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CHRONIQUE DES TRAVAUX DE LA VOIE FERRÉE ET DE LA GARE DE NICE (1863-1864)
1863
Dès le 1er mai 1863, le Journal de Nice affiche les horaires des trains reliant Nice à Marseille et Paris. Les trains pour Paris mettent de 14h (Trains Express 1ère classe) à 36 h (Trains Omnibus) en saison d'hiver.
Les études de la voie ferrée entre Nice et Menton se poursuivent ; les travaux doivent débuter sous peu et se terminer vers la fin de l'année 1865 (Journal de Nice du 4 mai 1863 p 2).
Les expropriations nécessaires à l'ouverture de l'avenue du Prince Impérial (décret du 7 mars 1863) sont en cours d'exécution (Journal de Nice du 8 mai 1863 p 3).
Le Journal des Chemins de Fer du 9 mai 1863 et le Journal de Nice du 10 citent le rapport de l'assemblée générale des actionnaires de la Compagnie de Lyon à la Méditerranée qui a eu lieu, à Paris, le 29 avril : "La section des Arcs à Cagnes, de 77 kilomètres, a été livrée le 10 de ce mois. Il ne reste plus à achever que quelques travaux de consolidation dans les tranchées ainsi que les gares de marchandises.
A la gare de Cagnes, qui doit former pendant quelques temps le terminus de la ligne, des installations provisoires ont été faites pour assurer convenablement le service des voyageurs. Une installation semblable a été faite au centre même de la ville de Nice, pour servir de point de départ et d'arrivée aux omnibus de voyageurs et aux fourgons de bagages (...).
La section de Cagnes à Nice est du reste vigoureusement attaquée. Les travaux sont terminés jusqu'au Var, à l'exception d'une tranchée où il reste encore 36,000 mètres cubes de déblais à enlever. Le viaduc en fonte sur le Var, composé de six arches de 50 mètres d'ouverture chaque, est entièrement fondé. Trois piles et la culée rive gauche sont à hauteur, et l'on va commencer la pose des voussoirs. Cet ouvrage sera terminé vers le mois de novembre prochain.
L'importante tranchée de St-Philippe, qui doit fournir tous les remblais de la station de Nice, est attaquée sur trois points du côté de Nice, et elle a déjà fourni 68,000 mètres cubes en partie extraits dans une roche calcaire très dure. Il reste encore à enlever de cette tranchée 300,000 mètres cubes environ, dont une partie pourra être portée du côté du Var.
A la station de Nice, tous les bâtiments sont fondés, et les soubassements sont de quelques mètres au-dessous du sol. Mais il est nécessaire de faire le remblai de la plate-forme avant d'élever les bâtiments de la station. Dans ces conditions difficiles, on ne peut pas espérer de les terminer avant le mois de septembre 1864" (Journal de Nice du 10 mai 1863 p 2).
Une grande fête d'inauguration du chemin de fer à Cagnes a lieu le dimanche 17 mai 1863 (Journal de Nice des 17 et 20 mai 1863 p 3).
Début juillet, le transport de marchandises de toutes classes débute sur la voie entre Les Arcs et Vence-Cagnes (Journal de Nice du 6 juillet 1863 p 2).
La ligne de Nice à la frontière d'Italie, de 28 kilomètres de longueur (en deux parties de Nice à Monaco puis de Monaco à Vintimille), concédée par le décret du 11 juin 1863 doit, aux termes de la convention du 1er mai précédent, être terminée dans un délai de trois ans. La correspondance journalière de Nice à Gênes a lieu sur les paquebots des Messageries Impériales dès le 15 juillet 1863.
L'établissement d'une gare provisoire au quartier de Caras (à moins de 5 km du centre ville) est souhaité par le Conseil Général des Alpes-Maritimes (Journal de Nice du 13 septembre 1863 p 2).
En octobre 1863, la tranchée de St-Philippe, la plus considérable de la ligne Toulon-Nice (1 km de long et 25 m de profondeur à son point culminant), avance. Alors que les déblais (400.00 mètres cubes) du côté occidental vont être utilisés au terrassement de la gare de Caras dont les bâtiments sont prêts à être couverts, les déblais du côté oriental vont servir au terrassement de la gare de Nice. De nombreux ouvrages d'art ont déjà été exécutés entre la gare de Nice et le pont-viaduc du Var (où trois travées sur les six sont terminées) dont le pont-biais de Magnan.
Sur le site de la gare de Nice, "les fondations des bâtiments des voyageurs à l’arrivée et au départ sont entièrement terminées, les soubassements du bâtiment d’arrivée sont posés ; ils sont en pierre dure de la Turbie, d’une teinte grise d’un bel effet. On a commencé depuis peu l’élévation des maçonneries en pierres d’Arles et briques ; toutes les façades seront construites sur le même modèle.
Les fondations des remises pour vingt-quatre locomotives sont achevées et l’on terminait les fondations des ateliers et de la gare de marchandises. La gare de Nice couvre une superficie de 10 hectares y compris les chemins d’accès (…).
L’accès de la gare située, on le sait, à mille mètres du pont neuf se fera avec des rampes de 3%, se raccordant avec l’avenue du Prince Impérial, laquelle traversera le chemin de fer à l’extrémité est de la gare, sous un pont à travées métalliques" (Journal de Nice du 25 novembre 1863 p 3).
Les travaux des entrepreneurs Laroze, Lefebvre et Maurel dirigés par l’ingénieur en chef Gaduel et le chef de section Brenac de la Compagnie de la Méditerranée, avancent bien et l’ouverture de la ligne est espérée pour la fête nationale du 15 août 1864.
1864
Au début de l'année 1864, la Compagnie de Chemin de fer de Paris à Lyon à la Méditerranée adjuge les travaux de la ligne de Nice à la frontière italienne : la première partie, de Nice à Monaco, est divisée en deux lots, dont le premier, de Nice à Beaulieu, est attribué aux entrepreneurs Lefebvre et Maurel. Les travaux du souterrain (ou tunnel) de Villefranche doivent débuter en mars (Journal de Nice du 13 mars 1864 p 3).
Parallèlement, les travaux de la section depuis Vence-Cagnes et ceux de la gare de Nice se poursuivent : "Aujourd'hui [avril 1864], ces vastes travaux [de la gare], qui n'ont pas un seul instant été suspendus pendant cet hiver, (...) semblent avoir couvert plus de deux hectares de terrain sur une superficie qui n'en comporte pas moins de dix. Ces immenses constructions seront, sinon entièrement terminées en octobre prochain, tout au moins arrivées au point d'offrir assez de bâtiments emménagés pour permettre l'ouverture de la section de Vence-Cagnes à Nice.
La gare, une fois terminée aura par ses lignes puissantes un caractère imposant et grandiose qui fera, trop tard, regretter qu'on ait cru devoir l'éloigner de sa véritable place, au fond de l'avenue du Prince Impérial, dont elle eût majestueusement couronné la perspective (...).
Les travaux de nivellement couvrent à présent une superficie de six hectares. Les remblais fournis par la tranchée St-Philippe (...) ont pu monter à la hauteur du pont qui donnera passage à l'avenue du Prince Impérial. Ce passage se composera d'une travée métallique de douze mètres et de deux issues latérales de cinq mètres chacune pour les piétons (...). Les fondations de la culée principale du pont [sont] terminées (...) et, en même temps, dans ce rayon, les terrains nécessaires (...) ne sont pas encore expropriés et l'on doit attendre ce moment propice avant d'entamer la section de la gare au souterrain de Villefranche (...).
Les deux principaux ouvrages à exécuter dans cette partie sont : premièrement, le tunnel de Cimiés, d'une longueur de 588 mètres, et débouchant par une courbe d'un faible rayon à cent mètres environ, au Nord du champ de Mars ; secondement le pont-viaduc sur le Paillon. Ce pont aura plus de 100 mètres d'ouverture ; il sera accompagné de deux travées latérales pour le passage de deux routes qui longent le torrent, il aura une élévation de six mètres au-dessus de ces routes (...). Les travaux de percement du souterrain de Villefranche [1,500 mètres] ont été simultanément commencés, le 20 mars dernier, en six points différents" (Journal de Nice du 11 avril 1864 p 2).
Le Journal des Chemins de Fer du 7 mai 1864 et le Journal de Nice du 13 diffusent le rapport de l'assemblée générale de la Compagnie de chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée du 28 avril : "La dernière section de Vence-Cagnes à Nice, de 11 kilomètres de longueur, comporte des travaux fort considérables : un pont sur le Var, plusieurs grandes tranchées et la station de Nice.
Le Pont sur le Var, formé de six arches en fonte de 50 mètres d'ouverture est achevé. On s'en sert maintenant pour amener au remblai de la rive gauche du Var les déblais de la tranchée située sur la rive droite de cette même rivière.
Il ne reste plus que 120,000 mètres cubes environ à enlever des tranchées situées entre le Var et Nice. Une partie de ces déblais est conduite dans la plaine basse du Var, le reste est employé à former la plate-forme de la station de Nice.
Les terrassements et les ouvrages d'art de cette section seront terminés dans le courant du mois de juillet.
Les travaux de bâtiment de la station de Nice, longtemps ralentis par la difficulté et l'importance des fondations, marchent aujourd'hui d'une manière satisfaisante. La remise des machines est prête à recevoir la charpente, le bâtiment principal est à la hauteur du premier étage et le comble de la grande halle pour le départ et l'arrivée des trains de voyageurs pourra être prochainement mis en place.
Les mesures sont prises pour que la section de Cagnes à Nice puisse être ouverte à la circulation au commencement du mois d'octobre prochain (...).
La ligne de Nice à la frontière d'Italie, de 28 kilomètres de longueur, concédée par le décret du 11 juin 1863, doit, aux termes de la convention du 1er mai précédent, être terminée dans un délai de trois ans (...). Les études ont en été faites sans retard, et le projet définitif de la première section de Nice à la principauté de Monaco, sur 14 kilomètres de longueur, est déjà depuis longtemps soumis à l'examen de l'administration. Nous n'attendons que l'approbation du projet pour mettre la main à l'œuvre".
Début juin 1864, sur la section comprise entre la station de Cagnes et le pont-viaduc du Var, la voie définitive est posée et ballastée. Entre le pont-viaduc et la gare de Nice, il manque un remblai d'environ 50 m et un déblai d'environ 19.000 mètres cubes. La mise en exploitation reste fixée au 1er octobre 1864.
"Il est évident, à l'inspection des bâtiments en construction de la gare de Nice, que ces constructions ne pourront être prêtes en octobre et que leur achèvement exige six mois encore d'énergiques travaux (...). Des bâtiments provisoires seront prochainement installés pour le service des voyageurs ; qu'une partie des charpentes de la station de Cagnes doit servir à cette destruction, et que l'on pourra assez facilement attendre l'inauguration de la gare de Nice" (Journal de Nice du 8 juin 1864 p 3).
La gare provisoire des Phocéens pourrait, dès lors, être démontée mais elle est conservée afin d'y accueillir, le Concours régional d'Industrie et d'Agriculture en avril et mai 1865 (Journal de Nice du 29 septembre 1864 p 3).
En septembre 1864, l'avenue du Prince Impérial, réalisée en dix mois, est livrée à la circulation.
En septembre également, les épreuves de solidité du pont-viaduc du Var sont réalisées et la tranchée de Saint-Philippe est terminée. Le 26 septembre 1864 après-midi, un train de réception des travaux de la ligne (Commission ministérielle des Travaux publics) parcourt la ligne Vence-Cagnes à Nice, salué par la foule, avec une pause au pont-viaduc du Var puis à la station de Caras, et entre dans la gare de Nice toute pavoisée à 5 h du soir (Journal de Nice du 28 septembre 1864 p 3). Le lendemain, c'est la réception de la ligne de Cagnes à Draguignan.
Nice est désormais rattachée à Toulon, Marseille, Lyon et Paris. L'ouverture définitive de la section Cagnes-Nice est prévue le 17 octobre prochain, quitte à mettre un train spécial à disposition de l'Impératrice de Russie qui doit arriver avant cette date.
L.M. l'Empereur Alexandre II et l'Impératrice de Russie arrivent en fait à Nice, par train spécial, le 21 octobre 1864, suivis le 27 octobre par l'Empereur Napoléon III et L'Impératrice des Français. Napoléon III quitte Nice par le train le 30 octobre et Alexandre II le 31.
Le départ de ce dernier permet la plus ancienne vue connue de la gare de Nice (image ci-dessous). Elle montre que les façades méridionales sont pratiquement terminées, même si le bâtiment oriental (sur la droite de l'image) comporte encore des échafaudages (L'Illustration du 12 novembre 1864 p 309).