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DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 11/12/2023
NICE - L’ANCIEN HÔTEL DES ÎLES BRITANNIQUES
LA GÉRANCE DE JOSEPH LAVIT (1889-1900)
En octobre 1889, Joseph Lavit succède à Antoine Chassepot à la direction de l'Hôtel des Îles-Britanniques.
Dès le 3 novembre 1889, une publicité signale le nouveau propriétaire dans The Swiss & Nice Times et, dès le le 22 décembre suivant, s'additionne d'une estampe présentant l'hôtel.
L'image ci-dessus (1889) est la plus ancienne représentation connue de l'Hôtel des Îles-Britanniques après son agrandissement.
Toute la partie droite de l'hôtel correspond au bâtiment achevé en 1868, tant sur l'avenue de la Gare que sur le boulevard Victor-Hugo (six niveaux de 9 baies). Toute la partie gauche, y compris celle dominée par l'attique, correspond à la partie ajoutée vers 1882 (six niveaux de 12 baies). Plusieurs estampes postérieures trahiront la réalité du bâtiment avec un nombre de baies exagéré des façades donnant sur le boulevard Victor-Hugo.
Joseph Valentin Lavit est né en 1835 à Trieste (Autriche ; actuellement Italie). Il est, avec sa sœur Amélie Lavit (née à Trieste vers 1833), l'un des deux enfants de Paul Lavit, d'ascendance française (né à Trieste vers 1812, alors territoire français) et de sa première épouse, Anastasie Marie Cottinara (date et lieu de naissance inconnus) qui se sont mariés à Trieste au début des années 1830 (5).
Leur mère semble cependant décéder à Trieste au début ou au milieu des années 1840 et le père se remarie vers 1847, avec Jeanne Supicich (née vers 1821, à Zara, Autriche ; actuellement Zadar, Croatie). Un troisième enfant naît de cette union, Pierre Doïmo Jean Lavit (le 29 avril 1848, à Zara).
Au tournant des années 1850 (entre avril 1848 et septembre 1852), Joseph Lavit, adolescent, part avec son père, la deuxième épouse de ce dernier et ses frère et sœur, s'installer à Nice où vivent déjà des membres de leur famille. Son père y ouvre une auberge, rue Masséna, 4 dans la grande maison de la Veuve Tiranty. En mars 1856, Joseph Lavit, 21 ans environ, est dit "commis".
Joseph Lavit, retourne cependant à Trieste au tournant des années 1860 (entre 1856 et 1863). Âgé d'environ 28 ans, il se marie dans cette ville, vers 1863 (?), avec Anna/Anne/Annette Maria Nat(h)alie Sherk (Scherk/Skerk/Sterk), 19 ans environ (née le 24 décembre 1843 à Trieste). Leur premier enfant, Silvio/Sylvius Georges Paul Lavit naît dans cette même ville (le 1er octobre 1863).
Vers 1864, Joseph Lavit, accompagné des siens, quitte Trieste pour Nice, afin d'y travailler avec son père, Paul Lavit. A Nice, Paul, cuisinier, s'occupe du restaurant qu'il possède à cette date au 3, rue Masséna, alors que Joseph s'occupe de la partie hôtellerie au 1, place Masséna, de "l'Hôtel et Restaurant du Prince-Impérial" (à l'angle de l'avenue du Prince-Impérial).
Le deuxième enfant de Joseph Lavit, Marie Thérèse Madeleine Lavit, naît à La Bollène (Alpes-Maritimes), le 2 septembre 1866, lors d'un séjour estival de la mère. L'acte de naissance précise qu'Annette Sherk est alors "sans profession, domiciliée à Nice" et que Joseph Lavit est "maître d’hôtel à Nice" (6).
A cette date, Joseph Lavit ne travaille plus avec son père mais est secrétaire de l’Hôtel de la Grande-Bretagne, situé à Nice aux 3 et 5, place du Jardin-Public, et réside avec sa famille rue des Ateliers. Il s'installe l'année suivante dans l'Hôtel de Grande-Bretagne dont il devient le maître d'hôtel.
Trois nouveaux enfants naissent à l'adresse de l'hôtel : Paul Jean Victor Lavit le 20 octobre 1867 (mais qui y décède malheureusement avant ses 8 mois le 16 juin 1868), Léonie Amélie Clémentine Lavit le 31 juillet 1871 puis Natalie Amélie Lavit le 28 mai 1874.
Dans le cadre de la "Société anonyme de Grande-Bretagne" s'ajoutent, dans les années 1880, aux fonctions de directeur-gérant de "l'Hôtel de la Grande-Bretagne" de Joseph Lavit, celles du "Cosmopolitan Hôtel" (ancien Hôtel Chauvain, situé au 19, quai Saint-Jean-Baptiste, où il est recensé avec sa famille en 1886) et, pendant une courte période (1880-1883), celles de "l’Hôtel de l’Elysée" (59, promenade des Anglais et 115, rue de France). Ce dernier hôtel est ensuite dirigé par son frère, Pierre Lavit.
Fin 1889, Joseph Lavit, âgé de 54 ans, démissionne cependant de ses fonctions et remplace Antoine Chassepot à la tête de l’Hôtel des Îles-Britanniques du boulevard Victor-Hugo.
Dans le recensement de la Ville de Nice de 1891, Joseph Lavit, son épouse et ses enfants aînés (mais également sa sœur Amélie) sont dits de nationalité autrichienne mais ses filles, nées en France, sont dites de nationalité française.
Joseph Lavit dirige l'hôtel, parfois secondé par son fils Silvio Lavit et un sous-directeur pendant la saison hivernale, ces derniers dirigeant des hôtels en Italie pendant la saison estivale. Le nom de l'un de ces sous-directeurs est, dans la première moitié des années 1890, Guglielmo Felice Guida (qui s'est marié à Nice en 1889).
Au-delà de son père et de son frère, plusieurs membres de la famille de Joseph Lavit (fils et neveux) sont et seront maîtres d'hôtel dans des villes françaises et étrangères.
Les 23 et 24 janvier 1900, Joseph Lavit renouvelle le bail de 3 ans de l'Hôtel des Îles-Britanniques, au prix de 75, 000 francs annuels payables par trimestres anticipés, auprès des héritiers d'Antoine Brun (Nice 1848-Nice 1881) : Jean Baptiste Brun, négociant boucher demeurant 4, place aux Herbes ; Charles Brun, propriétaire demeurant au quartier du Var ; Madeleine Brun, veuve Ferran (mari décédé le 1er mars 1898), propriétaire, rentière, demeurant 76, rue de France ; Joséphine Brun et son mari Antoine Macari(o), propriétaires, demeurant au 2, rue Dante (voir la note 2 de la première partie de cet article) (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes, Hypothèques, volume 799 de l'année 1900, vues 170-172).
Joseph Lavit, âgé de 65 ans, stoppe cependant son activité d'hôtelier (du fait de problèmes de santé ?) et cède, courant 1900, l'Hôtel des Îles-Britanniques au Suisse, Andreas Florian Zambail.
Joseph Lavit décèdera, le 31 octobre 1902, à Grandola ed Uniti (Lac de Côme, Italie), à l'âge de 67 ans.
Son épouse Anna (née Sherk) décèdera pour sa part à Nice, 6, rue Valentine, le 10 avril 1916, à l'âge de 72 ans. Leurs corps seront réunis dans un caveau familial du Cimetière du Château de Nice (Allée Orizet).
LA GÉRANCE D'ANDREA ZAMBAIL (1900-1910)
La gérance, par Andreas Florian Zambail, du Grand Hôtel des Îles-Britanniques de Nice, est signalée par les journaux, dès octobre 1900.
Le 17 novembre 1900, La Semaine Niçoise publie l'article suivant : "Le Grand Hôtel des Îles-Britanniques, un des mieux cotés de Nice, qui eut pour propriétaire M. Chassepot, puis M. Lavit, un des lanceurs de notre littoral, est maintenant la propriété de M. A. F. Zambail, un maître connu dans l'art de diriger les grands hôtels. Nous souhaitons la bienvenue à M. Zambail, qui apporte un élément de succès de plus à nos saisons".
Andreas Florian Zambail est né à Pontresina (Haute-Engadine, Suisse), le 20 décembre 1859. Il est le dernier né des sept enfants de Florian Zambail (Pontresina 1er mai 1818 - ? 1907) et d'Ursina Stoppani ( Pontresina 1823 - ? 1898) qui se sont mariés à Pontresina, le 7 octobre 1845.
Andreas Florian Zambail travaille ensuite avec son père, Florian Zambail, et le cousin de ce dernier, Florian Stoppani, dans l'Hôtel Roseg(g) de Pontresina (ouvert dès 1870).
Vers 1887, âgé de 27 ans, il épouse Emilie/Emma/Emmy Perini/Perino, 23 ans (probablement née le 3 décembre 1863 [ou le 3 juin 1865 ?] à Samedan/Samaden, Haute-Engadine, Suisse ; à 6 km au nord de Pontresina).
Le couple va avoir trois enfants à Pontresina, Florian Zambail (né le 14 août 1888), Ninetta Ursina Zambail (née le 1er octobre 1889) et Curo/Conrad Adolf Zambail (né le 4 mars 1896).
En 1900, Andreas/Andréa Florian Zambail vient à Nice pour diriger l'Hôtel des Îles-Britanniques, accompagné de son épouse et ses enfants (recensements de la Ville de Nice de 1901 et 1906).
Contrairement à ses prédécesseurs, il n'ouvre pas l'hôtel niçois toute l'année mais seulement d'octobre à mai et gère l'Hôtel Roseg de Pontresina de juin à septembre.
L'Hôtel des Îles-Britanniques est équipé du téléphone dès 1901 (Téléphone 6-97, Annuaire de 1902).
Les 6 et 7 mai 1903, André (sic) Zambail prend officiellement la suite du bail de Joseph Lavit (signé en janvier 1900) mais prolongé jusqu'en 1935, auprès des mêmes membres de la Famille Brun, chacun des deux frères possédant chacun les 5/16èmes de l'immeuble, et chacune des deux sœurs les 3/16èmes.
André Zambail s'engage à verser, à compter du 15 août 1903 et pour les trois ans à venir, le même montant annuel de 75.000 francs, plus 400 francs pour tout motif de réparation (en dehors "des gros murs") et en particulier, les infiltrations d'eau dans les caves et sous-sol et leur vidange, et les réparations de toiture et gouttières (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes, Hypothèques, registre 916 de l'année 1903, vues 97-98).
Une publicité pour l'hôtel, parue en 1904, porte le texte suivant : "Maison de 1er ordre au centre de la ville. - Ascenseur - Lumière électrique. - Chauffage central. - Tout le confort moderne, cave et cuisine soignée. - Zambail, Propriétaire".
Avec d'autres hôteliers Suisses de la ville, Andréa Zambail participe, dès le printemps 1905, à la création d'une école suisse enseignant la langue allemande à Nice.
Une nouvelle publicité pour l'Hôtel des Îles-Britanniques paraît à partir du 12 novembre 1905 dans The Swiss & Nice Times et annonce désormais qu'une rénovation de l'établissement a été effectuée (traduction) : "Maison de Première Classe entièrement restaurée. Suites avec salle de bains, chauffage central à vapeur et lumière électrique partout. Hall magnifique et neuf. - Bel emplacement, sain, ensoleillé et central - Boulevard Victor-Hugo - Idéal pour les Promenades, Théâtres et Concerts. - Ouvert du 1er octobre à fin mai - Propriétaire ; A.F. Zambail, de l'Hôtel Roseg, Pontresina, Engadine".
Début 1910, Andréa Zambail cède l'Hôtel des Îles-Britanniques aux Suisses, Baebler & Buchli.
Andreas Florian Zambail décédera le 30 juillet 1922 à Pontresina (Engadiner Post du 1er août 1922 ; Neue Zürcher Zeitung du 4 août 1922). Son épouse y décédera le 15 janvier 1934.
NOTES
(5) Famille Lavit
La recherche concernant cette famille a été effectuée sur quatre générations. Les renseignements collectés se sont avérés trop conséquents pour être retranscrits ici mais ont été transmis à certains de leurs descendants.
(6) La Bollène
Dans la seconde moitié du XIX° siècle, il existe à La Bollène (commune où les Niçois vont chercher la fraîcheur en été), un "Hôtel et Pension Lavit".
Ce nom de famille est peu répandu dans la région et il est possible que la famille étudiée gère cet hôtel pendant les étés.
Le fait que l'épouse de Joseph Lavit accouche dans cette commune en 1866 et le fait que Pierre Lavit (frère de Joseph) fréquente dès la fin des années 1870 une fille originaire de cette commune sont des éléments intéressants mais non déterminants.
Les liens entre la famille étudiée et cet hôtel de La Bollène, dont la mention la plus ancienne connue date de 1879, n'ont pas pu être prouvés.