ERINGRACEE, Perspective faussée, galerie photo sur Flickr, 2010, photo en noir et blanc.
Dans cette photo, la jeune fille semble visser ou dévisser l'ampoule du réverbère. Un faux contact
semble s'établir entre le tout premier plan, la jeune fille, et le deuxième plan, l'ampoule très élevée
d'un réverbère situé à plusieurs mètres. La simulation du geste écrase l'espace et fausse le rapport
de proportions et la vision de la scène. Le point de vue de la photographe accroupie accentue
l'aspect gigantesque de la jeune fille et permet l'effet insolite.
Février 2012 - "PERSPECTIVE FAUSSÉE" - Mettez en scène une perspective géométrique faussée et gardez-en trace par la photographie -Travail à domicile à faire seul ou à deux élèves, dans un délai de quatre semaines.
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Attribué à GIORGIO MARTINI Francesco di (1439-1502), Cité idéale, vers 1470-75,
tempera sur bois, H : 0,60 m ; L : 2 m, Urbino, Galerie nationale de la Marche..
Quelques peintures du XV° siècle dérogent cependant aux règles strictes de la perspective géométrique, multiplient les points de vue contradictoires et donnent la vision d'une perspective faussée. Par exemple, dans le tableau ci-dessous, les pattes arrière du cheval sont positionnées sur le même plan que les pattes avant du dragon, rendant impossible le coup de lance, saint Georges ayant dépassé le monstre.
UCCELLO Paolo, Saint Georges et le dragon, vers 1470,
huile sur toile, 55,6x74,2 cm, Londres, National Gallery.
VOIR UNE VIDEO (1 MN) SUR UNE VERSION ANTÉRIEURE DE PAOLO UCCELLO
huile sur toile, 55,6x74,2 cm, Londres, National Gallery.
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Dans les siècles suivants, les artistes maîtrisent parfaitement les règles de la perspective géométrique mais certains d'entre eux vont se jouer de ces règles et les trahir volontairement, comme Hogarth, dans l'estampe présentée ci-dessous.
HOGARTH William (1697-1764), Satire de la fausse perspective, gravure sur cuivre, 1754.
L'estampe est accompagnée du texte suivant : "Quiconque fait un dessin en ignorant la perspective est susceptible de sombrer dans des absurdités".
VOIR LE DÉTAIL DE TOUTES LES ERREURS DE PERSPECTIVE DE LA GRAVURE DE HOGARTH
http://figuresambigues.free.fr/Peinture/hogarth.html#axzz1qhEbqsuL
VOIR LE DÉTAIL DE TOUTES LES ERREURS DE PERSPECTIVE DE LA GRAVURE DE HOGARTH
http://figuresambigues.free.fr/Peinture/hogarth.html#axzz1qhEbqsuL
A partir du milieu du XIX° siècle, face à l'invention et au développement de la photographie, les règles traditionnelles de la représentation picturale vont être rejetées (Manet, Van Gogh, Gauguin, Cézanne) pour aboutir à des visions comme celle, avant-gardiste, de Picasso au XX° siècle.
Certains artistes se complairont cependant à revenir à ces règles pour mieux les détourner, comme Escher dans ses estampes.
ESCHER Cornelis (1898-1972), Belvédère, 1958, lithographie, 46x29,5 cm.
Dans l'exemple ci-dessus, le premier et le second étage du belvédère s'éloignent
dans des directions opposées, d'où l'entrecroisement des colonnes intermédiaires.
MAGRITTE René (1898-1967), Le Blanc-seing, 1965,
huile sur toile, 81x64 cm, Washington, National Gallery of Art.
Ici, c'est la règle du masquage (ou recouvrement) qui est mise à mal.
Les éléments de l'arrière-plan masquent certaines bandes de la cavalière.
A partir du XX° siècle, les artistes plasticiens investissent le médium de la photographie pour exprimer leur vision créative et dès la seconde moitié du siècle, certains abandonnent la peinture et le dessin pour se consacrer à des pratiques dont la photographie garde trace. Parmi eux, certains remettent en cause la vision de l'espace et jouent sur l'illusion d'optique, renouant avec d'illustres prédécesseurs (paysages anthropomorphes, anamorphoses, jeux sur les ombres portées, mises en abyme...) ou créent de nouvelles perturbations visuelles comme les artistes contemporains ci-dessous.
BOUCQ François (né en 1955), La pédagogie du trotoir, couverture de l'album de B.D.,
1987, Casterman.
Deux espaces se rencontrent et fusionnent.
SMITH Paul Mickael, Paysage urbain, hiver, 1984-2008.
Maquettes de voitures et de bâtiments, réalisées à l'échelle 1/24ème et photographiées dans un paysage réel.
SLINKACHU (né en 1979), Le Dernier recours, trois photographies couleur faisant partie de son projet, The little people, Londres, dès 2006.
Les micros mises-en-scène ne révèlent leur proportionnalité, leur rapport à l'espace et au décor
qu'en passant d'une photo à l'autre.
qu'en passant d'une photo à l'autre.
RAMETTE Philippe (né en 1961), Inversion de pesanteur, 2004,
photographie couleur, 120x150 cm.
L'artiste se met en scène réellement (performance), perturbe la vision de l'espace
par le retournement de la photo et recrée la sensation de vertige.
photographie couleur, 120x150 cm.
L'artiste se met en scène réellement (performance), perturbe la vision de l'espace
par le retournement de la photo et recrée la sensation de vertige.
C'est un principe semblable au précédent qui est appliqué ici.
HOLLEBEN Jan von (né en 1977), Superman, photographie couleur de la série, Dreams of flying, 2006.
L'espace horizontal du sol est mis en scène pour donner,
par une vision en plongée, l'illusion d'un espace vertical.
MINKKINEN Arno Rafaël (né en 1945), Le Bouquet d'arbres, 2007,
photographie en noir et blanc de la série, Arbres et forêts, Malmö, Suède.
Les deux plans éloignés de la main et de l'arbre semblent mis en contact
(malgré l'absence de reflet de la main). L'espace est comme écrasé
et le rapport de proportions entre les deux éléments se trouve faussé,
la main s'apprêtant à arracher l'arbre, comme une mauvaise herbe.
ERLICH Leandro (né en 1973), Bâtiment, installation, Paris, 2004 et 2011.
Un miroir monumental incliné reflète le décor d'une façade horizontale.
Le public qui se positionne sur cette dernière a le vertige et défie les lois de la gravité
en se regardant dans le reflet verticalisé et en adoptant des postures de circonstance.
VOIR UNE VIDÉO D'UNE INSTALLATION SEMBLABLE, DALSTON HOUSE, LONDON, BARBICAN, 2013
http://vernissage.tv/2013/07/01/leandro-erlich-dalston-house-barbican-london-interview/
VOIR LA VIDÉO (10 MN) D'ERWIN WURM (NÉ EN 1932), MEMORY (1994/2000)
VOIR UN EXTRAIT (1 MN 50, 2003) DE LA VIDÉO (9 MN 37, EN BOUCLE) DE JANINE ANTONI (NÉE EN 1964), TOUCH, 2002
LA CHAMBRE D'AMES - Cette pièce fut construite par l'ophtalmologiste américain Adelbert Ames Jr. en 1946. Ce dernier se basa, pour cette construction, sur un concept d'Hermann von Helmholtz datant de la fin du XIXe siècle. Cette chambre est le fruit de l'association de deux illusions (construction du décor et position des corps). Des exemplaires de cette chambre sont reconstitués dans de nombreux musées scientifiques internationaux.
VOIR LA VIDÉO (1 MN) SUR LA CHAMBRE D'AMES
SUJET : Mettez en scène une perspective géométrique faussée et gardez-en trace par la photographie.
Consignes : Les photos ne devront pas être créées à l’ordinateur mais pourront être optimisées avec un logiciel de retouche d‘images numériques. Seul un élève de la classe pourra apparaître sur la photo.
Opérations plastiques : Faire un projet - Repérer - Choisir - Mettre en scène - Choisir le point de vue - Cadrer - Régler la profondeur de champ et la lumière - Photographier – Retoucher la photo pour l’améliorer -
Contraintes matérielles : Vous devrez rendre une ou plusieurs photographies du résultat, et une ou plusieurs photographies révélant la supercherie (photos montrant un point de vue différent), soit au minimum 2 photos. Ces dernières seront rendues au professeur accompagnées du nom, prénom et classe de l’élève ou des deux élèves concernés, sous forme papier (tirage ou impression noir et blanc et/ou couleur) ou bien sous forme numérique à l'adresse habituelle, sous 28 jours au plus tard.
Critères d’évaluation :
- capacité à créer une
photographie mettant en question l’espace (6 points)
- capacité à créer une
illusion d’optique : en écrasant les distances, en faussant le rapport de
proportions, en simulant le contact d’éléments éloignés, en perturbant la
vision traditionnelle de l’espace… (7 points)
- qualités plastiques de la
photographie, force et originalité de l’image (création d’une image insolite, surprenante)
(7 points).