dimanche 15 décembre 2024

1369-DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES À NANTES (1839-1859)-4

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 

RECHERCHES SUR LES

 DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES

TITULAIRES D'UN ATELIER NANTAIS 

ENTRE 1839 ET 1859



LISTE ALPHABÉTIQUE (recherches en cours)


N.B. : la notice concernant l'artiste Félix a été mise en ligne au sein de l'article 3, ici.





- HAUSER


"M. Hauser, l'un des plus habiles photographes de Paris", est de passage à Nantes au mois de mai 1854. Il s'installe pour quelques semaines, rue du Calvaire, 9, au 3ème étage au-dessus de l'entresol et y expose ses productions. 

Il propose des portraits sur papier, noirs ou coloriés, avec ou sans retouche, réalisés en 15 secondes de pose et livrés sous 24 h mais également des reproductions d’œuvres et des stéréoscopes.

L'identité de cet artiste pose question, deux photographes du XIX° siècle portant le nom de HAUSER/HAUSSER/AUSSER :

Daniel HAUSER (Durmenach, Haut-Rhin, 30 avril 1817 - Saint-Quentin, Aisne, 18 novembre 1877) (1)

Arthur HAUSER (Besançon, Doubs, 11 janvier 1829 - Paris, apr. 1873/av. 1886) (1 et 2).

Ces deux photographes ont ouvert un atelier au début des années 1860, Daniel Hauser, en 1862, à Saint-Quentin (Aisne), et Arthur Hauser, en 1861, à Paris (Seine). L'un des deux a auparavant mené une vie itinérante de daguerréotypeur puis de photographe, attestée de 1853 à 1858. 

Aucun élément totalement probant ne permet cependant d'attribuer cette vie itinérante à l'un ou à l'autre, les petites annonces qui signalent les passages de préfecture en préfecture ne citant jamais de prénom. 

Certains historiens ont considéré qu'il s'agissait d'Arthur Hauser mais je pencherais personnellement davantage pour Daniel Hauser à cause de deux indices :

- Daniel Hauser vit déjà une vie itinérante de "voyageur de commerce" à la date de son mariage à Lyon, le 15 mars 1842 ;

- le premier passage du photographe "Hauser" est signalé à Mulhouse en 1851, préfecture du département dont Daniel Hauser est originaire.

En l'attente d'éléments déterminants, la suite de cette notice va retracer la vie itinérante du daguerréotypeur et photographe à partir du début des années 1850, sans lui attribuer de prénom.

Après avoir été signalé à Mulhouse en 1851, il est dès 1852 à Orléans (Loiret) où il ouvre un atelier rue Bannier, 14 et se fixe pour trois années environ (1).

Il photographie notamment les animaux primés lors de la foire d'Orléans de juin 1853. Il n'en semble pas moins rayonner sur toute la partie nord de la France, notamment à Nantes en 1854. 

Les petites annonces le disent systématiquement "photographe de Paris", mais il n'est pas possible de confirmer qu'il possède alors un atelier de photographie dans la capitale. S'est-il formé à Paris, y possède-t-il une adresse ? C'est en tout cas ce que laissent penser certaines de ses publicités des années 1856-1857 qui le disent, "propriétaire du Petit-Palais-de-Cristal, rue de Rivoli". 

Aucun document parisien ne cite un établissement de ce nom mais le terme "cristal" renvoie probablement au magasin de luxe d'objets en cristal (associé au bronze doré) et en porcelaine, présent rue de Rivoli depuis 1804. Cet établissement était célèbre par son escalier aux balustres de cristal et désigné pour cette raison sous le nom de, "L'Escalier de cristal". Le photographe en possédait-il les murs ?

Hauser est à Nancy en mars et avril 1856, où il réalise "plus de 3.000 portraits", puis à Metz début mai, avec le projet de repartir un mois plus tard pour Nancy, à l'occasion de la foire. Il se fait cependant remplacer dans cette ville, "par un de ses opérateurs qu'il a fait venir de Paris", afin de privilégier la clientèle de son atelier messin, rue Serpenoise, 60, au fond de la cour de la maison de M. Goujeon, notaire. 

L'une de ses publicités messines précise : "Pour 2 fr. 50 [un prix bas], M. Hauser fait des portraits sur émail, sans aucun miroitement et d'une parfaite ressemblance (...). La pose ne dure que deux secondes, et l'on peut emporter son portrait immédiatement".

En juillet 1856, "M. Ausser" est à Strasbourg, rue des Serruriers, 4. Son rayonnement semble ensuite s'étendre sur tout le territoire français. 

M. Ausser/Hauser de Paris est notamment signalé à Avignon (Vaucluse) en octobre 1856, rue Cardinale, 5, ancienne maison Roubeau, porte à côté celle de l'Archevêché, puis à Nîmes (Gard) en novembre et décembre 1856, place de la Salamandre, balcon de pierre, 2.

De février à mai 1857, M. Ausser/Hausser/Hauser est à Toulouse, avec un atelier rue des Balances, Hôtel de Paris, au premier.

En 1858, proposant toujours ses portraits sur émail, il est à Pau (Pyrénées-Atlantiques), en janvier-février, rue de la Préfecture, 40, à Bourges (Cher), en mai-juin, rue des Arènes, 2, et à Troyes (Aube), en octobre, rue des Bûchettes, 30.

(1) Sur Daniel Hauser et Arthur Hauser, voir les notices de Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

(2) Sur Arthur Hauser, voir la notice d'Hervé Lestang sur son site, portraitsepia.fr.





- JULES


"M. Jules" (nom, prénom ou pseudonyme ?) est un photographe (?-?) de passage à Nantes pour trois semaines environ, de fin juillet à début août 1857, avec un atelier situé chez M. Lepinay, jardinier, rue Pétrarque, 20.

Les deux caisses signalées  fin juillet 1857, arrivées par bateau et contenant des "glaces et portraits", lui semblent destinées.

Aucun autre document local ou national n'a permis d'en apprendre davantage sur la vie et la carrière de ce photographe.





- KARL :
 

Karl (?-?) (nom, prénom ou pseudonyme ?) dit "de Strasbourg", est présent à Nantes, au plus tard en 1843. 

Il est l'un des photographes qui aurait fourni des vues daguerréotypées de Nantes aux libraires et imprimeurs Forest, pour l'édition de l'album d'estampes entamé en 1842 et intitulé, Loire-Inférieure, vues de Nantes et ses environs, prises au Daguerréotype, et gravées sur acier par les premiers graveurs de Paris (1).

Les  publicités et articles concernant Karl sont présents dans les journaux nantais dès septembre et octobre 1843, période à laquelle il expose des portraits chez Mme Pot(t)in (libraire, galeriste), passage Pommeraye dont "un groupe de famille remarquable par la pureté et la finesse des détails", "un charmant intérieur représentant une dame occupée à une lecture", un portrait [d'homme] d'une dimension tout-à-fait inusitée" et "un peintre assis près de son chevalet"

Son atelier de daguerréotypie et de photographie est situé rue de Versailles, 2, à l'entrée de la route de Rennes, où il propose des portraits au prix de 10 fr.

"Nous devons d'autant mieux nous applaudir de cette perfection donnée aux images qu'il en fait sortir, que M. Karl est à demeure à Nantes et que pour nous faire dorénavant daguerréotyper, il ne sera pas besoin, ou que nous fassions le voyage de Paris, ou que nous attendions ici des étrangers".

L'atelier de Karl est ensuite cité à cette même adresse dans l'annuaire de 1844. 

En avril 1844 cependant, il est désormais situé boulevard de Lorme/Delorme, n° 32, dans un pavillon spécialement construit, permettant d'opérer par tous les temps. Karl renouvelle à cette occasion une exposition de portraits chez Mme Pottin. Il adresse le même mois une lettre au rédacteur de L'Ouest :

"J'ai eu l'idée, Monsieur, dans ces derniers temps, d'employer le daguerréotype pour la conservation des autographes, des manuscrits précieux de nos archives, pour la reproduction des dessins de machines, de cartes géographiques, de plans de toute espèce. Désormais la photographie sera l'émule de la typographie...".

Après un article paru en août 1844, il faut attendre une longue campagne publicitaire qui dure de mai 1845 à mars 1847, où Karl propose ses "Portraits au daguerréotype coloriés et non coloriés" et évoquant parfois ses expositions passées chez Mme Pottin, rue Santeuil mais également chez Mme Boissier, rue d’Orléans (notamment en août 1846).

"Ce vaste établissement, créé dans les meilleurs (sic) conditions possibles, avec pavillon vitré et jardin, est LE SEUL de Nantes où l'on puisse faire des groupes nombreux, LE SEUL où l'on fasse des portraits de toutes dimensions, depuis les grandeurs les plus faibles, qui exigent impérieusement, comme les groupes, un espace de terrain considérable, jusqu'aux grandeurs les plus élevées pour lesquelles il faut des instruments puissants et parfaits placés entre des mains habiles".

Son atelier est ensuite signalé par seulement quelques annonces qui s'échelonnent de juin 1847 à août 1848. "Deux pavillons spécialement construits permettent d'opérer en tout temps, sans que le soleil soit nécessaire, sans que le pluie ait une influence fâcheuse".

Le nom de "Karl, de Strasbourg", n'est plus signalé ensuite que dans les seuls annuaires de 1849 et 1850, toujours à l'adresse du boulevard Delorme, 32, avant de disparaître totalement des documents nantais (également absent des actes de décès).

Comme pour ses débuts, rien n'est connu de la suite de sa vie.

(1) Voir à ce sujet la notice au nom de Forest, dans le troisième article de cette série, ici







- LABRUYERE : 


? LABRUYERE (?-?)

Le 15 mai 1845, une petite annonce nantaise révèle la présence de M. Labruyère, peintre et dessinateur, rue Voltaire, 8 et rue Marivaux, 5, offrant des portraits au daguerréotype, instantanés, noirs ou coloriés, en miniature et à l'aquarelle.

C'est la seule fois cependant que son nom est cité à Nantes, le début et l'ensemble de sa vie et de sa carrière restent inconnus.







- MAUCOMBLE


MAUCOMBLE ou V. MAUCOMBLE (?-?)

Deux petite annonces nantaises des 25 et 26 avril 1845 signalent l'arrivée de "M. Maucomble, peintre de Paris", qui propose des portraits au daguerréotype de grand format au prix de 20 fr., aux poses gracieuses, aux visages exempts de contraction et à la carnation bien fondue, avec coloration naturelle. "Une terrasse dans les combles de l'hôtel, présente un jour très-favorable et permet d'opérer par tous les temps".

Il installe son atelier provisoire à l'Hôtel des Colonies, près du passage Pommeraye, ce que rappelle également une dernière petite annonce qui paraît le 19 mai 1845.

Comme pour d'autres artistes itinérants de passage à Nantes, se pose la question de l'identité de ce daguerréotypeur. 

Jean-Marie Voignier répertorie la présence d'artistes de ce nom dans les années 1850, à Paris, rue de Grammont, 26 ("V. Maucomble") et boulevard Montmartre, 3, vers 1859 ("Maucomble"), et à Rouen, quai Napoléon, 45, vers 1858 ("Maucomble"), sans que l'on puisse savoir si ces différentes adresses recouvrent une ou plusieurs personnes (1).

La recherche a permis de retrouver "M. Maucomble, peintre de Paris", dès le 1er octobre 1844 à La Rochelle (Charente-Maritime), avec une petite annonce assez semblable à celles de Nantes. Une nouvelle annonce du 29 octobre précise l'adresse de son atelier, Cour des Grolles, n° 9, et signale qu'il se rend à domicile sur demande, sous réserve "d'un local propre à l'opération".

En 1847 et 1848, c'est cette fois à Paris qu'il est cité à plusieurs reprises, avec un atelier situé rue de Grammont, 26 et avec des portraits coloriés, notamment d'actrices, exposés au Palais-Royal, galerie de Valois, n° 116.

C'est pour ce type de portraits au daguerréotype, coloriés que "Maucomble" reçoit une médaille de bronze lors de l'Exposition parisienne du Palais de l'Industrie, en mai et juin 1849. 

Un article de la même année rappelle cette récompense : "Le maitre de tous les portraitistes, c'est M. Maucomble. Avant de faire de la photographie, M. Maucomble était peintre en miniature ; dans ses œuvres actuelles, on reconnaît l'artiste d'autrefois à la grâce facile des poses, au laisser-aller de l'attitude. C'est là du daguerréotype, mais c'est aussi de la peinture".

En 1851, "V. Maucomble", domicilié rue de Grammont, 26, participe à l'Exposition Universelle de Londres (du 1er mai au 15 octobre) où il obtient une mention honorable. Le 29 octobre 1851, un article de La Lumière évoque cette récompense pour "Héliographie sur plaques métalliques, coloriée" : 

"M. Maucomble est sans rival en ce genre, peintre en miniature assez habile, il est devenu excellent opérateur, et il a su employer son goût dans les arts pour poser ses modèles, son talent d'héliographe à produire des plaques au ton le plus convenable, enfin l'habileté de son pinceau et de ses estompes à fixer une couleur brillante sur la plaque au moyen d'un travail ingénieux de frottis, de pointillés et de hachures. Cette addition manuelle élève beaucoup le prix d'un portrait, mais elle en relève aussi le mérite aux yeux du public". 

En octobre 1852, les publicités parisiennes citent, parmi la liste des daguerréotypeurs et photographes, "Maucomble, de S.A.I. prince Président", avec un atelier toujours situé rue de Grammont, 26. 

En juin et juillet 1853, le Catalogue d'une vente aux enchères contenant deux de ses lettres révèle son premier métier : "Maucomble, acteur, fut le camarade de Rachel à ce théâtre [Théâtre-Molière], et est aujourd'hui peintre au daguerréotype. Il demande des femmes qui veuillent laisser mettre leur portrait en montre [vitrine]". Ce texte semble impliquer pour Maucomble une présence au Théâtre-Molière vers le milieu des années 1830 et une naissance dans le premier quart du siècle.

Maucomble continue son itinérance dans les années 1850. La prochaine arrivée de "M. Maucomble, premier photographe-portraitiste de l'empereur Napoléon, honoré d'une médaille à l'exposition de Londres", est annoncée à Dijon, fin mars 1854. Une nouvelle annonce dijonnaise du 15 avril suivant précise que ce photographe se rendra "au domicile des personnes qui auraient une cour ou un jardin convenable, moyennant 30 fr. [!] en plus pour la totalité des portraits à faire".

Il conserve son atelier rue de Grammont, 26 jusqu'à la fin des années 1850 mais, en juin 1854, un artiste du même nom est également signalé à l'adresse de, "Boulevart Montmartre. N° 26. - Rue de Choiseul.", sans que l'on puisse savoir s'il s'agit d'une erreur sur le nom de la rue ou d'un homonyme. C'est également le cas avec la personne signalée par Jean-Marie Voignier, vers 1859, boulevard Montmartre, 3 (1). 

Les trois adresses évoquées sont toutes situées dans le quartier de Montmartre (2ème arrondissement). Les rues de Choiseul et de Grammont sont parallèles et pourraient éventuellement indiquer un même bâtiment situé entre ces deux rues mais le boulevard Montmartre est pour sa part perpendiculaire à ces dernières. 

Jean-Marie Voignier signale enfin la présence d'un photographe du même nom à Rouen, vers 1858, quai Napoléon, 45, ce que confirme l'Almanach de Rouen de 1858, impliquant un atelier pérenne pour les années 1857 et 1858, sans plus de précision. Certains historiens identifient cependant ce dernier à Henri Victor Maucomble (Senlis, Oise, 1812 - La Trinité, Alpes-Maritimes, 1889) (3).

Le prénom du photographe rouennais (Victor) fait écho au "V." du photographe parisien (8  prénoms potentiels) mais n'implique probablement pas la même identité. 

Les recherches généalogiques permettent d'autres hypothèses pour le photographe parisien. Une personne nommée "Victor Maucomble", décède notamment à Paris début avril 1857 et est inhumée au Cimetière de Montmartre. 

Cependant, le nom de "Maucomble, peintre de portraits", est encore cité à Paris, rue Grammont, 26, dans l'Annuaire-almanach du Commerce et de l'Industrie de 1858 puis celui de, "Maucomble peintre-artiste", dans celui de 1859, avec la nouvelle adresse de boulevard Montmartre, 3. Ce nom semble disparaître ensuite des annuaires.

Il semble que ces deux dernières adresses sont les adresses successives d'une seule et même personne. En effet, l'Annuaire-almanach de 1862 affiche désormais le nom de, "Grob (Ulrich), successeur de Maucomble, peintre-photographe de S.M. l'Empereur, reproduction d'objets d'art, boulevard Montmartre, 3 ".

Il est d'ailleurs possible que M. Grob ait été précédemment l'élève, l'assistant ou l'associé de Victor Maucomble, dans l'atelier de la rue Grammont, 26. Jean Ulric Grob [Wattwil, Suisse, 9 juin 1823 - Paris, 10ème, 19 juillet 1893], domicilié rue d'Argenteuil, 39, s'est en effet marié le 16 septembre 1854, avec Marie Célestine Martin dont le domicile était justement, rue Grammont, 26.

En résumé, il semble n'y avoir eu que deux artistes du nom de Victor Maucomble. Le premier, peintre de miniature puis daguerréotypeur et photographe itinérant, est cité à différentes adresses parisiennes de 1844 à 1859 et est notamment signalé de passage à Nantes en 1845 (2). Le deuxième, photographe, semble uniquement cité à Rouen vers 1858.

(1) Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

(2) Voir des épreuves signées Maucomble : 
- un portrait daguerréotypé dans son écrin, portant l'adresse de la rue Grammont, 26, daté vers 1854-1858, sur gallica.bnf.fr ;
- deux portraits daguerréotypés peints encadrés, au format pleine plaque, portant l'adresse de la rue Grammont, 26, sur antiq-photo.com ; 
- une photographie coloriée de 19x24 cm (portrait), dans son cadre d'origine, datée du 22 juin 1853, passée en vente aux enchères à Pamiers (Ariège) en mai 2017 et reproduite ici, 18edelignesecondempire.clicforum.fr ;
- une carte de visite affichant l'adresse du Boulevart Montmartre, N° 3, sur parismuseescollections.paris.fr.

(3) Répertoire des photographes, dans le Catalogue de l'Exposition, Photographier en Normandie, 1840-1890, Le Havre, MuMa, 2024 (extraits sur calameo.com).






- MORENO (?-?).


Le daguerréotypeur et photographe Moreno est présent à Nantes à partir de 1852. Son nom est cité pendant dix ans dans les annuaires nantais, de 1853 à 1862, avec un atelier situé rue Crébillon, 24 mais n'apparaît étrangement dans aucun autre document. 

L'absence, de ce nom à consonance espagnole, des listes électorales de la ville de Nantes s'explique probablement par sa nationalité. Son absence dans les recensements de 1856 et de 1861 est plus difficile à expliquer, d'autant que l'adresse de la rue Crébillon, 24 correspond à celle de l'opticien Théodore Moussier (1811-1882).

La question de son identité se pose donc. Dans son Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, Jean-Marie Voignier, outre celui de Nantes, cite deux artistes de ce nom (1) :

-  l'un à Bordeaux (Gironde), "Moreno E.", avec plusieurs adresses successives - vers 1852, allées de Tourny, 4 ;  vers 1854 rue Mautrec, 3 ; vers 1856 avec une deuxième adresse cours du XXX Juillet, 8, qui reste ensuite la seule jusqu'à la fin des années 1860.

- l'autre à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), "Moreno", dans la seconde moitié des années 1850 puis les années 1860.

Il est cependant possible que ces deux artistes ne soient qu'une seule et même personne, avec un atelier installé dans ces deux villes, comme d'ailleurs à Nantes, vers 1852.

Moreno (Bordeaux)

Le photographe "Moreno" propose ainsi, à Bordeaux, rue Mautrec, n° 8 et cours du XXX juillet, n° 8, par le biais de plusieurs publicités qui paraissent en décembre 1854, des "portraits sur papier, sur plaque d'argent, acier, verre (...), opère par tous les temps, donne des leçons sur tous les procédés, et fait aussi les portraits au stéréoscope à des prix très modérés".

Les Cartes de visite conservées de ce photographe indiquent :

- un recto nu, avec au verso, "E. Moreno & Co - Photographes, - 2 Cours du XXX Juillet - Bordeaux" ;

- au recto, "E. [Eugenio ?] Moreno & Cie, Phot.", et au verso, "Moreno & Co Photographes - 2 Cours du XXX Juillet - Bordeaux" ;

- au recto, "E. Moreno & Cie, Phot.", et au verso, "Photographie (avec des caractères diminués en taille au centre du mot) - E. Moreno & Cie (ces mots sur fond de fins entrelacs) - 2 Cours du XXX Juillet - Maison du Café Cardinal - Bordeaux (ce mot sur fond de fins entrelacs)".

Moreno (Bayonne)

Par ailleurs, dès le 10 septembre 1853, L'Illustration reproduit une estampe de Banderilleros, "d'après un daguerréotype de Moreno", dans un article sur "Les Courses de taureaux à Bayonne".

"Moreno, photographe espagnol" visite, début octobre 1856, l'ancien château-fort d'Arteaga, situé près de Bilbao (Espagne), et en réalise des photographies. 

Il accompagne l'architecte Couvrechef qui est comme lui, "missionné par l'Empereur Napoléon", pour le domaine que ce dernier veut faire restaurer. L'Empereur souhaite y venir en villégiature avec l'Impératrice Eugénie de Montijo (née à Grenade, Espagne), par le canal de Guernica, depuis leur palais de Biarritz. 

Dix jours plus tard, les protagonistes de cette mission ont un accident de la route, en rentrant à Bilbao, mais en ressortent vivants, avec de fortes contusions cependant.

Il est ensuite l'un des photographes de Bayonne cités dans l'Annuaire-almanach du Commerce et de l'Industrie de 1860 à 1864 puis dans le Guide de l'Etranger à Bayonne et aux environs de 1864 : "MORENO, photographe, rue Lormand, représente à Bayonne le Panthéon de la Légion d'Honneur, il est aussi photographe de la Société de photosculpture de France".

Il souscrit d'ailleurs, mais ne semble pas exposer, à l'organisation de l'Exposition Internationale Franco-Espagnole agricole, industrielle et artistique, placée sous le patronage de l'Empereur, qui a lieu à Bayonne pendant l'été 1864,

Les Cartes de visite conservées de ce photographe précisent :

- au recto, "Moreno, Phot."et au verso, "Moreno, - Photographe - 19, rue Lormand - Bayonne",

- au recto, "Mr. & Mme Moreno Phot.", et au verso, "Moreno, - Photographe - 19, rue Lormand, 19 - Bayonne - (dessin de la médaille de la Légion d'honneur) - seul représentant de l'ordre Impérial - de la Légion d'honneur pour les Départements (textes  concaves) - Des Basses-Pyrénées et des Landes".

C'est Alphonse Delaunet qui succède à Moreno, à l'adresse du 19, rue Lormand, à la fin des années 1860.

(1) Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.
Un photographe du même nom est notamment signalé en Espagne à Saint-Sébastien/San Sebastian, à la fin des années 1890.

(2) Sur Moreno à Bayonne, voir l'article de Juantxo Egaña, "Naissance de la Photographie au Pays Basque", sur le site Euskonews & Media (merci à M. Jacques Battesti, Attaché de Conservation au Musée Basque et de l'histoire de Bayonne de m'avoir signalé cet article).



À SUIVRE






dimanche 8 décembre 2024

1368-DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES À NANTES (1839-1859)-3


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 13/12/2024

RECHERCHES SUR LES

 DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES

TITULAIRES D'UN ATELIER NANTAIS 

ENTRE 1839 ET 1859



LISTE ALPHABÉTIQUE (recherches en cours)


N.B. : le prénom souligné est le prénom d'usage.





- DE LA BLANCHERE


Henri Marie Pierre René MOUL(L)IN [DE LA BLANCHERE] (La Flèche, Sarthe, 2 mai 1821 - Le Havre, Seine-Maritime, 15 avril 1880).

"Pierre-René-Marie-Henri Moullin de La Blanchère, naturaliste et photographe français, né à La Flèche [Sarthe] le 2 mai 1821, fit ses premières études aux lycées de Caen [Calvados] et d'Alençon [Orne] et les termina à Paris au collège Sainte-Barbe. 

En 1841, il entra à l'École forestière [Nancy, Meurthe-et-Moselle]. Nommé garde général, il se fatigua de cette carrière et alla habiter Nantes vers 1848 [et, en 1850, renonça définitivement à son poste de garde-général des forêts à Hirson, Aisne]. Il y acheva ses études de chimie et se livra à des recherches sur l'histoire naturelle des poissons et la pêche maritime et fluviale" (F. Legeay, Nécrologie et bibliographie contemporaine, 1881, p 313). 

Il est naturaliste et peintre et semble alterner, à partir de 1848, entre Nantes (Loire-Atlantique), Tours (Indre-et-Loire), où naît son fils en février 1853, et d'autres villes dont Paris où il est, au plus tard en 1855, l'élève du photographe Gustave Legray/Le Gray (1820-1884).

"Il eut alors l'idée d'appliquer la photographie à ses recherches d'histoire naturelle. En 1835 [1855], il vint se fixer à Paris où il acheta un établissement de photographie. Il devint président pour cinq années de la Société du Progrès de l'art industriel, dont les expositions bisannuelles avaient lieu au palais des -Champs-Élysées" (F. Legeay, op. cit., 1881 p 313). 

En 1855, il ouvre un atelier de photographie à Nantes, rue Contrescarpe, 21, près la place du Bon-Pasteur. 

Il y propose des vues de Nantes et de ses environs (châteaux en ruines de Tiffauges et de Clisson) et d'autres localités prises lors de ses excursions (Auvergne notamment) mais également la réalisation de portraits et de reproductions de tableaux sur papier ciré et sur collodion. 

Dès septembre 1855, ses réalisations, qu'il adresse au journal La Lumière, et sa technique d'encollage du papier ciré qu'il fait présenter dans une note détaillée à l'Académie des Sciences, sont d'emblée jugées remarquables. 

A l'occasion des étrennes de 1856, il propose dès janvier, dans sa galerie chauffée, des daguerréotypes et des photographies en noir et en couleur, un procédé spécial instantané pour petits enfants, des portraits stéréoscopiques et des séries de 12 épreuves au choix parmi 300 vues stéréoscopiques de Nantes et de ses environs (vues d'ensemble et de détails), des reproductions d'œuvres d'art et d'anciens daguerréotypes.

Ses publicités nantaises précisent son adresse mais pas son nom. Il renouvelle le contenu de ses annonces début 1856 mais n'y précise toujours pas son nom.

En juin 1856 (et non en 1855 comme énoncé dans sa nécrologie), il ouvre un atelier à Paris, 39, boulevard des Capucines et devient progressivement membre de plusieurs Académies et Sociétés parisiennes. 

Les publicités pour son atelier nantais continuent cependant de paraître jusqu'en décembre 1856, parce qu'elles étaient programmées depuis longtemps et/ou parce ce que son atelier fonctionne encore, confié à un assistant.

Henri de La Blanchère participe à l'Exposition des Arts industriels de Bruxelles l'été 1856 où il obtient une mention honorable puis à la IIème Exposition de la Société Française de Photographie à Paris l'hiver 1856-57. 

Sa formation de chimiste le pousse à améliorer les techniques photographiques et il rend compte de ses Etudes Photographiques dans le journal La Lumière. Fin 1857, il publie un premier ouvrage sur la photographie, bientôt suivi de nombreux autres (Traité du Collodion sec, 1857 ; L'Art du Photographe, 1859 ; Monographie du Stéréoscope, 1861 ; Répertoire Encyclopédique de la Photographie dès 1862..). 

En 1858, il participe à un ouvrage sur la vie de la comédienne Rachel Félix (décédée en début d'année), écrit par Jules Janin, Rachel et la Tragédie mais en sous-traite les dix photographies reproduisant une série de tableaux, ce qui lui vaut un procès après la parution de l'ouvrage en 1859. 

Au printemps 1860, l'Académie d'Apollon le récompense par une médaille d'or pour avoir réalisé les portraits de ses membres en une collection de cartes de visite.

Fin 1861, il affiche, dans son atelier parisien, deux médailles d'argent et une médaille d'or de première classe et propose des cartes de visite et des stéréoscopies.

Au printemps 1862, en association avec le graveur Auguste Alexandre Baudran (1823-1907), il met au point un procédé de portraits héliographiques à bas prix, gravés sur demi-plaque et présentés dans un écrin de velours.

Le 19 décembre 1862, il est témoin de mariage de l'un des petits-fils photographes de Nicéphore Niépce (1765-1833).

Son atelier nantais affiche son nom jusqu'en 1859 selon certains documents mais jusqu'à 1862 selon d'autres, cédant la place à celui d'Ambroise Duval.





- DES PAQUIS (ou DESPAQUIS)


Pierre Auguste Despaquis (Robert-Espagne, Meuse, 8 février 1820 - Gentilly, Val-de-Marne, 6 janvier 1892 ?).

Daguerréotypeur itinérant, il est de passage à Nantes de fin janvier à début avril 1851, avec un atelier de portraitiste rue Crébillon, 13, au 3ème étage. Son départ est annoncé pour la Russie.

Il est par la suite plusieurs fois signalé dans d'autres villes pour un mois environ, notamment à Cherbourg (Manche), sur le port, avec des portraits au daguerréotype, en août 1852, Auch (Gers), dans la maison de M. Lézian, notaire, avec des portraits photographiques sans retouche sur papier et sur toile, en 1855 ou encore à Epinal (Vosges), rue Léopold-Bourg, maison Focquet, avec des portraits photographiques sans retouche, en octobre et novembre 1857.

Il semble cependant se stabiliser dans les Vosges, résider à Epinal et réaliser notamment des vues de Plombières (1857).

Il exploite, à partir de 1858, une carrière de pierres lithographiques à Lerrain (près Mirecourt), avec le lithographe Jean Hubert Didlon (1802-1876), pendant deux ans au minimum, avant de partir faire carrière à Paris, au début des années 1860.





- DE VOYENNES (ou DE VILLECHOLLE)


François Marie Louis Alexandre GOBINET DE VILLECHOLLE(S) [DE VOYENNE(S), nom de sa mère] dit également FRANCK (Voyennes, Somme, 21 décembre 1816 - Asnières, Hauts-de-Seine, 16 janvier 1906).

Peintre en miniature parisien puis daguerréotypeur itinérant dans l'ouest de la France en 1848. 

Il est de passage à Nantes en mars et avril 1848, avec un atelier situé rue du Chapeau-Rouge, 22, vis-à-vis de la Poste aux Lettres.

Il est de retour à Paris au plus tard en juin 1848 où il s'associe quelques semaines avec Alfred Désiré Boulland. Il repart ensuite, cette fois dans le sud-ouest, et se fixe quelques temps à Toulouse.

En juillet 1849, il ouvre un atelier à Barcelone (Espagne) et le conserve jusqu'au début de l'année 1857. A cette date, il revient à Paris et ouvre, au plus tard l'année suivante, un atelier place de la Bourse, 15.

Voir sur ce blog un article consacré à ses débuts, ici.







- DONET


Claude DONET (Vianges, Côte-d’Or, le 28 mars 1807 - Nantes 28 juillet 1855).

Venant de Côte-d'Or, il s'installe à Nantes comme opticien, dès fin 1845 ou début 1846, rue de la Fosse, 1. 

Il dépose plusieurs brevets d’invention de 15 ans en 1853 et 1854 (fanal lenticulaire ; instrument dit géodésique universel). 

Il est actif comme daguerréotypeur, à la même adresse, de 1853 jusqu'à la date de son décès, l'été 1855 (âgé de 48 ans).

C'est Prosper Cheneveau, opticien et daguerréotypeur lui aussi, qui le remplace, alors que la femme de Claude Donet retourne en Côte-d'Or, dans sa ville natale de Saulieu, accompagnée de sa fille.







- DUVAL


Jean Ambroise DUVAL (Castillon-en-Auge, Calvados, 8 avril 1821 - Le Mans, Sarthe, 17 janvier 1894).

Originaire du Calvados (Castillon-sur-Auge, Saint-Pierre-sur-Dives), Ambroise Duval est, pendant l'été 1856, "artiste photographe" à Paimboeuf (Loire-Atlantique, à 40 km de Nantes), quai Eole, où il propose des portraits à bas prix, des leçons aux amateurs et vend des appareils. 

Il se rend ensuite à Paris en août puis à Lisieux (Calvados), où il demeure jusqu'en novembre environ.

Les documents permettent ensuite de le suivre dans plusieurs villes où il ouvre des ateliers pendant quelques mois, avant d'y placer un assistant. C'est le cas à Angers, rue Plantagenet, 23 où il est signalé de décembre 1856 à la date de son mariage en juillet 1857 (âgé de 36 ans), puis à Orléans, rue Parisis, 8 où naît l'une de ses filles en août 1859.

Il n'en revient pas moins régulièrement à Nantes, rue Contrescarpe, 21, notamment fin 1857-début 1858, où naît l'une de ses filles et où il fait paraître des publicités à son nom, tout en annonçant son départ prochain.

Son adresse nantaise, tant en 1858 qu'en 1861, est celle de l'atelier d'Henri de La Blanchère, auquel il succède. La date de cette succession reste cependant à préciser, les documents fournissant des renseignements contradictoires, impliquant une date allant de 1856 (départ de La Blanchère pour Paris) à 1862 (date du dernier document citant l'atelier nantais de La Blanchère). L'ambiguïté est renforcée par l'absence du nom de La Blanchère sur ses publicités parues en 1856 et par le fait que l'atelier a pu perdurer à son nom, même avec quelqu'un d'autre à sa tête.

Ambroise Duval semble avoir été présent à Nantes au début de l'année 1856 où il a pu être l'élève d'Henri de La Blanchère. Cependant, il ne semble pas lui avoir succédé au printemps 1856 car il a lui-même quitté peu après la ville pour plus de douze mois, sauf s'il s'est fait également remplacer. Une date située fin 1857 semble plus probable, avec ensuite la parution des premières publicités nantaises portant le nom de la "Maison Duval". 

Au cours des années 1860, Ambroise Duval multiplie à nouveau les ouvertures d'ateliers dans plusieurs villes françaises mais il conserve son atelier nantais jusqu'en 1870, date à laquelle il le cède au photographe Alfred Paul Bourigault.






- EUGENNE : (?-?).


Le photographe Eugenne (nom, prénom, pseudonyme ?) n'a pas pu être identifié. Il installe son atelier à Nantes, rue Pas-Périlleux, 10 au cours de l'année 1853.

Son nom est cité dans les annuaires nantais mais dans aucun autre document local ou national.

Il ne publie aucune petite annonce dans les journaux mais conserve la même adresse d'atelier jusqu'en 1859 et n'a pas de successeur.







- FÉLIX (ou Félix X)


Début mai 1843, un daguerréotypeur itinérant dénommé "Félix" propose, pour un mois seulement, un atelier de portraits à Nantes, rue et Hôtel d'Alger, n° 3. 

Il est de retour dans la ville en septembre et octobre 1843, rue Dobrée, avenue des Coulées, et expose chez Mme Pot(t)in (librairie, galerie), passage Pommeraye, en même temps que le daguerréotypeur Karl.

En mai 1844, il est à nouveau présent à la même adresse nantaise pendant trois semaines puis il revient en décembre, pour la saison d'hiver, cette fois, place Gigant, maison Landrin.

Il semble continuer ainsi pendant plusieurs années, rayonnant largement depuis Nantes, notamment dans les préfectures des départements voisins. Il est à nouveau signalé à Nantes en février et mars 1846, avec un atelier, rue Bonne-Louise, 16, près Saint-François.

Józef Feliks Zieliński (Luberadz, Pologne, 18 mai 1808 - Wioska, Pologne, 22 février 1878)
& Stanislas Jacob Garbowski (Varsovie, Pologne, c.1811/12 - Nantes 23 mars 1878)

Si les documents nantais ne permettent pas de découvrir l'identité de l'artiste qui se présente au milieu des années 1840 sous le prénom ou le pseudonyme de "Félix" (1), les historiens polonais ont, depuis la seconde moitié du XX° siècle, identifié leur compatriote, Józef  Feliks/Félix Zieliński, et tous les renseignements ci-dessous proviennent de leurs dernières publications (2).

Félix Zieliński est un jeune employé de banque qui, en tant qu'officier polonais, participe à l'insurrection de Varsovie en novembre 1830. Suite à la chute de la ville en septembre 1831, il fuit la répression russe et se réfugie en France au début de l'année 1832. 

Il habite Paris pendant de nombreuses années, en étant notamment journaliste et écrivain. Il se forme à la daguerréotypie, pendant l'été 1842, auprès du parisien Pierre Ambroise Richebourg (1810-1875).

Il entreprend, dès 1843, une vie de daguerréotypeur itinérant, avec son assistant ou associé Stanislas Jakub/Jakob/Jacob Garbowski/Grabowski, officier et réfugié polonais, arrivé lui aussi en France en 1832. Zieliński réalise d'ailleurs, en 1843, un portrait de Garbowski qui est conservé de nos jours (3) et publie, en 1844, un article faisant le point sur les techniques photographiques (2). 

Les deux daguerréotypeurs semblent alterner entre les villes de Nantes et d'Angers pendant plusieurs années, avant d'ouvrir, vers 1848, un atelier pérenne à Nantes. Ce dernier est cité, dès 1849, place de la Verrerie, 4.

En 1850, Félix Zieliński stoppe cette activité et laisse l'atelier à Jacob Garbowski. Quelques  daguerréotypes signés "Félix" sont conservés de nos jours (3).  

Félix Zieliński part pour l'Espagne puis Istanbul et revient en France vers 1855. Il retourne en Pologne dans sa province natale en 1873 et y décède le 22 février 1870 (4).

En 1850, Garbowski déménage son atelier nantais au 1er étage de la rue du Chapeau-Rouge, 20. Dans les recensements successifs, il y est dit célibataire et cité sous les noms de Garbowski/Barbonsky/Garbonski/Garbaski/Sarbowski, avec exceptionnellement le prénom de Stanislas mais le plus souvent celui de "Félix", qui reste l'intitulé de l'atelier présent dans les annuaires.

Le nom de "Garbowski Jacob" n'est cité qu'une seule fois dans les journaux, lors d'une souscription de 1865, à laquelle participe également son employé F. Jubaut (?-?).

Dans la seconde moitié des années 1860, Garbowski dit Félix déplace son atelier de photographe dans un bâtiment voisin du précédent, rue Boileau, 9, probablement à l'ancien emplacement des photographes Wolter & Thobert.

Il affiche désormais au verso de ses cartes de visite, "Félix - Rue - du Chapeau Rouge - N° 9 - Nantes " puis "Félix - 9, rue Boileau, 9 - Entrée par la rue - du Chapeau Rouge, 9, - Nantes.". Il conserve cette adresse jusqu'en 1874 où il cesse son activité, à 62 ans environ.

"Jacques Garbewski, journalier, célibataire, âgé de soixante-sept ans, né à Varsovie (Pologne), de feus Grégoire et Françoise Graliska, demeurant quai des Tanneurs, numéro quinze", décède à l'Hôtel-Dieu de Nantes, le 23 mars 1878. 

(1) Jean-Marie Voignier, dans son Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, cite sept photographes dénommés "Félix" (Le Pont de Pierre, 1993 p 100).
Je signale l'existence d'un huitième artiste, dénommé Félix (?-?), daguerréotypeur. MM. Félix et Alphonse Leblondel/Le Blondel (1814-1875) sont partis en 1841 en Russie, à la Cour de Saint-Pétersbourg, et ont ouvert, à leur retour, un atelier parisien rue du Hasard-Richelieu, 13.

(2) Voir notamment les recherches récentes (en polonais) de Małgorzata Maria Grąbczewska : 
- "Deux nouveaux daguerréotypes liés à la Pologne en France", Dagerotyp, n° 19, 2010, pp 4-55, CEEOL.
- "Sur le daguerréotype et les daguerréotypistes polonais en France", Dagerotyp, n° 21, 2012, pp 63-68, CEEOL.

(3) Cinq daguerréotypes signés de Félix sont conservés : 
Portrait de Jacob Grabowski, son partenaire, par Félix Zieliński, daté de 1843 et conservé à la Bibliothèque polonaise de Parris.
Portrait d'Adam Mierosławski, Capitaine de la Marine marchande française - réalisé à Nantes - 1849 en mai par J. Zieliński, conservé à la Bibliothèque polonaise de Paris.
Portrait de Benjamin Alexandre Latour (1790-1854), officier du Génie de l'armée, par Garbowski dit Félix (du fait de l'adresse indiquée), datant des années 1850, conservé au Musée de Bretagne à Rennes.
Portrait du Commandant de la Garde Nationale Louis Célestin Bouglé (1790-1862)par Garbowski dit Félix et daté des années 1850, si l'adresse précisée est bien celle du Chapeau Rouge, conservé dans une Collection privée, reproduit dans l'article de Stéphane Pajot sur le site ouest-france
Portrait de Wictor et Marie-Louise Jundziłłpar Félix Zieliński, vers 1860, à Fribourg.

(4) Plusieurs personnes portant le nom de Zieliński sont citées en France au milieu du XIX° siècle. Il semble que certaines biographies confondent cependant l'artiste étudié ici, avec la personne qui a dirigé la Ferme-Ecole de Corée (Loire) dans les années 1840 et qui est devenu par la suite Inspecteur de l'Agriculture. 
- voir l'article de Wikipedia.





- FOREST (ou LAMORÉ DIT FOREST)


Trois frères (fils d'un imprimeur) :

Jules Vincent Joseph LAMORÉ dit FOREST (Nantes 3 mai 1803 - Nantes 14 mai 1878).

Vincent Jacques Joseph LAMORÉ dit FOREST (Nantes 4 octobre 1808 - Nantes 3 mars 1882).

Henri LAMORÉ dit FOREST (Nantes 3 février 1810 - Nantes 16 juillet 1891).


Le samedi le 26 octobre 1839, "M. Forest, libraire à l'entrée de la Fosse", expérimente le Daguerréotype et capture une vue de la ville de Nantes depuis sa fenêtre.

"Enhardi par ce succès, M. Forest se propose de reproduire par la lithographie, d'après le Daguerréotype, plusieurs vues de Nantes, dont les dessins seront confiés au crayon de nos plus habiles artistes".

Dés la fin de l'année 1839, l'épreuve daguerrienne de la Vue des Bains de l'île Feydau est en effet reproduite en lithographie par Eugène de la Michellerie (1802-1875) et publiée dans le troisième tome des Archives curieuses de Nantes.

De nombreuses autres épreuves sont ensuite réalisées et vingt d'entre elles sont sélectionnées et annoncées dans les journaux, mais seulement en 1842. Le projet est désormais de les faire graver sur cuivre (d'après les dessins d'Eugène de la Michellerie ?), notamment par le graveur Frédéric Salathé (1793-1858).

La collection doit être constituée de dix livraisons de deux vues de 24,2x15 cm, imprimées par A. Bougeard de Paris (rue des Mathurins-St-Jacques, 10), permettant de constituer progressivement un album intitulé, La Loire-Inférieure, vues de Nantes et ses environs, prises au Daguerréotype, et gravées sur acier par les premiers graveurs de Paris.

La souscription s'ouvre chez l'éditeur et libraire Forest, en mars 1842, lors de la première livraison. La deuxième livraison a lieu en décembre 1842 et la troisième en juillet 1843. "M. Forest aîné" [Jules Lamoré dit Forest] présente d'ailleurs ces trois premières livraisons, en août 1843, à l'Exposition des produits de l'Industrie nantaise qui se tient à la Bourse. La quatrième livraison a lieu en décembre 1843. 

Les publicités pour cet album continuent de ne citer que ces quatre premières livraisons jusqu'au mois de juillet 1844 et disparaissent ensuite. Cependant, les ouvrages bibliographiques postérieurs préciseront parfois "qu'il n'a paru que 5 livraisons contenant chacune 2 planches ; plus une planche de la 6ème livraison".

Cette collection innovante, projetée fin 1839, n'a pris forme qu'en 1842 et ne s'est achevée qu'en 1845 ou 1846, avec l'édition de seulement 11 des 20 vues prévues.

Quant aux auteurs potentiels des daguerréotypes dont quelques épreuves sont conservées de nos jours au Musée d'Histoire de Nantes, plusieurs noms ont été avancés : ceux d'Henri Baudoux, d'Eugène Leboeuf, de Karl (qui aurait signé trois des épreuves ?) et des frères Lamoré dits Forest, Jules (imprimeur et libraire) et Vincent (imprimeur, libraire et lithographe), qui sont les éditeurs de l'album étudié, et Henri (confiseur)

Les épreuves ont pu être réalisées par différents daguerréotypeurs, non seulement sur la période allant de fin 1839 à fin 1841 mais même au-delà, de nouvelles épreuves daguerriennes ayant pu être substituées aux précédentes, avant d'être confiées aux graveurs dont l'identité, là encore, n'est que partiellement connue.





- GARCIN (? - ?)


Fin juin 1841, M. Garcin de Paris, jeune dessinateur et daguerréotypeur itinérant venant de Tours où il a réalisé plus de 600 portraits, s'installe à Nantes pour quelques semaines. Il expose dès son arrivée des portraits chez les libraires Suireau et Po(t)tin.

Son atelier est situé pour quelques jours rue Rubens, 48, en l'attente d'un local plus adapté, avec jardin ou cour, situé rue Gresset, 10. Il propose des portraits en moins de 10 secondes, leur retouche au dessin ou à la peinture et également leur réduction pour bague ou médaillon. Il se déplace à domicile et opère par tous les temps.

Après deux mois et demi, pendant lesquels il fait connaître son activité par pas moins d'une vingtaine de petites annonces, il quitte la ville début septembre 1841, 

Il faut peut-être identifier ce jeune artiste au Suisse, Auguste Louis GARCIN (Genève 22 mai 1816 - Genève 1er février 1895), graveur (?), puis daguerréotypeur itinérant dès les années 1840, avant de se fixer, au milieu des années 1850, comme photographe à Genève. Son itinérance semble avoir été internationale, étant notamment signalé à Turin, en 1845 (1).

(1) Voir les documents qui lui sont consacrés sur le site de la Bibliothèque de Genève, notamment sa notice, bge-geneve.ch.
Voir également l'un de ses daguerréotypes genevois, daté du 10 mars 1852, sur le site, notrehistoire.ch.



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