jeudi 9 novembre 2023

1320-NICE, LE QUAI SAINT-JEAN-BAPTISTE AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE-2

 

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DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 10/11/2023



NICE, LE QUAI SAINT-JEAN-BAPTISTE AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE


Les années 1860

Au revers du quai Saint-Jean-Baptiste, se développe, dès le début de cette décennie, tout un quartier neuf conçu le long de la rue Gioffredo.

Sur le quai Saint-Jean-Baptiste, les bâtiments situés près de la place Masséna sont pour la plupart des établissements hôteliers qui datent des années 1840 mais ont été rénovés ou agrandis par la suite. L'Hôtel Chauvin/Chauvain (ancien Hôtel d'Angleterre) et l'Hôtel des Empereurs (ancien Hôtel de Londres), situés côte à côte, ont fusionné dès 1855 pour former le Grand Hôtel Chauvain.

Les bâtiments proches du Lycée Masséna sont pour leur part plus anciens (antérieurs à 1835), ne sont ni alignés ni d'une hauteur égale et sont en partie dégradés et jugés insalubres. 

Les dessinateurs, les peintres et les photographes se sont donc souvent abstenus de représenter cette zone ou ne l'ont montrée que de loin (vues prises depuis le Jardin Public ou de la Tour Saint-François), préférant les abords du Pont-Neuf et de la place Masséna ainsi que leurs hôtels.


9- Façade principale de l'Hôtel Chauvain à Nice, vers 1863,
vue nord-sud, estampe publiée dans L'Illustration, vol. 42, 
du 28 novembre 1863 p 364 (GoogleBooks).

10- Plan Indicateur de la Ville de Nice, détail, janvier 1865, 
Georges Erhard Schieble, graveur (1821-1880),
 Charles Jougla (1834-1909), éditeur, 
Paris, BnF (Gallica).

Noter, au revers du quai Saint-Jean-Baptiste, le développement
 des îlots dans la partie occidentale de la rue Gioffredo.

11- NÈGRE Charles (1820-1880), Nice, Jardin public, détail, printemps 1864, 
vue sud-nord, négatif sur verre au collodion (ici inversé) de 18x24 cm, fichier Wikipédia, 
Archives Départementales des Alpes-Maritimes, 08FI 0017.

Alors que le quai Masséna a été rénové (au second semestre 1863) et vient d'être planté d'une ligne continue de palmiers
 (plantés entre mars et mai 1864), le quai Saint-Jean-Baptiste ne dispose toujours que de quelques zones arborées.



Entre mars et juillet 1866, toute la partie ancienne du quai Saint-Jean-Baptiste est démolie (trois des quatre îlots du quai, appartenant à nombreux propriétaires). Les débris sont ensuite évacués.


12- LEONARD DE ST. GERMAIN (c.1825-?), Nice, les quais, second semestre 1866, 
vue sud-nord, tirage albuminé de 9,7x5,7 cm, sur carton de 17,3x8,5 cm, 
Collection personnelle.

Sur le quai Masséna, des eucalyptus ont été plantés entre les palmiers au printemps 1866.
Sur le quai Saint-Jean-Baptiste, tous les bâtiments situés entre le Grand Hôtel Chauvain 
et le Lycée Masséna viennent d'être démolis.




Toute la zone est reconstruite entre 1867 et 1868 : le Grand Hôtel (1867 - Image 13), avec en aval, la Maison Bovis Frères (1867-1868 - Image 14) puis la Maison Taton qui va héberger l'Hôtel de la Paix (1868 - Image 15), et en amont, près du Lycée Masséna, trois bâtiments accolés (1868 - Image 16) dont la Maison Martin et la Maison Gaziello de même hauteur. 

La construction du Pont-Square Masséna (à cinq arches) sous les fenêtres du Grand Hôtel (1867-1868) permet de relier les deux rives du Paillon avec deux voies carrossables latérales et d'aménager un grand jardin, constitué de massifs de verdure centrés autour d'un Monument au Maréchal Masséna (1869). 

Le tracé du quai Saint-Jean-Baptiste est rectifié, la voie est refaite et élargie (été 1866-automne 1867) puis éclairée au gaz (janvier 1868) avec un grand trottoir en bord de rive dans le prolongement de celui du quai Masséna. Les plantations de caroubiers et de poivriers en alternance sur deux lignes, envisagées dès octobre 1868, ne seront cependant réalisées qu'en mars et avril 1870.

L'ouverture de rues perpendiculaires s'ajoutent à la rue Chauvain et rejoignent la rue Gioffredo avec, du sud au nord, les rues Alberti, Gubernatis et Saint-Jean-Baptiste (actuelle rue du Lycée).


13- Photographe anonyme, Nice, Panorama des quais du Paillon, détail, août ou septembre 1867, 
vue sud-nord, Nice, Archives Municipales, 3Fi 75-05.

Le quai Saint-Jean-Baptiste apparaît encombré et démoli, dominé par la présence
 de la silhouette neuve du Grand Hôtel. Dans le lit du Paillon, la création des piles
 du futur Pont-square Masséna est en cours.

14- Miguel ALEO (1824-c.1900), Nice - Le Quai des Palmiers, détail, décembre 1867,
tirage albuminé de 14,2x9,2 cm, 
vue sud-ouest/nord-est, Collection personnelle. 

Le Grand Hôtel est désormais accosté, à gauche, de la Maison Bovis, récemment achevée (gros œuvre).
 Entre la Maison Bovis et la Grand Hôtel Chauvain (dans l'axe du réverbère), il existe un grand espace vacant ;
 ce dernier va être comblé en 1868 par la Maison Taton qui va héberger le Grand Hôtel de la Paix (entre les rues Alberti et Chauvain). Le Grand Hôtel est également accosté, à droite, d'un grand espace vacant qui va lui aussi être comblé en 1868 mais par la construction de trois maisons 
(entre les rues Gubernatis et Saint-Jean-Baptiste - actuelle rue du Lycée).

15- Eugène DEGAND (1829-1911), Nice, Le quai Saint-Jean-Baptiste, fin 1869-début 1870,
vue sud-nord, tirage albuminé de 6x10,3 cm, sur carton de 7x11,3 cm, 
Collection personnelle.

C'est l'une des vues qui révèlent le nouvel aspect du quai Saint-Jean-Baptiste avec (de gauche à droite) :
 le Grand Hôtel Chauvain, le Grand Hôtel de la Paix à l'angle adouci et le Grand Hôtel avec un attique dominant sa partie centrale. Les plantations (mars 1870) n'ont pas encore été réalisées sur le trottoir du bord de rive.
 Face au Grand Hôtel, le Pont-square offre, au milieu des plantations, le Monument au Maréchal Masséna.



Les années 1870

Au début des années 1870, le quai Saint-Jean-Baptiste est constitué de bâtiments numérotés du nord au sud de 3 à 17. Ces bâtiments offrent leur façade principale (sud-est) sur le quai mais s'enfoncent dans les rues perpendiculaires.

Alors que les trois bâtiments nord (n°3 à 7) sont des logements d'habitation, les bâtiments suivants sont essentiellement des hôtels, avec le Grand Hôtel (n°9), le Grand Hôtel de la Paix (n°13 et 15) et le Grand Hôtel Chauvain (n°17). Tous sont cependant pourvus de boutiques en rez-de-chaussée, identifiées par leurs devantures et leurs "tentes".

Parmi les nombreux commerces, il faut citer notamment (du sud au nord) :

- Maison Tiranty : l'Épicerie coloniale Clerissi ; l'Agence de location Lattès ; les Antiquités Sauvet ;

- Maison et Hôtel Chauvain : la Banque Avigdor puis Bonfiglio et Gilly ; le photographe Debray ;

- Maison Taton et Hôtel de la Paix tenu par Gaud puis Prével : le vendeur d'estampes et photographies Lucchesi ; le changeur Fiat ; le photographe Silli ; la "Coutellerie de Langres" d'Humblot-Guerre ; 

- Maison Bovis : la quincaillerie Bovis ;

- Maison et Grand Hôtel tenus par Schmitz : "Au Grand Condé" du tailleur Debenedetti ; la "Pharmacie Internationale" de Peyron puis Plumet ; les Mosaïques de bois de Nice de Gimelle ; le coiffeur Allard ; le lampiste Capecchi ; le fleuriste Toche ; le débit de tabacs tenu par Gourret puis Pollaro ; le" Grand Café" tenu par Laurent puis Minard (voir plus de détails, ici)...

16- Eugène DEGAND (1829-1911), Nice, Le quai Saint-Jean-Baptiste, début 1870,
vue sud-nord, tirage albuminé de  21,8x14,7 cm, 
Collection personnelle.

De gauche à droite : le Grand Hôtel de la Paix, la Maison Bovis, le Grand Hôtel avec son attique central, 
la Maison ? (Sauvaigo dès 1878), la Maison Gaziello, la Maison Martin et le Lycée Masséna.

17- Photographe anonyme (probablement Eugène DEGAND, 1829-1911), 
Nice, Panorama du quai Saint-Jean-Baptiste, vers 1871,
tirage extrait du Recueil de Voyages en France et en Europe
Paris, BnF (Gallica).

Avec ses multiples ponts, sa rive bordée d'arbres, ses grands immeubles aux façades alignées et ses boutiques luxueuses, le quai Saint-Jean-Baptiste se donne des airs parisiens. Les plantations se sont rapidement développées sur le quai et plus encore sur le Pont-square Masséna.

De gauche à droite : la Maison Tiranty à l'angle de la place Masséna et du quai Saint-Jean-Baptiste,
 le Grand Hôtel Chauvain (Cosmopolitan-Hotel dès 1879), le Grand Hôtel de la Paix (Maison Taton) accosté de la Maison Bovis, le Grand Hôtel,
 la Maison ? (Sauvaigo dès 1878), la Maison Gaziello, la Maison Martin, le Lycée Masséna.

18- Photographe anonyme (probablement Eugène DEGAND, 1829-1911), 
Nice, Panorama du quai Saint-Jean-Baptiste, vers 1877,
tirage extrait du Recueil de Voyages en France et en Europe
Paris, BnF (Gallica).

Deux bâtiments ont vu leur façade récemment exhaussée (comparer avec l'image précédente) : 
- l'extrémité supérieure de la façade du Grand Hôtel offre un aspect en escalier car seule sa partie droite a été surélevée de deux niveaux (vers 1876) ; l'ensemble sera égalisé vers 1881 (ce dont témoignent d'autres photographies) ;
- la Maison Gaziello (deuxième maison située à droite du Grand Hôtel) s'est élevée pour sa part d'un niveau supplémentaire au-dessus de la corniche (vers 1875).

Au-delà des façades du grand Hôtel Chauvain, on aperçoit la Colline de Carabacel avec le nouveau Couvent des Ursulines (gros œuvre 1875-1877) (comparer avec l'image précédente).

19- Plan pittoresque de la Ville de Nice dressé le 1er janvier 1878, détail,
Nice, Bibliothèque municipale du Chevalier de Cessole.

Noter la représentation des plantations du quai Saint-Jean-Baptiste
 et de la façade en escalier du Grand Hôtel.


Au début des années 1880 (1881-1883), le Casino dit Municipal s'établit près du Pont-Neuf, sur un radier élevé au-dessus du Paillon, face à la Maison Tiranty, au Cosmopolitan-Hotel (ancien Grand Hôtel Chauvain) et à l'Hôtel de la Paix, bouchant désormais la perspective du Paillon vue du sud-ouest. 

Les photographies du quai Saint-Jean-Baptiste se raréfient à nouveau, en dehors de vues prises depuis la Tour Saint-François ou axées sur le Grand Hôtel et le Pont-square Masséna.