lundi 1 février 2021

1175-NICE-VISITER LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1 - Nice, plan simplifié du Cimetière (chrétien) du Château, datant des années 2000-2010,
avec indication des tombes de personnages célèbres (Mairie de Nice).
Le sud est à droite de l'image.


ADRESSE 

Cimetière du Château - Allée François Aragon - 06300 - Nice

HORAIRES D'OUVERTURE AU PUBLIC : 

Du 1er mars au 31 octobre, de 8h 30 à 18h 00

Du 1er novembre au 28 ou 29 février, de 8h 30 à 17h 00 

La sortie est cependant demandée par une sonnerie qui retentit 30 minutes avant l'heure de fermeture.                                  


INTRODUCTION


Dès son entrée dans le cimetière, le visiteur est saisi par l'ordonnancement et la sérénité des lieux. Loin de l'agitation bruyante de la ville basse, il se trouve dès lors au cœur de la ville des morts avec ses quartiers et ses rues, ses 240 années d'existence et ses 2.400 sépultures.

Moment d'hésitation et de vertige, souvent amplifié par l'éblouissante et chaude lumière méditerranéenne. Où se diriger ? Que voir ? Qu'en retirer ?

Le Cimetière du Château est aujourd'hui encore un lieu de sépulture (inhumations, columbarium) mais également un lieu de mémoire (individuelle et collective) et un musée à ciel ouvert. Plusieurs approches sont possibles pour le découvrir : historique, religieuse, sociale et artistique.

Le visiteur peut :

- flâner au hasard des allées paysagées, 

- essayer de tout voir (plan positionné à l'entrée), 

- se limiter à certains plateaux

- se cantonner à une période donnée, 

- se concentrer sur les tombes des personnalités (QR Codes auprès de certaines tombes),

- s'intéresser à la grande diversité des monuments funéraires (miroir social), à leurs influences antiques, gréco-romaine (sarcophages, colonnades, frontons, drapés, nudité) et égyptienne (pyramides, obélisques, figures de pharaons), 

- étudier les sculptures : les figures humaines (religieuses, allégoriques, portraits de défunts), leur échelle, leur posture et leurs vêtements (à l'antique ou contemporains), les figures animales (oiseaux et de plus rares serpents, lions ou chien), les représentations de végétaux (troncs, feuillages, fleurs, couronnes) et d'objets (sabliers, urnes, ancres, torches, livres, et accessoires indiquant la profession du défunt),

- décrypter les symboles (Terre/Ciel, Obscurité/Lumière, Douleur/Espérance, Mort/Résurrection), 

- rechercher les vitraux et les mosaïques, 

- observer les réalisations des fondeurs (croix, porte-couronnes, grilles, chaînes, portes ouvragées, paravents) et le mobilier funéraire, 

- lire les inscriptions dont les épitaphes, 

- repérer les signatures des créateurs (architectes, marbriers, sculpteurs, fondeurs), 

- faire des photographies ou des vidéos, 

- se laisser aller à la rêverie, à la méditation ou à la prière.


Une visite de 45 minutes peut permettre une première découverte. Le plan ci-dessus indique notamment les tombes des personnalités, réparties dans l'ensemble des lieux (FIG. 1). 

Le visiteur souhaitant découvrir les tombes les plus anciennes (1820-1860) pourra se diriger, au nord, vers la jonction du Plateau d'Entrée et du Petit Cimetière et, au sud, vers l'Allée Alpini et les Allées Bavastro et Robiony (rangées externes).

Le visiteur plus spécifiquement intéressé par les sculptures (plus de 150 tombes présentant une ou plusieurs figures humaines en ronde-bosse ou en relief, généralement en pierre et plus rarement en bronze), pourra choisir les zones où elles sont particulièrement concentrées, au nord, sur le Plateau d'Entrée, le Petit Cimetière et le Plateau Grosso, au sud, dans l'Allée du Brûloir, l'Allée Orizet, le Plateau Gambetta (le plus riche et le plus homogène, offrant plus de 40 tombes sculptées des années 1900-1930) et le Plateau protestant Inférieur.

Enfin, le visiteur pourra découvrir la Chapelle du Cimetière (1932-1941) et l'ancienne Chapelle Tarani (1899-1900) (Plateau Gambetta).


2 - Ange monumental de la Tombe Grosso, 1894, 
œuvre du sculpteur Joseph Garibaldi (?-?),
Nice, Cimetière du Château, Plateau Grosso.




QUELQUES REPÈRES


Le Cimetière du Château a été créé en 1783, en dehors de la ville (sarde), sur un terrain vallonné situé à l'extrémité nord de la Colline du Château, avec deux parties séparées, un cimetière catholique au nord et un cimetière juif au sud. Un certain nombre de sépultures de l'ancien cimetière juif mais également d'anciens cimetières catholiques ont été transférées dans les lieux. 

En 1845, une partie de cimetière protestant et orthodoxe (hivernants) a été aménagée du côté oriental. 

Chaque confession a possédé un espace enclos de murs et une entrée particulière jusqu'à la loi de laïcisation de 1881. A partir de cette date, les séparations entre les cimetières catholique, protestant et orthodoxe ont progressivement disparu pour former un seul espace ouvert aux défunts de toutes confessions. Le cimetière juif a cependant été conservé, avec son entrée propre. 

Seul l'espace actuel multiconfessionnel des anciens cimetières chrétiens va être, dans un premier temps, présenté ici mais la visite du Cimetière juif reste incontournable.

Il ne semble subsister aucune tombe des premières décennies d'occupation du cimetière catholique (1783-1819). 

Les tombes les plus anciennes datent des années 1820-1840 (une dizaine plus quelques plaques) et sont essentiellement situées au nord sur le Plateau d'Entrée (pourtours sud et est) et au sud, dans l'Allée Alpini.

Les tombes des années 1850-1860 sont plus nombreuses (une quarantaine plus quelques plaques), essentiellement situées, du côté nord, sur le Plateau d'Entrée (pourtour nord-est) et le Petit Cimetière (pourtour sud) et, du côté sud, dans les Allées Bavastro et Robiony.

Des photographies panoramiques des années 1860, prises depuis la plateforme du Château, montrent notamment la partie sud du cimetière catholique, avec la chapelle Sainte-Madeleine (démolie en 1932) et des tombeaux essentiellement constitués d'un petit tertre de terre dominé par une croix ou de plus rares dalles de pierre entourées d'une balustrade métallique (entourage). 

Cependant, les sépultures conservées, antérieures à 1860, offrent des types complémentaires avec des pierres tombales dominées par une stèle de chevet portant une urne sculptée, de hauts sarcophages néo-classiques à fronton triangulaire, gravés d'inscriptions et ornés de motifs funéraires (notamment, Tombe Tourin-Rouquairol, vers 1825, Plateau d'Entrée et Tombe Gioan, vers 1830, Allée Alpini) et des baldaquins à colonnade gréco-romaine (Tombe Giraud-Salvy, vers 1825 et Tombe Risso, vers 1845, Plateau d'Entrée). En dehors des masques en acrotères de la Tombe Gioan (FIG. 3), aucune représentation humaine en buste ou en pied de cette période ne semble conservée.


3 - Masque en acrotère accostant le fronton du sarcophage de la Tombe du négociant Pierre Gioan 
(décédé en 1830), vers 1830,
sculpteur anonyme,
 Nice, Cimetière du Château, Allée Alpini.



Le cimetière protestant et orthodoxe, créé à l'origine sur le versant oriental de la butte principale en 1844-1845 (base et terrasses) n'a pour sa part pas conservé de tombes antérieures à 1860.

Peu après l'Annexion française de 1860, l'ensemble du Cimetière du Château est agrandi et réaménagé (coupe de cyprès, organisation d'allées, construction de murs de soutènement des terrasses, réparations). Les fosses en pleine terre semblent progressivement disparaître dans les deux décennies suivantes, au profit de tombes maçonnées, recouvertes d'une simple dalle (aux lettres de plomb) ou d'un monument funéraire. 

Stèles, sarcophages, colonnes brisées, cippes en forme de stèles ou de piliers quadrangulaires, mausolées (néo-classiques), édicules en forme de chapelle (souvent néo-gothiques) se multiplient à profusion dans tout le cimetière (monuments acquis par achat privé ou souscription publique sur des concessions à perpétuité). Une seule figure sculptée témoigne des années 1860, le médaillon en bronze de la Tombe du musicien et compositeur Ernst (1865-1866, Allée Defly) (FIG. 4).


4 - Portrait du musicien morave Wilhelm Heinrich Ernst (1812/14-1865),
médaillon de bronze réalisé par sa veuve Amélie Ernst (1834-1889)
 et scellé sur la tombe au premier anniversaire de la mort de son époux, le 8 octobre 1866,
Nice, Cimetière du Château, Allée Defly.



Dans l'édition de 1866 (p 327) de son ouvrage intitulé Les Promenades de Nice, Emile Négrin évoque seulement la renommée de quatre personnalités inhumées ici, celle "du violoniste Ernst [mort en 1865, Allée Defly] (FIG. 4), des naturalistes Risso [mort en 1845, Plateau d'Entrée] et Vérany [mort en 1865, Plateau d'Entrée ?], du conventionnel Sergent-Marceau [homme politique et peintre mort en 1847, Petit Cimetière]".

Quatre portraits seulement sont conservés des années 1870, un buste de pierre de la Tombe de l'architecte Vittorio Gastaldi (vers 1871, Plateau Grosso), la statue en pied et en bronze de la Tombe du philosophe et démocrate russe Alexandre Herzen (vers 1875, Premier Plateau du Cimetière protestant et orthodoxe) (FIG. 5), le médaillon en bronze de la tante de Léon Gambetta, Jenny Massabie (1878, transféré en 1909 sur le deuxième Tombeau de Gambetta situé sur le plateau éponyme) (FIG. 6) et le médaillon en bronze de la Tombe d'Antonia Seren-Hocquart (concession de 1893 mais médaillon daté de 1879, Allée Brunel).



5 - Portrait du philosophe et homme politique russe Alexandre Herzen (1812-1870),
détail de la statue en pied réalisée par le sculpteur russe Parmen Petrovitch Zabila ou Parmenion Zabello (1830-1917), fondue en bronze puis installée sur la tombe en 1875,
Nice, Cimetière du Château, Premier Plateau dit Protestant.

6 - Portrait de Jenny Massabie (1808-1878), tante de Léon Gambetta, 1878, 
médaillon de bronze exécuté par Auguste Préault (1809-1879), à Paris, entre avril et novembre 1878, à la demande de Léon Gambetta pour la tombe de sa tante située dans l'Allée du Brûloir (où il sera inhumé en 1883).
Ce médaillon a été déplacé en 1909 au revers du nouveau Tombeau de la Famille Gambetta,
 positionné sur le Plateau éponyme.



Une dizaine d'exemples témoignent pour leur part des années 1880, avec les figures religieuses de la Tombe Lesage (deux anges en pied et en pierre, vers 1883, Allée éponyme) (FIG. 8) et de plus nombreux portraits comme, le médaillon de bronze de la Tombe du géologue Edouard Desor (1882, Deuxième Plateau Protestant) (FIG. 6 bis), le buste en pierre de la Tombe de la Veuve Cauvin (vers 1882, Allée Lesage), le buste en pierre de la Tombe de l'architecte Jules Chatron (vers 1884, Allée Lesage), le buste en pierre de la Tombe de Joséphine Pontier (vers 1883, Allée Robiony) et le buste en bronze de la Tombe d'Auguste Gal (1883-1884 ; Plateau Grosso) (FIG. 7).


6 bis - Portrait du géologue Edouard Desor (1811-1882),
 médaillon de bronze signé du sculpteur Charles François Marie Iguel (1827-1897),
réalisé en 1882 à Marin (actuelle commune de La Tène, canton de Neuchâtel, Suisse),
"C. Iguel - Marin 1882 - c. de Neuchâtel",
Nice, Cimetière du Château, 2éme Plateau Protestant.

Suite à la mort d'Edouard Desor à Nice, le 23 février 1882, la ville de Neuchâtel a commandé, 
au sculpteur suisse Iguel, domicilié à Marin, un monument destiné à orner la tombe du savant. 
Le bloc erratique, de forme pyramidale (1m 80 de haut), timbré près de son sommet
 d'un portrait médaillon en bronze du défunt, a été adressé au Consulat de Suisse à Nice
au printemps 1883. Il a été installé fin mai 1883 sur une base en porphyre (de près de 3 tonnes), 
par les soins de l'architecte suisse, Léon Renard (1846-1884), domicilié à Cannes.


7 - Portrait du négociant et homme politique Auguste Gal (1806-1883), 
buste en bronze signé du sculpteur Charles Cordier (1827-1905) et daté de 1883,
Nice, Cimetière du Château, Plateau Grosso.

Auguste Gal a été notamment membre du Conseil Général des Alpes-Maritimes, du Conseil municipal et de la Chambre de Commerce de Nice. Il est décédé à Nice le 27 mars 1883 et a été inhumé au Cimetière du Château, le 29 suivant. Plus de 3,000 personnes composaient le cortège.

8 - Ange de la Tombe du politique Jean Charles Lesage (1799-1883), vers 1883-1884,
bienfaiteur de la Ville de Nice (legs important), monument construit en remerciement par la Ville de Nice, 
détail de l'un des deux anges, sculpteur italien anonyme,
Nice, Cimetière du Château, Allée Lesage.



Des estampes et photographies réalisées en janvier 1883, lors des funérailles de Léon Gambetta, révèlent une partie des monuments du Plateau d'Entrée avec des stèles et des sarcophages portant une croix, la toute récente Pyramide des Victimes de l'Incendie du Théâtre du 23 mars 1881 (1881-1882) près de la grande Croix métallique du Cimetière (1845, retirée au début du XX° siècle), les "chapelles", obélisque et pyramide de l'Allée Robiony et les "chapelles" et la Tombe familiale des Gambetta (1878) de l'Allée du Brûloir. 

Dès les années 1880, les guides de voyage signalent au Cimetière du Château de Nice, la Pyramide des Victimes de l'Incendie du Théâtre (drame au retentissement national), les sépultures de la Famille Garibaldi (tombe de sa mère sur le Plateau d'Entrée et cendres de sa première épouse dans la chapelle Sainte-Madeleine - cendres transférées à Rome en 1932), ainsi que la Tombe et la Pyramide (de bois, chargée de couronnes, détruite en 1909) de Léon Gambetta

La Fête de la Toussaint du 1er novembre et plus encore le Jour des Morts du lendemain attirent chaque année une foule de plus en plus nombreuse. Les gens ne se recueillent pas seulement sur les tombes familiales (avec dépôt de fleurs) mais également sur celles des personnalités exemplaires auxquelles elles rendent hommage. 

"Des couronnes ont été déposées sur les tombes des incendiés du Théâtre-Municipal, et sur celle de la mère de Garibaldi, situées dans la partie inférieure du cimetière. D'autres morts célèbres qui ont leur tombe au Château, ont été aussi visités par la foule : entre autres, la mère de M. Gambetta, enterrée récemment ; Herzen, le célèbre penseur russe, etc., etc." (Le Petit Niçois du 3 novembre 1882).

Le Petit Niçois du 3 novembre 1886 signale, en plus des tombes déjà évoquées, quelques tombes du Petit Cimetière, la Tombe de la Famille Sergent-Marceau (vers 1834), la Tombe du Général Eberlé (vers 1837) et le Monument aux Soldats Morts au Tonkin (croix de pierre inaugurée en juin 1886 sur le Plateau d'Entrée et déplacée au XX° siècle au Cimetière niçois de Caucade).

Les 1er, 2 et 4 novembre 1898, Le Petit Niçois publie trois articles d'Henri Sappia consacrés à l'histoire du cimetière, à ses personnages célèbres et à quelques monuments funéraires remarquables (les deux n'allant pas obligatoirement de pair), créant ainsi le premier guide culturel du lieu. 

Henri Sappia cite désormais une trentaine de célébrités (mais aucune décédée avant 1820), militaires et hommes politiques, artistes, érudits, négociants et bienfaiteurs des hospices de la ville et il accompagne son texte de quelques dessins montrant la Tombe du naturaliste Antoine Risso [vers 1845, baldaquin néo-classique surmonté d'un gâble néo-gothique, Plateau d'Entrée], la Statue du philosophe et démocrate Alexandre Herzen, [installée en 1875, Premier plateau protestant et orthodoxe] (FIG. 5), la Pyramide des Victimes de l'Incendie du Théâtre [1881-1882, Plateau d'Entrée], la Tombe du négociant Gal [1883-1884, Plateau Grosso] (FIG. 7), auxquels s'ajoute celui d'un monument imaginaire en hommage à d'autres célébrités, enterrées ou non ici, Nice à ses Glorieux Enfants (FIG. 10).



9 - Ange monumental de la Tombe des Enfants Grosso, 1894, 
œuvre du sculpteur Joseph Garibaldi (?-?),
 Nice, Cimetière du Château, Plateau Grosso.

10 - Dessin d'A. Rion (?-?), Nice à ses Glorieux Enfants, 1898, 
en hommage aux personnalités niçoises décédées, 
accompagnant l'article d'Henri Sappia paru dans Le Petit Niçois
du 2 novembre 1898 p 3, Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



En 1899, Fritz Mader consacre un passage de son livre Die Riviera au Cimetière du Château. Pour la partie catholique, il signale sur le Plateau d'Entrée, la Pyramide des Victimes de l'Incendie du Théâtre, le Monument des Soldats Morts au Tonkin et Madagascar, la Tombe du naturaliste Risso, la Tombe de la Famille Garibaldi ; dans le Petit Cimetière, la Tombe d'Emira Sergent, "sœur du brave Général Marceau", la Tombe du poète Rancher et la Tombe du Général Eberlé, "gouverneur de Nice sous Napoléon Ier" ; sur le Plateau Grosso, "le monument le plus élevé" qu'est la Tombe Grosso (FIG. 2 et 9) ; sur le Plateau Supérieur, la Tombe et la Pyramide Gambetta

Pour la partie protestante et orthodoxe, il cite "un bloc de granit présentant le portrait du géologue Edouard Desor (mort en 1882) dans un médaillon de bronze offert par sa ville d'adoption, Neuchâtel" [1882] (FIG. 6 bis) et "la statue de bronze de l'agitateur russe Alexandre Herzen (mort en 1870), fondateur de la plus ancienne revue nihiliste, La Cloche" [installée en 1875] (FIG. 5).

Des cérémonies officielles (dates anniversaires, inaugurations, visites présidentielles) se multiplient au Cimetière du Château, en particulier sur les tombes des Familles Garibaldi et Gambetta. Les touristes qui fréquentent Nice pendant la saison d'hiver, notamment lors du Carnaval de février, viennent également rendre hommage à ces grands hommes. 

Bientôt, un monument prestigieux est d'ailleurs consacré à ces derniers dans la ville, le Monument à Garibaldi sur la place éponyme en 1891 et le Monument à Gambetta en 1909 sur la place Béatrix, actuelle place Général de Gaulle (monument détruit en 1942).

Au tournant du XX° siècle, les photographes professionnels et amateurs et les éditeurs de cartes postales donnent priorité aux tombes Garibaldi et Gambetta mais s'intéressent également à l'ensemble des monuments prestigieux du Plateau Grosso (avec notamment les sculptures monumentales de la Tombe Grosso [FIG. 2 et 9] et de la Tombe Isnard datant de 1894) et du Plateau Gambetta (nouvelle appellation du Plateau supérieur dont l'occupation a été entièrement renouvelée dans les années 1890). 


11 - Portrait du politique Alfred Borriglione (1841-1902), 1903,
détail du buste exécuté par le sculpteur Nicolas Mayer (1852-1929/39) à Paris en 1902-1903 et fondu en bronze par E. Gruet Jeune,
Nice, Cimetière du Château, Plateau Gambetta.
12 - Figures des Deux Douleurs, Tombe de la Famille Raiberti,
détail du groupe de pierre sculpté par Théodore Louis Auguste Rivière (1857-1912), vers 1903-1906, 
Nice, Cimetière du Château, Plateau Gambetta.



Les Fêtes de la Toussaint donnent l'occasion aux journaux de signaler les tombes des personnalités dernièrement inhumées (Tombe du sénateur Borriglione,1902-1903, Plateau Gambetta) (FIG. 11), les nouveaux monuments prestigieux (Tombe de la Famille Raiberti, 1900-1906, Plateau Gambetta) (FIG. 12) mais également les réaménagements de sépultures anciennes (restauration et pose d'une stèle), notamment celles du Général Eberlé (1894), du poète Rosalinde Rancher (1903), d'Annita Garibaldi (1909) puis le transfert des corps de la Famille Gambetta dans un nouveau tombeau (Plateau Gambetta, 1909).

De très nombreuses figures en pied en pierre, religieuses (Anges, Marie Madeleine, rares Christ et Vierge Marie) et allégoriques (Douleur/Pleureuse, rares Vertus, Mémoire/Pensée, Génie) témoignent de cette période, ainsi qu'une dizaine de groupes sculptés (composés de 2 à 5 figures) dont la moitié sur le Plateau Gambetta. 

Les portraits des défunts sont le plus souvent des bustes et des médaillons en pierre ou plus rarement en bronze (souvent par deux, mari et femme ou parfois frères ou sœurs). Il existe cependant quelques portraits en pied et en pierre, comme ceux des enfants de la Tombe Faraut-Pastore (vers 1892, Petit Cimetière), des parents de la Tombe Grosso (1894, sur le Plateau éponyme) ou de l'enfant de la Tombe Bussone (vers 1906, Plateau Grosso).

Parmi les réalisations des sculpteurs, il faut retenir les neufs monuments funéraires (chapelles et figures) de Giuseppe Garibaldi (homonyme de l'homme politique et du peintre marseillais), réalisées à Carrare entre 1890 et 1910 (côté nord, Plateau Grosso et Allée Brunel ; côté sud, Allée Orizet et Plateau Gambetta).

Dans le premier tiers du XX° siècle apparaissent, sur les monuments funéraires, les vitraux parfois figurés et les mosaïques à fond d'or. 

Les auvents de zinc et les châssis de verre qui protégeaient les tombes et leurs couronnes ont quasiment disparu de l'ensemble du cimetière (un auvent, à l'arc générateur brisé, subsiste dans l'Allée Brunel sur la Tombe Delbecchi).





13 - L'Envolée au ciel de la Tombe de l'Enfant Piré (décédé en 1903),
détail du groupe sculpté par Nicolas Grandmaison (1856-1931), vers 1909-1911, 
Nice, Cimetière du Château, Plateau Gambetta.

14 - La Pensée de la Tombe Lambert (décès de 1912),
détail de la figure sculptée par Victor Ségoffin (1867-1925), en 1913,
Nice, Cimetière du Château, Plateau Gambetta.



La période 1920-1940 voit la dernière grande floraison de monuments et sculptures funéraires (Marie Madeleine/Douleur, Gardien(ne) des cendres, portraits), parfois de style Art Déco, notamment sur le Plateau d'Entrée (pourtours ouest et nord et zone centrale), le Plateau Gambetta et le Plateau dit Protestant Inférieur. 

Peu de tombes de soldats de la Première Guerre Mondiale sont localisées dans ce cimetière car elles ont été majoritairement implantées dans le cimetière militaire niçois de Caucade. 

La chapelle de la Sainte-Trinité, construite sur les plans de l'architecte François Aragon, remplace dans les années 1932-35 la petite chapelle Sainte-Madeleine. Le cimetière est également agrandi à cette époque, avec le Carré de l'O.N.U implanté à son extrémité nord-ouest.



15 - Figure de la Douleur du Tombeau de Georgette Foray, vers 1920-1925,
l'une des trois figures sculptées par Riccardo Aurili (1864-1943), 
Nice, Cimetière du Château, Plateau Gambetta.

16 - Détail du cortège funéraire à l'antique de la Tombe du chauffeur italien de locomotive
 Valerio Delfin(o) (1895-1926), 
haut-relief réalisé par le sculpteur Jean Galle (1884-1963)vers 1926-1930,
Nice, Cimetière du Château, Plateau d'Entrée.



SUR LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU DE NICE
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