vendredi 7 août 2020

1138-TROIS CHAPITEAUX ROMANS DE SOUVIGNY ET PAYERNE-3




- Les chapiteaux aux personnages superposés de Souvigny et Payerne. 








III/ LE CHAPITEAU AUX PERSONNAGES SUPERPOSÉS 


A/ SOUVIGNY

Le troisième chapiteau de Souvigny fait face au précédent dans l’arcade la plus orientale de communication (retombée ouest) entre la nef centrale et le collatéral interne sud (FIG.6 et 7) (84). Il offre à nouveau, sous un tailloir orné de billettes, des figures rudimentaires mais cette fois de grande taille.

La face droite (FIG.6) offre un personnage (nu ?) en ascension dans un décor végétal, tirant une corde ou grimpant le long d’une corde ou d’un tronc sinueux ; ce personnage est dominé par un motif végétal symétrique qui semble tenu par une main (?).


- Figure 6 - Le chapiteau aux personnages superposés de Souvigny, 
faces droite et centrale, grande arcade sud-est de la nef.




La face centrale (FIG.6) offre un personnage habillé, représenté à mi-corps. Il porte sur ses épaules un personnage dont il tient les pieds. Ce dernier, vêtu lui aussi, a les bras écartés (85) et semble bénir de ses deux mains démesurées. Un décor végétal encadre sa tête de deux feuilles, et circonscrit son corps de deux grandes palmes en forme d’ailes.

La face gauche, enfin (FIG.7), montre un personnage vertical (nu ?) qui chute, les mains sur les genoux et la tête en bas, cette dernière étant accostée, elle aussi, de deux motifs végétaux. 


- Figure 7 - Le chapiteau aux personnages superposés de Souvigny, 
face gauche, grande arcade sud-est.



Le personnage en ascension (face droite) peut évoquer la voie du bien et l’homme en quête de salut (FIG.6). L’image de l’ascension (Enoch, Elie, les Deux Témoins, le Christ, la Vierge) est traditionnellement liée aux idées de salut, de résurrection et de vie éternelle. 

La main qui apparaît au-dessus du personnage est peut-être alors la main divine rayonnante (86) qui le guide et le soutient pour l’accueillir dans les hauteurs célestes (87).

La superposition des figures du chapiteau de Souvigny (face centrale) peut, pour sa part, redoubler l’image de l’arbre et de l’échelle céleste, et représenter l’arrivée de l’élu dans la cité divine, bras écartés en signe de victoire (FIG.6 et 7) (88). 

Enfin, le personnage qui chute la tête la première (face gauche) peut évoquer, à l’inverse, la voie du mal et de la damnation, et donc le châtiment des méchants précipités au shéol, la chute étant ici à l’image de celle de Satan ou de ses représentants (FIG.7) (89).

Une telle hypothèse se doit d’être précisée à la lumière des textes : ceux de l’Ancien Testament (dans leur lecture chrétienne) et en particulier, les Psaumes ; ceux du Nouveau Testament et en particulier les Épîtres de Paul ; ceux enfin des théologiens, avec les écrits de Grégoire le Grand (Moralia in Job), mais aussi ceux des écrivains sacrés des XI° et XII° siècles, contemporains du chapiteau étudié (comme Pierre Damien ou saint Bernard de Clairvaux).    

Dans la plupart des psaumes, tout d’abord, le psalmiste implore la protection et la justice divines. Face aux malheurs du peuple élu, le psalmiste espère la protection face aux méchants et une vie, guidée par les commandements divins, qui permette son ascension vers le sanctuaire céleste et le bonheur éternel : “ Envoie ta lumière et ta vérité : elles me guideront, me mèneront à ta montagne sainte jusqu’en tes Demeures ” (Ps.42,3) ; “ Et moi qui restais près de toi, tu m’as saisi par ma main droite ; par ton conseil tu me conduiras et derrière la gloire tu m’attireras ” (Ps.72,23,24) (faces droite et centrale – FIG.6). 

Cette personnification des attributs divins (90), et particulièrement le mot “ gloire ” (91), peut d’ailleurs désigner l’âme humaine détachée du corps, aspirant au rayonnement de la lumière divine et éternelle (92). Le personnage supérieur de la face centrale lève donc certainement les bras en signe de prière (Ps.27,1-2 ; 88,16-18 ; 133,2), d’élévation et d’exultation. 

Le psalmiste, à l’inverse (et Pr.10,25), rappelle que le bonheur terrestre des méchants est éphémère ; ces derniers seront renversés et chuteront dans les profondeurs infernales où ils subiront le tourment éternel infligé par la punition divine : “ Tu t’en prends aux superbes, aux maudits qui sortent de tes commandements (…). Tu renverses tous ceux qui sortent de tes volontés ” (Ps.118,21,118) (face gauche - FIG.7).

Le chapiteau de Souvigny qui lie et oppose les scènes de l’ascension et de la chute, en présentant tout à la fois les deux voies offertes et le Jugement (93), semble particulièrement faire écho à des passages de  certains psaumes (Ps.9,14-16 ; 15,9-11 ; 96,10-12 ; 142,6-9), comme le psaume 142 : “ Je tends les mains vers toi, mon âme est une terre assoiffée de toi (face centrale) (…). Ne cache pas loin de moi ta face, je serais de ceux qui descendent à la fosse (face gauche) (…). Fais que je sache la route à suivre, car vers toi j’élève mon âme (faces droite et centrale). Délivre-moi de mes ennemis, Yahvé (face gauche), près de toi, je suis à couvert (face centrale) (Ps.142,6-9) (94).

Les illustrations de ces textes dans les  psautiers, et plus particulièrement dans le psautier carolingien d’Utrecht (Rijksuniversiteit, ms.32 - aujourd’hui Script. Eccl. 484, vers 830), montrent, comme à Souvigny, mais dans des scènes séparées, la protection de la main divine bénissant le juste (face droite du chapiteau de Souvigny) (95), la personnification des attributs divins (96) le guidant vers le sanctuaire (face centrale) et la chute des impies (97) la tête la première (face gauche). 

Dans un manuscrit du Commentaire sur les Psaumes de Pierre Lombard (fol.77v, vers 1200), le psaume 42 (évoqué plus haut) offre une initiale illustrée de deux personnages superposés comme à Souvigny (98) ; c’est peut-être là la personnification de la Vérité entraînant le psalmiste (99), autre image de l’âme éclairée par Dieu, guidant le juste (100).

En ce qui concerne le décor végétal du chapiteau de Souvigny, les psaumes fournissent là aussi, une explication. Les justes, comme les méchants, y sont souvent comparés (comme dans bien d’autres textes de l’Ancien Testament) à de la végétation, herbe ou arbre (101). La végétation du juste, qui grandit dans l’eau de la foi, y est décrite éternelle et féconde (Ps.1,3 ; 51,10 ; 91,13-16 127,3) (faces droite et centrale du chapiteau) (102). La végétation du méchant, qui pousse dans la sécheresse du péché, apparaît, à l’inverse, éphémère et condamnée (Ps.1,4-6 ; 34,5 ; 36,35-36) (103). 

Certains psaumes (Ps.1,3-6 ; 91,8-9,13-16) opposent les deux voies et évoquent le Jugement (104) : “ Le juste poussera comme un  palmier, il grandira comme un cèdre du Liban ” (Ps.91,13), “ il est comme un arbre planté près des ruisseaux qui donne son fruit en la saison et jamais son feuillage ne sèche ” (faces droite et centrale), mais “ s’ils poussent comme l’herbe les impies, s’ils fleurissent les malfaisants, c’est pour être abattus à jamais ” (Ps.91,8), “ Ils sont comme la bale qu’emporte le vent. Ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement, ni les pécheurs à l’assemblée des justes. Car Yahvé connaît la voie des justes, mais la voie des impies se perd ” (Ps 1,4-6 - aussi Pr.11,28,30) (face gauche). 

De plus, l’illustration des psaumes 36 et 91, dans les psautiers comme celui d’Utrecht ou celui du Vatican (Gr. 1927, IX° s) (105) montrent, comme à Souvigny, le juste près d’un arbre (Ps.91), l’impie sur un arbre (Ps.36), l’impie tombant de l’arbre (Ps.36), ou l’impie renversé (Ps.36 et 91). 

Au folio 21 du Psautier d’Utrecht, l’illustration du psaume 36 (Ps.36,35-36), montre ainsi une première scène avec un personnage, une épée à la main, debout dans l’arbre et se confondant avec le tronc, en relation avec le verset 35, “ J’ai vu l’impie forcené s’élever comme un cèdre du Liban ” ; puis une seconde scène, avec le même personnage lâchant cette fois son épée et chutant de l’arbre, tête la première, en référence au verset 36 “ je suis passé, voici qu’il n’était plus, je l’ai cherché, on ne l’a pas trouvé ”.

Sur la face centrale du chapiteau de Souvigny (FIG.6), les deux personnages superposés et vêtus pourraient donc être l’image d’un même individu, dédoublée entre ce que nous appelons corps et âme et que saint Paul nomme respectivement, “ corps charnel ” (Col.2,11) et “ corps spirituel ” (1Co.15,44) (106) : “ Ainsi gémissons-nous dans cet état, ardemment désireux de revêtir par dessus l’autre notre habitation céleste (…). Nous sommes donc plein de hardiesse et préférons quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur” (2Cor.5,1-9). 

C’est ce même message, de l’âme aspirant à se séparer du corps-prison pour rejoindre le ciel, que délivre un grand nombre d’écrivains sacrés (107), les images utilisées pouvant évoquer, elles aussi, cette superposition des figures. Ainsi, saint Augustin écrit-il au début du V° siècle : “ il élève son âme vers Dieu, il la répand cette âme, par-dessus lui-même ” (Serm.52,6,16). 

Saint Grégoire écrit pour sa part à la fin du VI° siècle, : “ elle (l’âme) s’enflamme jusqu’aux désirs d’en haut et se trouve élevée par la force de sa contemplation hors de sa chair, elle qui s’y trouve encore retenue par le poids de sa corruption ”, et ajoute : “ Par la contemplation en laquelle nous sommes élevés au-dessus de nous-mêmes, nous sommes comme emportés au ciel ” (Moralia in Job) (108).

Le personnage de Souvigny gravit peut-être ici l’arbre du Cantique des Cantiques (7,9) : “ Je monterai au palmier, j’en saisirai les fruits ”. Grégoire le Grand (Moralia in Job), fait de ce palmier l’arbre allégorique de la vie spirituelle et de la Rédemption. 

Ce palmier illustre le texte de Beatus de Liébana (Livre VI,6,51-57) inséré dans les manuscrits entre les chapitres 7 et 8 de l’Apocalypse avec, plus rarement, la présence d’un grimpeur (serpe en main), comme dans le Beatus de Gerone (fol. 147v, 975), le Beatus de Turin (fol. 113, premier quart du XII° s.),  le Beatus de Burgos (fol. 92, vers 1180) ou le Beatus d’Arroyo (fol. 89, première moitié du XIII° s.) (109). 

D’autres représentations d’hommes grimpant à l’arbre (110) ou cueillant les fruits du palmier, se notent dans l’art roman. Parfois interprétées comme des scènes de genre, elles possèdent en fait un fort pouvoir symbolique et peuvent se retrouver éclairées par un contexte judiciaire (au centre du Paradis) et présenter des figures superposées, comme à Souvigny (111).

Cette posture d’hommes en portant un autre sur ses épaules, dérivée en partie des atlantes antiques, existe dès le X° siècle (sans décor végétal) comme symbole d’élévation et d’union à Dieu (échelle céleste). 

C’est le cas sur la Croix des Écritures de Clonmacnoise (Irlande, vers 900) où saint Mathieu est représenté portant son symbole, comme signe d’alliance entre le terrestre et le céleste (inspiration divine - à moins que ce ne soit Isaïe portant Mathieu) (112). 

Dans les fresques de l’Apocalypse de Saint-Sébastien in Pallara (Rome, fin du X° s.)113, douze prophètes portent les douze apôtres (aux bras tendus vers le ciel), en signe d’alliance et de continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, évoquant ainsi la descendance, l’héritage spirituel (fils d’Abraham) et l’unité de l’Eglise (juifs et chrétiens). Cette posture originale se retrouvera dans de nombreuses œuvres de l’époque romane et perdurera au XIII° siècle (114).

Il est possible que la figure qui chute sur le chapiteau de Souvigny (FIG.7), ne soit pas une simple représentation de l’impie, par opposition au juste de la face centrale. 

En effet, ces différentes figures peuvent être la représentation des états successifs d’un même personnage, l’homme qui, malgré ses efforts pour s’élever vers Dieu, retombe parfois, du fait de sa condition charnelle, dans les affres de la tentation. Les écrits de saint Grégoire (Mor.10,19 ; 2, 68,79,83 ; 33,25-29) comme de bien d’autres écrivains sacrés (Origène, Hom.Nb.27,7…) rappellent ainsi que l’ascension de l’échelle des vertus demande un combat permanent, car l’âme peut retomber dans le péché, y compris dans celui de tirer orgueil de la sainteté de sa propre vie. Seule la chute lui rend alors l’humilité par la pénitence, et la sauve (115).

Enfin, il est probable que le chapiteau de Souvigny, dans son entier (FIG.6 et 7) soit, au-delà de l’évocation des voies offertes à l’homme et du Jugement, une évocation de la victoire divine. 

Ces deux images, des hommes et de Dieu, se trouvaient déjà associées dans les écrits d’Isaïe : “ N’avez-vous pas compris la fondation de la terre ? Il (Dieu) trône au-dessus du cercle de la terre (…). Il tend les cieux comme une toile, les déploie comme une tente où l’on habite (face centrale). Il réduit à rien les princes, il fait les juges de la terre semblables au néant. A peine ont-ils été plantés, à peine semés, à peine leur tige s’est-elle enracinée en terre qu’il souffle sur eux, et ils se dessèchent, la tempête les emporte comme la bale (face gauche et décor végétal du chapiteau) (…) mais ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leur force (face droite), ils déploient leurs ailes comme des aigles (face centrale)(Is.40,22-31). 

Au début du III° siècle, l’hymne d’Hippolyte de Rome mêle déjà intimement les images de l’Arbre et de la Croix et celles de l’espérance du juste et de la figure du Christ Sauveur : “ Ce bois m’appartient pour mon salut éternel (…) (face droite) ; ses fruits me procurent une jouissance parfaite, fruits que je cueille préparés pour moi dès le commencement du monde (…). Plante immortelle, il se dresse au centre du ciel et de la terre (faces droite et centrale) (…). Fixé par les clous invisibles de l’esprit (…) ; touchant le ciel du sommet de sa tête, affermissant la terre de ses pieds, et dans l’espace intermédiaire, embrassant l’atmosphère entière de ses mains incommensurables (face centrale) (116).

Le Christ est le fondement de la croyance en la résurrection : grâce à lui, et comme lui, chaque homme subit les épreuves de la vie, meurt, ressuscite, et s’élève dans les cieux. C’est le message que délivre de nombreuses fois saint Paul dans ses Épîtres (117) et que rappellent régulièrement les textes postérieurs (118). 

L’Ascension du Christ ouvre la voie du ciel au cortège des élus (saint Bernard, Serm. de Ascens.) et ouvre à nouveau le chemin de l’arbre de vie (Origène, Hom.Nb.1R., 28,3-25), fermé après la faute originelle (Gn.3,24).

L’élévation (ascétique et eschatologique) de l’âme du juste est à l’image de l’Ascension du Christ, une sortie de l’Egypte de ce monde de ténèbres vers la lumière céleste (Origène, Hom.Nb.27,2-3).

Les personnages du chapiteau de Souvigny sont peut-être, alors, calqués sur les représentations carolingiennes et ottoniennes du Christ.

La face droite du chapiteau de Souvigny (FIG.6) peut ainsi évoquer l’ascension de l’élu soutenu par la main divine (Ps.18,7 ; 56,6), à l’image de celle du Christ ressuscité montant au ciel, de profil (type occidental).

La face centrale avec ses personnages superposés (FIG.6) peut évoquer l’arrivée de l’élu, ou de son âme, à Sion auprès du trône divin, à l’image du Christ-Vérité germant de la terre (Ps.84,10-14)119, à l’image du Christ frontal en Ascension (type oriental), bras écartés et levés, s’élevant sur les cieux et regagnant son trône de Juge (120), ou encore à l’image du Christ en Croix-Arbre de Vie (121), porté par Terra (Is.66,1 ; Ac.7,49) ou par Adam (122), même s’il ne repose jamais directement sur leurs épaules (123). 

Il faut donc bien considérer la posture des personnages superposés comme une image du juste dans son ascension spirituelle dominant le terrestre, image calquée sur celle du Christ, pivot du monde, embrassant l’atmosphère de ses bras écartés.

La face gauche du chapiteau de Souvigny (FIG.7) peut évoquer, pour sa part, la chute des impies ; elle montre la défaite des ennemis du juste qui sont aussi les ennemis du Christ. 
 
A Souvigny, les personnages des faces droite et centrale, complémentaires, évoquent donc certainement l’ascension vers Dieu. La scène traduit-elle cependant l’aspiration humaine (Ps.26,4 ; 72,28) et l’approche des choses d’en haut, avec l’âme détachée du corps et du monde grâce à la contemplation (124), ou bien l’atteinte de la cité céleste après la mort ? Les personnages de la face centrale traduisent-ils donc le désir de séparation de l’âme et du corps au cours de la vie terrestre, ou au contraire la réalité de leur réunion après la résurrection finale (125) ? 

Une réponse peut être avancée si l’on envisage désormais à Souvigny, l’ensemble des deux chapiteaux qui se font face (FIG. 3-4 et FIG. 6-7) . Il y est peut-être question au-delà de la victoire sur les forces du Mal, de l’opposition explicitée par Origène dans la première moitié du III° siècle des “ deux voyages de l’âme : celui qu’elle accomplit durant son séjour dans la chair, quand elle cultive les vertus suivant la Loi de Dieu, quand elle parcourt (…) par degrés l’échelle des progrès de vertu en vertu, et se fait des stations de ces progrès eux-mêmes (FIG. 6) ; et celui qu’elle accomplira après la résurrection pour monter aux cieux (…) inondée à chaque étape de la lumière de la Sagesse, et parviendra enfin au Père des Lumières lui-même (FIG.4) ” (Homélies sur les Nombres, 27,6) (126).

Ces deux voyages, Origène, commentant les épîtres de Paul (Rm. et 1Co. surtout), les appelle aussi les “ deux résurrections ” (en ref. à Ap.20,4-6). La première résurrection permise par la Première Venue du Christ est initiée pour chaque chrétien par le baptême et confirmée par une vie dans la foi. Le juste, ici-bas, s’éloigne alors de la chair et de la terre et se rapproche d’une vie dans l’Esprit et dans les cieux (127). La seconde résurrection, permise par la Seconde Venue du Christ, est celle de la fin des temps, celle de la résurrection des corps et de la vie éternelle dans la contemplation de Dieu.


B/ PAYERNE

Ce chapiteau d’angle situé à la croisée du transept (côté ouest du pilier sud-ouest) offre, sous un haut tailloir aux moulurations multiples, une corbeille aux deux faces de largeur inégale où s’échelonnent quatorze personnages vêtus (hommes ?), et présentés de face (FIG.8). 

Ces personnages, semblables à ceux des deux autres chapiteaux de Payerne étudiés, ont un visage assez large, caractérisé par des yeux ronds et cerclés aux pupilles excavées, un long nez pyramidal, de petites oreilles rondes, creusées, courtes et haut placées, et un front masqué par les cheveux, jusqu’aux sourcils (128). Les personnages sont seulement différenciés les uns des autres par leur coiffure, formée de mèches parallèles ou bien séparée par une raie médiane.


- Figure 8 - Le chapiteau aux personnages superposés de Payerne, 
face gauche, pilier sud-ouest de la croisée.



Une première rangée de six personnages, trapus et debout, orne le bas de la corbeille ; ces figures font reposer leurs deux mains sur des arceaux entrecroisés.

Au-dessus d’eux, mais nettement séparée, une rangée de motifs géométriques offre six étoiles à huit branches, très proches de celles qui ornent la corbeille de la Femme à l’Enfant mais disposées dans des cercles.

Au sommet de la corbeille, ce sont cette fois seulement huit personnages visibles essentiellement par la tête ; quatre d’entre eux, représentés à mi-corps, portent les autres sur leurs épaules et les assurent en tenant leurs jambes. Un motif végétal en forme d’Arbre de Vie, orne la partie supérieure de la face droite.

Le sens précis de cette corbeille offrant quatorze personnages est difficile à percer. Faut-il considérer les 14 personnages comme constitutifs d’un seul et même groupe ? 

George Zarnecki identifie, en relation avec le décor des manuscrits, une scène présentant les Vieillards de l’Apocalypse étagés sur plusieurs rangs : six Vieillards de l’Apocalypse, couronnés d’or, seraient postés devant leur chaise dans la partie basse de la corbeille (129). 

Si cette hypothèse n’est pas totalement convaincante, l’ordonnance stricte des personnages de Payerne, leur superposition ainsi que le décor d’étoiles et de feuillages, peuvent renvoyer, en effet, à une évocation de la Jérusalem céleste (130).

Dans la partie basse de la corbeille (FIG.8), les arceaux entrecroisés peuvent être la représentation architecturale de la cité et évoquer plus particulièrement les portes et remparts de la Jérusalem ou les arcatures du Temple. 

De tels motifs existent dans l’enluminure, comme dans la Bible catalane de Roda (milieu du XI° siècle) (131), où des personnages apparaissent en buste derrière les arcatures entrecroisées du Temple de Salomon (2Chro.2-5). 

A Payerne, le chiffre six renvoie peut-être alors aux portes de la cité sainte. La Jérusalem historique avait six portes. Quant aux portes de la Jérusalem céleste, au nombre de douze, elles ne sont pas toujours toutes représentées dans les œuvres et leur évocation est souvent réduite à six (portes, tours ou baies) (132). 

Les six personnages peuvent être alors ici des élus, des apôtres ou bien des anges aptères sans auréole, dominés par les pierres précieuses ou les perles citées dans la description de saint Jean (Ap.21,12-14,18-21 ; Is.54,11-12) ; ces personnages sont ainsi proches des apôtres dominés par les pierres précieuses et représentés sans auréole, ni attribut, dans les portes de la Jérusalem céleste du Beatus de New-York (X°siècle, fol 222v) (133). 

De plus, les personnages de Payerne font reposer leurs mains sur des arceaux, comme les justes de la Jérusalem historique du Beatus de Burgo de Osma sur des arcades (fol 155v, Ap.20,7-8, copié en 1086), ou comme les personnages de la Jérusalem céleste du Beatus de Lorvaõ sur de grandes sphères (fol 209v, Ap.21,12-14, 1189) (134). Personnages et arceaux de la partie basse du chapiteau de Payerne peuvent donc évoquer les portes de la Jérusalem céleste ouvertes de tous côtés aux justes (Ap.21,25 ; Is.60,11) (135).

Dans la partie supérieure de la corbeille (FIG.8), le groupe de huit personnages accostés sur la face latérale d’un arbre de Vie, est fort original avec ses quatre hommes perchés sur les épaules de quatre autres sans qu’aucun signe ou attribut ne les identifie ou ne les  distingue (136).

Cette posture acrobatique (mais stable) de figures superposées parfois accompagnées de leur nom, est plus courante qu’on ne le croit et recouvre des sens divers (137). 

Dans de nombreuses œuvres peintes ou sculptées, les personnages superposés ont été identifiés comme les prophètes portant les apôtres, cette posture traduisant le lien entre l’Ancienne et la Nouvelle Loi (138).

C’est le cas dans la fresque de l’abside de San-Sebastiano-in-Pallara de Rome (mur du fond, fin du X° siècle) (139), dans les voussures du portail sud d’Aulnay (Charente-Maritime, milieu du XII° siècle) (140), sur les parois des fonts baptismaux de Mersebourg (Allemagne, avant 1177) (141), dans les figures latérales du portail de l’église de Moradillo de Sedano (Espagne, près de Burgos, daté de 1188) (142), dans l’illustration du psaume 42 du Commentaire sur les Psaumes de Pierre Lombard (fol.77v, nord de la France, vers 1200) (143), puis aux ébrasements du portail méridional de la cathédrale de Bamberg (vers 1235) (144) et sur le vitrail du transept de la cathédrale de Chartres (sous la rose sud, première moitié du XIII° siècle) (145). 

Louis Réau explique qu’à Chartres les évangélistes, identifiés par leur nom, sont perchés sur les prophètes car ils s’appuient sur eux mais “ voient plus haut et plus loin que leurs précurseurs ”.

L’exemple particulier de Chartres, offrant quatre couples alignés, laisse ainsi présumer à Payerne des quatre grands prophètes de l’annonce messianique, Isaïe, Ézéchiel, Daniel et Jérémie, portant respectivement sur leurs épaules les quatre évangélistes, Matthieu, Jean, Marc et Luc. C’est d’ailleurs l’hypothèse retenue par Louis Réau, puis par l’ensemble des auteurs qui ont étudié le chapiteau (146).

Je ne crois pas, cependant, que cette posture originale de huit personnages superposés ait le même sens à Payerne (FIG. 8). Elle est peut être ici la simple expression de la multitude, de la foule des élus, le nombre 8 retenu étant symbolique de la résurrection, du salut et de l’éternité : pour Ambroise de Milan (seconde moitié du IV° siècle), “ dans le nombre huit se trouve la plénitude de la résurrection ” (147).

Le groupe désignerait les élus, dédoublés entre corps et âme. Liés les uns aux autres par leur vertu, ils bénéficieraient de l’arbre de Vie représenté sur la face latérale du chapiteau : “ Au vainqueur, je ferai manger de l’arbre de vie placé dans le Paradis de Dieu ” (Ap.2,7).

Cette hypothèse peut être renforcée par l’étude de deux œuvres romanes. Au revers du mur occidental de la nef de Sant’Angelo in Formis (près de Capoue, vers 1080) (148), parmi les scènes peintes du Jugement Dernier, une vision du Paradis montre quatre bienheureux surélevés cueillant les fruits de deux palmiers : ces quatre élus, vu leur éloignement du tronc de l’arbre, ne doivent-ils pas reposer sur les épaules de personnages semblables pour effectuer leur cueillette et offrir alors huit personnages comme à Payerne ? 

Sur un chapiteau de la nef de l’église de Saint-Sever (Landes, début du XII° siècle), quatre personnages barbus s’élèvent parmi les arbres en s’appuyant sur quatre autres semblables qui, agenouillés ou accroupis leur servent d’appui par leurs genoux, leurs épaules ou même leurs mentons (149). Ces huit personnages peuvent donc symboliser l’humanité s’élevant dans la foi ou gagnant les félicités du Paradis. 

Même si nous ne pouvons pas savoir si, dans ces œuvres, chaque couple représente le corps portant l’âme ou un élu en aidant un autre à la cueillette (150), l’idée principale, confirmée par les textes, est bien celle de l’expression de l’unité individuelle (corps et âme) et collective (communion des saints dans l’Eglise).
 
Saint Paul, dans ses Epîtres, désigne sous la même appellation “ d’Homme Nouveau ”, l’individu qui vit désormais dans le Christ, et l’humanité constituée des juifs et des païens réconciliés dans l’Eglise (2Co.5,17-18 ; Ep.2,14-22 ; Ep.4,11-13 ; Col.3,9-11) : “ Car c’est lui (le Christ) (…) qui de deux réalités n’en a fait qu’une (…) pour créer en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau (…), tous deux en un seul Corps (…), tous deux en un seul Esprit ” (Ep.2,14-18).

Grégoire le Grand, dans ses Morales sur Job, reprend la même idée avec les termes de “ double récompense ”, mais met plus explicitement en parallèle l’unité individuelle et collective, la réunion chez l’individu, du corps et de l’âme, et dans l’Eglise, des juifs et des païens : 

“ La sainte Eglise, elle aussi, pour les peines qu’elle endure, reçoit dès cette vie une double récompense quand, ayant déjà accueilli la totalité des païens, les cœurs des juifs eux-mêmes, à la fin du monde, se tournent vers elle (ref. à Rom.11,25,26). Double aussi sera sa récompense plus tard : à la fin des travaux de ce monde, ce ne sont pas seulement les âmes, mais les corps qui, eux aussi, atteindront la béatitude. D’où la parole d’un prophète : “ Dans leur terre, ils posséderont le double ” (ref. à Is.61,7). Les saints dans la terre des vivants possèdent le double parce qu’ils goûtent la béatitude dans leur âme et dans leur corps (…). Avant la résurrection, chacun, est-il dit (selon Ap.6,11), ne recevra qu’une robe parce que seules encore les âmes jouissent de la béatitude ; et c’est comme une deuxième robe (ref. à 1Co.15,53 ; 2Co.5,4 ; Col.3,9-10) qu’ils recevront, quand par delà cette joie parfaite des âmes, leurs corps seront revêtus d’incorruptibilité ” (Mor. Praef.,20). 

Dans ses Dialogues (Dial.IV,26,3-4), saint Grégoire parle à nouveau de “ double part ” (duplicia) et de “ double robe ” (binas stolas), mais emploie aussi les termes de “ double gloire ” (geminata gloria) pour évoquer la réunion de l’âme et du corps ressuscité (151). 

Il semble que Grégoire synthétise ici des idées déjà présentes chez les exégètes antérieurs. Origène, par exemple, oppose les noms de “ Jacob ” et d’ “ Israël ”, en interprétant le nom de “ Jacob ” comme le corps de Jacob et de son peuple ou l’Ancienne Loi, et le nom 
d’ “ Israël ” comme l’âme de Jacob et de son peuple ou la Nouvelle Loi (Hom.Nb.17,4,6) (152). 
              
L’image littéraire du “ double ” trouve donc bien sa traduction plastique dans la représentation de deux corps qui sont, soit ceux des prophètes et des apôtres superposés symbolisant les juifs et les chrétiens, soit ceux des corps et des âmes superposés, en tant que symbole des justes ressuscités. Dans les deux cas, c’est la même image de l’union à Dieu au sein de l’Eglise terrestre et céleste (153).

La superposition des figures et leur verticalité évoquent la construction paulinienne d’un édifice spirituel qui est le Corps du Christ et de l’Eglise, image qui sera reprise par de nombreux écrivains sacrés (154) : “ Vous êtes de la maison de Dieu. Car la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et les prophètes, et pour pierre d’angle le Christ Jésus lui-même. En lui, vous aussi vous êtes intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu, dans l’Esprit ” (Ep.2,19-22) (155).

En fait, cet accord retrouvé du corps et de l’âme, cette communion des saints et cette concorde entre tous les élus dans leur union à Dieu seront chantés par tous les écrivains sacrés qui décriront la Jérusalem céleste tant désirée, comme ce moine anonyme de Bèze dans son Élévation sur les gloires de Jérusalem (début du XII° siècle) (156). C’est une image du corps double et du vêtement double que reprend ce moine dans une description de la patrie céleste qui mêle tout à la fois des réminiscences des épîtres de Paul, de l’Apocalypse de Jean et des écrits de Jean de Fécamp, pour traduire cette idée de l’unité spirituelle du peuple de Dieu dans la béatitude éternelle. Cette description s’applique parfaitement au chapiteau de Payerne (FIG.8).

“ Dans les hauteurs est établie la cité de Jérusalem. Son bâtisseur est Dieu. Un est le fondement de cette cité : c’est Dieu. (…) Une est la vie de tous ceux qui vivent en elle ; (…) heureux sans fin. Et tout cela est Dieu lui-même, qui est en toutes choses : l’honneur, la gloire, la force, l’abondance, la paix et tous les biens (l’union et la béatitude). Un seul suffit à tous. Cette cité solide et stable demeure éternellement (…). Maintenant, chacun a son vêtement ; mais dans le huitième âge, les armées des bienheureux fleuriront d’une double palme (évocation du chiffre 8 et image du double) (…). Les corps seront spirituels et invisibles, brillants comme le soleil, agiles et souples à volonté, puissants pour tout ce qu’on voudra (acrobates spirituels) (…) et tout visage de saint brillera comme le soleil dans le royaume de son père (prédominance des visages) (…) Cité de Dieu ! (…) En toi est l’habitation de ceux qui sont dans la liesse, en toi est la lumière, la vie de tous. Ton fondement est une pierre unique, une pierre angulaire et vivante et singulièrement précieuse. Tes portes brilleront de diamants splendides. Elles seront grandes ouvertes (partie basse de la corbeille) (…). Jérusalem (…) en toi l’on verra la vision de la gloire, en toi l’on chantera le cantique de liesse, (…) et tous diront une seule parole : Alléluia !”. 

Si nous reconnaissons, en définitive, dans la partie basse du chapiteau de Payerne, une évocation des portes de la Jérusalem céleste, et dans la partie haute, les élus ayant gagné les félicités de la vie éternelle, l’ensemble du chapiteau de Payerne peut faire écho aux versets suivants de l’Apocalypse : “ Heureux ceux qui lavent leurs robes, ils pourront disposer de l’arbre de Vie, et pénétrer dans la Cité par les portes ” (Ap.22,13-14).


C/ RAPPROCHEMENTS ET CONCLUSION

En dehors d’un décor végétal qui évoque l’Arbre de Vie, les deux chapiteaux de Souvigny (FIG.6) et de Payerne (FIG.8) offrent une représentation de personnages superposés. Malgré un contexte différent (évocation du Jugement à Souvigny, de la Jérusalem céleste à Payerne), cette superposition identifie dans les deux cas la figure de l’élu, dédoublée entre corps et âme, et la béatitude céleste. Si l’image individuelle prévaut à Souvigny (Jugement de l’âme ?) (157), c’est l’image collective qui l’emporte à Payerne.


- Les chapiteaux aux personnages superposés de Souvigny et Payerne. 




Dans les deux édifices clunisiens, les chapiteaux étudiés présentent des images semblables montrant la lutte de la Femme contre le Serpent, la victoire du Christ, et la résurrection et la vie éternelle des élus. Ne sommes-nous pas ici face à un cycle clunisien initié sous saint Hugues, inspiré pour une part du texte de l’Apocalypse de Jean et de ses commentaires et influencé par l’art carolingien ?  



NOTES

(84) Ce chapiteau a été étudié par :

- CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCKX (Dom Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., p 331-332 et pl. 122-123.

 

(85) Deux autres chapiteaux de Souvigny, déposés au musée de la ville et de provenance inconnue, offrent des personnages, bras en croix, accostés de têtes humaines, cf. :

- Allier - Bourbonnais, (ouvrage collectif), Encyclopédie Bonneton, C.Bonneton éditeur, Paris, 1999, fig. p 32.

 

(86) Deux corbeilles du bas-côté sud de la nef de Bernay (milieu XI° siècle), ont un dé orné d’une main divine, cf. :

- BAYLÉ (Maylis), “ Ancienne abbatiale Notre-Dame de Bernay ”, Congrès Archéologique 1980 (p 119-162) fig. 22 p 149.

Un chapiteau de l’église de Chantelle (Allier, vers 1100 ?) montre une main divine sous le dé central.

 

(87) - HECK (Christian), L’échelle céleste dans l’art du Moyen Age – Une histoire de la quête du ciel, Flammarion, Paris (1997) 1999, fig. 20 (scène de l’Ascension d’Hénoch - Gen.5,18-24 - du manuscrit de Canterbury, Paraphrase d’Aelfric, Londres, Brit. Libr. Ms Cotton Claudius B. IV, fol. 11v,  vers 1040-1050).

 

(88) Les personnages superposés de la face centrale évoquent la béatitude céleste atteinte par le juste, en complément de la scène d’ascension (face droite), et par opposition à la scène de la chute de l’ennemi (face gauche). Ils ne représentent pas le moment d’avant le Jugement (Corps et Âme en attente, ou Ciel et Terre appelés par Dieu pour juger son peuple selon Ps.49,4), face à des scènes latérales évoquant les deux sentences, car la damnation se retrouverait étrangement située à la droite de la scène centrale, et l’ascension, à sa gauche.

 

(89) les mauvais anges, Satan (Is.14,12-15 ; Lc.10,18 ;Jn.12,31-32 ; Ap.12,9 ; 20,3,10 ; Ap. d’Elie,3,96 ; I Hénoch,54,5 ; 69,28), la Bête et le Faux prophète (Ap.19,20), Babylone (Is.25,12 – 26,15 ; Ap.11,13 ;14,8 ; 16,19 ; 18,2,21- et son roi, Is.14, 12-15 ; Dn.4,11,20), Pharaon (Ez.31,5), Simon le Magicien (Ac.8,9-24 et écrits apocryphes), Judas (Ac.1,18), les pécheurs (I Hénoch), le pécheur marqué par l’orgueil, les impies (Sg.4,19…), les idoles (du temple d’Héliopolis), les idolâtres et les damnés.

Dans les Beatus,  l’illustration d’Ap.11,11-14 oppose l’ascension des deux témoins à la chute des habitants de la Grande Cité, eux, le corps souvent nu, la tête en bas, et l’illustration d’Ap.12 oppose l’Enfant emporté auprès de Dieu aux damnés précipités en enfer. Dans l‘image exceptionnelle de la Descente aux Limbes du folio 17v du Beatus de Gérone, le Christ sauve des pêcheurs alors que d’autres chutent dans les profondeurs de l’Enfer, cf., :

- WILLIAMS (John), The illustrated Beatus, op. cit., passim, et t I pl. 23 (fol. 17 du Beatus de Gerone, 975).

 

(90) Personnification des attributs divins  (Gloire, Justice, Droit, Amour, Grâce, Miséricorde, Paix, Lumière…), comme dans les psaumes 41,9 ; 42,3 ; 56,4 ; 84,10-14 ; 88, 15 ; 91,3 ; 93,15 ; 96,2 ; 116,2… mais aussi Ex.13,21-22 ; 16,10 ; 24,15-18 ; 33,18-22 ; Ez.1,26-28 ; 11,23 ; 43,1-5 ; 2Chro.7,1-2 ; Lv.10,3.

 

(91) Sur le mot “ gloire ” (Ps.4,3 ; 7,6 ; 15,9 ; 72,24 ; 84,10), kâvôd en hébreu, doxa en grec, cf. :

- CALAME (Patrick) et LALOU (Franck), Les Psaumes, Albin Michel, Spiritualités vivantes, 2001, p 582 (et sur l’ “ âme ” néfech, ye’hida, nechama, cf., p 583 et 586).

- LACOSTE (Jean-Yves, Dir.), Dictionnaire critique de Théologie, op. cit., p 495-496.

-VANNI (Ugo), “ La dimension christologique de la Jérusalem nouvelle ” (Mélanges sur l’Apocalypse de Jean offerts à Pierre Prigent), Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses, janvier-mars 1999, T 79 n° 1 p 122-123 et notes 7 et 8 p 122.

Saint Paul dit que “ semé dans l’ignominie, on ressuscite dans la gloire ” (1Co.15,43) et que le Christ “ transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire ” (Ph.3,20-21). Méthode d’Olympe (fin III°-début IV° siècle, Banquet), oppose, pour sa part, “ corps mortel ” et “ corps glorieux ”. Procope de Gaza (V°-VI° siècle), s’inspirant certainement d’Origène (Commentaire de la Genèse, ouvrage disparu de la première moitié du III° siècle), explique que “ le corps de bassesse ” sera transformé en “ corps de gloire ”. Saint Grégoire  le Grand (fin VI° siècle) précise que “ notre chair après la résurrection sera à la fois la même et différente, la même par sa nature, et différente par sa gloire ” (Mor.14,77), et parle de “ double gloire ” à propos de la réunion de l’âme et du corps ressuscité (Dial.IV,26,3).

 

(92) “ Portée sur la tête ” (traduction littérale), la “ joie ” évoquée chez Isaïe (35,8-10),  désigne aussi l’âme du juste qui rayonne et resplendit (Dn.12,3 ; Sg.3,7 ; Mt.13,43 ; Col.1,10-12).

- CAROZZI (Claude), Le voyage de l’âme dans l’au-delà d’après la littérature latine (V-XIII° siècle), Ecole française de Rome, 1994 p 412-426 (récit du passage dans l’au-delà d’un moine de Saint-Rémi-de-Reims se décrivant “ éclatant d’une joie incomparable (…), le corps dépourvu de toute lourdeur ”, milieu du XI° siècle).

 

(93) Jugement et/ou deux voies : (Dt.30,15-20 ; 1,1-6 ; 7,10 ; 19,8-9 ; 48,15-16 ; Pr. ch. 10-15 ; Is.35,8-10 ; Dn.12,2 ; Mt.25,34,41,46 ; Lc.16,22-23 ; Ap.20,11-15).

 

(94) Voir aussi les propos de Saint Bernard sur la contemplation (Serm.43, sup. Cant.).

 

(95) Dans le Psautier d’Utrecht, voir la main divine bénissant le juste :

- DUFRENNE (Suzy), Tableaux synoptiques de quinze psautiers médiévaux à illustrations intégrales issues du texte, Association des Amis des Etudes Archéologiques Byzantines et Slaves, Paris, 1978, passim.

- DUFRENNE (Suzy), Les illustrations du Psautier d’Utrecht, op. cit., fig. 14 pl. 77 (Ps.42,3,  fol. 25), fig. 23 pl. 77 (Ps. 72,24, fol.  41v), fig. 7 pl. 77 (Ps.118,25, fol. 68v).

 

(96) Sur la personnification des attributs divins, cf. :

- DUFRENNE (Suzy), Les illustrations du Psautier d’ Utrecht, op. cit., p 125 et n 354, fig. 14 pl. 77 (Ps.42,3, fol. 25).

- KATZENELLENBOGEN (Adolph), Allegories of the Virtues and Vices in medieval Art – From Early Christian Times to the thirteenth Century, Wurburg Institute, London 1939 et Medieval Academy of America, Canada 1989 p 40-41 et pl. XXV fig. 44  (Ps. 84, fol. 49v).

 

(97) Voir, par exemple, la chute des impies dans le Psautier d’Utrecht.

- DUFRENNE (Suzy), Les illustrations du Psautier d’ Utrecht, op. cit., illustration du Ps.56,6 (fol.32) fig. 86, Ps.72,27 (fol.41v), pl. 75, fig. 13.

 

(98) Sur cette image du Commentaire sur les Psaumes de Pierre Lombard, (Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 56, fol. 77v, Ps. 42, Nord de la France, vers 1200), cf. :

- GARNIER (François), Le langage de l’image au Moyen Age, op. cit., T I, p 84, fig. (A) p 85, et pl. 70.

- reproduction : liberfloridus.cines.fr

F.Garnier propose d’identifier le personnage inférieur, debout, barbu,  tête nue, et tenant les pieds de son compagnon, à Ezéchiel, et le personnage supérieur, imberbe et auréolé, assis sur les épaules d’Ezéchiel, une main dans les cheveux de ce dernier, à saint Jean. Il est vrai que la scène est proche de celle du vitrail de Chartres (cf., infra note 145).

 

(99) Dans le Psautier d’Utrecht, l’illustration du psaume 42 (fol. 25) montre, sous la main divine, la figure de la Vérité tenant une palme accostant le psalmiste, et l’entraînant par la main.

- DUFRENNE (Suzy), Les illustrations du Psautier d’ Utrecht, op. cit., pl. 73, fig. 6.

 

(100) Le personnage, bras levés, debout sur les épaules d’un autre sous la scène du Martyre de saint André, sur l’antependium de Saint-André de Sagars (Catalogne, début du XIII° siècle ?), représente-t-il l’âme du saint, dissociée du corps ?

- COOK (Walter W.S.), “ The earliest painted panels of Catalonia (IV) ”, The Art Bulletin 1926, vol. VIII, fasc. 4 (p 195-234) p 199-200 et fig. 5 p 201.

De même, la superposition de deux personnages combattant deux dragons sur l’initiale de l’épître dédicatoire d’un manuscrit des Moralia in Job de Citeaux (Dijon, B.M. MS 168, fol. 4v, début du XII° s.) représente-t-elle le corps et l’âme de Job ?

- RUDOLPH (Conrad), Violence and daily life, op. cit., p 54-55 et fig. 2.

 

(101) Jb.21,18 ; Sg.4,3-5 ; Sg.4,19 ; Pr.11,28 et 30 ; Is.44,3-4 ; Jr.11,16-17 et 19 ; Jr.17,5-8 ; Ez.17 ; Ez.19,10-14 ; Ez.31,1-18 ; Dn.4,11 et 20 ; Mal.3,19...

 

(102) Sur la symbolique de l’arbre, cf. par exemple :

- DANIELOU (Jean), “ La vigne et l’arbre de vie ”, Les symboles chrétiens primitifs, op. cit., p 33-48.

- CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCK (dom Sébastien), “ L’arbre ”, Le Monde des Symboles, op. cit., p 271-373.

- CORBIN (Henry), Terre céleste et corps de résurrection. De l’Iran mazdéen à l’Iran shi’ite, éd. Buchet/Chastel, Corrêa, 1960 p 213-215, et note 1 à 5 p 224-225.

- GUERREAU-JALABERT (Anita), “ L’Arbre de Jessé et l’ordre chrétien de la parenté ”, Marie, le culte de la Vierge dans la société médiévale , op. cit., p 154-155 (bibliographie complémentaire).

- HECK (Christian), L’échelle céleste dans l’art du Moyen-Age, op. cit., p 158-162.

- SKUBIZEWSKI (Piotr), “ Le trumeau et le linteau de Moissac, un cas du symbolisme médiéval ”, Cahiers archéologiques, t 40 1992, p 51-90.

 

(103) Voir aussi Ez.31,5 ; Dn.4,11,20 et Is.14,12-15.

 

(104) comme Ez.17,24 : “ C’est moi qui abaisse l’arbre élevé et qui relève l’arbre abaissé ”.

 

(105) - DUFRENNE (Suzy), Tableaux synoptiques de quinze psautiers médiévaux à illustrations intégrales issues du texte, op. cit., passim.

- DUFRENNE (Suzy), Les illustrations du Psautier d’Utrecht, op. cit., fig. 15 pl. 22 (Ps.36,35-36, fol. 21).

 

(106) Sur les différentes appellations chez saint Paul :  Rom.6,6 ; Rom.8,11 ; 1Co.15,44 ; 2Co.5,1,2,17 ; Col.2,11 ; Col.3,9,10. 

 

(107) - LECLERCQ (Dom Jean), L’amour des lettres et le désir de Dieu, Initiation aux auteurs monastiques du Moyen-Âge, Les Editions du Cerf, Paris (1957), 3éme éd., 1990 p 61-67 (poème de Pierre Damien, Rythmus de gloria paradisi, milieu du XI° s., P.L. 145, 980-982 : “ Claustra carnis praesto frangi clausa quaerit anima – Gliscit, ambit, eluctatur exsul frui patria ” ; texte d’un moine anonyme de Bèze, début du XII° s.).

- “Vocabulaire de la contemplation chez Origène ”, Dictionnaire de Spiritualité, Beauchesne, Paris 1953 TII, 2° partie, p 1770.

Voir aussi saint Grégoire le Grand (Dial.IV,26,1), saint Bernard  (Serm.52, sup. Cant. ; Serm.4, de Ascens.)…

 

(108) Sur les Morales sur Job, cf. :

- CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCKX (Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., p 332.

- GRÉGOIRE LE GRAND, Morales sur Job, (Introduction de dom Robert Gillet et traduction de dom André de Gaudemaris), Sources chrétiennes, Les éditions du Cerf, Paris, vol. 32 1952 (Introduction et Livres I et II), vol. 212, 1974 (Livres XI à XIV), vol. 221, 1975 (Livres XV et XVI), vol. 32, Introduction p 38 (saint Grégoire) et p 43 (saint Augustin).

- SIRGANT (Pierre), Moissac, Bible ouverte, Montauban, 1996 p 41 (à propos du chapiteau de l’Ascension d’Alexandre).

 

(109) Sur la représentation du palmier dans les Beatus, cf. :

- HECK (Christian), L’échelle céleste dans l’art du Moyen Age, op. cit., fig. 106 (Beatus de Burgos, Madrid, Mus. Arqueol. Nac. Ms. 2). 

- Les Jours de l’Apocalypse, op. cit., pl. 22 (Beatus de Gerone, Musée de la cathédrale, Num. Inv.7 (11).

- NEWMAN (John-Henry), OURSEL (Raymond), MOULIN (Léo), L’Europe des monastères, Zodiaque 1985 pl. 132 (Beatus d’Arroyo, Paris, B.N., nouv. Acq. Lat. 2290).

- The Art of the Medieval Spain a.d. 500 – 1200. Exposition, nov. 93 – mars 94, The Metropolitan Museum of Art, New-York, 1993 p 301 (Beatus de Burgos).

- WILLIAMS (John), Table of Apocalypse illustrations, p 4 et vol. II fig. 321 (Beatus de Gerone), vol. IV fig. 145 (Beatus de Turin, Bibl. Naz. Univ., Sgn.I.II.1).

Dans le folio du Beatus de Gérone, un homme vêtu aide son semblable nu à grimper à l’arbre, en tirant une corde qui lui permet de s’élever. Est-ce ici une scène d’entraide entre deux élus, une représentation dédoublée de l’âme (car “ l’âme est comme emportée, ravie au-delà d’elle-même ” (Mor.24,11- cf. aussi Mor.5,62 et saint Augustin, Serm.52,6,16 -P.L.,38,360) ou bien une représentation de l’âme séparée du corps, s’élevant grâce au cheminement dans la foi au-dessus de la chair ? Il est difficile d’identifier clairement la figure représentant le corps et celle qui représente l’âme, la nudité n’étant pas un signe systématique de l’âme (sauf dans les scènes de décès). Dans le Beatus de Turin, le grimpeur, comme le tireur de corde, sont tous les deux vêtus.

 

(110) L’épisode de Zachée grimpant au sycomore à l’Entrée du Christ (Lc.19,1-10), est interprété par Grégoire le Grand comme la nécessité de se détacher du monde pour voir Dieu (Mor.27,79).  Dans la scène ornant l’Autel de Verdun, (1181), la figure nue près de Zachée représente-t-elle un enfant dans une posture semblable, ou bien l’âme de Zachée ?

- PIPPAL (Martina), “ Inhalt und Fom bei Nicolaus von Verdun ”, Studien zur Geschichte der Europaïschen Skulptur im 12./13. Jahrhundert, Henrich Verlag, Frankfurt Am Main, 1994, vol. 1 p 367-380, vol. 2 fig. 10 p 219.

 

(111) Sur les représentations d’ hommes près d’un arbre ou grimpant à l’arbre, cf. :

- BUDDE Rainer, Deutsche Romanische Skulptur, op. cit., pl. 141 et p 73-74 (tympan du portail d’Andlau, vers 1130).

- CABANOT (Jean), Gascogne romane, Zodiaque, 1978 p 119 et pl. 34 (chapiteau de la nef de Saint-Sever, début du XII° s.).

- CABANOT (Jean), “ Saint-Pierre de Vertheuil ”, Congrès Archéologique, 1987, Bordelais et Bazadais, (p 343-362) p 357 fig. 16 (chapiteau de la nef, second quart du XII° s.).

- CHRISTE (Yves), Jugements Derniers, op. cit., pl. 171 et 278 (fresques de Sant’Angelo in Formis, près de Capoue, revers du mur occidental, vers 1080).

- La Bible illustrée, Edita, Lausanne, 1993 p 360 (fresques de Sant’Angelo in Formis).

- CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCKX (dom Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., p 322-325 et pl.120 (tympan du portail d’Andlau, Alsace), p 364 et pl. 136 (chapiteau du chœur de la cathédrale de Valère à Sion -Suisse, vers 1160).

- GALAVARIS (George), The illustrations of the Liturgical Homilies of Gregory Nazianzenus, Princeton University Press, New Jersey, 1969 fig. 409et 416,  (manuscrit des Homélies de saint Grégoire de Naziance, Paris, B.N., Cod. Gr. 550, fol. 30r et  fol. 204r, XII°s.).

Voir aussi le chapiteau de la nef de Boyle (Irlande, vers 1180).

 

(112) Sur la Croix de Clonmacnoise, cf. :

- CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCKX (dom Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., p 333 et pl. 127.

- CHRISTE (Yves), Jugements Derniers, op. cit., p 175-176 et pl. 77.

 

(113) Sur Saint-Sébastien in Pallara, cf. :

 - CROQUISON (J.), “ Une vision eschatologique carolingienne ”, Cahiers Archéologiques T IV, 1949, (p 105-130) p 124-125 et fig.8 p 125.

- MÂLE (Emile), “ L’église Saint-Sébastien in Pallara ”, Rome et ses vieilles églises (Flammarion, Paris,1942 p 157), rééd. Ecole Française de Rome,  1992 p 155-160

- MÂLE (Emile), L’art religieux du XIII° siècle en France (rééd. 1958), A.Colin, 1986 note 28 (de la p 18) p 42.

 

(114) Sur cette posture et sa symbolique, cf. :

- DURLIAT (Marcel), “ Un motif iconographique pyrénéen : anges portant les symboles des Evangélistes ”, Revue de Comminges, t CII 1989 p 46-62.

- GARNIER (François), Le langage de l’image au Moyen Âge, op. cit., T I p 82-87.

- HECK (Christian), L’échelle céleste dans l’art du Moyen Age, op. cit., passim.

- MEYER (Bella), La figure de l’atlante dans la sculpture romane, Thèse de doctorat de III° cycle, Université de Paris IV-Sorbonne, 1985, 2 vol. , texte et illustrations, passim (et en particulier p 95-99).

- THÉREL (Marie-Louise), “ Comment la patrologie peut éclairer l’archéologie – A propos de l’Arbre de Jessé et des statues-colonnes de Saint-Denis ”, Cahiers de Civilisation Médiévale, VI-2, 1963 p 145-158.

- WEISBACH (Werner), “  Les images des évangélistes dans l’ Evangéliaire d’Othon III et leurs rapports avec l’Antiquité ”, Gazette des Beaux-Arts, 2° série, t 21, 1939 p 131-152.

 

(115) Saint Augustin (Conf.7,17,23 - début du V° s.) ;  Jean Climaque (L’échelle sainte, 4° degré, seconde moitié du VI° s) ; Saint Bernard de Clairvaux (Serm. 62, sup. Cant., première moitié du XII° s.). 

 

(116)  CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCKX (Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., p 373.

 

(117) 1Co.6,14 ; 15,20 ; 2Co.4,14 ; 5,10 ; Rm.6,5 ; 8,11 ; Eph.2,6 ; Th.4,14-17…

 

(118) - DENZINGER (Heinrich), Symboles et définitions de la foi catholique, Les éditions du Cerf, 2001 p 198-199 (540, 59-66) et 215 (574, 35) (professions de foi des 11ème  et 16ème Conciles de Tolède, respectivement en 675 et 684).

 - FOLZ (Robert), “ Pierre le Vénérable et la liturgie ”, Pierre Abélard, Pierre le Vénérable, Colloque, 1972, éd. Du CNRS, Paris, 1975 (p143-146) p 146 et note 8 (poème du XII° siècle de Pierre le Vénérable De laude Salvatoris- PL CLXXXIX, col. 1012-1014).

- Voir aussi le Sermon sur l’Ascension, de Saint Bernard (Serm.4, de Ascens.).

 

(119) Dans le Psautier d’Utrecht, l’image de la Vérité germant de la Terre (Ps.84,12) représentée par un enfant, bras tendus vers le ciel porté par une figure féminine, est autant l’image de l’âme que celle de l’Enfant Jésus porté par Marie (comme dans l’illustration de Lc.1,49), cf. :

- DUFRENNE (Suzy), Les illustrations du Psautier d’Utrecht, op. cit., fig. 10 pl. 73 (Ps.84,11-12, fol. 49v) et fig. 37 pl. 77 (Lc.1,49, fol. 89).

- KATZENELLENBOGEN (Adolph), Allegories of the Virtues and Vices in medieval Art, op. cit., p 40-41 et pl. XXV fig. 44.

 

(120) - PALAZZO (Eric), Les sacramentaires de Fulda, Aschendorff Münster, 1994 p 63-65, 192-195 et fig. 69 (Sacramentaire de Lucques, fol. 16, art ottonien, début XI° siècle).

 

(121)- ACHEN (Henrik von), “ Der Konig am Kreuz – Skandinavische Grosskruzifixe bis 1250 ”, Studien zur Geschichte der Europaïschen Skulptur, op. cit., vol. 1 p 699-722 et vol. 2 fig. 6 p 473 (relief danois, vers 970).

 

(122) Sur les représentations du Christ porté par Terra ou par Adam, cf. :

- BRENK (Beat), Tradition und Neuerung in der Christlichen Kunst des Ersten Jahrtausends, op. cit., pl.19 (Terra, Psautier de Stuttgart, vers 830 - Ps.96,1-6).

- LECLERCQ-MARX (Jacqueline), La sirène dans la pensée et l’art de l’Antiquité et du Moyen-Âge, Bruxelles, 1997 p 133-134 et ill. 75 (Terra, Evangéliaire de Bamberg, fol. 20v, début du XI° s.).

- MEYER (Bella), La figure de l’atlante dans la sculpture romane, op. cit., vol. 1 p 141, n 73 p 153 et p 186 (Terra, ivoire d’Echternach, vers 1030), vol. 1 p 143 et n 82 p 154, vol. 2 fig. 409 (Terra, Evangéliaire de Bamberg).

- SCHILLER (Gertrud), Iconography of Christian Art, op. cit., vol.2 fig. 378 (Echternach, Nurnberg, Germanisches Nationalmuseum, inv.n.KG 1138) et 438 (Adam, Crucifix d’Innsbruck, vers 1160).

 

(123) On serait même tenté de voir, dans la figure centrale du chapiteau de Souvigny, la figure du Christ. La posture de bénédiction, quoique peu traditionnelle avec le geste symétrique des deux mains mais aussi de l’auriculaire et de l’annulaire perpendiculaires aux autres doigts, pourrait confirmer cette impression.

 Sur les gestes de bénédiction, cf. :

- BRENK (Beat), Tradition und Neuerung in der Christlichen Kunst des Ersten Jahrtausends, op. cit., pl. 83 (Christ bénissant d’un manuscrit préroman de Rome, Vaticana, ms. Pal. Lat. 220, fol. 1v).

- BUDDE (Rainer), Deutsche Romanische Skulptur…, op. cit., pl. 15 et p 26 (deux personnages bénissant, l’un de la main droite et l’autre de la gauche, entourant saint Jean-Baptiste présentant l’Agneau,  sur le relief allemand de Grossbirkach, avant 1046).

Cependant, à cette hypothèse, plusieurs arguments s’opposent : le personnage supérieur ne porte pas de nimbe crucifère, contrairement au Christ du chapiteau voisin et il repose directement sur les épaules du personnage inférieur alors que le Christ (sauf lorsqu’il est représenté, à partir du milieu du XII° siècle, porté par saint Christophe) est traditionnellement séparé de son porteur par une mandorle, un trône ou un suppedaneum. Enfin, si le personnage supérieur de la face centrale était le Christ, l’impie se trouverait étrangement placé à sa droite, et le juste à sa gauche.

 

(124) Voir les écrits de saint Grégoire le Grand (Dial.IV,49,2…) et de saint Bernard, sur la contemplation : (Serm.4, de Ascens. ; Serm.41, sup. Cant. ; Serm.43, sup. Cant. ; Serm.49, sup. Cant. ; lib.5, de consi., capt. ult. …).

 

(125) Sur le corps, véhicule de l’âme, cf. :

- CORBIN (Henry), Terre céleste et corps de résurrection, op. cit., p 146-164.

- CROUZEL (Henri),  “ Le thème platonicien du  véhicule de l’âme  chez Origène ”, Didaskalia, 7, 1977 p 225-237.

- DANIELOU (Jean), “ Le Char d’Elie ”, Les symboles chrétiens primitifs, Ed. du Seuil 1961, p 77-93.

- LACOSTE (Jean-Yves dir.), “ Résurrection des morts - Les docteurs de l’école d’Alexandrie ”, Dictionnaire critique de Théologie, op. cit., p 991.

 

(126) - CROUZEL (Henri), “ La première et la seconde résurrection des hommes d’après Origène ”,  Didaskalia, vol.3, 1973 p 3-20.

- HECK (Christian), L’échelle céleste dans l’art du Moyen-Age, op. cit., (Origène, comm. Nombres 33,1-2).

- ORIGÈNE, Homélies sur les Nombres, (Introduction et traduction d’André Méhat), Paris, 1951, Sources Chrétiennes n° 29 p 525 (Hom.27,6).

 

(127) L’acte de contempler Dieu lui est cependant encore inaccessible à cause de sa condition charnelle marquée par le péché (saint Grégoire le Grand : Mor.7,18 ; in Ez.2,1,16,18 ; in Ev.37,1).

 

(128) En dehors des trois chapiteaux étudiés ici, des personnages semblables se retrouvent à Payerne sur une base d’une colonne de fenêtre du croisillon sud (au bas du mur intérieur méridional- personnage assis entourant de ses bras deux autres personnages) et sur trois corbeaux (3 atlantes dont deux reposent sur une tête de monstre - au sommet du mur occidental extérieur) du même croisillon, cf. :

- LE GOFF (Jacques), Un Moyen-Âge en images, Hazan, Paris 2000 fig. 28 p 39.

- MEIER (Hans Rudolph) , “ Payerne ”, op. cit., p 170 pl. 67, pl. 70-71.

- SENNHAUSER (Hans Rudolph), “ L’église abbatiale de Payerne ”, op. cit., p 12 et 16.

- ZARNECKI  (George), ” La sculpture à Payerne ”, op. cit.,  p 150-151, pl.16.

Ces atlantes vêtus et parfois barbus ne sont pas sans évoquer ceux qui, entre les files d’animaux, ornent la tour nord-ouest de façade de l’abbatiale bénédictine d’Hirsau (Allemagne, vers 1110-1120), cf. :

- BUDDE (Rainer), Deutsche Romanische Skulptur, op. cit., pl. 41 (reliefs d’Hirsau).

 

(129) Des chaises en X impliqueraient cependant, comme dans de nombreux manuscrits, des corps assis vus de profil sur le même plan que les sièges, et non comme ici, des corps vus de face, debout et en arrière des arcatures. Il faut cependant reconnaître que le Beatus de Paris du début du XIII° siècle (B.N. Nouv. Acq. Lat. 2290, fol. 53v et 156r) semble lever cette opposition, cf. :

- NORDSTRÖM (Carl-Otto), “ Text and myth in some Beatus miniatures (Part One) ”, Cahiers Archéologiques t XXV, 1976, fig. 1 p 11.

- ZARNECKI (George), “ La sculpture à Payerne ”, op. cit., p 147-148 et pl. 11.

 

(130) selon 2Chro.ch.2-5, Ez.ch 40-43, Ap.21,9-27 et 22,1-5.

 

(131)- CAHN (Walter), La Bible romane, op. cit.,  fig. 44 p 73-74 (La Bible de Roda, Paris, Bibl. Nat. Ms. Lat.6, vol. II, fol 129v).

 

(132) Sur les représentations de la cité céleste par six seulement de ses douze arcades, portes, baies ou tours :

- CHRISTE (Yves), La vision de Matthieu, op. cit., fig. 59 pl.16 (portail de Conques, première moitié du XII° s.).

- CHRISTE (Yves), “ La Cité de la Sagesse ”, Cahiers de civilisation Médiévale t 31, 1988 p 32, fig. 8 et 9 pl. IV (Bible moralisée de Londres et Bible moralisée de New-York, vers 1230).

- GARNIER (François), Le langage de l’image au Moyen-Age, op. cit., T I, pl. 42 (Bible de Saint-Bénigne de Dijon, BM, ms 2, fol. 470v, première moitié du XII° siècle).

- La Gerusalemme celeste, op. cit.,  p 162-164, 179 et 216-217 (Psautier de Stuttgart fol. 56r, première moitié du IX° siècle ; Apocalypse de Trêves, fol. 69r, 70r, 73r, premier quart du IX° siècle ; Apocalypse de Cambrai, fol. 41r, 42r, 45r, début X° siècle ; fresque de Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay, fin du X° siècle ; Beatus de Gérone, fol. 230v, 975).

Sur la Jérusalem historique et ses six portes ou tours, ou personnages, cf. :

- PRIGENT (Pierre), “ La Jérusalem Céleste ”, Die Stadt Gottes- 3 Symposium, Srasbourg, Tübingen, Uppsala, sept 98, Mohr Siebeck, Tübingen (p 367-403) fig. 3 p 373 (arc triomphal de l’église Santa-Maria-Maggiore de Rome, V° siècle).

- VERDIER (Pierre), “ La colonne de Colonia Aelia Capitolana et l’Imago Clipeata du Christ Hélios ”, Cahiers Archéologiques T XXIII, 1974 (p 17-40) p 17 (Jérusalem décrite par Bède vers 720).

- WILLIAMS (John), The illustrated Beatus, op. cit., vol. IV, fig. 354 (six personnages : trois sous arcade, trois sur les remparts, scène d’Ap.11,7-10 du Beatus de Corsini – Rome, Bibl. dell’ Acad. Naz. Dei Lincei e Corsiniana, Segn.40.E.6, folp. 126, début du XII° s.).

- Voir aussi la mosaïque de la Basilique Saint-Vital de Ravenne (VI° siècle).

 

(133) Personnages dominés par les pierres précieuse, dans l’Apocalypse d’Oxford (fol. 13 vers 1100) et dans de nombreux Beatus, où les pierres sont figurées par un cercle coloré souvent accompagné de leur dénomination.

Sur le Beatus de New-York ”  (Pierpont Morgan Library 644, vers 940-950), cf. :

- WILLIAMS (John), Manuscrits espagnols du Haut-Moyen-Age, Chêne, Paris 1977 p 78-79.

 

(134) - CABANOT (Jean), Gascogne romane, Zodiaque 1978 pl. 75 (élus tenant des linges -femmes ?- du chapiteau de Mazières, vers 1120).

- CRAPLET (Bernard), Auvergne Romane, Zodiaque, 5° éd. 1978 pl. 147 (base de colonne de la nef de Brageac - Cantal, milieu XII° s. - ornée de trois personnages, visibles seulement par la tête, présentés sous arcade et tenant l’appui de la baie).

- La Gerusalemme celeste, op. cit., p 150 (Beatus de Lorvaõ, Lisbonne, Arquivo Nacional da Torre do Tombo, fol. 209v).

- NEUSS (Wilhelm), Die Apokalypse des Hl Johannes…, op. cit., 1931 pl. CXXX fig. 188 (Beatus de Burgo de Osma).

 

(135) - CHRISTE (Yves), “ La cité de la Sagesse ”, op. cit., (p 29-35) p 32 (voir un titulus de Civate : “ angelicis portis recluditur undique iustis ”).

 

(136) La symbolique médiévale associe au chiffre 4 une image du monde (composantes du monde terrestre et céleste - Oceanos, Terra, Sol, Luna, points cardinaux, éléments, saisons, vents, fleuves) sur lequel règne l’Eglise et le Christ (vertus cardinales, Vivants, Evangélistes, principaux prophètes, principaux docteurs de l’Eglise). Les textes et les œuvres établissent une concordance entre ces divers groupes. La représentation de la Jérusalem céleste avec ses 4 côtés, angles et tours et ses quatre fleuves du Paradis, se prête particulièrement à ce symbolisme mêlant anges, évangélistes, apôtres, prophètes et vertus.

- BARRAL I ALTET (Xavier),  “ Les mosaïques de pavement médiéval de la ville de Reims ”, Congrès Archéologique 1977 (p 79-108) p 92 ss.

- BEER (Ellen J.), “ Iconographie de la rose ”, La cathédrale de Lausanne (ouvrage collectif), Société d’Histoire de l’Art en Suisse, Berne, 1975 p 235-245.

- CHRISTE (Yves), “ La Jérusalem  céleste dans l’orfèvrerie ”, L’Apocalypse de Jean – Sens et développements de ses visions synthétiques, op. cit., 164-165.

- CHRISTE (Yves), “ La Cité de la Sagesse ”, op. cit., p 31.

- GOUSSET (Marie-Thérèse), “ Un aspect du symbolisme des encensoirs romans – La Jérusalem céleste ”, Cahiers Archéologiques, t XXX, 1982 p 81-106.

Dans les manuscrits, la foule des élus est suggérée par la représentation de personnages en nombre variable. Certaines œuvres ont choisi de représenter quatre élus dans la Jérusalem céleste ou le Jardin du Paradis, cf.:

- BASCHET (Jérôme), Les justices de l’au-delà – Les représentations de l’enfer en France et en Italie, op. cit., fig. 163 (linteau d’Anzy-le-Duc, second quart du XII° s.).

- BASCHET (Jérôme), “ Jugement de l’âme, Jugement Dernier ”, Revue Mabillon, 6 (t 67) 1995 p 180-181 et fig. 5 p 196 (Liber vitae du New Minster, vers 1031-1032) p 174 et fig. 1 p 193 (manuscrit détruit du Scivias d’Hildegarde de Bingen, vers 1165).

- CHRISTE (Yves), “ La Cité de la Sagesse ”, op. cit., fig. 8 pl. IV (Bible moralisée de Londres, vers 1230).

- La Gerusalemme celeste, op. cit., notice 126 p 216-217 ( Psautier de Stuttgart, première moitié du IX° siècle), notice 166 p 243 (fresques de la chapelle du premier étage du transept nord de l’église Saint-Chef-de-Dauphiné, Isère, fin du XI° s.).

- WILLIAMS (John), The illustrated Beatus, op. cit., vol. IV fig. 264 (Beatus de Silos, fol. 124, illustré en 1109 – London, British Library, Add. MS 11695).

A Payerne, les personnages inférieurs  forment quatre tours humaines dominées par un visage, comparables aux quatre tours d’angle de la Jérusalem céleste postées aux quatre points cardinaux et portant les quatre vertus cardinales (Prudence, Justice, Force et Tempérance - associées à la Jérusalem par Bède, Beatus de Liébana, Ambroise Autpert, puis Saint Cyprien au XI° siècle et Honorius d’Autun au XII° siècle) , comme dans ce manuscrit de Ratisbonne, daté de 1165, cf. :

- KATZENELLENBOGEN (Adolf), Allegories  of the virtues and Vices in Medieval Art, op. cit., fig. 55 pl.  XXXIII.

Dans le 7ème Cantique de l’holocauste du sabbat, les éléments architectoniques de la cité céleste louent, eux aussi,  Dieu : “ les colonnes portant le ciel le plus haut et tous les angles de son édifice ” (4Q403,1 I) et “ Vérité et Justice en sont tous les murs ” (4Q405,6+404,5), cf. :

- CAQUOT (André), “ Les cantiques qoumraniens de l’holocauste du sabbat ”, Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 1997 n° 1 (p 1-29), p 14-15.

 

(137) Cf. supra, notes 100 et 114. Cette posture très physique d’entraide, de portage et d’élévation, est souvent, un symbole d’alliance, de transport, d’héritage, et d’élévation spirituels. En général, le personnage inférieur symbolise l’ancien ou le terrestre, et le personnage supérieur, le nouveau ou le céleste ; le personnage supérieur, d’essence divine, s’unit alors à l’homme juste et l’élève vers le ciel, ou bien domine les forces du mal et les écrase.

 

(138) B.Meyer considère que cette tradition figurative remonte aux Commentaires de la Concordance du pseudo-Augustin (De Altercatione Ecclesiae et Synagogae, P.L., XLII, 1151 ss.) ; quant à R.Budde, il l’attribue (sans préciser le passage concerné) aux Moralia in Job de Grégoire le Grand (fin VI° s.) ; cf. :

- BUDDE (Rainer), Deutsche Romanische Skulptur, op. cit., notice 87 p 54-55.

- MEYER (Bella), La figure de l’atlante dans la sculpture romane, op. cit., p 98 et n 99.

 

(139) Sur Saint-Sébastien in Pallara, cf., supra note 113.

 

(140) – BOUFFARD (Pierre), “ Aulnay ”, Sculpteurs de la Saintonge Romane, Horizons de France, Paris, 1962, couverture et pl. 38-39.

 

(141) - BUDDE (Rainer), Deutsche Romanische Skulptur…, op. cit., fig. 87 et p 54-55 (cuve de Mersebourg).

 

(142) - VERGNOLLE (Eliane), “ Le tympan de Moradillo de Sedano : autour du maître de l’Annonciation-Couronnement de Silos ”,  Actas del XXIII Congresso Internacional de Historia del Arte, (Granada 1973), Universidad de Granada, 1976  t I (p 545-553), p 545, 547 et fig. 5 p 553.

 

(143) cf. supra, note 98.

 

(144) Sur le portail de la cathédrale de Bamberg, cf. :

- BUDDE (Rainer), Deutsche Romanische Skulptur, op. cit., pl. 236-239 et p 93-94.

- Der Bamberger Dom und seine Bildwerke : 24 Tafeln Kupfertiefdruck mit erlauterndem Text, berlin, Angelsachsen-Verlag, (sans date), pl. 10.

- MÂLE (Emile), L’art allemand et français du Moyen-Age, A.Colin, Paris, 1917 p 193.

- ZEIBNER (Werner), URBAN (Josef), SCHNEIDER (Philippe), Das Bistum Bamberg in Geschichte und Gegenwart. Teil 5- Der Dom zu Bamberg Kathedrale und Mütterkirche, Ed. du Signe, Strasbourg, 1997 p 14-16 et p 59.

 

 (145) Sur le vitrail de Chartres, cf. :

- LEVIS-GODECHOT (Nicole), Chartres révélée par sa sculpture et ses vitraux, Zodiaque, 1987, pl. 144-151 p 320-321.

- MÂLE (Emile), L’art religieux du XIII° siècle en France, op. cit., p 18 et fig. p 19.

- RÉAU (Louis), Iconographie de l’art chrétien, op. cit., t III-1 (p 476-479) p 478.

 

(146) L’hypothèse est retenue  par :

- AUBERT (Marcel), Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale, (dir. A.Malraux), (1954), pl. 64-65.

- CHAMPEAUX (Gérard) et STECKX (dom Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., (1966) p 333 et pl.118.

- MEIER (Hans Rudolph), Suisse Romane, op. cit., (1996) p 170 et pl. 63-64.

- MEYER (Bella), La figure de l’atlante dans la sculpture romane, op. cit., (1985), vol. 2 p 99.

- RÉAU (Louis) Iconographie de l’art chrétien, op. cit., (rééd. 1958) p 478.

 

(147) Sur le chiffre 8, cf. :

- CROUZEL (Henri), Les prophéties de la résurrection selon Origène, Forma Futuri : Studi in onore del Cardinale Michele Pellegrino, Torino, Bottega d’Erasmo, 1975 (p 980-992) p 990-9941.

- CROUZEL (Henri), Origène, P.Lethielleux, Paris, 1985 p 321 (Pour Origène - première moitié du III° siècle -  le chiffre 8 évoque la résurrection du Christ, et en conséquence celle des hommes, parce que la résurrection de Jésus a eu lieu le lendemain du 7ème jour après l’Entrée à Jérusalem).

- HOPPER (Vincent Foster), Medieval Number Symbolism, New-York (1938), Cooper Square Publishers, Inc. 1969 p 25, 77, 85, 114 surtout.

- LECLERCQ (Dom Jean), L’amour des lettres et le désir de Dieu, op. cit., p 65 (texte d’un moine anonyme de Bèze datant du début du XII° siècle, qui cite “ le 8° âge ”).

- MÂLE (Emile), L’art religieux du XIII° siècle en France (1958), A.Colin, Paris, 1986 p 21 et note 46 p 42, Saint Ambroise (In Psalm. David, CXVIII, Patrol. t XV col 1198).

- McGINN (Bernard), Visions of the End- Apocalyptic traditions in the Middle Ages, Colombia University Press, New-York (1979) 1998 p. 110 (Rupert de Deutz, La Sainte Trinité, Prologue, “ le 8° jour ”, début XII° siècle).

- PRIGENT (Pierre) “ La Jérusalem céleste ”, op. cit., cite “ l’éternité céleste du 8éme jour ” chez Méthode (Banquet, SC 95 p. 16)  p 396.

 

Voir aussi la classification des huit vertus  chez Hugues de Saint-Victor (1090-1141).

Dans les œuvres, cf. :

- CAMUS Marie-Thérèse, “ A propos de trois découvertes récentes – Images de l’Apocalypse à Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers ”, Cahiers de Civilisation Médiévale, XXXII ° année, n°2, avril-juin 1989 (p 125-133) p 127-128 et fig. 4. Les figures des martyrs sous l’autel d’Ap.6,9-11 des peintures murales du chœur de Saint-Hilaire de Poitiers (seconde moitié du XI° siècle) semblent huit.

- CHRISTE (Yves), “ Et vidi sedes et sederunt super eas et iudicium datum est illis, Sur quelques figures trônantes en complément au Jugement Dernier aux XII°-XIII° siècles ”, De l’art comme mystagogie…, op. cit., p 159. (Les saint Innocents trônant autour du Christ de la Vision de saint Etienne martyr sont au nombre de 8 dans la première voussure du portail de gauche du transept sud de la cathédrale de Chartres, vers 1215. Cf. reproduction, SAUERLÄNDER (Willibald) et HIRMER (Max), La sculpture gothique en France, 1140-1270, Flammarion, Paris 1972 pl. 114 et p 113.

- SIRGANT (Pierre), Moissac, Bible ouverte, op. cit., p 176-178 (chapiteau de la galerie ouest du cloître, vers 1100, représentant les huit Béatitudes, selon Mt.5,3-11) .

 

(148) Sur les peintures de Sant’Angelo in Formis, cf., supra note 111.

 

(149) Sur le chapiteau de Saint-Sever, cf. :

- CABANOT (Jean), Gascogne Romane, La Pierre-Qui-Vire, 1978 p 119 et pl. 34.

 - CABANOT (Jean), Les débuts de la sculpture romane dans le sud-ouest de la France, Paris, Picard 1987 p 166, note 82 p 281, fig. 200 p 149 et étude de l’édifice p 234-242.

L’auteur identifie en 1978 une scène de cueillette, mais en 1987, se fonde sur l’hypothèse de Louis Réau et pense que ce sont là aussi les quatre grands prophètes qui aident à s’élever les quatre évangélistes. Au-delà du pittoresque des postures, nous avons ici, comme à Payerne, huit personnages sans auréole ni attribut, mais cette fois en mouvement pour bien mettre en évidence l’acte de grimper. L’hypothèse de Jean Cabanot semble difficilement recevable cependant. Les postures seraient déjà peu convenables pour les prophètes, mais surtout apparaîtraient déséquilibrées pour les évangélistes et traduiraient une certaine difficulté à s’élever.

 

(150) Un texte talmudique, datable de la fin du II° ou du début du III° s. (Sanhédrin 91a et 91b), utilisait déjà l’image de deux personnages superposés (dans la parabole d’une cueillette interdite -vol de fruits- réalisée par un paralytique monté sur les épaules d’un aveugle), pour expliquer l’unité du corps et de l’âme, leur responsabilité partagée face au péché et la nécessité de leur réunion pour un jugement commun.

- COHEN (Alain), Le Talmud, Petite Bibliothèque Payot, Paris, rééd. 1991 p 411-412.

- COHEN (Alain), Le monde futur et la résurrection dans le Talmud, Editions Safed, 2001 p 42-45, p 120 et note 10 p 111.

 

(151)- GRÉGOIRE LE GRAND, Morales sur Job, op. cit., vol. 32 p 140-141  (Praef.,20). Sur Job, restauré par Dieu dans sa situation et recevant “ au double ” tous ses biens, cf., Jb.42,10.

- GRÉGOIRE LE GRAND, Dialogues (Livre IV), (traduction de Paul Antin, texte critique et notes de Adalbert de Vogüé - T III), Sources Chrétiennes n° 265, Les Editions du Cerf, Paris, 1980 p 84-87 (Dial.IV,26,3-4).

 

(152) Origène use aussi de l’image du “ double ” (Hom.Nb.27,6 ; Hom. In Ps.36,3,10).

-ORIGÈNE, Homélies sur les Nombres, op. cit., surtout p 304, 331, 351, 517, 519, 520,524,525.

 

(153) Béde le Vénérable (In Sam.1,9, début du VIII° s. – P.L. 91, 527A) considère que la Jérusalem céleste et la Jérusalem terrestre sont comme le côté droit et gauche d’un corps unique.

 

(154) Paul, dans ses Épîtres, explique que les croyants sont les membres constitutifs d’un seul Corps, le Corps du Christ ou bien le Corps de l’Eglise dont le Christ est la Tête (Rm.11,15,25-32 ; 1Co.12,12-13,27-28 ; Ga.3,26-29 ; Ep.1,22 ; 2,14-22 ; 4,11-16 ; 5,30 ; Col.1,18,24 ; 3,9-11). L’image des justes constituant le Corps du Christ sera reprise par saint Augustin (Enar. in psal. 139,7- P.L.,37,1807 ; De civ. Dei,14,13,1), saint Grégoire (Moralia in Job, Praef. Ch.14) , Haymon d’Auxerre,  Pierre Damien (Serm.72- P.L.144, 909 C)…

Dans cet édifice spirituel, prophètes, apôtres, juifs et païens, tous réconciliés grâce au sacrifice de la Croix sont tous les fils d’Abraham (Ep.2,19-22 ; 4,11-13 ; Col.3,9-11), et jouent le rôle :

-- de fondations (Rm.15,20 ; 1Co.3,9-17 ; 2Co.6,16 ; Ep.2, 19-22 ; Ap.21,14),

-- de colonnes (Ga.2,9 ; Ap.3,12 ; apôtre Barthélémy, Livre de la résurrection de Jésus-Christ, 18,5 - écrit apocryphe – Bède le Vénérable, De templo Salamonis liber, début du VIII°s - Raban Maur, de universo, première moitié du IX° s., comm. 1R7,15-22 ; Suger, de consecratione ecclesiae sancti Dionysii, II, V, en 1144).

-- ou de pierres vivantes (1P.2,5 ; Ignace d’Antioche, Ep.9,1 ss., fin du I° s. ; Hermas, le Pasteur, Sim.9,12,5-6 ; 9,13,1 ; 9, 18 - vers 150 ; Clément d’Alexandrie, Paedag.II,119,1-2 - fin du II° siècle ; oraison pour la Toussaint du Sacramentaire de Göttingen, vers 975-990 ; Guillaume Durand- seconde moitié du XIII° siècle), cf. :

- CHAMPEAUX (Gérard de) et STERCKX (dom Sébastien), Le Monde des Symboles, op. cit., p 229 (Hermas), p 322 (Guillaume Durand).

 - KIEFFER (René), “ La demeure divine dans le temple et sur l’autel chez Ignace d’Antioche ”, Die Stadt Gottes, op. cit., (p 287-301) p 291 (Ignace d’Antioche).

- MEYER (Bella), La figure de l’atlante dans la sculpture romane, op. cit., p 194-196 (Raban Maur et Suger).

- PALAZZO (Eric), Les sacramentaires de Fulda, op. cit., p 16 (Sacramentaire de Göttingen).

- PRIGENT (Pierre), “ La Jérusalem céleste ”, Die Stadt Gottes, op. cit., p 394 (Hermas), p 395 (Clément d’Alexandrie), p 397 (Barthélémy).

- THÉREL (Marie-Louise), “ Comment la patrologie peut éclairer l’archéologie ”, op. cit., 145-158 (Suger et Bède le Vénérable).

 

(155) Paul oppose à cette image des justes constituant le Corps du Christ, celle des pêcheurs qui constituent le corps de la Prostituée  : “ Ne savez-vous pas que celui qui s’unit à la prostituée n’est avec elle qu’un seul corps ? Car il est dit : les deux ne seront qu’une seule chair. Celui qui s’unit au Seigneur, au contraire, n’est avec lui qu’un seul esprit ” (1Co.6,15-17).

Cette image du corps démoniaque sera, elle aussi, reprise par de nombreux écrivains sacrés, comme saint Grégoire le Grand (Mor.2,7,38 ; 4,18 ; 9,44 ; 13,38 : “ Oui, c’est un seul corps que le diable et tous les impies ”; 33,51 ; in Ev.16,1), puis au VIII° s. chez Bède le Vénérable, Ambroise Autpert et Beatus de Liébana. Cette image pourra être, elle aussi, illustrée dans les œuvres.

 

(156) - BENEDETTI (Angelo), Contemplazione e poesia in Pier Damiano,  Antichità classica e cristiana 13, Paideia, Brescia 1975 p 138 et 147-152 (poème de  Pierre Damien - Sur la gloire du paradis, milieu du XI° siècle). Sur le texte, cf. aussi : www.medianet.pl~dab/lit/Damiani_w_IBL.htm

- LECLERCQ (Dom Jean), L’amour des lettres et le désir de Dieu, op. cit., p 61-67 (Ecrits de  Pierre Damien - Sur la gloire du paradis, milieu du XI° siècle-, d’un moine anonyme d’Hirsau - Epithalame alterné entre le Christ et les Vierges, XII° siècle -, de Jean de Fécamp - La confession théologique, troisième quart du XI° s.-, et d’un moine de Bèze - début du XII° s.).

- NTEDIKA (Joseph), L’évocation de l’au-delà dans la prière pour les morts – Etude de patristique et de liturgie latines (IV°-VIII° s.), Recherches Africaines de Théologie, 2, Editions Nauwelaerts, Louvain - Paris 1971 p 169-170 et p XVIII (oraison Gelasianum 1611- Sacramentaire Gélasien, Rome, Bibl. Vat., Regin. Lat. 316, VIII° s.).

 

(157) BASCHET (Jérôme), “ Jugement de l’âme, Jugement Dernier : contradiction, complémentarité, chevauchement ”, op. cit., p 159-203, surtout p 170-171.