dimanche 19 mars 2023

1295-NICE, LES TRAVAUX DE LA VOIE FERRÉE ET DE LA GARE-3 (1865)


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- La Gare de Nice, détail du Plan Indicateur de la Ville de Nice, 1865
Georges Erhard Schieble, graveur (1821-1880), Charles Jougla (1834-1909), éditeur, Paris, BnF (Gallica).


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CHRONIQUE DES TRAVAUX DE LA VOIE FERRÉE ET DE LA GARE DE NICE (1865)


1865

Au début de l'année 1865, les travaux de construction des bâtiments de la gare de Nice semblent globalement terminés mais les travaux intérieurs s'amplifient. Deux longs bâtiments parallèles, encadrant les voies couvertes par une halle métallique, sont accostés d'ateliers, de locaux techniques et de bâtiments provisoires accueillant les voyageurs (plan de Nice ci-dessus, édité en janvier 1865 ; Journal de Nice du 22 janvier 1865 p 2).

Les ouvrages d'art de la voie ferrée entre la gare de Nice et Villefranche sont en cours de réalisation, avec le pont sur l'avenue du Prince Impérial, le tunnel de Cimiez, le pont sur le Paillon et le tunnel de Montalban.

L'ancienne gare provisoire des Phocéens est aménagée fin mars-début avril 1865 (image ci-dessous) pour accueillir l'Exposition des Beaux-Arts (du 11 avril au 15 mai) puis le Concours régional d'Industrie et d'Agriculture (du 28 avril au 15 mai). Ces bâtiments ne seront démontés qu'à la fin du mois de septembre 1865 (Journal de Nice du 22 septembre 1865 p 3).


- Les bâtiments de l'ancienne gare provisoire de la place des Phocéens, affectés à l'exposition industrielle et agricole, avril 1864,
estampe parue dans Le Monde Illustré du 22 avril 1865 p244 (GoogleBooks).


La ligne de chemin de fer entre Nice et Monaco (14 km) est en pleine exécution au printemps 1865 et les expropriations se poursuivent.

A la suite de l'assemblée générale de la Compagnie de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée le 27 avril 1865, le rapport suivant est publié : "La ligne de Marseille à Nice est ouverte jusqu'à Nice depuis le 11 octobre dernier. Toutefois la gare de Nice n'est pas encore terminée. Il reste à exécuter 60,000 mètres cubes de terrassement pour terminer le terre-plain (sic) de la gare ; le bâtiment des voyageurs, dont le gros œuvre est achevé depuis quelques semaines ne pourra être remis au service de l'exploitation que vers le mois d'août prochain

"La ligne de Nice à la frontière italienne, qui doit compléter notre grande artère, de Paris à la frontière d'Italie de 1124 kilomètres de longueur, est en pleine exécution, sur 14 kilomètres, entre Nice et Monaco. La seconde partie, de Monaco à la frontière, sera commencée aussitôt que les terrains pourront être mis à la disposition des entrepreneurs" (Journal des Chemins de fer du 13 mai 1865 p 324)

Le percement du tunnel de Montalban se termine fin août 1865 (fête du 21 août ; Journal de Nice du 23 août 1865 p 3) mais de nombreux mois seront désormais nécessaires pour le maçonner.

Le Journal de Nice du 1er septembre 1865 délivre une description détaillée de la gare de Nice bâtie en pleine campagne, avec des abords qui restent à aménager. Le regret de ne pas avoir positionné la gare définitive dans l'axe de l'avenue du Prince Impérial perdure. 

A l'exception de la voie carrossable de 200 mètres de longueur qui conduit à l'est à l'avenue du Prince Impérial, la gare n'est desservie que par des chemins qui viennent buter contre sa haute plateforme située 7 mètres plus haut. Le chemin de Saint-Etienne reste à remblayer et à élargir afin de permettre le mouvement des marchandises. 

"La gare de Nice est formée de deux bâtiments parallèles, séparés par une halle bordée de trottoirs ; elle occupe une superficie totale de 600 mètres carrés. Les travaux sont aujourd'hui terminés à l'extérieur et ils sont déjà suffisamment avancés à l'intérieur pour que l'on puisse facilement décrire l'aménagement des divers services de l'exploitation.

La façade principale, précédée d'une cour plantée, avec trottoir de refuge au milieu, a une longueur de 103 mètres et elle est construite en brique et pierre-tendre, et conçue dans le style de Louis XIII. Cette façade se compose d'un grand pavillon central, relié à deux pavillons extrêmes par des portiques en terrasse avec balustrade à jour. Au-dessus du pavillon central est placé le motif [sculpté] de l'horloge.


- Photographe anonyme, Façade méridionale du bâtiment des voyageurs de la gare de Nice, sans date, photographie extraite de l'album Alpes-Maritimes : Photographies (voir l'album au complet de l'Ecole des ponts ParisTech sur Gallica).

Cette photographie et les trois suivantes font partie de clichés fournis par de nombreux photographes régionaux à la demande de l'Ecole des Ponts-et-Chaussées. Cette dernière a en effet souhaité, à partir de 1867 et pendant plus d'une décennie, constituer des albums photographiques des ouvrages d'art français réalisés dans les décennies précédentes, et les présenter aux Expositions Universelles (voir la datation de cet album dans l'article de ce blog).

Jean Walburg de Bray (1839-1901), qui a notamment fourni des photographies des Alpes-Maritimes, peut être l'auteur de ces photographies. Cependant, il existe une possibilité pour que l'auteur soit Edouard Baldus (1813-1889) car il a participé à ces albums, s'est spécialisé dans les vues de gares de chemin de fer, a travaillé dans le Midi de la France et a particulièrement affectionné les prises de vues multiples des halles de gares.

La date de prise de vues des photographies de la gare de Nice est également inconnue. Les photographies semblent avoir été prises un matin, du fait du positionnement des ombres portées. Elles ne peuvent être envisagées avant 1865, du fait de l'état des lieux, mais peuvent être bien postérieures.



A l'intérieur, et au centre du bâtiment, un vaste vestibule, d'une grande hauteur, avec coupole, et d'une richesse de décor peu commune, servira au moment du départ et donnera accès, à gauche, à un salon réservé [de style Louis XVI] et aux différentes salles d'attente des 1ère, 2° et 3° classes [à la décoration très riche] (...).

A la suite du vestibule, seront : le télégraphe, les bureaux, la sortie des voyageurs et le salon d'attente à l'arrivée. Tout ce côté de la gare nous a paru à peu près terminé, et sera, assure-t-on, mis au service dès l'ouverture de la prochaine saison d'hiver (...). Pour le service des bagages, on a dû construire à la suite [de ce bâtiment], une salle de 35 m. de longueur sur 10 m. de largeur. Cette salle est complètement terminée.

La halle, d'une largeur de 25 m. 45 c. (...) est toute construite en pierres de taille d'Arles. Elle est faite d'une suite d'arcades en doubleaux, avec tables saillantes dans les trumeaux, au centre des quels sont posés de magnifiques appareils à gaz, style Louis XIV (...). Au-dessus des doubleaux, on a représenté tous les Etats européens par les Armes de leur capitale (...). Le comble de la halle s'élève à une hauteur de 16 m. 50, au-dessus des rails (...). Il est de forme cintrée et composé de fermes en fer, sans tirants ni armatures (...). La halle est en service depuis 11 mois. 

De l'autre côté de la grande halle, on trouve les remises des voitures, les bureaux, le buffet, la salle à manger, la buvette et leurs dépendances (...). Tous les travaux restants seront, on nous l'a affirmé, entièrement terminés vers la fin du mois de décembre prochain [plus d'un an de travaux intérieurs].


- Photographe anonyme, Extrémité occidentale de la halle de la gare de Nice, vue depuis l'intérieur, sans date, photographie extraite de l'album Alpes-Maritimes : Photographies (voir l'album au complet de l'Ecole des ponts ParisTech sur Gallica).


- Photographe anonyme, Extrémité orientale de la halle de la gare de Nice, vue depuis l'intérieur, sans date, photographie extraite de l'album Alpes-Maritimes : Photographies (voir l'album au complet de l'Ecole des ponts ParisTech sur Gallica).


- Photographe anonyme, Bâtiments orientaux de la gare de Nicevus depuis l'extérieur, sans date,
avec notamment la façade nord du bâtiment bas des Messageries sur la gauche de l'image,
et la halle située entre le bâtiment des voyageurs (sur la gauche) et le bâtiment du buffet (sur la droite), photographie extraite de l'album Alpes-Maritimes : Photographies (voir l'album au complet de l'Ecole des ponts ParisTech sur Gallica).



La gare de Nice, est l'œuvre de M. Jules Bouchot, architecte du gouvernement, architecte en chef de la compagnie (...). Les travaux de maçonnerie, de charpenterie et de plâtrerie, ont été exécutés par M. Laroze de Paris (...). Les sculptures sont de MM. Huber frères et Hamel, de Paris (...). Le comble de la halle, a été exécuté par M. E. Bachelier, de Lyon [comme les charpentes de la rotonde des machines].

La rotonde des machines est un bâtiment poligonal (sic) de vingt-quatre côtés, dans lequel on peut placer 22 locomotives. Au centre se trouve une plaque tournante de 11 mètres 50 centimètres de diamètre, sur laquelle rayonnent les voies des fosses des machines. Autour de la plaque, 24 colonnes en fonte supportent une coupole en fer, percée d'une lanterne (...).

A l'extérieur, deux verrues, ou avant-corps [bureaux du dépôt et salles réservées aux mécaniciens], diamétralement opposées sur la voie libre et percées de grandes baies, marquent l'entrée de la rotonde (...).

Enfin, tous les travaux de la gare de Nice, à partir du fond des fondations, ont été dirigés par M. Eugène Daumas, l'habile architecte, l'inspecteur du service de l'architecture de la compagnie, de la station des Arcs, à la frontière d'Italie" (Journal de Nice du 1er septembre 1865 p 3).

La réalisation des bâtiments semble s'achever à l'extrême fin de l'année 1865.


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