SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS
UN ARTICLE ÉCRIT EN COLLABORATION AVEC
DIDIER GAYRAUD
gchateauvil@orange.fr
DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 09/07/2023
INTRODUCTION
Si les photographes ayant œuvré à Nice sont assez bien connus à partir de 1860, date de l'Annexion française, ce n'est pas le cas des photographes des années antérieures. Certains d'entre eux ont, dès les années 1840, fréquenté la ville de Nice (étape, séjour, saison, installation), réalisé des prises de vue des paysages urbains et naturels de la ville et de ses environs, voire installé un studio saisonnier ou pérenne de portraitiste. Aucune photographie niçoise antérieure à 1854 n'est cependant connue à ce jour.
Voici quelques mentions de photographes des années 1840-1860, relevées majoritairement dans des sources locales, notamment dans les registres des passeports du Consulat de France à Nice (Archives Départementales des Alpes-Maritimes) et dans les journaux suivants : Les Echos des Alpes-Maritimes, 1848-1850, L'Avenir de Nice, 1850-1855 et 1859-1860, Le Messager de Nice, 1860 (Archives Départementales des Alpes-Maritimes, en ligne) et Les Echos de Nice, 1856-1860 (Nice, Bibliothèque Municipale Nucéra).
Les documents retenus ci-dessous sont uniquement ceux où la personne est présentée comme "daguerréotypiste" ou "photographe", ce qui exclue les personnes qui se présentent sous une autre activité lorsqu'elles ne sont pas connues, par ailleurs, pour leurs photographies niçoises. Les passeports contiennent cependant certaines erreurs, notamment en ce qui concerne l'âge indiqué.
En dehors de quelques photographes non dénommés, les documents citent majoritairement des photographes français et parisiens ou formés à la photographie à Paris (peu sont nés dans le comté de Nice) mais il y a un photographe allemand et un photographe polonais. La liste établie est cependant faussée par le dépouillement du seul Consulat de France.
A l'origine, opticiens, peintres, lithographes, musiciens, enseignants, coiffeurs, tailleurs, manufacturiers, ébénistes, propriétaires ou rentiers, ils cumulent bien souvent leur métier et leur passion pour la photographie, avant de faire parfois de cette dernière leur activité principale. Certains d'entre eux vont multiplier les saisons à Nice, voire s'y installer pour quelques années ou le reste de leur vie.
LES DOCUMENTS (1840-1850)
1842
- Visa de passeport de Louis Regaudiat, Nice, le 16 novembre 1842, N° 8237,
Regaudiat Louis, Daguerréotipeur (sic), 33 ans, né à Roanne, domicilié à Lyon, venant de France par le Var, Destination du passeport et du visa, Florence, Passeport délivré par le préfet de Marseille le 5 novembre.
Visas de passeports du Consulat de France à Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes, 1842, document 01Z 0254.
1843
- Article du Courrier des Alpes du 10 avril 1843 p 3, repris dans plusieurs journaux et revues français et internationaux et notamment, Galignani's Messenger des 6 avril et 12 juin 1843, La Revue Synthétique, vol. 2, Paris, 1843 p 328 et évoqué dans Campbell's Foreign Semi-Monthly Magazine, vol. 6, mai-août 1844 p 281.
- Le nouveau mode photolithographique, 1843,
Nouveau mode que l'on pourrait appeler lithographique et dont les journaux,
il y a quelques mois, ont attribué la découverte à un habitant de Nice.
La Presse du 14 décembre 1843 p 4,
Paris, BnF (Retronews).
1844
- Passeport de Désiré Alfred Boulland, Nice le 13 mars 1844, N° 2770,
Le sieur Boulland Désiré Alfred (sa femme et son fils), peintre dagpe, âgé de 37 ans, né à Orléans, domicilié à Lyon, dernière provenance : Grasse, dernier visa : Var, destination du passeport : Aix-les-Bains, destination du visa : Grasse, passeport délivré par la préfecture du Rhône le 7 juillet 1843.
Passeports neufs du Consulat de France à Nice (1844-1849), Archives Départementales des Alpes-Maritimes, document 01Z 0228 et Visas de passeport, 1844, N° 2123, du 21 février 1844, N° 2770, du 13 mars 1844, 01Z 0256.
1845
- Passeport de Gleizal Régis, le 2 janvier 1845, N° 2,
Le sieur Glezal (sic) Régis, artiste daguerréotipiste (sic), accompagné de son épouse, né à Entraigues (sic), Ardèche, demeurant à Nice, allant à Cagliari par Gênes, passeport valable un an, délivré sur le dépôt d'un passeport périmé du Var du 4 septembre 1843, âgé de 38 ans (il signe : "Gleizal").
Passeports neufs du Consulat de France à Nice (1844-1849),
Archives Départementales des Alpes-Maritimes, document 01Z 0228.
1848
- Annonce de Lacarelle, publiée dans Les Echos des Alpes-Maritimes du 27 février 1848,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.
1849
- Passeport de Pierre Ferret, Nice, le 22 juin 1849, N° 133
Le citoyen Ferret Pierre, artiste photographe, né à Veuvet (sic), Côte-d'Or, demeurant à Nice, allant à Gap, sur le dépôt d'un passeport périmé de ce consulat (sans date), âgé de 35 ans.
Passeports neufs du Consulat de France à Nice, 1844-1849,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes, document 01Z 0228.
- Passeport de Gilbert Malard, Nice, le 26 juin 1849, N° 136,
Le citoyen Malard Gilbert, artiste photographe, né à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, demeurant à Nice, allant à Clermont-Ferrand, passeport valable un an, délivré sur sa demande et le dépôt d'un passeport périmé de ce Consulat, âgé de 44 ans.
Passeports neufs du Consulat de France à Nice, 1844-1849,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes, document 01Z 0228.
- Annonce d'un photographe anonyme, publiée dans Les Echos des Alpes-Maritimes
des 16, 21 et 30 novembre, 7, 12 et 21 décembre 1849,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.
1850
- Annonce de Pierre Ferret publiée dans Les Echos des Alpes-Maritimes des 2 et 4 janvier 1850,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.
- Passeport de Pierre Ferret, le 29 avril 1850, N° 98,
Le sieur Ferret, Pierre, artiste Photographe,
Né à Veuvet (sic), département de la Côte-d'Or, demeurant à Nice, Immatriculé en ce Consulat,
allant à Bastia (Corse)
délivré pour un an, sur le dépôt d'un passeport périmé de ce Consulat (22 juin 1849),
âgé de 36 ans.
Passeports neufs du Consulat de France à Nice, 1849-1851,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes, document 01Z 0229.
- Annonce de photographes anonymes, publiée dans Les Echos des Alpes-Maritimes
du 20 mars au 13 mai 1850,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.
LES PHOTOGRAPHES À NICE (1840-1850)
- REGAUDIAT /REGODIAT Jean Louis (1808-1872)
Jean Louis Regaudiat est né le 22 novembre 1808 à Roanne (Loire). Il est l’un des enfants de Georges Regaudiat, tailleur et de son épouse Claudine Forges/Sorges.
A l’âge de 27 ans, Jean Louis Regaudiat, "tailleur, demeurant place Confort à Lyon", se marie dans cette ville le 2 avril 1836, avec benoîte Verrier, âgée de 20 ans (née le 30 octobre 1815 à Montluel, Ain).
Le couple va avoir deux enfants à Lyon, Catherine Regaudiat, née le 26 janvier 1837, place Grenouille, n°2 (2ème arrondissement) puis Antoine Rigaudiat, le 1er décembre 1837, galerie de l’Argue, n° 27 (2ème arrondissement).
Il est à noter que Stanislas Coffin est témoin de mariage de Jean Louis Regaudiat puis de naissance de chacun de ses deux enfants. François Stanislas Coffin est né le 28 septembre 1811 à Martinvelle (Vosges) et il est installé à Lyon comme opticien, place Grenouille, n° 4. Il va s’intéresser à la photographie dès les années 1839-1841 et déménage en 1844 quai de l’Hôpital. C’est là qu’il est notamment signalé en février 1848, quai de l’Hôpital, 113, près du pont de la Guillottière, en tant qu’opticien vendeur de la liqueur sensibilisante Bros pour daguerréotype (La Gazette de Lyon des 17 et 21 février 1848). Il s’installera (vers 1850 ?) en tant que photographe au 8, rue de la Préfecture où il est notamment signalé en 1854 dans l’Annuaire-Bottin du Commerce de Paris et des départements. Il décédera à Lyon le 20 août 1873, âgé de 61 ans.
Il est fort probable que Louis Regaudiat ait été initié au daguerréotype par son ami Stanislas Coffin vers 1841-1842. C’est en tant que « daguerréotipeur (sic), âgé de 33 ans » (voir ci-dessus) que Louis Regaudiat quitte Lyon fin 1842, obtient à Marseille, le 5 novembre 1842, un passeport à destination de Florence puis à Nice, le 16 novembre 1842, un visa pour la même destination (AD06, Consulat de France, Visas de passeports, 1842, N° 8237, 01Z 0254).
Il est possible qu’il n’ait été que de passage à Nice et n’y ait réalisé aucune prise de vue mais ce daguerréotypeur n’est recensé dans aucune base. Il est de même probable que cette activité n’ait été que temporaire et non professionnelle car Louis Regaudiat est signalé à Lyon en tant que « marchand de nouveautés » d’abord « galerie de l’Argue, 27 et 36 » dans l’Almanach du Commerce des villes de Lyon, La Guillotière, Croix-Rousse et Vaize de 1843 puis « quai des Célestins, 11 » dans les différentes éditions du Guide-Indicateur de Lyon et du Rhône de 1860 à 1873.
Il est à noter que sa fille Catherine Regaudiat se mariera à Lyon le 15 octobre 1863 avec le sculpteur, Guillaume Bonnet (1820-1873), chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’Honneur.
Louis Regaudiat, « négociant, âgé de 65 ans » décédera à son domicile lyonnais, rue des Missionnaires, 17, le 31 août 1872.
- ILLER Achille (c.1815-?)
Achille Iller est né à Rouen, vers 1815 (acte de naissance non retrouvé).
Il fait par la suite des études de Beaux-Arts.
Le 27 janvier 1842, il est à Naples et obtient de l'Ambassade de France un passeport à destination de Rome. Venant de Gênes, le 28 mars 1842, "Iller Achille, chevalier de l'ordre de l'éperon (32 ans), né et domicilié à Rouen" est à Nice et demande un visa pour Paris (il est difficile de savoir si l'ordre de l'Eperon est l'ordre institué par Charles d'Anjou à Naples en 1266 ou bien l'ordre de l'Eperon d'Or institué par le pape Pie IV en 1559) (AD06 - Consulat de France - Visas de passeports, 1842, N° 2087, 01Z 0254).
A l'issue de ce voyage, Achille Iller s'installe à Paris.
Le 17 septembre 1842, il se fait établir un nouveau passeport par la Préfecture de Police de Paris, à destination de l'Italie. Il est présent à Nice en janvier 1843 et demande le 28 de ce mois un visa pour Aix-les-Bains :"Ch. (Chevalier) Iller Achille, peintre, 38 ans, né à Rouen, domicilié à Paris" et il est à nouveau présent à Nice en juin 1843, venant du Var et se rendant en Italie, à Lucques (AD06 - Consulat de France - Visas de passeports, 1843, N° 639 et N° 4442, 01Z 0255).
Il est à noter qu'à chaque fois, Achille Iller est accompagné ou suivi dans ses voyages en Italie par son frère (?) de 11 ans plus jeune, "Joseph Iller, peintre, né à Rouen" qui s'installe également à Paris vers juin 1842 (AD06 - Consulat de France - Visas de passeports, 1842, N° 4682 et N° 4858, 01Z 0254 - 1843, N° 560 et N° 4508, 01Z 0255).
L'article du 27 mars 1843 (ci-dessus) rappelle la présence du chevalier Iller à Nice (qui y est peut-être revenu après Aix), révèle son intérêt pour la photographie et ses recherches sur la couleur, dès la prise de vue, du daguerréotype.
Dans les années suivantes, il s'installe comme photographe à Florence. Deux daguerréotypes florentins signés de lui sont datés de 1847, Vue du Palais de San Donato [Villa Demidoff], terrasse du côté du nouveau parc (vente Sotheby's, ici) et Maisonnette pour cerfs, Parc de San Donato (Harvard Library, ici). S'il met en vente le matériel de son atelier florentin en 1848 (La Gazzetta di Firenze, 1848), ce dernier est toujours en activité au début des années 1850. L'un de ses daguerréotypes est daté du 17 février 1850 et signé, "M. Ch. Iller de Paris" (Collection particulière). Une séance de pose chez le chevalier Iller en 1852 est décrite par Thomas Sutton en 1874 ("On the gradual decline in the quality of photographic portraits during the last twenty years", in, The British Journal of Photography du 23 janvier 1874, vol. 21 pp 40-41).
Le chevalier Iller travaille notamment avec l'artiste et critique anglais John Ruskin entre 1845 et 1852 et réalise avec lui des daguerréotypes en Italie (notamment à Venise) qui ont été récemment identifiés (2006).
Achille Iller réalise également, au début des années 1850, avec Gaetano Grossi, une série de daguerréotypes de vues de Lucca et Pistoia qui servent de base au graveur florentin Giovanni Paolo Lasinio (1789-1855) pour des illustrations d'une édition de L'Inferno di Dante Alighieri, commentée par l'anglais G.G. Warren Lord Vernon. L'ouvrage sera ensuite publié à Florence, en trois volumes qui paraîtront entre 1858 et 1865 (Henry Clark Barlow, On the Vernon Dante, with other dissertations, vol. 2, 1870 p 32 ; Maria Francesca Bonetti, Monica Maffioli, L'Italia d'argento - 1839-1859 : storia del dagherrotipo in Italia, 2003 notes 27 et 31 p 231).
Pour en savoir plus sur le chevalier Iller, voir notamment :
- Ses daguerréotypes et les recherches dans l'ouvrage de Ken and Jenny Jacobson, Carrying Off the Palaces: John Ruskin's Lost Daguerreotypes, London, Bernard Quaritch, 2015. Article sur issuu.com/ (p 11). - Voir quelques daguerréotypes vénitiens de John Ruskin et du chevalier Iller (2015) : bbc.com/.
- BOULLAND Alfred Désiré (1814-1887)
Alfred Désiré Bolland/Boul(l)and est né le 7 novembre 1814 à Orléans (Loiret). Il est l'un des enfants de Louis Félix Joseph Boulland (né en 1787) et de son épouse, Victoire Thérèse Félicité Rabaudin (née en 1791).
Alfred Désiré Boulland devient opticien à Paris dans les années 1830 et s'initie au daguerréotype au tout début des années 1840.
Il s'installe à Lyon au plus tard en 1843 où il est signalé comme photographe itinérant dès juillet (passeport du Rhône du 7 juillet 1843).
En 1844, il est notamment signalé à Grasse et à Nice en février et mars comme "peintre daguerréotypiste, domicilié à Lyon" (voir ci-dessus) puis, comme le signale Hervé Lestang, à Toulon (Var) en avril et mai avec le photographe lyonnais François Perraud, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) en juin puis à Chambéry et Aix-les-Bains (Savoie) en juillet et août.
Sa femme, faiseuse de corsets, ouvre à Chambéry son atelier après "douze années de travail dans les premières maisons de Paris (...) provisoirement Porte Reine, Maison Dufour, où M. Boulland tient son atelier de Daguerréotype" (Le Courrier des Alpes du 2 octobre 1844 p 4).
Il s'installe à Nantes, dès la fin des années 1840 puis s'associe comme opticien avec Théodore Prosper Moussier dans cette ville au 24, rue Crébillon puis à Paris au 36, Faubourg-Saint-Honoré, jusqu'au début des années 1860 (Gazette Nationale du 21 juillet 1851 p 7 ; Journal des Débats politiques et littéraires du 23 juillet 1855 p 3).
Pour en savoir plus sur Désiré Alfred Boulland, voir :
- Les daguerréotypes de Boulland associé à François Perraud (Mâcon 22 avril 1814-Hyères 8 décembre 1862) alors à Lyon au 8, rue de Constantine, vers 1843-45 sur daguerreobase et artcurial.
- GLEIZAL Régis (1806-1875)
Régis Gleizal est né à Antraigues-sur-Volane (arrondissement de Privas, Ardèche), le 27 décembre 1806. Il est l'un des très nombreux enfants de Jean François Régis Gleizal (1771-1841), moulinier en soie et de Marianne Sabatier qu'il a épousée en secondes noces le 19 mai 1801 à Privas (Ardèche).
Régis Gleizal, 32 ans, "moulinier de soie" à son tour, se marie à Lyon, le 29 juin 1839 (son père est consentant par écrit mais sa mère est alors décédée), avec Jeanne Veisseyre, 46 ans, rentière (née le 15 août 1792 à Saint-Germain-l'Herm, Puy-de-Dôme). Le couple vit alors à Lyon au 15, port du Temple. Parmi les témoins de leur mariage, il y a le peintre lyonnais Gabriel Rey, âgé de 28 ans.
Régis Gleizal est dit "daguerréotipiste" (sic), lors d'un séjour à Nice en janvier 1845 (voir ci-dessus). Il s'est donc initié à la photographie à Lyon, au début des années 1840.
Veuf (?), Régis Gleizal se marie en secondes noces en 1854, avec Marguerit-Isabella Storey (née le 20 avril 1806), à Newcastle-sur-Tyne (Angleterre). Il est signalé dans cette ville, en 1861, en tant que chancelier du Consul de France (Annuaire diplomatique de l'Empire français pour l'année 1861, Paris et Strasbourg, janvier 1861 p 21).
Il est ensuite signalé comme chancelier du Consulat général de France à Londres dès avril 1861 (The Foreign Office List and Diplomatic and Consular, janvier 1865 p 228) et est nommé chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 11 août 1869 (L'Opinion nationale du 18 août 1869 p 3).
Régis Gleizal décède à Londres le 11 juillet 1875, âgé de 68 ans.
Sa veuve obtiendra, fin 1875, une pension relative aux 31 ans de service de son époux, ce qui semble indiquer qu'il a travaillé dans la diplomatie française dès 1844, alors qu'il n'affiche pas cet emploi sur son passeport de 1845 (Bulletin des Lois de la République Française, 2ème semestre 1875 pp 1073-74).
Régis Gleizal n'a probablement été photographe professionnel que peu de temps, dans la première moitié des années 1840.
- LACARELLE (?-?)
Ce photographe parisien, élève de Daguerre, réalise des portraits "daguerréotypes" et des "images photogéniques" (engendrées par la lumière), dès le début des années 1840.
A partir de 1845, il parcourt la France comme photographe itinérant, publiant des petites annonces précisant ses dates de séjour (cf. par exemple La Gazette du Languedoc du 12 octobre 1845 - sur Retronews - ou Le Journal de Toulouse du 11 novembre 1845 - sur Daguerreobase.org) et est présent à Nice au premier trimestre 1848.
Pour en savoir plus le photographe Lacarelle, voir :
- FERRET Pierre (1815-1875)
Pierre Bénigne "Ferré" est né le 16 avril 1815 à Veuvey-sur-Ouche, près de Dijon (Côte-d'Or). Il est l'un des fils de Pierre Ferré, terrassier (c.1772-1832) et de son épouse Claudine Pro/Prot (c.1775-1835).
Pierre Ferret exerce, dès 1836, le métier de coiffeur à Clermont-Ferrand. Il se marie dans cette ville avec Louise Vaize, le 14 février 1838.
Il devient ensuite coiffeur itinérant, notamment à Nice où il est attesté en mars 1844 puis en mars 1846 (demande de visa à Nice le 6 mars 1844 à destination de Paris sur le dépôt d'un passeport périmé délivré à Marseille le 15 octobre 1843, AD06 - 01Z 0256 ; Délivrance d'un passeport neuf à Nice le 25 mai 1846 à destination de Lucques, Toscane, AD06 - 01Z 0228).
S'il est toujours domicilié à Clermont-Ferrand en mars 1844, Pierre Ferret est désormais domicilié à Nice en mai 1846 en tant que coiffeur et c'est là que naît son troisième enfant, le 12 août 1846, à la première Buffa (rive droite du Paillon).
Pierre Ferret semble se former à la photographie, à Paris, dès le milieu des années 1840 et il est désormais signalé comme "artiste photographe" (itinérant) dès juin 1849 où il se rend à Gap (Hautes-Alpes), en passant par Digne-Les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) (voir le passeport ci-dessus du 22 juin 1849). Un daguerréotype, réalisé en 1849 à Digne, est conservé, avec au dos une étiquette portant l'adresse de son atelier niçois et la mention "De passage pour ... jours".
Une annonce de janvier 1850 (voir ci-dessus), précise qu'il est "peintre Photographe de Paris" et a son atelier niçois situé Maison Spinelli, près l'hôtel de France.
Une annonce niçoise de mai 1852 (voir la suite de cet article) précise qu'il est installé "quai du Pont-Neuf mais n'y séjourne que jusqu'en juin".
En mai 1852 (annonce) et en août 1854 (passeport), son adresse est en effet désormais Maison Adé, quai du Pont-Neuf, 1er étage et elle devient, à partir de 1856, Maison Adé, quai Masséna, n° 3, près la pharmacie Anglaise (passeports de 1856 et 1858).
Il voyage à Bade dès 1856 (passeport) et est dit 'Photographe de S.A. Impériale la Grande duchesse Stéphanie de Bade" dès janvier 1857.
Début 1859, Pierre Ferret photographie bénévolement les soldats français devant partir en guerre contre l'Autriche (L'Avenir de Nice du 21 mai 1859 p 2). En juin 1859, l'un de ses portraits de Garibaldi est diffusé avec la revue d'Alphonse Karr (A. Karr, Les Guêpes, juin 1859 pp 7-8).
Vers octobre 1859, il crée un Album de Nice et ses environs pouvant accueillir douze vues parmi les cinquante proposées.
Sur des terrains acquis en 1859, au revers de l'Hôtel Chauvain, Pierre Ferret fait construire, en 1860, une maison de quatre étages qui constituera désormais son adresse familiale et professionnelle, à l'angle des rues Chauvain et Gioffredo.
"Ferret photographe" fait partie, en 1860, des signataires de L'Adresse des français domiciliés à Nice à Sa Majesté l'Empereur (G. Nicole, Le Livre d'Or de la Savoie et de Nice, Paris, 1860 p 219).
Pour en savoir plus sur Pierre Ferret, voir :
- L'ouvrage de Didier Gayraud, La photographie à Nice, Monaco et dans les Alpes-Maritimes au XIXe siècle, Académia Nissarda, 2016.
- MAL(L)ARD Gilbert (1804-1883)
Gilbert "Mallard" est né à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 5 novembre 1804. Il est l'aîné des enfants de Martin Mallard, cultivateur (né en 1779) et de son épouse, Anne Daurière.
La famille Mallard semble s'installer par la suite à Nice. Gilbert Mallard se marie dans cette ville, à l'âge de 25 ans, le 26 mars 1830 (profession non précisée), avec Anne Françoise Sophie Fleury, 32 ans (née le 31 janvier 1798 à Mesnil-Villement, Calvados).
Le couple a quatre enfants qui naissent à Nice, Pierre Marie "Malard" baptisé le 21 février 1832 (paroisse de Saint-Jacques), Honorine Bonne Malard baptisée le 12 septembre 1835 (paroisse de Saint-Jacques), Monique Mathilde "Malar", née le 3 décembre 1837 et baptisée le 5 (paroisse de Saint-Pierre d'Arène) et Félix Emmanuel Silvius Malar, né le 23 janvier 1840 et baptisé le 26 (paroisse de Saint-Pierre d'Arène) [qui deviendra peintre et professeur de dessin et de peinture à Nice].
La famille a donc changé d'adresse entre fin 1835 et fin 1837 pour la "première Buffa" (rive droite du Paillon). Gilbert "Malard" est dit "professeur de langue française" en janvier 1840, lors de la naissance de son fils Félix (sa profession n'est pas précisée lors des naissances précédentes).
Lors de ses demandes de passeport ou de visa au Consulat de Nice, Gilbert Malard est dit "instituteur" en juillet 1842 puis "maître de langues" en juin 1844, mai 1845 et août 1847 (AD06 - Passeport de juillet 1842, N°128, 01Z 0227 - Visa de juin 1844, N° 165, 01Z 0268 - Visa de mai 1845, N° 4618, 01Z 0258 - Passeport d'août 1847, N° 168, 01Z 0228). Fin 1855, son adresse est "chemin des Anglais, 25" (L’Avenir de Nice du 15 décembre 1855 p 4).
Dans l'Indicateur niçois de 1848, il est dit "professeur de langue française, d'histoire et de géographie, Croix-de-Marbre, maison Bonfils".
Lors de sa demande de passeport de juin 1849 pour se rendre à Clermont-Ferrand (voir ci-dessus), Gilbert Malard est cependant dit "artiste photographe, âgé de 44 ans".
Deux ans plus tard, lors de sa demande d'un nouveau passeport en mai 1851, il est désormais dit "propriétaire" puis à nouveau "maître de langues" en juin 1853, juillet 1856 et mai 1860 (AD06 - Passeports neufs : 1849-1851, 1851, N° 152, 01Z 0229 - 1851-1853, 1853, N° 228, 01Z 0231 - 1856-1858, 1856, N° 218, 01Z 0232 - 1858-1860, 1860, N° 120, 01Z 0233).
Sur le dossier militaire de son fils Félix (classe 1860), Gilbert Mallard est dit, "professeur de langues françaises" (sic).
Gilbert Malard semble avoir cependant continué sa pratique photographique dans les années 1850. Plusieurs de ses vues de paysages sont connues, notamment une de la plage des Ponchettes et une du port de Nice mais également une de La Turbie.
Une publicité parue dans Les Echos de Nice du 4 octobre 1856 le cite comme professeur de Français ayant changé d'adresse et résidant désormais Promenade des Anglais, 7.
La Liste récapitulative des Etrangers présents à Nice au 1er janvier 1861 cite encore, "Malard (sic) et famille, promenade des Anglais, 7". Le recensement de la Ville de Nice de 1861 signale, "Mallard Gilbert, propriétaire, 56 ans", sans son épouse (décédée ?) mais avec deux de ses enfants et une domestique, à cette même adresse.
Dans l'annuaire des Alpes-Maritimes, il est présent comme :
- "propriétaire, rue Grimaldi", de 1864 à 1872,
- "propriétaire, rue Adélaïde, 3" de 1873 à 1875,
- "professeur de français, rue St.-Etienne, 64" de 1877 à 1879
- et enfin, "rentier, rue Paganini, 1" au début des années 1880.
Cependant, les listes électorales de la Ville de Nice le citent (aux mêmes adresses que son fils) :
- "professeur, rue Grimaldi" avant 1870,
- "rentier, rue de la Paix, 12" de 1870 à 1872,
- "rentier, chemin de St-Etienne" dès 1873
- puis "rentier, rue d’Angleterre, 11" dès 1880.
Gilbert Malard décède à Nice le 14 février 1883 au 11, rue d'Angleterre, "professeur de Français", âgé de 78 ans.
Son fonds photographique semble avoir été racheté par le photographe Gustave Echtler.