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lundi 12 mai 2014

216-LA PRÉSENTATION





SUH Do-Ho (né en 1962), Home Within Home (La Maison dans la Maison), 2013,
installation d'organza bleu, 12x15 m, Séoul, Museum of Modern and Contemporary Art.
Mise en abyme spatiale, culturelle et mémorielle de l'immeuble de trois étages du logement de l'artiste,
 étudiant à Providence (USA) et de sa maison d'enfance (maison traditionnelle coréenne, suspendue), à échelle réelle.
Les architectures ont été scannées en 3D par une machine et la structure suspendue et fantomatique,
 faite de couches de tissu plus ou moins transparentes, donne la sensation d'une image monochrome virtuelle.
L'organza est une mousseline de coton ou de soie, passée à la vapeur pour être rendue transparente puis cousue à la main.


VOIR LE DIAPORAMA DE CATHY C. SUR : PRÉSENTATION-REPRÉSENTATION
http://artspla-site-austral.ac-reunion.fr/IMG/pdf/PRESENTATION-2.pdf




LA PRÉSENTATION : pratique des arts des XX° et XXI° siècles qui donne priorité à l’intégration du réel, à la prise en compte de l’espace du lieu et à la participation du spectateur, aussi bien dans la phase de conception de l’œuvre (processus) que dans son mode d’exposition (dispositif).

Jusqu’au tournant du XX° siècle, les arts de la Peinture et de la Sculpture étaient uniquement basés sur la représentation. A partir des années 1910, l’art est renouvelé par la voie abstraite mais également  par l’intégration du réel (matériaux pauvres, objets) dans les œuvres (Pablo Picasso, Marcel Duchamp). Le réel constitue désormais tout ou partie de l’œuvre (objet, chose, corps).

De la "représentation", les artistes passent à la "présentation".  Cette nouvelle façon de concevoir l’art traverse les XX° et XXI° siècles,  avec une généralisation à partir des années 1960 et une mondialisation à partir des années 1980.

On peut définir la présentation comme un dispositif d’exposition de l’œuvre qui est pensé dès la conception de cette dernière. Elle se définit par :

1- La matérialité (présence physique de la matière réelle : objets, choses, corps, statiques ou en mouvement) ou l’immatérialité de l’œuvre (invisible, insaisissable, virtuelle),

2- L’espace : le lieu (pièce, bâtiment, rue, paysage) est investi dans ses trois dimensions et fait partie de l’œuvre (installation, installation in situ, environnement) ; l’œuvre joue sur le rapport d’échelle au corps humain et au lieu,

3- L’interactivité : le spectateur a un rôle actif dans l’œuvre, fait partie de l’œuvre qui parfois n’existe pas sans lui : il la regarde, la parcourt, la construit, la manipule ou la détruit et vit des expériences sensorielles (les 5 sens) et psychologiques (ambiance),

4- La présentation peut intégrer des textes, des lumières, des sons et des odeurs mais également des représentations (images, sculptures).



PROGRAMME

Les options Arts plastiques de Terminale (option facultative et option de spécialité) traitent de la question de la "présentation" au travers du programme limitatif.

La problématique de la présentation (productions des élèves pour le dossier du baccalauréat et prestation orale) est à conduire en considérant tout à la fois les opérations intellectuelles et techniques d’élaboration des œuvres, les modalités de leur réalisation et de leur mise en situation ou de leur mise en scène. 

Elle permet d’ouvrir la réflexion et d’acquérir des connaissances sur :
-          - le support, la nature, les matériaux et le format des œuvres,
-          - la tradition du cadre, du socle, ses ruptures et renouvellements contemporains,
-          - l’inscription des œuvres dans un espace architectural ou naturel (privé ou public, institutionnel ou non, pratiques de l’in situ),
-          - le statut de la production ou de l’œuvre, sa reconnaissance artistique et ses éventuelles mises en question (ready-made ou création élaborée, caractère pérenne ou éphémère, unité ou éclatement des supports, renouvellement des matériaux, des lieux et des formes, affranchissement des catégories traditionnelles, absence ou disparition de l’œuvre…).



POUR APPRÉHENDER LA DÉMARCHE DES ARTISTES CONTEMPORAINS ET LA QUESTION DE LA PRÉSENTATION
VOIR LA VIDÉO (18 MN) SUR LE MAKING OF DE 
PERSONNES, DE CHRISTIAN BOLTANSKI (NÉ EN 1944), 
MONUMENTA 2010, PARIS, GRAND PALAIS.





DÉFINITIONS

Le terme "présentation" est un terme propre aux Arts plastiques et recouvre trois sens principaux, il désigne :

- l’intégration du réel dans l’œuvre : la « présentation » du monde (et non plus seulement sa « représentation ») et l’affirmation de la matérialité (présence physique des supports, matériaux et techniques utilisés),

- la mise en scène (scénographie) de l’œuvre dans un espace, à destination du spectateur : la relation de l’œuvre au lieu et le rôle dévolu au spectateur, 

- la valorisation de l’œuvre : par le cadre, le piédestal, le socle, l’affiche, le cartel, le vernissage, le happening …).


INTÉGRATION DU RÉEL DANS L’OEUVRE

Picasso et Braque ont été les premiers, en 1912, dans la phase du Cubisme synthétique, à présenter, à intégrer des morceaux de réalité (matériaux pauvres, objets, images, textes), tant dans la peinture (collage, comme Nature morte à la chaise cannée de Picasso, 1912) que dans la sculpture (assemblage, comme Guitare de Picasso, 1912).

Marcel Duchamp (Dadaïsme) créera pour sa part des assemblages, comme Roue de Bicyclette, 1913, puis des "ready-made"  (objets tout faits, comme Porte-bouteilles, 1914 – contre le savoir-faire, la virtuosité technique, l’artistique traditionnel), en basculant simplement l’objet du quotidien, sans assemblage ni modification, dans le domaine de l’art (ceci est une œuvre d’art : changement de contexte - de l’univers du quotidien au musée institutionnel - et de regard).

Dans le mot "présentation" au sens "intégration du réel", il faut entendre également (au-delà des matériaux, des objets, des images et des textes), l’intégration en sculpture :

-          - d'éléments technologiques (mécaniques, électriques, électroniques…) et du mouvement réel,

-          - de choses (éléments d’origine naturelle comme les pierres, l’eau et la glace, les végétaux - Land Art, Giuseppe Penone…),

-          - du corps vivant de l’artiste (performances), de ses assistants ou des spectateurs-acteurs (happenings),

-          - voire du corps vivant ou mort d’animaux (Joseph Beuys, Jean Tinguely, Damien Hirst, Joan Fontcuberta, Maurizio Cattelan, Wim Delvoye, Daniel Firman, Magnus Muhr…), de matières corporelles ou de morceaux de corps humains (Body Art).


LA MISE EN SCÈNE DE L’ŒUVRE DANS UN ESPACE À DESTINATION DU SPECTATEUR

Dans l’art contemporain, le mode de présentation ou d’exposition fait partie intégrante de l’œuvre et est déterminé par l’artiste : mise en scène ou scénographie.

La présentation intègre la mise en espace (naturel et urbain) :

-          - relation au lieu naturel, urbain, architectural : œuvre in situ, performance, Land art,

-         -  installations utilisant le milieu naturel (désert, montagne, plaine, rivière, plage) comme support et/ou comme matériau,

-          - installations utilisant l’architecture : les pièces, les couloirs, le sol, les murs le plafond, les baies d’un bâtiment (musée, galerie, bâtiment industriel, bâtiment désaffecté, en ruines, avant rénovation ou destruction), mais également ses systèmes d'éclairage, de chauffage ou d'aération. L'artiste prend possession, en 2D et en 3D, d’un bâtiment depuis ses fondations et ses façades, jusqu'aux toitures ou aux terrasses, voire la rue entière ou même le quartier,

-          - création d’un lieu : environnement, architecture, œuvre d’art total.

La présentation intègre également la relation avec le spectateur

- Dans le domaine de la peinture :

-un tableau par ses dimensions et son accrochage (au mur, au sol) va entraîner une attitude différente du spectateur : relation intimiste due à la proximité (œuvre de petites dimensions) ou absorption dans l’œuvre (œuvres de grandes dimensions, comme celles de Mark Rothko présentées dans des pièces exiguës pour que le spectateur "entre dedans").

- Dans le domaine de la sculpture :

- la question des dimensions, de l’échelle (en rapport au corps humain) est également fondamentale (Land art, Richard Serra, Ron Mueck…) ;

- la question du spectateur : le spectateur va regarder (Art optique), parcourir (installation, environnement), manipuler (Art cinétique, Art multimédia), participer (happenings) voire même créer, transformer ou détruire l’œuvre. L’œuvre est ainsi interactive et finalisée par le spectateur dont le rôle est déterminant : il fait partie intégrante de l’œuvre.

L’œuvre est de plus souvent conçue pour multiplier les expériences sensorielles du spectateur, voire perturber ses repères (parcours, vitesse, ambiance, déstabilisation, excitation, peur) :

-          - au-delà de la vue (œuvre, point de vue, images, textes, lumières naturelles ou artificielles, ombres portées),

-          - et du toucher (contact, manipulations, ajouts, modifications, montage ou démontage de l'œuvre, destruction),

-          - il y a souvent l’ouïe (Art cinétique, mécanismes, musiques, bruits, bande son de films ou de vidéos, Art multimédia),

-          - l’odorat (odeurs, parfums naturels ou artificiels),

-          - et même le goût (aliments, matières).



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