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dimanche 11 novembre 2012

138-GIUSEPPE PENONE (NÉ EN 1947)




PENONE Giuseppe (né en 1947), L’Arbre aux voyelles, 1999 (installé en décembre 1999, inauguré en 2000),
 bronze patiné (L :14 m) et arbres, Jardin des Tuileries (commande publique de 15 sculptures d’artistes différents), Paris.
(le moulage d'un chêne déraciné donne matière sculpturale au temps, conserve la mémoire du dernier état de l'arbre et crée un fossile pérenne et réaliste par ses formes, matériaux et couleurs, d'autant qu'il est placé au sein d'une végétation vivante. L'artiste intègre de plus dans son installation in situ, la plantation de cinq arbustes d'essences différentes en contact avec l'arbre moulé et en réponse aux cinq voyelles des racines de ce dernier. Ces arbres vivants vont croître avec le temps et varier avec les saisons, transformant lentement l'oeuvre puis enserrant et masquant progressivement l'arbre en bronze).


PENONE Giuseppe, artiste italien, né en 1947. Il vit à Turin mais enseigne depuis 1997 à L’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Deux grandes rétrospectives de son œuvre lui ont été consacrées, en 2004 en France (Centre Pompidou, Paris) et en 2009, au Japon (Musée de Toyota). En 2007, il a représenté l’Italie à la Biennale de Venise.

Artiste majeur de la scène internationale, associé au mouvement de l’Arte Povera (Art pauvre : détachement des acquis de la culture, détachement de l’œuvre en tant qu’objet fini pour des matériaux insignifiants mais signifiants). Ce mouvement, fondé en Italie en 1967 par le critique d’art Germano Celant, prône le retour de l’art à l’essentiel (primitivisme des gestes créateurs) et mène notamment une relation entre nature (recours à des matériaux naturels) et culture (recours à des objets et à des matériaux pauvres). Il réunit des artistes comme Michelangelo PISTOLETTO, Giovanni ANSELMO, ALIGHIERO e BOETTI, Luciano FABRO,  Jannis KOUNELLIS, Mario et Marisa MERZ, Pier Paolo CALZOLARI, Gilberto ZORIO, Giulio PAOLINI et Giuseppe PENONE.


    
-PISTOLETTO Michelangelo (né en 1933), Vénus aux chiffons, 1967, représentation en plâtre d'une sculpture à l'antique, mica, tissus récupérés.
-ANSELMO Giovanni (né en 1934), Sans titre (Structure qui se mange), 1968, deux blocs de granit, fils de cuivre et laitue fraîche, 70x13x137 cm.



                  

-MERZ Mario (1925-2003), Igloo de Giap, 1968, armature de fer, sacs plastique remplis de terre, néons, H: 120 cm, D: 200 cm.
-KOUNELLIS Jannis (né en 1936), Douze chevaux attachés, Rome, Galerie L'Attico, 1969.



Penone est un fils et petit-fils d’agriculteurs, attaché à la nature, au temps, à la beauté (formes, matériaux) en mouvement (« tout s’écoule »). Il recherche un contact intime et sensoriel avec la nature par le corps (il enlace l’arbre, se couche dans un lit de ruisseau ou de feuilles). Il assimile, dans ses nombreux écrits, l’homme à la terre et à l’arbre. Deux constantes de sa démarche se détachent : la relation du corps à l’œuvre (expérience de tous les sens), la remise en cause du processus créateur (aussi important que l’œuvre).


PENONE Giuseppe (né en 1947), Alpes Maritimes – Il poursuivra sa croissance sauf en ce point, 1968,
 photographie en noir et blanc gardant trace de la performance.
« Je sens la respiration de la forêt, j’entends la croissance lente et inexorable du bois, je modèle ma respiration sur la respiration du végétal, je perçois l’écoulement de l’arbre autour de ma main posée sur son tronc... La main s’enfonce dans le tronc de l’arbre qui, par la vitesse de sa croissance et la plasticité de la matière, devient l’élément fluide idéal pour être modelé », G.Penone, 1968.


PENONE Giuseppe (né en 1947), Alpes Maritimes – Il poursuivra sa croissance sauf en ce point, 1978,
 photographie couleur de l’artiste, gardant trace de l'installation et de la croissance de l'arbre.

PENONE Giuseppe (né en 1947), Dérouler sa propre peau, 1970-71, tirages argentiques.



La fin des années 1960 dont datent les premières œuvres de Penone, est une époque de changements dans la société et dans l’art (contestation de la société de consommation et de l’industrie culturelle). En sculpture, les artistes s’affranchissent de l’objet d’art lui-même pour privilégier des attitudes (mise en scène du corps : performances, Body Art) et des réalisations éphémères (interventions, parfois monumentales, notamment dans la nature avec des matériaux naturels, Land Art).

PENONE Giuseppe (né en 1947), Souffle 6, 1978,
 terre cuite, 158x75x79 cm, Paris, MNAM.

PENONE Giuseppe (né en 1947), Le vert du bois, 1987,
  frottage au fusain, peinture sur toile, branche d’arbre.

PENONE Giuseppe (né en 1947), Arbres, 2003.


Chez Penone, les œuvres vont garder l’échelle humaine et 

-affirmer une volonté primitiviste : rapport à la nature (jusqu’à l’odeur,  « Respirer l’ombre », 1999, « Matrice de Sève », 2009), geste millénaire, repère anti-historique, aspect symbolique (allégorie de la vie humaine), matériaux traditionnels (argile, pierre, fusain, toile mais aussi verre, bronze doré ou or),

-mettre en interaction son corps et les matériaux naturels : geste créateur modelant la matière végétale et l’argile ou taillant la pierre ; empreintes du corps entier ou partiel (« Souffles », 1978 ; « Ongles », 1987-94) et de la peau (doigts, « Paupières », 1989-91) ; effets du vivant (peau, fluides) sur la pierre ou le cuir « Sculpture de lymphe », 2007) ; substituts du corps en plâtre, fer ou bronze (« Il poursuivra sa croissance sauf en ce point », 1968), dessins de morceaux de corps avec des végétaux (Dépouille d’or sur épines d’acacia (bouche) ,2001-2002), évocation du corps humain par la verticalité de végétaux enchevêtrés en bronze (« Peaux de feuilles », 2000),

- intégrer la dimension du temps : croissance (« Il poursuivra sa croissance sauf en ce point », 1968 « Patates», 1977, « Courges », 1978-79),  érosion,  retour à la forme originelle en remontant le temps, de la poutre au tronc (« Arbres », dès 1969) ou comparaison entre le geste de l’artiste et celui du fleuve sur une pierre (« Etre fleuve », 1981), métamorphose, feuilles changeant de couleur (« Respirer l’ombre », 1999).

PENONE Giuseppe (né en 1947), Dépouille d’or sur épines d’acacia (bouche),2001-2002,
soie, épines, colle, or, trente toiles, ensemble de 3x12 m.

PENONE Giuseppe (né en 1947), Sculpture de lymphe, Pavillon italien de la Biennale de Venise, 2007,
 murs revêtus de cuir imitant l'écorce, marbre ridé et rugueux au sol, sève stagnant dans la fissure d'un totem de bois clair.

Il s’affranchit des formes artistiques traditionnelles (peinture, sculpture) et des formes nouvelles (performance, installation) en les mélangeant (hybridation, environnement). Il mêle également éléments naturels (végétaux formant des sculptures ou des architectures) et culturels (références littéraires et symboliques de la culture latine, notamment la mythologie avec Prométhée qui modèle l'homme avec de la boue pendant qu'Athéna lui donne un souffle de vie ; métamorphose de Daphné) et Pétrarque (poète du XIV° s. et son amour pour Laure).