DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 17/09/2021
Cette notice a pu être récemment modifiée grâce à un descendant de la famille Aymasso qui m‘a confié ses recherches et que je remercie vivement.
TURIN
Filippo Enrico Bogliani est né le 2 juin 1843 à Turin (Italie). Il est le fils de Giuseppe Bogliani et de Maddalena Caleri. Son père est le sculpteur Giuseppe Bogliani (1805-1881), lui-même fils de sculpteur, et professeur de sculpture à l’Accademia Albertina, l'Académie des Beaux-Arts de Turin.
Vers 1860, Enrico Bogliani fait des études de peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Turin où il a pour professeurs Enrico Gamba (1831-1883) et Paolo Morgari (1815-1882). Il semble ensuite influencé par Antonio Fontanesi (1818-1882).
Artiste peintre, il se marie à 20 ans environ, à Turin, vers 1863, avec Rosa Ramelli, 20 ans environ (née vers 1843). Ils ont un fils Giuseppe Luigi qui naît en 1864 et une fille Costanza, fin 1866.
La fille d’Enrico Bogliani, Costanza, décède malheureusement en janvier 1867 et son épouse, quelques mois après, le 13 juillet 1867, âgée de 24 ans.
Ses premiers tableaux connus sont datés des années 1865-1868 (portraits, nus, peintures religieuses). Il signe ses peintures « E. Bogliani ». Dès cette époque, il participe chaque année all'Esposizione della Società Promotrice delle Belle Arti di Torino.
Veuf et âgé de 35 ans, il fréquente à Turin, vers 1878, une femme mariée, Angela Carolina Margherita Reginotti, épouse Aymasso, âgée de 39 ans (née le 10 mai 1839 à Casale Monferrato (province d'Alexandrie, Italie). Cette dernière a épousé, en 1857, Alexandre Ajmasso/Aymasso, pharmacien militaire et a eu quatre enfants avec lui : Francesco Giuseppe Luigi Venanzio Aymasso (né le 28 mars 1858), Carlo Aymasso (né vers 1861 à Chieri, au sud-est de Turin), Luigia Aymasso en 1866 (décèdée en 1871) et Henrietta Aymasso (née le 26 mars 1871 à Cafasse, au nord-est de Turin).
En 1878, Angèle tombe enceinte d‘Enrico Bogliani et leur fils, Fausto Bogliani, naît à Turin le 29 janvier 1879.
Peu après, vers 1880/1881, Enrico Bogliani s'installe à Nice, avec Angèle et ses enfants. Suite au décès du mari d’Angèle en 1893, Enrico, âgé de 52 ans, épousera Angèle, 56 ans, le 27 août 1895 à Turin.
NICE
Enrico Bogliani conserve cependant son adresse de Turin et continue à exposer chaque année dans cette ville.
Une des toiles "d'Henri Bogliani", intitulée, Les Deux enfants au chien, est datée "Nice 1881" (vente Montluçon, 2019).
Henri Bogliani est également signalé à Nice comme "artiste peintre, âgé de 38 ans", en tant que témoin du décès, le 27 octobre 1881, de sa belle-mère Francesca Reginotti (née Rossini) qui avait, elle aussi, emménagé sur Nice.
Enrico Bogliani est ensuite cité comme peintre décorateur du Théâtre Français de Nice en janvier 1883 (L'Europe Artiste du 7 janvier 1883 p 3) et du Théâtre Italien de Nice en décembre 1883 (L'Ami des Arts du 5 décembre 1883 p 3).
Il est également l'auteur d'un croquis publié dans Le Monde Illustré du 14 avril 1883, Nice, Les Régates et le Casino (juste avant son incendie). Il participe à la décoration du Char du Commerce du Carnaval de Nice, en février 1885.
Ses tableaux à l'huile et ses aquarelles ont pour sujets des portraits, des nus, des scènes de genre (petits métiers) mais également des sujets animaliers et des paysages.
Son nom n'est tout d'abord présent dans les annuaires niçois que dans les listes alphabétiques des habitants (annuaires de 1880 à 1883 absents), comme "Bogliani, H., peintre" (il signe les documents administratifs, « Enrico Bogliani ») au 5, rue Blanqui (1884) puis rue Notre-Dame prolongée (1885).
Le recensement de la Ville de Nice de 1886 révèle la constitution de la famille Bogliani qui vit au 10, rue Assalit : "Bogliani Henri, âgé de 42 ans, étranger, artiste ; Angèle, âgée de 36 ans, sa femme ; leurs enfants Charles, 22 ans, Joseph, 20 ans, Henriette, 15 ans et Paul, 8 ans".
Les âges relevés sont approximatifs, indiquant notamment 6 ans d'écart entre le mari et la femme alors qu'il n'y en a que quatre mais citent les quatre enfants, trois garçons et une fille.
Aucun des garçons cités ne porte le prénom de Faust (né en 1879) mais il s'agit probablement de "Paul, 8 ans". Les trois autres enfants, nés entre 1858 et 1871 (Joseph, Charles et Henriette) sont ceux du premier mari d'Angèle dont le patronyme n'apparaît pas dans le recensement, comme s’ils se nommaient tous "Bogliani".
Dans les annuaires, le nom d'Henri Bogliani apparaît ensuite dans les listes professionnelles des "Peintres Artistes" au 19, rue Assalit en 1886, 1887 (avec une deuxième adresse au 7, rue Palermo), 1888 et 1889. Dans celui de 1890, son activité d’ "artiste-peintre de Turin" est désormais signalée, avenue Auber, ancienne rue Dalpozzo prolongée, maison Mortier, avec de plus des publicités dans l'album jaune (voir ci-dessous).
- Publicité pour l'artiste-peintre Enrico Bogliani, publiée dans l'album jaune de l'annuaire niçois de 1890 pp 16 et 65
(rubriques, "Artistes Peintres" et "Peintres Artistes"),
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.
A partir de l'annuaire de 1891, le nom d'Henri Bogliani est cité dans les listes professionnelles des "Artistes peintres", avenue Malausséna, ancien restaurant de la Cascade et c'est cette dernière adresse qui apparaît lorsqu'il expose au Salon parisien de 1892. Henri Bogliani expose ensuite au Salon des Champs-Elysées en 1893 et 1894. La Route de Coni à Nice est présenté au Salon de 1893 (avec Portrait de Mme la Comtesse X) et cité dans L'Intransigeant du 30 avril 1893. La Bouchée de pain à Nice, cité dans L'Art français du 4 août 1894 (puis exposé à Nice en janvier 1895), est conservé pour sa part au MUba de Tourcoing.
Encore cité en 1895 rue Malausséna, son nom de peintre disparaît des annuaires niçois de 1896 à 1901 mais réapparaît ensuite, rue Parmentier, villa Claudius.
Henri Bogliani est présent à l'Esposizione Nazionale di Turino de 1898 avec le tableau, Ultime Note di Niccolo Paganini. En février 1899, il expose à Monte-Carlo, L’Embouchure du Paillon à Nice.
"Bogliani Philippe Henri, artiste peintre, âgé de 59 ans et huit mois, domicilié à Nice, au quartier Saint-Barthélémy, Maison Clerissi", décède à Nice le 2 mars 1903.
Son fils, Faust Bogliani, "artiste peintre, âgé de 26 ans" et Eugène Marcotorchino, artiste peintre de 24 ans, sont signataires de son acte de décès (ces deux jeunes artistes ont peut-être suivi les cours de l’Ecole des Arts décoratifs de Nice et/ou les cours d’Enrico Bogliani).
Son fils Faust, désormais comptable, décédera à Nice au 4, rue Defly le 12 décembre 1910, à l'âge de 33 ans. Sa demi-sœur, Henriette Aymasso, épouse Martin, est signataire de son acte de décès en tant que "Martin Henriette, 37 ans, née Bogliani (!), sœur du défunt".
La veuve d'Henri Bogliani décédera pour sa part à Nice, à l'âge de 74 ans, le 3 juin 1913, à son domicile du quartier Saint-Sylvestre, Villa Henriette.
[Il est à noter que les dates de naissance et de décès d'Enrico Bogliani répandues sur Internet (1848-1921) sont erronées].
- Francesco Giuseppe Luigi Venanzio BOGLIANI/AYMASSO (1858-?) & Charles AYMASSO (c.1861-?)
A partir du 29 novembre 1886 jusqu’au 6 mars 1888 paraît dans L’Ami des Arts (Nice), une publicité pour les photographes "J. Bogliani et C. Aymasso" au 27, rue Gioffredo (voir ci-dessous). Jusqu’à la découverte de cette publicité, le prénom n’étant pas cité par ailleurs, tout poussait à croire que le photographe était le peintre Enrico Bogliani.
- Publicité parue dans L’Ami des Arts (Nice) du 29 novembre 1886 au 6 mars 1888 (Gallica).
Une association est donc passée en 1886 entre "J. Bogliani & C. Aymasso". Enrico Bogliani ne semblant pas avoir de fils ayant "J." comme initiale de prénom, il est légitime de penser que ces associés sont les deux frères Aymasso, Joseph Aymasso dénommé "Joseph Bogliani" et Charles Aymasso.
Dans le recensement de 1886, Joseph est dit âgé de 22 ans mais l’acte de naissance de Luigi Francesco Giuseppe Aymasso le dit né à Turin le 28 mars 1858, ce qui le ferait âgé de 28 ans. Son frère Charles est dit pour sa part âgé de 20 ans, né vers 1866, alors que des documents de 1888 le disent âgé de 27 ans et donc né vers 1861, ce qui le ferait âgé de 25 ans en 1886.
Les deux frères se sont formés à la photographie à Nice, peut-être dans le cadre d’études à l’Ecole des Arts décoratifs dans la première moitié des années 1880.
Leurs très rares cartons-photos affichent, vers 1886-1888/90 :
- au recto, sur fond noir à tranche dorée et en lettres dorées, "Bogliani & Aymasso - - Nice",
- au verso (sous papier serpente), sur fond rouge, en lettres dorées, "Photographie Artistique - De L'Armée Française (dans un phylactère oblique - Bogliani & Aymasso (écriture oblique) - Nice - 27, Rue Gioffredo - Ateliers dans le jardin - Les clichés sont conservés - Portraits À L'Huile-Agrandissements - Villas Et Grouppes (sic)".
Le studio, créé en 1886, n’est cité dans les listes professionnelles des annuaires qu’à partir de 1889 mais avec le nom de "Bogliani" sans celui d‘Aymasso. Je n’ai cependant pas connaissance de cartons-photos portant le seul nom de "Bogliani" et en mars 1889, Charles Aymasso est toujours qualifié de "photographe" (décès de sa fille).
Dans l’annuaire de 1890, "Bogliani" apparaît à nouveau dans la liste des "Photographes" mais également dans celle des vendeurs de "Photographies, Gravures, Aquarelles". Il semble en effet qu’il possède un magasin sur la rue et un atelier dans le jardin.
L’atelier semble cédé au photographe Henri Griottier en 1890 (listes alphabétiques de l'annuaire de 1891) mais "Bogliani" conserve cependant son magasin de "Photographies, gravures, aquarelles", jusqu'en 1894 (annuaires de 1890 à 1894).
Il est intéressant de constater qu’ensuite l’atelier sera cédé en 1893 à Vanhoec puis en 1894 à Marcotorchino (témoin de décès d’Enrico Bogliani en 1903).
Je ne connais pas la suite de la vie et de la carrière de "J. Bogliani", ni ses date et lieu de décès.
- Charles AYMASSO (vers 1861-?)
Carlo/Charles Aymasso est né vers 1861 à Chieri (province de Turin, Italie). Il est l’un des enfants d’Alexandre Ajmasso/Aymasso et d’Angèle Reginotti.
Suite à la liaison de sa mère, il a pour beau-père le peintre turinois Enrico Bogliani et déménage avec toute la famille, à Nice, vers 1880/81.
Charles Aymasso épouse, entre 1886 et 1888, Marie Brunetti, sans profession (née vers 1860 à Rocca di Corio [Rocca Canavese], province de Turin) (acte de mariage non retrouvé).
"Photographe, âgé de 27 ans", il est cité à Nice avec son épouse lors de la naissance de leur fille Alexandrine Angéline Aymasso, le 25 novembre 1888 au 4, rue de Belgique, avec pour témoin le photographe Italo Colombi, âgé de 27 ans (opérateur de Disdéri).
Leur fille décède malheureusement à l'âge de 3 mois et demi au 4, rue de Belgique, le 10 mars 1889. La déclaration de décès est faite par Charles Aymasso "âgé de 27 ans, photographe" et son beau-père "Henri Bogliani, âgé de 45 ans, artiste peintre, non parent de la défunte".
Le nom d'Aymasso n'apparaît jamais dans les annuaires niçois. Je ne connais pas la suite de la carrière et de la vie de Charles Aymasso après l'année 1890 où il n'a que 29 ans. J'ignore ses date et lieu de décès.
Cependant, il est peut-être à rapprocher de “Carlos Aymasso“, ce photographe italien d‘origine turinoise ayant émigré puis travaillé dès le début du XX° siècle, en Amérique latine, aux limites du Brésil (au moins de 1906 à 1913), de l’Uruguay et de l’Argentine.
[Sa soeur "Aymasso Henriette Polyxène, née à Cafasse (province de Turin, Italie), le 26 mars 1871, sans profession, demeurant à Nice, avenue Malaussena, villa La Cascade, domiciliée à Cafasse, fille majeure de feu Aymasso Alexandre et de Reginotti Angèle, sa veuve", épouse à Nice, le 17 avril 1900, Joseph Martin, commis d'octroi, âgé de 27 ans (né à Nice le 5 mars 1873). Elle décédera à Nice le 21 juillet 1943, à l'âge de 72 ans].
- BOGLIANI/AYMASSO Joseph (1858- ?) & AYMASSO Charles (vers 1861-?), recto, Portrait de communiante, vers 1886-1890,
"Bogliani & Aymasso - - Nice",
tirage de 14,4x10 cm sur carton de 16,4x11 cm, Collection personnelle.
- BOGLIANI/AYMASSO Joseph (1858- ?) & AYMASSO Charles (vers 1861-?), verso, Portrait de communiante, vers 1886-1890,
"Photographie Artistique - De L'Armée Française (dans un phylactère oblique - Bogliani & Aymasso (écriture oblique) - Nice - 27, Rue Gioffredo - Ateliers dans le jardin - Les clichés sont conservés - Portraits À L'Huile-Agrandissements - Villas Et Grouppes (sic)",
carton de 16,4x11 cm, Collection personnelle.