dimanche 21 janvier 2024

1330-SOUVERAINS ET PHOTOGRAPHES À NICE (1850-1860)-2

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Photographe anonyme, Portrait de couple, daté "Nice 1856",
Le Duc (1811-1863) et la Duchesse (1817-1888) de Hamilton, 
William Alexander Archibald, âgé de 45 ans et
Marie Amélie Elisabeth Caroline, âgée de 38 ans,
 épreuve de 19x16 cm, P_240-1.r-23.-3,
 Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).

Comparer avec le portrait de la Duchesse de l'Album du Château de Compiègne, Photo RMN, ici


UN ARTICLE ÉCRIT EN COLLABORATION AVEC DIDIER GAYRAUD

VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE


SOUVERAINS ET PHOTOGRAPHES À NICE (1850-1860)



Ce deuxième article va étudier les saisons d’hiver passées à Nice au milieu du XIX° siècle par la Princesse Marie de Bade (1817-1888) et son époux le Duc William de Hamilton (1811-1863) et les liens potentiels qu'ils ont tissés avec les photographes Eduard Baldus (1813-1889) et Henri de Rostaing (c.1824/26-1885).



MARIE DE BADE (1817-1888) ET LE DUC DE HAMILTON (1811-1863)


Les années 1840

William Archibald Alexander Marquis de Douglas et de Clydestale (né à Londres le 19 février 1811), est le fils d'Alexander Duc de Hamilton et de Brandon (1767-1852), pair d'Ecosse et de Grande-Bretagne, propriétaire de nombreux domaines et homme politique anglais grand admirateur de Napoléon Ier.

William Marquis de Douglas rencontre, lors de la saison d’hiver 1841-42 à Nice, Marie Amélie Elisabeth Caroline de Bade (née à Karlsruhe le 11 octobre 1817), fille de la Grande-Duchesse de Bade (elle-même fille adoptive de Napoléon Ier). Après des fiançailles à l'automne 1842, le mariage est célébré le 23 février 1843 à Mannheim (Grand-Duché de Bade). 

Le couple va avoir trois enfants, William Alexander Louis Stephen (né à Londres le 12 mars 1845), Charles George Archibald (né à Londres le 18 mai 1847) (Image 2) et Mary Victoria (née à Hamilton le 11 décembre 1850).

Marie de Bade a pour cousin germain le Prince Louis-Napoléon Bonaparte, qu'elle a notamment côtoyé à Bade et qui a souhaité l'épouser au début des années 1830. Ils en conservent une relation privilégiée. Pendant son exil de près de deux ans en Grande-Bretagne (1846-1848), le Prince est d'ailleurs accueilli dans les domaines écossais des Hamilton, notamment fin 1846.


2- Photographe anonyme, Portrait de deux frères, daté "Nice 1855",
Portrait des Fils Hamilton,
à gauche, l'aîné William (1845-1895) âgé d'environ 10 ans,
à droite, Charles (1847-1886), âgé d'environ 8 ans,
 épreuve de 19x14 cm, P_240-1.r-23.-23,
Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).




Les années 1850

Au tournant des années 1850, la famille Hamilton participe aux cérémonies et séjours organisés dans le Grand-Duché de Bade par la mère de Marie, en Angleterre et Ecosse par le père de William et en France par le Prince Louis-Napoléon Bonaparte, devenu entre-temps Président de la République puis Empereur des Français.

Marie reçoit notamment sa mère, Stéphanie Grande-Duchesse de Bade (1789-1860), à Hamilton Palace, en avril 1850.

Le Duc d'Hamilton décède en 1852 et est inhumé à Hamilton Palace, dans le Mausolée familial qu'il a fait ériger dès 1842 (Image 7 en fin d'article). William, devient le 11ème Duc de Hamilton et son épouse, Princesse Marie de Bade et Duchesse de Hamilton. 

Le Duc possède désormais, outre des propriétés londoniennes, le duché anglais de Brandon, et, en Ecosse (près de Glasgow), le duché de Hamilton, les marquisats de Douglas et de Clydesdale, les comtés d'Angus et d'Arran et, en France, le duché français de Châtellerault dans la Vienne (Pavillon de chasse). Il est de plus le gardien de la résidence royale de Holyrood Palace à Édimbourg.

Le couple Hamilton reçoit la Grande-Duchesse Marie de Russie (1819-1876) à Hamilton Palace, en septembre 1853.

Les époux Hamilton participent à la visite officielle de Napoléon III à Londres, fin avril 1855 puis celle, en retour, de la Reine Victoria à Paris, fin août de la même année. 

Dans le milieu et la seconde moitié des années 1850, le Duc et la duchesse de Hamilton alternent les saisons d'hiver à Paris, Nice (Image 1 en tête d'article) et Pau, avec des saisons d'été à Bade (Note 8).

Suite au décès de la Grande-Duchesse Stéphanie de Bade à Nice, le 29 janvier 1860, Marie de Bade devient désormais Grande-Duchesse de Bade et Duchesse de Hamilton.

Le couple accueille notamment à Hamilton Palace, début décembre 1860, l'Impératrice Eugénie (1826-1920), lors de son voyage de trois semaines en Grande-Bretagne.


3- Photographie attribuée à Edouard BALDUS, Vue du Pont Neuf & du Quai Masséna à Nice s/mer, sans date,
avec la présence de l'Obélisque des Juifs (1826/27-1861),
épreuve de 43x27 cm, P_240-1.r-7.-1,
 Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).

Voir une épreuve identique conservée au San Francisco Museum of Artici.



LES PHOTOGRAPHES BALDUS (1813-1889) ET ROSTAING (c.1824/26-1885)


Les Photographes

Eduard Baldus (né en 1813 à Grünebach), est un peintre et graveur prussien qui s'est converti à la photographie à Paris, dès les années 1840. Membre de la société Héliographique, il participe à la célèbre Mission du même nom, chargée par le Ministre d'Etat de faire l'inventaire photographique des monuments du Sud de la France. Il est l'un des rares photographes primitifs à maîtriser alors la technique du calotype (Note 9). 

Il sillonne ensuite l'intégralité du territoire français pendant plus de deux décennies, photographie ses monuments et paysages qu'il expose et publie sous forme d'albums. Il obtient la nationalité française en 1856 (adoptant le prénom d'Edouard). Son nom est reconnu internationalement et ses photographies sont conservées par centaines dans les plus grandes institutions.


  
4- Signatures des photographes.


Le Marquis Henri de Rostaing (né vers 1824/26 à Paris) est pour sa part un riche propriétaire français qui vit à Paris et pratique la photographie. Son nom ne s'est vraiment imposé qu'à partir de 1991 puis 2012, dates de vente de sa collection par ses héritiers. 

Parmi les clichés dispersés, six photographies dont trois du Comté sarde de Nice et trois de Cauterets (Hautes-Pyrénées) portent notamment sa signature inscrite dans la marge, "Mis de Rostaing", mais également celle d'Edouard Baldus inscrite dans le négatif, "E. Baldus"  (Rochester, George Eastman Museum).

Henri de Rostaing a dès lors été considéré comme un photographe amateur, formé par Edouard Baldus et pratiquant la photographie en dilettante, d'autant qu'il ne semble pas avoir vécu de son art, ni même exposé. Sa production connue semble limitée à une cinquantaine de vues seulement.

L'hypothèse d'une excursion photographique où l'élève Henri de Rostaing aurait notamment accompagné le maître Edouard Baldus à Nice, dans les années 1850, s'est donc imposée. Mais est-ce bien le cas ?

Edouard Baldus est membre de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale au début des années 1850. Henri de Rostaing devient, à son tour, membre de cette société début 1855, non pas en tant que "propriétaire" mais en tant que "photographe" et il intègre la Commission des Beaux-Arts dès juillet (Note 10).

Il est possible qu'Edouard Baldus ait été le professeur d'Henri de Rostaing pour la technique du calotype et la prise de vues de paysages urbains et naturels mais, sauf à penser que l'un s'est indûment approprié les clichés de l'autre, le ou les voyages effectués ensemble semblent davantage relever d'une véritable collaboration.

La production signée des deux photographes, toutes Collections confondues, révèle qu'ils ont fréquenté les mêmes lieux, comme Paris, Rouen (Seine-Maritime), Pont-en-Royans (Isère), ainsi que plusieurs sites des Pyrénées dont Cauterets et de nombreuses villes du Var (département où le marquis de Rostaing possède le Château de Neïsson, à Seillans). 


5- Photographe anonyme, Port de Nice, sans date,
épreuve de 26x19 cm, P_240-1.r-11.-11,
Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).



Vues du Comté de Nice

La collection photographique des Archives Nationales de Hongrie, récemment mise en ligne (2021), révèle une quarantaine de vues de Nice (Images 3 et 5 ci-dessus) et de ses environs dont huit portent à l’encre la date de "1856" inscrite dans le montage (Note 11).

Quinze de ces vues sont attribuées à Edouard Baldus (Image 3 ci-dessus), malgré l'absence de tout signe distinctif (signature ou même titre et numéro inscrits dans le négatif) (Note 12).

Une vue est pour sa part à porter au crédit du Marquis Henri de Rostaing car elle porte dans le montage, au-delà des mentions, "Nice 1856" et "hommage respectueux de l'auteur", sa signature, "Mis de Rostaing". Son écriture semble se retrouver sur l'ensemble des vues restantes et quinze d'entre elles présentent d’ailleurs ce qui apparaît comme son monogramme, "HR".

Henri de Rostaing a laissé de nombreuses traces de ses séjours à Nice dans les années 1850, dont un portrait de lui (Image 6 ci-dessous), alors qu'Edouard Baldus ne semble n'en avoir laissé aucune (Note 13).

Cependant, un article de presse de décembre 1857 laisse penser le contraire : "M. Baldus, qui a terminé son Louvre [photographies du chantier du nouveau Louvre de Napoléon III, 1855-57], vient de publier une série de vues prises dans ce beau pays qui borde la Méditerranée et qu'on nomme la "Corniche". C'est simplement admirable" (Gazette Nationale, ou le Moniteur Universel du 3 décembre 1857 p 4). C'est le nom du Marquis Henri de Rostaing qui, cette fois, n'est pas cité.

Cet intitulé de "Corniche" se retrouve, toutes Collections confondues sur quelques épreuves conservées, inscrit entre parenthèses dans le négatif, en bas et à gauche de l'image, précédé du titre et suivi d'un numéro compris entre 93 et 102. A droite de l'image, se trouve la signature, "E. Baldus", inscrite dans le négatif mais accompagnée, sur trois des vues déjà évoquées, de la signature dans le montage, "Mis de Rostaing" (Note 14).


6- Photographe anonyme, Portrait du Marquis Henri de Rostaing, daté "Nice 1856" et signé "Mis de Rostaing",
ce dernier est alors âgé d'environ 31 ans,
noter que le tissu qui recouvre le dossier du fauteuil est le même que celui qui recouvre 
la table dans le Portrait des Fils Hamilton (atelier de Pierre Ferret ?) (Image 2),
 épreuve de 19x14 cm, P_240-1.r-24.-6,
Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).



LES HAMILTON ET LES PHOTOGRAPHES


Des commandes ?

Les vues du Comté de Nice ont probablement été acquises par le couple Hamilton, ce qui en explique la présence dans les Archives nationales de Hongrie (Note 11). 

Les deux photographes connaissent peut-être le Duc et la Duchesse de Hamilton avant même 1856. Edouard Baldus, du fait de sa mission officielle et de sa renommée, a pu les rencontrer à Paris, notamment lors de leur présence à la clôture de l'Exposition Universelle de 1855. Quant-au Marquis de Rostaing, du fait de son rang, il a pu les rencontrer lui aussi à Paris mais également à Nice ou à Londres dans les séjours qu'il y a accomplis en 1854 et 1855.

Les Archives de Hongrie conservent également des vues de ces photographes qui montrent les propriétés du Duc et de la Duchesse de Hamilton, tant en Angleterre qu'en Ecosse. On peut se poser la question de savoir si cela ne constituerait pas une réponse à une commande de leur part.


Vues d'Angleterre et d'Ecosse 

La Collection hongroise comprend six vues des propriétés du Duc de Hamilton, avec deux vues du Manoir anglais d'Easton (près de Woodbridge, Suffolk) et quatre vues du domaine écossais de Hamilton (ParcPalais et Mausolée de Hamilton Palace, Château de Chatelherault, South Lanarkshire). 

Ces photographies, parfois sans titre ou intitulées en français ou plus rarement en anglais, sont toutes dépourvues de date. Elles sont à nouveau attribuées, malgré l'absence de signe distinctif, à Edouard Baldus, alors que la vue du Mausolée de Hamilton Palace affiche le monogramme "HR", renvoyant à Henri de Rostaing (Image 7 ci-dessous)

D'autres Collections internationales conservent d'ailleurs des photographies des différents domaines écossais, avec des vues d'Édimbourg (Holyrood Palace, Duggery Lodge), de l'Isle d'Arran (Château de Jacques IV, Château de Brodick, Village en ruines, Grotte, Paysageset de Hamilton Palace (Parc, Palais, Mausoléedont deux sont identiques à celles de Hongrie (Note 15). 

Or six de ces vues portent la signature du marquis de Rostaing et huit autres lui sont attribuées, mettant à nouveau en question la participation de Baldus.


7- Photographie attribuée à Edouard BALDUS mais soulignée du monogramme "HR",
Mausolée du Parc d'Hamilton Palace (South Lanarkshire), sans date,
 épreuve de 45x39 cm, P_240-1.r-7.-46,
Magyar Országos Levéltár (Archives nationales de Hongrie).



Le calendrier de l'année 1856

La date de "1856" portée sur les vues du Comté de Nice conservées en Hongrie a entraîné une recherche plus détaillée du calendrier des protagonistes lors de cette année-là.

Le Duc et la Duchesse de Hamilton gagnent Londres puis Paris en novembre 1855. Leur venue à Nice est annoncée dès le 10 décembre 1855 mais leur présence n'est confirmée que le 6 janvier 1856. 

Après plusieurs mois de villégiature, leur séjour prend fin le 26 avril 1856. Ils embarquent, à cette date, sur le bateau pour Marseille puis font étape quelques jours dans cette ville, à l'Hôtel d'Orient. Ils regagnent ensuite Paris où ils visitent le 3 juin, aux côtés de l'Impératrice Eugénie, le Concours Agricole Universel, et célèbrent le 14 juin le baptême du Prince-Impérial.

Henri de Rostaing arrive également à Nice début janvier 1856, après avoir fait refaire son passeport à Marseille le 4 du moisIl quitte Nice le 26 avril 1856 par le même bateau que le Duc et la Duchesse de Hamilton puis, comme eux, fait étape à Marseille et séjourne à l'Hôtel d'Orient (Le Sémaphore de Marseille du 26 avril 1856 p 1 et du 2 mai 1856 p 2) .

Il poursuit probablement son voyage vers Paris, en leur compagnie (Edouard Baldus n'est jamais cité).

En juillet, Henri de Rostaing quitte Paris et est l'une des personnalités qui accompagnent le Duc et la Duchesse de Hamilton en Grande-Bretagne. Ensemble, ils visitent la ville de Londres (Glasgow Courier du 31 juillet 1856 p 2).  

Fin octobre, le Marquis de Rostaing est cette fois le seul à accompagner le Duc de Hamilton dans la visite de ses domaines écossais. Après l'Isle d'Arran et Glasgow, ils retournent à Hamilton Palace (Glasgow Herald du 22 octobre 1856 p 6).

C'est probablement à cette occasion que le Marquis Henri de Rostaing, réalise les photographies qui sont conservées aux Archives Nationales de Hongrie (Image 7 ci-dessus) et dans d'autres collections.

Leur retour en France a probablement lieu en novembre car le Duc et la Duchesse de Hamilton sont ensuite signalés à Paris puis se rendant à Pau, où ils arrivent le 11 décembre 1856, pour y passer l'hiver.

Une Vue du Château de Pau (Getty Images), au titre inscrit dans le négatif mais dépourvue de signature, est d'ailleurs attribuée à Henri de Rostaing (Note 16).



ÉPILOGUE


Si l'on recense, dans l'ensemble des Collections internationales, les vues des deux photographes datant des années 1850 et montrant les lieux évoqués, on trouve :

- 11 épreuves du Comté de Nice signées de Baldus (dans le négatif dont 3 également dans le montage) et 12 de Rostaing (dans ou sous l'épreuve, l'une d'elles étant datée de "février 1855") dont 3 signées de leurs deux noms ; 17 vues du Comté de Nice sont attribuées à Baldus et 16 sont attribuables à Rostaing du fait du monogramme "HR" (Note 17) ;

- sur les 16 vues des domaines anglais et écossais, aucune n'est signée de Baldus mais 8 le sont de Rostaing ; 5 vues sont attribuées à Baldus (l'une d'elles présentant cependant le monogramme "HR") ;

- une série de vues de La Corniche éditée par Baldus (en 1857) mais aucune par Rostaing ;

Si l'on décompte, de la même façon, les séjours et les liens attestés en 1856, on n'obtient aucune preuve d'un séjour de Baldus à Nice mais plusieurs d'un séjour de Rostaing (visas de passeport) et même un portrait de lui, daté de "Nice 1856" et accompagné de sa signature (Image 6). 

Il faut cependant rappeler qu'Edouard Baldus n'obtient la nationalité française qu'après cette saison 1855-56 (le 26 mai 1856) et qu'il a donc dû s'adresser à Nice, pour sa demande de visa, au Consulat de Prusse (registres inconnus).

- aucune preuve d'un séjour de Baldus en Ecosse mais plusieurs d'un séjour de Rostaing ;

- aucune preuve de liens entre Baldus et le couple Hamilton mais plusieurs entre ce couple et Rostaing. 

Cependant, il est fort probable que les portraits d'enfants dits de "Pierre et Madeleine Bourquelot de Cervignières" (Metropolitan Museum of Art de New York), attribués à Edouard Baldus et datés du "2 avril 1858", soient en réalité des portraits de Mary Victoria (1850-1922) et Charles George de Hamilton (1847-1886). 

Madeleine et Pierre Bourquelot de Cervignières ne peuvent pas avoir posé en avril 1858 car ils sont respectivement nés en 1861 et 1862 mais il est vrai que la date indiquée peut être erronée ou ne pas correspondre à la date de pose.

À cette date, Mary Victoria de Hamilton est âgée de 7 ans et 3 mois et Charles Georges a presque 11 ans, ce qui peine également à correspondre à l'âge des enfants des photographies (une date de 1853 correspondrait davantage ; comparer avec l'Image 2, en début d'article, datée de 1855) ; le garçon y est revêtu d'une tenue écossaise (ici) et les traits de son visage correspondent à ceux du fils du Duc de Hamilton.

Le bilan est donc extrêmement contrasté. Les deux photographes ont peut-être réalisé ensemble plusieurs excursions photographiques dont celle de Nice au début de l'année 1856 mais Henri de Rostaing semble s'être rendu seul en Ecosse pour y photographier les domaines du Duc à la fin de la même année. Plusieurs séjours postérieurs du Marquis Henri de Rostaing sont d'ailleurs attestés tant à Nice qu'en Ecosse.



NOTES


8- Le couple Hamilton passe les saisons d'hiver 1854-55, 1855-56 et 1857-58 à Nice, celle de 1856-57 à Pau (domaine impérial) et celle de 1858-59 à Paris.

9- Cette technique, contrairement au daguerréotype, est basée sur l'utilisation d'un négatif papier transparent, salé et sensibilisé qui, après la prise de vue de paysages avec une pause d'environ 3 minutes, est développé, lavé puis fixé, permettant ensuite le tirage de multiples épreuves positives sur papier sensibilisé, par mise en contact avec le négatif et exposition au soleil.

10- Suite à la Mission Héliographique, Edouard Baldus dépose en mai 1852 son mémoire Concours de Photographie (Essais pratiques de la Photographie sur papier) au secrétariat de la Société d'Encouragement à l'Industrie Nationale (voir le Mémoire sur Gallica). Pour Henri de Rostaing voir le Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale d'août 1855 p 487 et de décembre 1855 p 859.

11- Les Archives nationales de Hongrie (Magyar Országos Levéltár) semblent conserver des éléments des Archives du Grand-Duché de Bade et notamment un grand nombre de photographies échelonnées sur toute la seconde moitié du XIX° siècle et au-delà, probablement parce que la fille du Duc de Hamilton, Mary Victoria (1850-1922) s'est mariée en secondes noces, à Budapest, avec le Comte hongrois Tasziló Festetics de Tolna (1850-1933) et y a fini ses jours. La partie qui date des années 1850 offre : 

- d'une part, des vues du Comté de Nice, parfois datées de "1856" (épreuves sur papier salé de deux formats, environ 19x25 cm et environ 31x41 cm), avec 48 vues dont 4 sont en double (soit 44 vues différentes) et 2 sont, malgré leur titre, celles de lieux extérieurs au Comté de Nice (soit 42 vues du Comté de Nice dont 26 de la ville de Nice) (Archives nationales de Hongrie, Magyar Országos Levéltár, P_240-1, albums de vues, P_240-1.r-2., r-7., r-10., r-11) (voir la Note 18) 

- et d'autre part des portraits réalisés à Nice, souvent datés de "1855" (l'un de "May 1855") ou de "1856" (formats divers d'environ 8x11 cm, 15x19 cm, 21x27 cm, 25x32 cm, 30,5x38 cm) (Archives nationales de Hongrie, Magyar Országos Levéltár, albums de portraits, P_240-1.r-23., r-24. et a.).

12- A la National Gallery de Washington, la vue ouest-est, Les Ponchettes à Nice, semble également attribuée à Edouard Baldus, en l'absence de signe distinctif.

13- Visas de passeport du Marquis Henri de Rostaing, conservés aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes : du 18 mars 1854 (1Z 270, n° 1134) ; du 13 janvier et du 10 avril 1855 (1Z 271, n° 149 et 1239) ;  du 26 avril 1856 (1Z 272, n° 1958) ; du 6 janvier 1857 (1Z 273, n° 68) ; du 11 janvier 1859 (1Z 275, n° 178). L'Avenir de Nice du 10 novembre 1859 signale également l'arrivée du Marquis à l'Hôtel Paradis (Archives Départementales, Presse ancienne en ligne).

14- Vue n° 93 (Pont de St. Louis, près Menton) au G. Eastman Museum de Rochester et dans The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art de New York ; n° 94 (Village d'Esa) aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes, Nice, dans The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art de New York et dans une Collection privée ; n° 95 (Route de St; André ou de Nice à Levens) au G. Eastman Museum de Rochester et dans The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art de New York ;  n° 96 (Chapelle de Saint-Pons, près de Nice) au Musée des Beaux-Arts du Canada ; n° 98 (Moulins à huile de Levens, près de Nice) aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes et dans une Collection privée (mais là sans signature) ; 102 (Grotte de Saint-André, près de Nice) au G. Eastman Museum de Rochester. 

15- Au total, 16 vues des domaines anglais et écossais du Duc de Hamilton sont connues (dont 3 en double) : 6 sont conservées dans les Archives nationales de Hongrie, 7 dans des Collections privées, 2 aux National Galleries of Scotland d'Edinburgh et 1 à la National Gallery of Art de Washington.

16- Cette vue du Château de Pau est très proche de vues semblables réalisées par John Stewart ou Michel Pacault (Château de Pau, Photo RMN). Il est à noter que le photographe de Pau, Pierre Langlumé, qui a réalisé en 1855 un Album du Château de Pau (Château de Pau, Photo RMN), en dédicace un exemplaire à "S.A. Marie, Princesse de Bade, Duchesse d'Hamilton" et lui offre au château, le 25 décembre 1856 (Archives nationales de Hongrie).

17- 102 épreuves du Comté de Nice des années 1850 sont connues (avec 33 vues en double) dont 48 ne sont ni signées ni attribuées :  

- 48 vues sont conservées aux Archives nationales de Hongrie, 23 au Château de Compiègne, 15 dans des Collections privées, 4 aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes, 3 au G. Eastman Museum de Rochester, 3 dans The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art de New York, 2 aux Archives Municipales de Nice, 1 à la Bibliothèque Municipale de Cessole de Nice, 1 au San Francisco Museum of Art, 1 à la National Gallery of Art de Washington, 1 au Musée des Beaux-Arts du Canada.

- Il existe également plus d'une douzaine de négatifs conservés dans des Collections privées. Certains correspondent aux épreuves positives listées ci-dessus mais d'autres sont sans équivalent connu.

18- Quelques vues du Comté de Nice portent potentiellement des titres erronés. Leur écriture est cependant semblable à celle des titres des autres vues, comme si l'erreur venait de l'auteur lors de l'identification de ses propres clichés. 

- La Vue du Château de St. André, Nice 1856 est bien une vue de la commune de Saint-André-de-la-Roche, près de Nice mais celle de la Chapelle Sainte-Claire-de-l'Abadie.

- La vue St. Pons. Nice ne montre pas le Couvent de Saint-Pons près de Nice mais la Chapelle de Notre-Dame de Pouyey-Laün d'Arrens-Marsous (Hautes-Pyrénées), liée par le souvenir à la famille de Beauharnais dont est issue la Duchesse de Hamilton.

- Deux photographies connues en plusieurs exemplaires, la vue intitulée La Corniche, n° 95 ou Route de St. André à Levins près de Nice s/mer ou encore Route de Nice à Levins [Levens] et la vue n° 98 des Moulins à huile à Levins près de Nice s/mer, pourraient représenter les lieux annoncés mais un fort doute subsiste.

- Enfin, les cascades de la vue intitulée Levins près Nice semblent davantage celles de Tivoli près de Rome. Une photographie identique, intitulée Piccole cascate dell'Anio vicino Tivoli, est d'ailleurs attribuée au photographe anglais établi à Rome, Isaac Atkinson dit James Anderson (1813-1877), et datée de la seconde moitié des années 1850. Cette dernière photographie interroge sur la réunion potentielle, dans les albums de Hongrie, de vues montrant non seulement différents lieux mais également réalisées par différents photographes.