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TEXTES ET PHOTOGRAPHIES DANS LES OUVRAGES SUR LE XIX° s.
Intéressé par la photographie dans les Alpes-Maritimes au XIX° siècle, je rencontre un problème récurrent qui est lié à la relation entre texte et image.
A chaque découverte d'une nouvelle photographie urbaine, je m'interroge sur sa datation. Le lieu étant identifié, je consulte donc les publications papier et en ligne pour la connaître mais, malgré la littérature abondante, je ne trouve généralement pas la réponse.
Il existe plusieurs types d'ouvrages régionaux (XIX°-XXI° s.) : ceux constitués majoritairement de textes et illustrés de quelques photographies, ceux constitués majoritairement de photographies accompagnées d'un peu de texte et enfin ceux qui équilibrent textes et photographies.
Cependant, en dehors d'ouvrages relatifs à un monument particulier où s'instaure une véritable réflexivité entre texte et image, les photographies ne sont le plus souvent réduites qu'à un rôle illustratif et ne sont d'ailleurs accompagnées que d'une brève légende et d'une date approximative, alors qu'elles permettent une entrée directe dans un réel disparu.
Pourquoi l'auteur présentant en détail l'histoire d'une ville ou d'un quartier ne date-t-il pas les photographies qui montrent ce même lieu et accompagnent son propre texte ? Ce n'est pas un problème de compétence mais de manque d'intérêt (transmis par ceux qui l'ont formé ?).
Certaines photographies accostant le texte n'ont parfois même pas été choisies par l'auteur mais par l'éditeur, ce qui en dit long sur la part accordée aux sources iconiques dans la rédaction même du texte. Il arrive même souvent que le texte soit contredit par l'image car cette dernière concerne une période légèrement différente de celle qui est décrite.
En un mot, un grand nombre d'auteurs considèrent les photographies comme des documents de second ordre et non comme des sources principales. De plus, ils en considèrent la lecture évidente, l'image devant délivrer un message clair et pérenne, alors que c'est tout l'inverse.
En effet, l'image photographique enregistre, au-delà du sujet principal, tout un tas de détails éphémères qui renseignent sur l'urbanisme, les ouvrages d'art, les bâtiments, les commerces, le mobilier urbain, le cours du torrent, la végétation des lieux et ses habitants à un instant T. Il y a de plus tous les aspects techniques et artistiques à analyser (photographe concerné, heure et lieu choisis, appareil utilisé, angle de prise de vue, effets de perspective et de lumière...).
Pourquoi l'auteur fait-il une synthèse des sources textuelles mais pas des sources iconiques ? Pourquoi chaque image n'est-elle pas abondamment décrite pour faire revivre un lieu et un temps disparus ? Pourquoi le texte et l'image ne dialoguent-ils pas ?
Une personne qui observe des photographies anciennes de la ville où elle vit depuis de nombreuses années est déjà déconcertée par les changements constatés, alors que dire d'une personne de passage qui visite la ville ?
Je pense que l'analyse d'image est la base d'une véritable initiation au patrimoine, est propice à susciter un véritable engouement et à guider le regard en tout lieu. La datation et la chronologie sont donc essentielles.
Les beaux-livres existent déjà, les sources textuelles sont abondantes et il n'a jamais été aussi facile d'acquérir des photographies anciennes. Il revient à toute personne intéressée d'essayer de recréer ce dialogue disparu entre le texte et la photographie.