Boulbonne, 25, et se revendique du maître : "Douau, - Daguerrien, - Elève de Derussy, Professeur à Paris" (Annuaire de Haute-Garonne et de l'Ariège de 1853 p. 427).


- Publicité du photographe Douau parue dans l'Annuaire de Haute-Garonne et de l'Ariège de 1853 p. 427. 




De retour à Paris, Philibert Derussy semble continuer son activité professionnelle, même si son atelier n'apparaît plus dans les annuaires parisiens des années suivantes. 


- DERUSSY Philibert (Lyon 1814-Paris 1894), Portrait de femme, vers 1845-1851,
daguerréotype, photographie positive directe sur cuivre argenté,
 Paris, BnF (Gallica).



Son successeur

C'est au début de l'année 1854 que Philibert Derussy cède son atelier à l'ingénieur-chimiste-photographe, Charles Hippolyte Vion (né à Paris, vers 1800) et à son équipe de chimistes et d'artistes

Charles Vion quitte alors la rue de la Roquette, 140 (8e arrondissement ; 11e actuel), après la faillite de son activité de fabricant de produits chimiques et d'inventeur de systèmes de machines, pour celui de la rue des Prouvaires, 3 (6).

Il fait paraître, dès le printemps 1854, plusieurs publicités pour son nouvel "Établissement Galvano-plastique et Photographique" (Le Figaro du 14 mai 1854). 

L'une d'entre elles, présente dans Le Charivari du 14 août 1854, affiche ses "Portraits - Sur plaque, sur papier et stéréoscopiques.", tout en précisant, "Maison fondée en 1838 - par M. Derussy" et "Exposition - de 1844-1849"


- Publicité pour les successeurs de Philibert Derussy parue dans Le Charivari du 14-aout 1854.



Cette date de "1838" semble contredire celle de 1841, évoquée par Philibert Derussy lui-même (en 1847). Elle se réfère peut-être à la date d'installation de Philibert Derussy à Paris et à sa première activité professionnelle (peintre, opticien, chimiste ou autre), avant celle de photographe, de 1841 à 1854.



PARIS (MILIEU DES ANNÉES 1850-MILIEU DES ANNÉES 1890)


Il semble qu'après avoir quitté la rue des Prouvaires, Philibert Derussy, alors âgé de 39 ans, occupe une nouvelle adresse parisienne (non répertoriée dans les annuaires) mais également, dès le début des années 1860, une maison (qu'il vient de faire construire ?) au Vésinet (commune de Croissy, Seine-et-Oise, située au nord-ouest de Paris, à une vingtaine de km de la capitale ; actuelle commune du Vésinet, Yvelines).

Lorsque le 1er février 1866, sa fille Victoria Marie Louise, 21 ans, mercière, se marie à Paris (8e arondissement), avec Arthur Etienne Droussant, 30 ans, mercier (né en octobre 1836), il est dit à cette occasion, "rentier, âgé de 50 ans" [51 ans]domicilié au Vésinet" (L'Indicateur des Mariages du 7 janvier 1866 ; État civil de Paris ; Recensement de Croissy de 1866, vue 36).

Son beau-fils décède cependant, à 32 ans et 10 mois, le 25 décembre 1869, à son domicile parisien de la rue du faubourg Saint-Honoré, 54 (8e). 

Lorsque sa fille, marchande mercière, se remarie le 13 octobre 1870 (8e arrondissement), avec son beau-frère, Léon Droussant, marchand mercier, Philibert Derussy est dit, "propriétaire, âgé de 56 ans, demeurant à Paris cours de Vincennes, 34 [quartier de Bel-Air, 12e arrondissement], présent et consentant" (État civil de Paris).

Vingt-quatre ans plus tard, Philibert Derussy va décèder, le 2 juillet 1894, à son domicile parisien de l'avenue Malakoff, 2 (16e arrondissement), âgé de 79 ans (État civil de Paris, acte 733).

Sa fille Victoria Marie Louise, épouse Droussant, décédera, le 10 juillet 1907, à l'âge de 62 ans, à son domicile de Croissy-sur-Seine (Yvelines). 



À VENIR :

PHILIBERT DERUSSY, "LE RAPHAËL DU DAGUERRÉOTYPE"-2

ÉTIQUETTES



NOTES


(1)- Bibliographie sommaire :

- Janet E. Buerger, "Ph. Derussy", in, French Daguerreotypes, The University of Chicago Press, 1986, pp. 212-213. 

Les premières lettres citées du prénom du photographe ("Ph.") ont laissé supposer qu'elles étaient celles de "Philippe", d'où l'adoption de ce prénom dans de nombreuses Collections internationales. 

Le relevé de son nom ("Derussy") dans les annuaires parisiens de 1845 à 1851 - confirmé et diffusé ensuite par Jean-Marie Voignier - a, parallélement, pérennisé et restreint sa période d'activité à ces dates.

- Jean-Marie Voignier, "Derussy", in, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p. 82.

- Serge Nazarieff, "Derussy", in, Early Erotic Photography, Taschen, 1993 (non consulté).

- François Boisjoly, "Derussy", in, Répertoire des photographes parisiens du XIX° siècle, Editions de l'Amateur, 2009 (non consulté).

- Michel Egot, "Un portrait au daguerréotype, système Derussy, dans mes photos de famille", 2011, sur le site de La Gazette Web (ici).

- François Bordes, "Derussy", in, Encyclopédie historique de la Photographie à Toulouse, 1839-1914, Editions Privat, 2016, p. 267. 

Cet historien est le premier à avoir signalé la présence de Philibert Derussy dans la ville de Toulouse et à avoir identifié le photographe parisien, avec ses prénom et ses dates de naissance et de décès. Ses informations sont cependant restées lettres mortes.

- Serge Plantureux, "Pierre Flourens - Derussy - About an early daguerreian portrait" (1848), article du blog à son nom, du 4 juillet 2019 (ici). 

- Marie Robert and Donald Nicholson-Smith, "Derussy", in, "Photography and Voyeurism in Nineteenth-Century France", Photography and the Body in Nineteenth-Century France, Yale French Studies, No. 139,  2021, pp. 26-43 (non consulté).


(2)- Jules Edouard Derussy est très probablement le fils de Philibert Derussy car ce nom de famille reste très rare dans ces années-là et sa naissance a lieu 10 mois après le mariage du photographe. Il est cependant impossible de l'affirmer. Aucune information sur la suite de la vie de cet individu n'a pu être retrouvée (malgré quelques homonymes).


(3)- L'État civil reconstitué de Paris orthographie le nom de sa fille, "Derusy" (sic), donne la date du "27 août 1844", qui doit être celle de l'acte de sa déclaration de naissance, et mentionne le "3e" arrondissement.


(4)- Le style du peintre Raphaël (1483-1520) est caractérisé par la grâce des poses, la sérénité des visages, les ombres fortes et la vigueur du coloris, ce qui semble difficilement s'appliquer aux daguerrétypes colorisés de Philibert Derussy. Il faut voir dans ce surnom - qu'il s'est probablement attribué - la revendication publicitaire d'un photographe-peintre de portraits de talent. 

Voici ce que disait la suite d'un article évoqué plus haut, à propos des daguerréotypes coloriés exposés par Philibert Derussy en 1844 :

- "mais ce que la nature gagne à ce changement [ajout de couleur], l'art le perd. Cette espèce d'enluminure donne de la vérité sans ajouter de charme aux épreuves qui ne sont plus des dessins et sont loin d'être des miniatures. Néanmoins, sous le rapport industriel, les portraits coloriés peuvent avoir un grand succès dans un certain monde" (Archives du Commerce, janvier 1845 p. 271).


(5)- Une vue de la rue des Prouvaires, réalisée par le photographe Charles Marville (1807-1879) et datée vers 1865-68, est conservée au Musée Carnavalet Histoire de Paris (ici). Une reproduction en haute résolution permet également  d'en découvrir le détail sur Wikipédia.


(6)- Charles Vion dépose un brevet de 15 ans de "Stéréoscope à soufflet", le 8 juillet 1854, et prépare celui du "Caoutchouc adapté à la photographie" qu'il déposera le 11 décembre suivant. 

- Il organise parallèlement une grande fête photographique au Parc d'Asnières qui se déroule le 3 septembre 1854 mais est, à nouveau, déclaré en faillite lors du même mois. Son atelier perdure cependant dans les annuaires des années 1855 et 1856.

- Sur la faillite de Charles Vion, rue de la Roquette, en 1853, cf. L'Assemblée nationale du 20 août 1853 et Le Constitutionnel du 10 décembre 1853. 

- Sur sa faillite de la rue des Prouvaires, cf., L'Assemblée nationale du 25 septembre 1854 ; Le Droit du 13 mars 1855).




mercredi 12 novembre 2025

1423-PATRIMOINE DU XIXe-ARTICLES 2015-2025 LES PLUS LUS DU BLOG


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Edouard Baldus (1813-1889) et/ou Henri Charles Emmanuel de Rostaing (1824-1885), 
Le Port de Nice, vers 1855
épreuve de 26x19 cm, P_240-1.r-11.-11,
Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).



PATRIMOINE DU XIXe SIÈCLE

LES ARTICLES (2015-2025) LES PLUS LUS DU BLOG



1-   NICE - LES TOMBES DE LA FAMILLE GARIBALDI AU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU (592 & 593).

2-   NICE - LE BOULEVARD CARABACEL, 1850-1875 (1069) & 1875-1900 (1071).

3-   CANNES - LE QUARTIER DES ANGLAIS AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE (1182 & 1213).

4-   CANNES - LE BOULEVARD DE LA CROISETTE, 1860-1877 (1055) & 1878-1885 (1056).

5-   NICE - LES "THIEL", UNE FAMILLE DE PHOTOGRAPHES (1061).

6-   NICE - ESSAI DE DATATION DES PHOTOGRAPHIES ANCIENNES DU PORT (742744  & 746).

7-   NICE- LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU : LE PLATEAU GROSSO (777 & 781).

8-   NICE - NOUVELLE LISTE DES PHOTOGRAPHES DOMICILIÉS DANS LA VILLE (1840-1900) (933).

9-   MONACO - LA PRINCIPAUTÉ DE 1856 À 1870 (1210).

10- NICE - LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU : TROIS PLAQUES DE VERRE DE 1898 (804).

11- CANNES - LE PORT AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE (1184).

12- CANNES - LE COURS/LES ALLÉES AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE (1183 & 1214).

13- NICE - VISITER LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU (1175).

14- NICE - LES MAGASINS DU GRAND HÔTEL (798).

15- CLAUDIUS COUTON, PHOTOGRAPHE (1837-1929) (810).

16- ÉMILE DEMAY (1828-1883) ET LOUIS DEMAY (1851-apr.1920), PHOTOGRAPHES (1172).

17- NICE - EUGÈNE DEGAND (1829-1911), PHOTOGRAPHE (607).

18- NICE - LES TOMBEAUX DE GAMBETTA  (435) ET LA PYRAMIDE DE GAMBETTA (603AU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU.

19- NICE - PETITE HISTOIRE DU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU (1176).

20- CANNES - LE PHOTOGRAPHE JOSEPH CONTINI (1185).




samedi 8 novembre 2025

1422-NICE : LE RÈGLEMENT DES CIMETIÈRES APRÈS L'ANNEXION (1861)


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- MESSY Émile (1835-1890), Cimetière de Nice, vers 1865-1866.
Portrait d'un homme auprès de la tombe de la veuve Lecomte. 



ARRÊTÉ DE LA MAIRIE DE NICE SUR LA POLICE DES CIMETIÈRES ET DES INHUMATIONS 

(publié dans Le Messager de Nice du 11 juillet 1861)


Le Messager de Nice du 11 juillet 1861,
Archives départementales des Alpes-Maritimes.



Nous, Maire de la ville de Nice, Officier de l'Ordre Impérial de la Légion-d'Honneur, et de l'Ordre Royal des SS. Maurice et Lazare, 

Vu les lois des 16-24 août, 1790, 19-22 juillet 1791 ; 18 juillet 1837 ; 

Vu les décrets du 23 prairial an XII [12 juin 1804] et 30 décembre 1809 ; 

Vu l'ordonnance du 6 décembre 1843 ; 

Vu la déclaration du Conseil Municipal du 27 mars 1860 [Nice, Archives municipales, 1D1-1, pp. 41-42], approuvé le 20 avril suivant, portant vote de règlement et tarif des concessions de terrains dans le Cimetière ; 

Considérant que la police des Cimetières appartient exclusivement à l'Autorité Municipale spécialement chargée de maintenir l'exécution des lois et règlements sur les inhumations et d'empêcher qu'il ne se commette, dans les lieux de sépulture, aucun acte contraire au respect dû à la mémoire des morts ;

ARRÊTONS



TITRE I. — INHUMATIONS.


Art. 1er. — Les inhumations ne pourront être faites ailleurs que dans les cimetières publics ; en conséquence, aucune inhumation n'aura lieu dans les églises, temples, synagogues, chapelles, couvents et autres édifices religieux. Cependant, toute personne qui en aura manifesté l'intention, pourra être inhumée dans sa propriété particulière, pourvu que cette propriété soit à la distance de 35 à 40 mètres au moins de l'enceinte de la ville ou des agglomérations d'habitations.

Art 2 — Chaque inhumation aura lieu dans une fosse séparée ; chaque fosse aura au moins, au-dessous du niveau du sol, un mètre cinquante centimètres de profondeur, sur une longueur et une largeur suffisantes, pour les corps de l'âge de 15 ans et au-dessous, et deux mètres de profondeur, toujours sur une longueur et une largeur suffisantes, pour les corps au-dessus de cet âge. Les fosses seront distantes les unes des autres de 30 à 40 centimètres sur les côtés et de 30 à 50 centimètres à la tête et aux pieds.

Art. 3. — Aucune inhumation ne pourra être faite, en quelque endroit que ce soit, avant un délai de 24 heures à partir du décès, et sans l'autorisation de l'Officier de l'État-Civil. Lorsqu'il y aura danger pour la salubrité publique, l'inhumation pourra être autorisée avant l'expiration de ce délai, sur la production d'un certificat de médecin mentionnant les motifs d'urgence.

Art. 4. — Aussitôt qu'un cadavre aura été descendu dans la fosse (ce qui devra se faire immédiatement), les fossoyeurs seront tenus de combler cette fosse sans désemparer, en y foulant la terre qui en aura été extraite jusqu'au niveau du sol au moins.

Art. 5. — Il est expressément ordonné aux fossoyeurs de ne laisser à découvert aucune parcelle d'ossements qui pourraient provenir de l'ouverture des fosses ; ils sont tenus de les enfouir sur le champ. Ils devront veiller à ce qu'il n'existe aucune cavité au-dessus des fosses ; lorsqu'il s'en formera quelques-unes, ils devront les combler de suite et avec soin, avec de la terre bien foulée.

Art. 6. — Pour éviter le danger qu'entraine le renouvellement trop rapproché des fosses, leur ouverture pour de nouvelles sépultures ne pourra avoir lieu avant un intervalle de cinq ans au moins.

Art. 7. — Tout citoyen a le droit de faire placer sur la fosse de son parent ou de son ami, un signe indicatif de sépulture. Toutefois, aucune inscription ne pourra être placée sans avoir été soumise au visa du Maire. Ce signe devra être enlevé lorsque le renouvellement des fosses l'exigera.

Art. 8 — Il est défendu aux fossoyeurs et à tous individus, sous peine d'être considérés et traités comme coupables de vol et de violation de tombeaux, d'enlever les draps, linceuls et tous autres objets déposés dans les cercueils.

Art. 9. — Les Cimetières seront ouverts au public, depuis le lever jusqu'au coucher du soleil, et les inhumations et exhumations ne pourront avoir lieu que dans cet intervalle.

Art. 10. — Il est expressément défendu d'entrer dans les Cimetières à cheval ou en voiture, d'y introduire des chiens ou autres animaux.

Art. 11. — Il est également défendu de pénétrer dans les Cimetières, en passant sur les murs de clôture, d'escalader les entourages des tombeaux, de monter sur les monuments, de tracer sur les pierres tumulaires des mots ou des emblèmes, de couper ou d'arracher les fleurs plantées, ou les arbustes, de déranger ou enlever les objets placés sur les tombes.

Art. 12. — Aucune plantation d'arbres dans l'intérieur des Cimetières ne sera faite sans l'agrément de l'autorité Municipale. Il est fait défense à toute personne de se comporter avec indécence ou inconvenance dans les Cimetières, comme aussi d'y commettre aucun désordre ou de s'y livrer à aucun acte contraire au respect dû à la mémoire des morts.



TITRE II. — EXHUMATIONS, TRANSPORT DES CORPS.


Art. 13. — Les exhumations, enlèvements ou déplacements des cadavres et d'ossements, ouvertures de tombeaux autres que ceux autorisés par la justice ou par l'Autorité Municipale, sont défendus sous les peines portées par la loi.

Art. 14. — Les exhumations et l'ouverture des tombeaux ne pourront être effectuées qu'en présence d'un Commissaire de police porteur de la permission émanée du Maire, et d'un médecin, si l'inhumation remonte à moins de 10 ans.

Art. 15. — Il sera dressé procès-verbal des exhumations ainsi autorisées, et les frais de vacation des assistants seront réglés comme suit : Pour le Cimetière du Château : Au Médecin, 10 fr. — Au Commissaire de Police, 6 fr. — Enregistrement et timbre du procès-verbal, 2 fr. 55 c. — Pour les Cimetières hors de la ville : Au Médecin, 15 fr. — Au Commissaire de Police, 12 fr. — Timbre et enregistrement du procès-verbal, 2 fr. 53 c.

Art. 16. — Les transports des cadavres d'un lieu à un autre seront autorisés, sur la présentation d'une demande sur papier timbré, savoir : Par le Maire, dans l'intérieur de la Commune ; — Par Monsieur le Préfet, dans toute l'étendue du département, hors du département et à l'étranger.

Art. 17. — La translation du corps d'un individu récemment décédé ne pourra être effectuée hors du Département où a eu lieu le décès, que dans un Cercueil en bois de chêne ou de noyer, dont les compartiments auront quatre centimètres d'épaisseur, seront fixés avec des clous à vis et maintenus par trois frettes en fer serrées à écrou.

Art. 18. — Quand le trajet à parcourir excédera 200 kilomètres, le corps devra être placé dans un Cercueil de plomb renfermé lui-même dans une bière en chêne ou en noyer. Le Cercueil en plomb sera alors confectionné avec des feuilles de plomb laminé de deux millimètres au moins d'épaisseur et solidement soudées entre elles. Le Cercueil de plomb pourra être exigé, même par des distances moindres, toutes les fois que des circonstances exceptionnelles rendront cette mesure nécessaire.

Art. 19. — Dans tous les cas, le fond du Cercueil contenant le corps devra être rempli par une couche de six centimètres d'un mélange pulvérulent, composé d'une partie de poudre de tan et de deux parties de charbon de bois pulvérisé. Le corps devra être ensuite entièrement couvert de cette même poudre, avant la fermeture du Cercueil.

Art. 20. — M. le Commissaire de Police dressera procès-verbal de l'état du corps à l'instant où il sera enfermé dans la bière. Ce procès-verbal et l'acte de décès seront transmis, aux frais des familles, à M. le Maire du lieu où le corps devra être déposé, qui constatera l'inhumation.



TITRE III. — CONCESSIONS.


Art. 21. — Il sera fait des concessions de terrains dans les Cimetières de cette ville, actuellement affectés aux inhumations, pour y fonder des sépultures privées. Elles seront divisées en trois classes, savoir : 1° Concessions perpétuelles ; — 2° Concessions trentenaires ; — 3° Concession temporaires [jusque-là, seules les concessions perpétuelles étaient en usage à Nice]. Chaque concession sera nominative et ne pourra être cédée ni transportée à des tiers, ni servir à l'inhumation de personnes étrangères à la famille du concessionnaire.

Art. 22. — Les prix des concessions fixé par le tarif ci-après appartiendra, savoir : Deux tiers à la Commune, qui seront versés à la Caisse municipale, — Et un tiers aux pauvres, qui sera versé dans les caisses du bureau de Bienfaisance et des Hospices.

Art. 23. — Les concessions trentenaires seront renouvelables indéfiniment à l'expiration de chaque période de trente ans, moyennant une nouvelle redevance égale au taux de la première. À défaut de renouvellement, le terrain concédé fera retour à la Commune, mais il ne sera repris par elle que deux années révolues après l'expiration de la période pour laquelle il avait été concédé. Dans l'intervalle de ces deux années, les concessionnaires ou leurs ayant-cause pourront user de leur droit de renouvellement.

Art. 24. — Les matériaux provenant des tombes et monuments élevés sur les terrains dont la concession sera expirée appartenant aux familles, celles-ci seront mises en demeure, par un avis, d'enlever lesdits matériaux dans le délai de six mois. En cas de refus ou de négligence, cet avis sera réitéré, et à l'expiration d'une année à dater du premier avis, lesdits matériaux, s'ils n'ont été réclamés ou enlevés, appartiendront à la Commune et seront employés exclusivement à l'entretien et à l'amélioration des Cimetières.

Art. 25. — Les concessions temporaires seront faites pour quinze ans et ne pourront être renouvelées.

Art. 26. — Les terrains à concéder ne pourront être moindres de deux mètres superficiels pour les adultes, et d'un mètre superficiel pour les enfants au dessous de sept ans. Ils ne pourront dans aucun cas, s'étendre au delà de 10 mètres carrés.

Art. 27. — Les demandes en concession seront adressées au Maire sur papier timbré ; elles indiqueront l'étendue du terrain demandé. La concession sera faite par un Arrêté du Maire, qui prescrira en même temps le versement du prix de la concession dans les caisses de la Commune et du bureau de Bienfaisance et des Hospices, dans les proportions fixées par l'art. 23 ci-dessus. L'arrêté de concession sera soumis à l'enregistrement, et une ampliation de cet acte sera remise tant au concessionnaire qu'aux receveurs de la Commune et des Hospice et bureau de Bienfaisance. Les demandes en renouvellement des concessions trentenaires seront faites dans les formes indiquées pour les demandes primitives, et il y sera statué de la même manière.

Art. 28. — Le tracé et le mesurage des terrains demandés en concessions seront effectués par l'architecte de la Ville.

Art. 29. — Quelle que soit la forme des monuments, les corps ne pourront être placés au dessus du niveau du sol. Les monuments ou pierres funéraires porteront, indépendamment des inscriptions ou emblèmes que les familles voudront y faire placer, sauf l'approbation du Maire, le numéro et la durée de la concession.

Art. 30. — Les frais du timbre, d'enregistrement et d'expédition des arrêtés des concessions, de renouvellement et de construction de caveau ou de tombeau seront à la charge des concessionnaires.

Art. 31. — Le tarif des droits de concession est fixé ainsi qu'il suit :

[N.B. : les tarifs de Paris ne sont pas présents dans le texte original de l'arrêté niçois ; ils sont affichés ici afin de permettre un point de comparaison et sont suivis de quelques remarques, églement entre crochets].

- Pour les Concessions perpétuelles - Prix au m2 à Nice en 1861    -    [Prix à Paris en 1860]

De 1 mètre et au dessous (Tombe enfant)           250 fr.                                           [250 fr.]

De 1 à 2 mètres (Tombe standard adulte 2x1 m)   500 fr.                                           [500 fr.]

De 2 à 3 mètres  .....................                           900 fr.                                        [1,000 fr.]

De 3 à 4 mètres  .....................                               1,800 fr.                                        [1,500 fr.]                     

De 4 à 5 mètres  .....................                               3,600 fr.                                        [2,250 fr.]

De 5 à 6 mètres  .....................                               7,200 fr.                                        [3,000 fr.]

De 6 à 7 mètres  ....................                              14,400 fr.                                        [4,000 fr.]

De 7 à 8 mètres  ....................                              28,800 fr.                                        [5,000 fr.]

De 8 à 9 mètres  ....................                              57,600 fr.                                        [6,000 fr.]

De 9 à 10 mètres  .................                             115,200 fr.                                        [7,000 fr.]


[Exemple du prix d'une concession de 5,70 m2 : 

- à Nice en 1861 (33 concessions accordées cette année-là, tous cimetières confondus) : 6,840 fr. dont 4,560 fr. à la Commune et 2280 fr. - le tiers, selon l'article 3 de l'ordonnance du 6 décembre 1843 - aux Hospices. "Dans presque aucune autre ville de province, le tarif des concessions n'atteint un chiffre aussi élevé qu'à Nice" (Revue de Nice 1862-63 pp 286-88).

- à Paris fin 1860 : 2850 fr. dont 2137,50 fr. à la Commune et 712,50 fr. - le quart - aux Hospices. 

Le prix au m2 des concessions françaises de la seconde moitié du XIXe siècle varie selon les différentes communes, selon les différents cimetières au sein d'une même commune et même au sein des différents emplacements d'un même cimetière. Le prix varie, de plus, selon les années. Malgré ces deux-cent mille tarifs potentiels, très peu sont, de nos jours, consultables en ligne].


L'Administration se chargera, comme par le passé, des frais d'établissement des caveaux en maçonnerie pour les concessions perpétuelles de 2 mètres et au-dessous.

- Pour les Concessions temporaires [pour quinze ans],

Les trois quarts des prix ci-dessus [en moins ?].

- Pour les Concessions trentenaires,

La moitié des prix des concessions perpétuelles.

Art. 32. — Chaque inhumation nouvelle dans un terrain concédé, donnera lieu au paiement d'un droit de cinquante francs. Les ouvertures de tombeaux auront lieu aux mêmes conditions que celles fixées à l'art. 18 du chapitre des exhumations.



TITRE IV. — DISPOSITIONS GÉNÉRALES.


Art. 33. — MM. les Présidents et Délégués des Fabriques sont invités à s'assurer, par de fréquentes visites, de l'observation des dispositions du présent Règlement, et en cas d'infraction, à en informer le Maire. L'Architecte et l'Inspecteur-Voyér sont tenus de faire de semblables visites et de fréquents rapports au Maire.

Art. 34. — L'Aumônier de la Chapelle du Cimetière et le concierge, seront tenus d'informer immédiatement le Maire des infractions au présent Règlement dont ils auraient connaissance.

Art. 35. — MM. les Commissaires de police sont chargés de tenir la main à la stricte observation des dispositions de notre Arrêté. Ils devront constater les contraventions ou infractions de toute espèce et en poursuivre la répression.


Fait en l'Hôtel-de-Ville de Nice, le 24 Avril 1861.

Le Maire,

MALAUSSÉNA.

Le présent Arrêté a été approuvé par lettres de M. le Préfet des 14 et 27 juin 1861.




mardi 4 novembre 2025

1421-DANIEL ET LE DRAGON NUMÉRIQUE (STORY BOOK)


 SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



Story Book créé à partir de l'interrogation suivante : 

"Et si l’Intelligence Artificielle, vénérée comme une divinité technologique, était le nouveau Dragon de Daniel ?".


LIRE OU ÉCOUTER L'HISTOIRE (RÉDIGÉE AVEC L'I.A.)

DANIEL ET LE NOUVEAU DRAGON NUMÉRIQUE





samedi 1 novembre 2025

1420-NICE : LA PENSION BESSON, PRÈS LE TEMPLE VAUDOIS (XIXe s.)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Début de l'annonce parue dans L'Avenir de Nice du 1er novembre 1859,
Nice, Archives départementales.



LA PENSION BESSON PRÈS LE TEMPLE VAUDOIS



EMPLACEMENT


Le quartier

La Pension Besson, aujourd'hui disparue, s'est implantée dans les années 1850 sur la rive droite du Paillon, dans un quartier de Nice alors en plein développement.



2- GUESDON Alfred (dessinateur, 1808-1876) et ARNOUT Jules (graveur, 1814-1868),
 Nice, Vue prise au-dessus de Montalban, vue 6, détail, dessin de 1848, 
lithographie de 1849, extraite de l'ouvrage de, ETIENNEZ Hippolyte (1813-1871), 
L'Italie à vol d'oiseau ou Histoire et description sommaires des principales villes de cette contrée,
 accompagnée de 40 grandes vues générales dessinées d'après nature par A. Guesdon,
 Paris, A.Hauser éditeur, Paris, Imprimerie Lemercier, 1849 (et 1852),
estampe reprise dans, L'Illustrazione Universale, 28 maggio 1865, p 755,
 sous le titre, Panorama di Nizza, Collection personnelle.

Le cercle jaune indique l'emplacement approximatif de la future Pension Besson.




Les noms de la Pension et de son propriétaire et maître d'hôtel sont révélés par des publicités qui paraissent dans le Galignani's Messenger, à partir du 26 septembre 1859 (Image 3), "Nice. - Besson's Boarding-House, near the Vaudois-Carabacel Temple, facing the south", puis dans L'Avenir de Nice, dès le 1er novembre 1859 (Image 1), "Pension Bessonrue Carabacel, près le Temple Vaudois" (1).


3- Annonce parue dans Galignani's Messenger du 26 septembre 1859,
Paris, BnF.



La maison est située sur la rive droite du Paillon, dans le "faubourg Saint-Jean-Baptiste" ou "Bourgada", au revers de la ligne de constructions anciennes et deshéritées qui longent le bord de rive (Image 2). 

À la fin des années 1850, cette zone reste encore essentiellement constituée de jardins maraîchers mais est ponctuée, dans sa partie sud, de quelques bâtiments, érigés au début de la décennie (Image 4). 


4- Nice, Plan d'alignement du quartier délimité par la place Masséna et la colline de Carabacel
correspondant au projet de Plan régulateur approuvé en 1858,
 
Nice, Arch. dép. Alpes-Maritimes, 1 Fi 188.

Eléments surlignés en jaune : 
- par un cercle : emplacement de la future Pension Besson
- par un rectangle : emplacement du Temple Vaudois (déjà édifié)
- par une ligne : tracé de la rue Carabacel (nommée).



La rue Carabacel 

Sur les plans d'ensemble de la ville de Nice, la rue Carabacel est souvent représentée mais sans être nommée (2).

Son tracé part des abords du Pont-Neuf, sur la rive droite du Paillon (partie occidentale du quai Saint-Jean-Baptiste ; actuelle avenue Félix-Faure), monte obliquement vers le nord-est, en direction de la colline de Carabacel, et débouche sur le chemin de Saint-Barthélemy, "un peu avant les maisons d'Abadie" (3) (au milieu de l'actuelle avenue Desambrois (Image 4).

La voie prend cependant le nom de "Carabacel" sur le plan de secteur ci-dessus de 1858 (4) où elle accoste l'Hôtel Chauvain puis de "rue de Carabacel" dans sa partie sud (accostant la rue Chauvain) et de "Chemin de Carabacel" dans sa partie nord, sur les plans de ville de 1865 et 1867 (5).

Réduite à quelques courts tronçons découpés par le quadrillage en îlots de l'urbanisation croissante, elle n'est plus dénommée sur les plans suivants mais reste citée dans les autorisations de voirie jusqu'à 1890 (6).

L'urbanisation rapide du quartier entraîne, en effet, l'ouverture progressive de rues dont le nom et la longueur changent au rythme des édifications et des expropriations.


"Près le Temple Vaudois"

Les bâtiments de la rue Carabacel n'étant numérotés que dans sa partie la plus méridionale, les publicités de la Pension Besson indiquent le repère du Pont-Neuf mais également celui du Temple Vaudois.

C'est le pasteur suisse Léon Pilatte (1822-1893), nommé à Nice en 1854, qui a acheté en 1855 un terrain situé quartier Camp-Long/Champ-Long/Lonchamp, à l'arrière de la maison Gent du quai Saint-Jean-Baptiste, pour y faire construire ce Temple (7) (Image 4). 

La pose de la première pierre a eu lieu le lundi 13 août 1855 et l'édifice a été inauguré 15 mois plus tard, le 27 novembre 1856 (8). Dès lors, le Temple, dont l'entrée principale donne sur la rue Gioffredo (Image 5), est devenu le bâtiment emblématique et le centre attractif de ce nouveau quartier (9).

C'est dans ce contexte précis que la maison Besson semble avoir été édifiée, entre 1858 et 1859, au revers du Temple Vaudois dont elle est séparée par une ruelle. La Pension y ouvre en septembre 1859.

Le bâtiment n'est d'ailleurs pas représenté sur le plan de secteur de 1858 (Image 4) et n'est pas cité dans le Guide des Etrangers 1858-1859 (paru en octobre 1858). 

Il est ensuite représenté, mais non nommé, sur le plan de ville de 1860 (2) puis représenté et identifié sous le nom de "Pension Besson" sur celui de 1865 (5) mais pour la première et la dernière fois (Image 5).


5- Plan indicateur de la Ville de Nice, détail, 1865,
plan gravé par Ehrard, édité à Nice chez Charles Jougla,
Paris, BnF.



L'un des premiers clients de la Pension Besson est le photographe romain, Giuseppe Silli, dès la fin du mois d'octobre 1859 (10). Il y installe son studio saisonnier de 1859 à 1862. 

C'est là qu'il va notamment photographier le Prince Oscar de Suède et de Norvège (qui fréquente probablement le Temple Vaudois), lors de la saison d'hiver 1861-62. Il  mentionne, au revers de ses cartes de visite"Silli - Photographe, - derrière le Temple Vaudois - à - Nice" (11). 

Entre 1859 et 1865, les annonces publicitaires de l'établissement hôtelier affichent, "Pension Besson" (1859-1864) puis "Hôtel et Pension Besson" (1865), "rue Carabacel, près [ou plus exceptionnellement, "derrière"] le Temple Vaudois" (12).

Elles proposent généralement, "Pension Besson - Appartement et chambres meublée - Rue Carabacel, près le Temple Vaudois - Situé en plein Midi, à l'abri du vent, du bruit et de la poussière, avec jouissance d'un grand et beau jardin [environnement idéal pour les malades]. Prix du logement et nourriture de 5 à 7 fr. par jour [prix modérés]. Proximité de la ville et des théâtres [de l'activité et des loisirs](L'Avenir de Nice du 1er novembre 1859) (Image 1). 

Une "grande salle à manger" est parfois citée, ainsi que son "excellente cuisine". Le mot "Appartement" passe au pluriel en 1862 (suite à des travaux d'agrandissement). L'Hôtel et Pension est ensuite dit "meublé tout à neuf", en 1864 et 1865. 


Nouvelles adresses

En 1861, la Pension Besson, se retrouve près de l'angle formé par la "ruelle du (sic) Carabacel" (orientée sud-nord) et la "rue du Théâtre" (alignée ouest-est), ouverte au travers des propriétés Tiranty et Chauvain (13). 

La "rue du Théâtre" prend parallèlement, dès 1861, le nom de "rue du Temple" [Temple Anglais] (14) dont elle devient la prolongation orientale. 

Ce nom de "rue du Temple" va ensuite s'imposer (Image 5) puis être remplacé par celui de "rue Garnier/Garnieri", vers 1868 (15) (partie occidentale actuelle de la rue de l'Hôtel-des-Postes, depuis 1888).

Quant au tronçon de rue Carabacel qui longe la Pension Besson, il se voit pour sa part englobé, vers 1862, dans la nouvelle rue Albert/Alberti (16) (dénomination conservée de nos jours). 

Ces dates doivent cependant être relativisées. En effet, le plan du quartier daté vers 1858 (Image 4), nomme déjà les futures voies du quartier dont les rues "Garnier" et "Alberti". 

Peu de documents permettent en effet, entre 1855 et 1865, de vérifier les noms de rues et il est probable que des noms, comme ceux de "rue du Théâtre" puis "rue du Temple", se soient imposés sur les plans de situation (17), à l'époque où cette voie ne s'étendait qu'entre le Théâtre (à l'ouest) et la place (à l'est), dénommée place des Platanes puis place Beaulieu (actuelle place Wilson).

Les noms de voies du plan de 1858, ne semblent être, pour la plupart, devenus officiels et reportés sur les plans de ville qu'une fois chaque rue ouverte et aménagée sur toute sa longueur. 

Ainsi, alors que les Plans de Nice de 1855, 1856 et 1860 (2) ne précisent pas leurs noms, celui de 1865 cite seulement la "rue du Temple" (Image 5), celui de 1867 (5), les rues "du Temple" et "Albert" (du fait de son achèvement récent) mais il faut attendre celui de 1872 (18) pour trouver conjointement les noms des rues "Garnieri" et "Alberti".



L'EX-PENSION BESSON


En 1865, M. Besson, cède la direction de la Pension qui porte son nom mais reste propriétaire du bâtiment. 

 

Pension d'Allemagne et Hôtel Windsor

C'est Henri Trüb/Trub, restaurateur (né à Zurich vers 1832) et sa femme Elisa (née à Berne vers 1842/46), anciens employés de l'Hôtel Chauvain, qui succèdent à M. Besson.

Les annonces qui paraissent de septembre 1865 à avril 1866 dans Les Échos de Nice conservent l'ancienne dénomination, "Hôtel Et Pension Besson, Rue Carabacel, Près Le Temple Vaudois - Tenu pour M. Trub, Suisse", mais précisent, "Cuisine Allemande" (12) (Image 6). 


6- Annonce parue dans Les Échos de Nice dès le 15 septembre 1865,
(Google Livres).



Celles qui paraissent dans le Journal de Nice dès décembre 1867, reprennent des termes semblables mais situent l'adresse, "Rue Gioffredo, près le Temple Vaudois".

Lors de la saison 1866-67, le texte de l'annonce devient, "Pension d'Allemagne, ancienne Pension Besson, tenue par Besson propriétaire" (sans précision d'adresse), comme le montre l'annonce qui perdure, lors de la saison suivante, dans Les Échos de Nice du 15 septembre 1867 (Image 7).


7- Annonce parue dans Les Échos de Nice, du 15 septembre 1867,
(Google Livres).



Cependant, l'annonce change dès Les Échos de Nice du 5 octobre 1867, "Hôtel Besson - Rue Alberti près le temple Vaudois, centre de la Ville", puis change à nouveau, à partir du 26 octobre 1867, mais cette fois pour le reste de la saison, "Hôtel Windsor, Ex-pension Besson - Rue Alberti près le temple Vaudois, centre de la ville. E. Duret, propriétaire".


8- Annonce parue dans Les Échos de Nice du 26 octobre 1867
(Google Livres).



En fait, ces multiples changements de dénomination reflètent la faillite d'Henri Trüb, dès février-mars 1867 (19).

M. Besson fait paraître, dans le Journal de Nice du 25 février au 13 mars 1867, l'annonce suivante (dépourvue d'identification) : "A remettre un Hôtel, à proximité de la ville avec grand jardin. Belle exposition au Midi. S'adresser au Journal".

Le successeur d'Henri Trüb est Emmanuel Duret qui va s'attacher, dès le printemps 1867, à rénover l'intérieur de la Pension Besson et la réouvrir en septembre : 

"Appartements pour familles et chambres séparées. Beau jardin au midi. Cuisine recherchée. Service exact et soigné. - Nouvelle réorganisation par Emmanuel Duret, propriétaire. Prix très modérés. - Pianos et musiques. - On parle diverses langues" (Journal de Nice du 19 octobre 1867) (12).

Il va conserver tout d'abord le nom de "Pension d'Allemagne" (Image 7) puis le changer, dès octobre, en "Hôtel Windsor" (Image 8).

Emmanuel Duret a en effet déposé, le 5 octobre 1867, une demande d'autorisation municipale de voirie pour faire l'inscription, "Anglais De Windsor Hôtel", à l'angle de la rue Alberti et de la rue du Temple. Il fera début octobre 1868, une nouvelle demande pour poser cette fois une enseigne au nom de, "Hôtel Windsor" (20). 

Malgré le fait que plusieurs Guides de voyage citent encore l'Hôtel Windsor dans leur édition de 1870 (21), il semble qu'Emmanuel Duret ait quitté la rue Alberti au début de l'année 1869 (22).



M. BESSON 


"Gioffredo Bessone" est né le 15 novembre 1820 à Ostana (province de Coni, Piémont), un petit village alpin de la Vallée du Pô, situé à 64 km au nord-ouest de Coni/Cuneo. Il est le fils de Giuseppe Bessone et de Gioanna Bernardi.

La date où Gioffredo Bessone s'installe à Nice n'est pas connue. 

Le 15 mai 1859, domicilié dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste et âgé de 38 ans (ses parents sont alors décédés), il se marie à l'église Sainte-Marie-de-l'Assomption de Cimiez, avec Antonietta Vial, 28 ans. 

Cette dernière est née à Nice le 31 mai 1831 et est domiciliée dans la vieille-ville. Elle est la dernière enfant d'Agostino Vial (Piémontais, décédé à Nice le 29 octobre 1854) et de Rosa Mao/Maü (présente à la cérémonie ; née en 1788) qui se sont mariés à Sospel le 25 novembre 1804.

Gioffredo Bessone ou Geoffroy/Geoffoi Besson ouvre la "Pension Besson", rue Carabacel, la même année, en septembre 1859. 

Le lien entre ces deux évènements interroge. Son mariage (tardif) découle-t-il d'une fréquentation professionnelle de la famille Vial ? 

Rien n'est connu de la profession de Gioffredo Bessone avant 1859 mais il apparaît que le père de son épouse a été aubergiste et que plusieurs membres de sa belle-famille sont aubergistes et marchands de vins, ce qui renforce l'hypothèse.

Suite à l'Annexion du Comté de Nice par la France, Geoffroy Besson opte pour la nationalité française.

À partir de l'année 1861, il entreprend des travaux d'agrandissement et de rénovation de sa Pension, qui vont s'étaler sur près de quatre ans. 

En juin 1861, il exhausse d'un étage le bâtiment de sa Pension. En juin 1862, il entreprend une construction neuve sur le terrain voisin, acquis auprès de M. Barralis, puis fait poser, au mois d'octobre 1863, une enseigne portant, "Hôtel Besson". Début 1864, il fait réaliser une nouvelle construction et installe une enseigne dès le mois de septembre suivant (23).

M. Besson est cité pour la première fois dans l'Annuaire des Alpes-Maritimes des années 1864 et 1865 mais uniquement dans la liste alphabétique des noms de famille : "Besson, hôtel et pension, quartier Longchamp"

Sa fille, Rose Bessonnaît le 23 décembre 1866, au "quartier Carabacel, propriété Vial". L'acte précise, "fille de Geoffroy, né à Bagnolo (Italie), propriétaire, âgé de 46 ans et de Vial Antoinette, son épouse, née à Nice, rentière, âgée de 36 ans" (24). 

Rose décède malheureusement, à l'âge de 11 mois, le 20 novembre 1867, à la même adresse. L'acte précise cette fois que chacun de ses deux parents est "rentier".

Geoffroy Besson ne tient plus, en effet, la Pension et n'y est plus domicilié, ayant déménagé, avec sa famille, dans la propriété de sa belle-mère, Rosa Vial. Son nom disparaît d'ailleurs des annuaires de cette période où il loue sa Pension à Henri Trüb puis à Emmanuel Duret.

Son fils Joseph Besson naît cependant, le 16 janvier 1870. à l'adresse de la Pension, "rue Alberti, sept", ce qui vient confirmer le retour de la famille dans les lieux, en 1869, après le départ d'Emmanuel Duret.

À partir de cette date, il transforme la Pension en immeuble d'habitation et en agrandit les locaux. Entre 1869 et 1875, il va faire exhausser d'un, puis de deux étages, les façades de la rue Alberti et de la rue du Temple/Garnier (23).

Le nom de Geoffry Besson va être à nouveau cité dans les Annuaires, à partir des années 1870, au gré des nouvelles dénominations et numérotations de la rue : 

"Besson, Geoffroy, rue Garnieri, 17" (1873) ; "Besson, (G.), propriétaire, rue Garnieri, 17" (1877) ; "Besson, G., rue Garnieri, 5" (1879) ; "Besson Geoffroy, rue de l'Hôtel des Postes, 5" (1890-1906 ; le changement de dénomination de la rue date de 1888).

En 1890, il fait cette fois exhausser de deux étages la maison donnant à l'arrière des rues de l'Hôtel-des-Postes et Alberti (23), sur le passage du Temple Vaudois (25), parvenant ainsi à deux ensembles de six niveaux. 

C'est à l'adresse de la rue de l'Hôtel-des-Postes, 5 que son épouse, Antoinette Besson, née Vial, décède le 22 août 1896, "âgée de 60 ans" [65 ans].

Son fils Joseph, âgé de 26 ans, propriétaire, se marie à Nice le 20 octobre 1896, avec Anna Lea Grosso, 21 ans, sans profession (née à Nice le 25 juillet 1875, de parents propriétaires) et il quitte le domicile familial pour s'installer plus à l'est du quartier, rue Penchienatti, 6.

En 1907, à l'âge de 87 ans, Geoffroy Besson quitte ensuite l'adresse de la rue de l'Hôtel-des- Postes, pour s'installer dans le même immeuble que son fils.

C'est rue Penchienatti, 6, que "rentier", il décéde le 18 mai 1913, âgé de 92 ans. 

Son corps repose dans le caveau familial du Cimetière de Cimiez, notamment auprès de celui de sa fille Rose Besson (1866-1867), sa femme Antoinette Besson, née Vial (1931-1896) et de celui de l'épouse de son fils Joseph Besson (1870-1942), Anna, née Grosso (1875-1907 ?).

L'ancienne maison de la Pension Besson, située à l'angle des rues de l'Hôtel-des-Postes et Alberti, a été vendue à M. Marty, fin 1911. Elle a été démolie pour reconstruire à son emplacement le bâtiment du "Grand Hôtel William's", qui a ouvert le 1er janvier 1913. 

L'immeuble, qui abrite des logements depuis la fin des années 1970, occupe toujours l'angle de la rue de l'Hôtel-des-Postes (n° 33) et de la rue Alberti (n° 12).



NOTES


1- Galignani's Messenger, Paris, BnF ; L'Avenir de Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes.

2- Plans de Nice : 1834, Nice Bibliothèque municipale de Cessole ; 1847, Indicateur Niçois de 1847, Nice, Archives départementales, Annuaires ; 1856, Paris, BnF ; 1860, Nice, Archives municipales, 1 Fi 1-18.

3- Guide Cauvin, Indicateur Niçois, 1855, vol. 2, Cicérone de l'Etranger pour Nice et ses environs, p. 79).

4- Nice, Plan d'alignement du quartier délimité par la place Masséna et la colline de Carabacel, correspondant au projet de plan régulateur approuvé en 1858, Nice, Arch. dép. des Alpes-Maritimes, 1 Fi 188. Ce plan qui représente le Temple Vaudois sans le nommer, ne représente pas encore la maison Besson mais nomme déjà les rues "Garnier" et "Albert".

5- Plans de la Ville de Nice : 1865, Paris, BnF ; 1867, Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes, 1 Fi 229.

6- La partie nord-est de la rue Carabacel, parallèle à la partie neuve du boulevard Dubouchage, est encore visible sur le plan de ville de 1872 (Paris, BnF) mais elle disparaît quasiment sur celui de 1878 (Nice, Bibliothèque municipale de Cessole). La rue Carabacel est cependant encore nommée dans les Annuaires des Alpes-Maritimes des années 1880, faisant suite à la rue Chauvain, en allant de la rue Garnieri au boulevard Carabacel.

7- L'Église est rattachée aux Églises évangéliques des vallées du Piémont puis, après l'Annexion de 1860, à celles de France.

8- Sur la pose de la première pierre du Temple Vaudois, cf., L'Avenir de Nice des 13-14 août 1855. Sur son inauguration cf., Le Constitutionnel du 7 décembre 1856 et Guide des Etrangers 1858-59, octobre 1858, p. 62. À ce jour, seule une photographie ancienne du Temple vaudois est connue ; elle est l'oeuvre d'Eugène Degand (1829-1911) et peut être datée vers 1872-75 (Collection privée).

9- Avant même la cérémonie de pose de première pierre du Temple Vaudois paraît, par exemple, une petite annonce de vente d'une maison, "près le nouveau temple vaudois" (L'Avenir de Nice du 5 août 1855). 

10- Giuseppe/Joseph Silli est notamment cité à la Pension Besson dans la Liste récapitulative des Etrangers de L'Avenir de Nice du 1er novembre 1859, des Échos de Nice du 1er décembre 1859 et du Messager de Nice du 28 novembre 1860 (Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes). 

11- Cette mention, "derrière", au lieu de, "près le Temple Vaudois", se retrouve uniquement dans les petites annonces de la Pension Besson parues dans Le Messager de Nice des 7 et 28 juillet 1860 (Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes).

12- Publicités pour la Pension Besson (journaux et guides) :

- Galignani's Messenger (Paris, BnF) : septembre-octobre 1859, "Besson's Boarding house, near the Vaudois-Carabacel Temple".

- L'Avenir de Nice (Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes) : novembre 1859-janvier 1863, "Pension Besson, Rue Carabacel, près le Temple Vaudois"

- Le Messager de Nice (Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes) : juillet 1860-janvier 1863, "Pension Besson, Rue Carabacel, près le Temple Vaudois".

- Guides (Google Livres) : Emile Négrin, Les Promenades de Nice, 1862, p. 297, "Pension Besson, rue Carabacel" ; De Carli, Conseiller au touriste à Nice et dans ses environs, 1864-65, p 34, "Pension Besson, rue Carabacel, près du Temple Vaudois" ; Dr Lubanski, Guide aux stations d'hiver du littoral méditerranéen, 1865, appendice publicitaire, p. XIII, "Hôtel Et Pension Besson - Rue Carabacel, près le Temple Vaudois"

- Journal de Nice (Nice, Archives départementales des Alpes-Maritimes) : septembre 1865-avril 1866, "Hôtel et Pension Besson, tenu par H. Trub, (Suisse), Rue Gioffredo, près le Temple Vaudois" ; 19 octobre 1867-novembre 1867, "Hôtel Windsor, Ex-Pension Besson, Rue Alberti, près le Temple Vaudosi".

- Les Échos de Nice (Google Livres) : 15 septembre 1865-avril 1866, "Hôtel et Pension Besson, Rue Carabacel, Près Le Temple Vaudois, Tenu pour M. Trub" ; 15 septembre 1867, "Pension d'Allemagne, ancienne Pension Besson" ; 5 octobre 1867, "Hôtel Besson - Rue Alberti près le temple Vaudois, centre de la Ville" ; 26 octobre 1867-février 1868, "Hôtel Windsor, Ex-pension Besson - Rue Alberti près le temple Vaudois, centre de la ville. E. Duret, propriétaire".

13- La rue du Théâtre est nommée sur un plan de situation d'avril 1861 (Nice, Archives municipales, 2T 8-66), et un autre de septembre 1862 (Nice, Archives municipales, 2T 13 1036)Le Théâtre Français, qui donne alors son nom à la rue, est l'ancien Théâtre-Cirque Tiranty, situé plus à l'ouest et ouvert en 1855, au nord-est de la place Masséna.

14- La rue du Temple est nommée sur des plans de situation de février 1861, juin 1862 et mai 1863 (Nice, Archives municipales, 2T 8-14 ; 2T 12-785 ; 2T15 1619) puis sur le Plan de Nice de 1865 (Paris, BnF) (Image 5).

15- La rue Garnieri est nommée sur un Plan de situation d'octobre 1868 (Archives municipales, 2 T 29-393).

16- La rue Alberti, tout d'abord nommée sur des Plans de situation en juin 1862 et octobre 1863 (Nice, Archives municipales, 2T 13-785 et 2T 17-1935), est ouverte dès 1864 (Conseil municipal du 3 mars 1864, Nice, Archives municipales, 1D1-2, fol. 15 v.) et désignée ainsi sur le Plan de Nice de 1867 (Nice, Archives départementales, 1Fi 229).

17- Textes et Plans de situation accompagnant les demandes d'autorisation de voierie (Nice, Archives Municipales, 2T).

18- Plan de Nice de 1872 (Paris, BnF).

19- Faillite d'Henri Trüb déclarée le 21 avril 1868, avec ouverture à la date de mars 1867 (Nice, Archives départementales, 06U04/0674 ; Journal de Nice du 24 avril p. 2 et du 15 novembre 1868 p 3). Henri Trüb va devenir, la même année, maître d'hôtel de la "Pension de Genève, boulevard de Carabacel", pour Jean Rusterholz (Annuaire des Alpes-Maritimes, 1870).

20- Demandes d'enseignes d'Emmanuel Duret en octobre 1867 (Nice, Archives municipales, 2T 26-369) et octobre 1868 (2T 29-432).

21- L'ouvrage du Dr Alexandre Lubanski, Nice-Guide, 1870 p 244, cite l'Hôtel Windsor mais également la Pension Allemande (sic) ; le Guide Karl Baedeker, L'Italie septentrionale, 1870 p 97 cite l'Hôtel Windsor mais également la Pension d'Allemagne, entretenant l'ambiguïté ; l'Appleton's European guide book illustrated, Partie 1, 1870, p. XI, cite l'Hôtel Windsor).

22- Il faut noter qu'un nouvel "Hôtel Windsor" ouvrira, avec une nouvelle équipe, à l'automne 1871, avenue de Beaulieu (actuelle avenue du Maréchal Foch).

23- Demandes d'autorisations déposées par Geoffroy Besson (Nice, Archives municipales, 2T) : 

- entre 1859 et 1865 : pour exhaussement de la maison du quartier de Longchamp (juin 1861, 2T 8-184) ; Jacques (sic) Besson, projet de construction de maison dans le terrain acquis auprès du sieur Barralis, rue Alberti et rue du Temple (juin 1862, 2T 12-785) ; pour poser une enseigne portant "Hôtel Besson", entre la rue du Temple et la rue Alberti (octobre 1863, 2T 17-1935) ; pour construction dans l'enceinte du plan régulateur, rue Alberti et rue Garnier (janvier/février 1864, 2T 18-2051) ; pour poser une enseigne rue Alberti et rue du Temple (vers septembre 1864, 2T 19-2438) ; pour établir un trottoir rue Alberti (octobre 1865, 2T 21-375) ; pour effectuer des réparations à trois corniches de fenêtres, rue du Temple (juin 1865, 2T 20-187) ;

- entre 1869 et 1875 : pour exhausser la maison rue Alberti, 7 (début 1869, 2T30-139) : pour construire un canal d'égout, rue du Temple (second semestre 1870, 2T 34-8) ; pour badigeonner deux façades de la maison rue Garnieri (mai 1872, 2T 38-129) ; pour exhausser d'un étage la maison rue Garnieri et Alberti (1874, 2T 43-95) ; pour exhausser sa maison rue Alberti (1875, 2T 45-77) ;

- entre 1890 et 1901 : pour exhausser de deux étages la maison du passage du Temple Vaudois (1890, 2T 128-498) ; pour badigeonner la façade de sa maison, passage du Temple Vaudois, 6 (1901, 2T 184-568).

24- Les actes de mariage (1859) et de décès (1913) de Geoffroy Besson, le disent né à "Ostana". L'acte de naissance de son fils Joseph (1870), le dit né dans la même commune. Seul l'acte de naissance de sa fille (1866), le dit né à "Bagnolo" (Bagnolo Piemonte), à 22 km au nord-est d'Ostana.

25- Ce passage,simplement nommé "ruelle", est présent sur le plan de construction du Temple Vaudois de mars 1855 (Nice, Archives municipales, O4/8-46) et sans dénomination, sur le Plan de Nice de 1860 (Nice, Archives municipales, 1 Fi 1-18). Il semble qu'il soit désigné ensuite sous le nom de "rue Martin" sur un plan de situation d'octobre 1867 (Nice, Archives municipales, 2T 26 369) puis, vers 1877 (2T 54-92), sous le nom (conservé de nos jours) de "passage du Temple Vaudois".