dimanche 3 septembre 2023

1311-NICE, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS DU JARDIN PUBLIC-6


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DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 03/09/2023



NICE - LE JARDIN PUBLIC SOUS LE SECOND EMPIRE


27- Plan Indicateur de la Ville de Nice, détail, janvier 1865, 
Georges Erhard Schieble, graveur (1821-1880), Charles Jougla (1834-1909), éditeur, 
Paris, BnF (Gallica).

Le Jardin Public affiche son nouveau plan rectangulaire, avec quatre entrées situées dans les angles. Il est entouré d'une allée piétonne et d'une haie qui le séparent des voies carrossables environnantes. 

La représentation du bassin est étrange, englobée dans les parterres, et diffère non seulement des plans précédents mais également des plans suivants (plan publié dans l'ouvrage Elisée Reclus en 1866 ; Plan Indicateur de la Ville de Nice de novembre 1867 ; plan publié dans l'ouvrage d'Emile Négrin de 1869...). Le bassin apparaît cependant sur la même diagonale que le Palmier de l'Annexion et que l'estrade de la musique (entourée de jeunes plantations).

 La ligne de palmiers du bord de rive n'est pas représentée (de même que les plantations de la Promenade des Anglais ou de la place des Phocéens). Le tout nouveau Pont Napoléon III et le grand escalier qui l'accoste à l'ouest sont pour leur part représentés.



Les années 1865-1870

Le mardi soir 14 février 1865, un grand feu d'artifice réunissant près de 30.000 personnes a lieu près du Jardin Public, à l'embouchure du Paillon, au bénéfice de la construction de l'église Notre-Dame (avenue du Prince-Impérial) (Journal de Nice des 13 et 16 février 1865).

Au début du mois de mars 1865, les nouveaux espaces du Jardin Public sont enfin aménagés. Quatorze jeunes orangers, disséminés jusque-là dans les parterres, sont notamment réunis sur la butte créée au nord de l'estrade de musique et de nombreux chênes verts sont plantés dans le Jardin Public mais également le long de la Promenade des Anglais (Journal de Nice du 5 mars 1865). 

Sur la rive gauche, la gare provisoire de la place des Phocéens, qui aurait dû être démolie l'été 1864 après la construction de nouveaux bâtiments sur le site même de la future gare, a cependant été conservée afin d'accueillir les expositions du printemps 1865. 

A la fin du mois de mars 1865, elle est aménagée dans ce but et entourée de nombreux hangars disposés à proximité, sur la place des Phocéens, le boulevard du Midi et la plage, et les stands horticoles envahissent l'espace du Jardin public (Journal de Nice du 3 avril 1865)


28- RAYNAL (?-?), dessinateur, Nice. - Bâtiments de l'ancienne gare
 affectés à l'exposition industrielle et agricole, 1865,
vue est-ouest, prise depuis l'angle du boulevard du Midi et de la place des Phocéens,
 estampe publiée dans Le Monde Illustré du 22 avril 1865 p 244.

La vue montre la place des Phocéens, avec la face orientale de la gare provisoire (rive gauche), le Pont Napoléon III et la place du Jardin Public (rive droite). 

De nombreux aspects de l'arrière-plan ne semblent pas conformes à la réalité, comme le nombre de réverbères du Pont Napoléon III, l'angle du quai des Palmiers, la taille des palmiers ou les bâtiments et l'angle sud de la place du Jardin-Public.



L'Exposition des Beaux-Arts a lieu du 11 avril au 15 mai 1865 puis le Concours Régional d'Industrie et d'Agriculture du 28 avril au 5 mai 1865. 

"C'est sur ce quai sans rival, sur ce beau pont qui semblait bâti pour la circonstance et sur le magnifique jardin public de la ville que la triple Exposition agricole, horticole et industrielle avait déployé ses tentes" (Journal d'Agriculture pratique, 1865 pp 518-522). 

Si les hangars sont démontés fin mai 1865, le bâtiment de la gare provisoire ne le sera que fin septembre 1865 (Journal de Nice du 22 mai 1865 et du 22 septembre 1865).  

Le souvenir de ces expositions va cependant perdurer du fait de la présence du Cosmographe, cet observatoire astronomique créé au début des années 1850 par François Ouvière (1807-1867). 

Présenté lors du Concours Régional sur la terrasse du grand escalier de la Promenade des Anglais (Journal de Nice du 27 avril 1865), récompensé par une médaille d'or de 1ère classe puis acquis par la Ville en mai, le Cosmographe est installé d'une manière pérenne, dans les semaines suivantes, à ce même emplacement (Journal de Nice du 25 juin 1865). Le monument est constitué du Cosmographe en fonte (env. 1, 80 m), élevé sur un piédestal dorique de section carrée (env. 2 m), le tout entouré d'une grille circulaire.  


29- ANDRIEU Jean (1816-?), Nice, Le Jardin Public, détail, été 1865, 
vues stéréoscopiques ouest-est, prises depuis l'étage de l'Hôtel des Anglais, 
deux tirages albuminés de 7,2x7,8 cm, sur carton de 8,5x17 cm,, Collection personnelle.

Au tout premier plan, sur la rive droite, l'ancien rond-point de la musique apparaît bordé de deux petits kiosques. L'estrade de la musique est désormais installée à l'est du Palmier de l'Annexion (automne 1864), entourée de jeunes plants présentant des protections coniques en bois. Les parterres orientaux, aménagés récemment (mars 1865), offrent encore des plantations peu développées. En bord de rive, la ligne de palmiers (groupés par trois et entourés de treillages) s'interrompt avant l'entrée du Pont Napoléon III (ces plantations sont cependant réclamées depuis le début de l'année ; Journal de Nice du 6 mars 1865).

Sur la rive gauche, le bâtiment de la gare provisoire est encore présent sur la place des Phocéens (il ne sera démonté que fin septembre 1865). Cet indice de datation est renforcé par les autres vues de la série de Jean Andrieu qui impliquent l'été 1865 (notamment la vue est-ouest n° 1700 montrant le Pont Napoléon III accosté du Cosmographe, installé d'une manière pérenne en mai ou juin 1865 sur la terrasse du grand escalier de la Promenade des Anglais).


30- ANDRIEU Jean (1816-?), 1692 - Nice, Quai Masséna, été 1865,
vues stéréoscopiques nord-est/sud-ouest prises du quai des Palmiers 
(dénommé ici, "Quai Masséna"), deux tirages albuminés de 7,2x7,8 cm, sur carton de 8,5x17 cm, 
Collection personnelle.

La vue montre le trottoir et la voie carrossable du bord de rive. Le garde-corps du quai (été 1864) est ponctué de réverbères et les palmiers, espacés de tuteurs et entourés de treillages (semblables à ceux de la Promenade des Anglais), s'interrompent avant le Pont Napoléon III (des eucalyptus intermédiaires seront plantés au printemps 1866 et leur "magnifique développement" sera noté par L'Avenir de Nice du 3 août 1866).

Le Jardin Public est visible sur la droite de l'image, avec ses plantations et notamment, le Palmier de l'Annexion. Les travaux de l'Hôtel des Anglais sont en cours d'achèvement. L'avant-corps oriental de l'hôtel est désormais dominé par la haute toiture de la façade centrale. La terrasse, qui borde la toiture, devient l'un des points de vue favoris des photographes pour capturer les images du Jardin Public et de la ville.



Dans Les Promenades de Nice (5éme édition, décembre 1866), Emile Négrin fait une longue présentation du Jardin (pp 120-124) : "Le jardin public, qu'on appela d'abord jardin des Plantes (128 - 100 mètres) a été nivelé en 1852 [1851], sur un terrain perdu où s'entassaient les gravois et les immondices. En 1863, le rétrécissement du Paillon a permis d'en doubler la superficie qui est à présent de treize ares. Le jardin public est le cœur de Nice. Veines et artères partent de là, s'emplissent là, reviennent là (...). 

Durant janvier, les jours où ne joue pas la musique, on y lit en plein air, à demi vêtu, en capeline de paille ou robe claire. Le plus vaste (...) et le plus beau cabinet de lecture du monde... c'est le jardin public de Nice (...). [Les lectrices sont] là sous un poivrier exotique. (...). Là-haut sur l'estrade des musiciens (...). Plus loin, à l'angle de deux allées (...).

Mais ces jours-là, le jardin n'est pas le domaine exclusif des lectrices ; il y a encore la place des enfants, des bonnes et des militaires (...). Et au-dessus de tous plane le palmier de l'Annexion (...). 

Je voudrais être botaniste pour pouvoir donner moi-même une idée des belles plantes tropicales qui ornent notre jardin public (...). Je me contenterai d'indiquer le myrthe (sic) colossal qui trône devant l'hôtel de la Grande-Bretagne" (si l'ouvrage d'Emile Négrin est détaillé et précieux, il est nécessaire de préciser qu'il conserve cependant, d'édition en édition, de nombreuses erreurs de dates, notamment dans les réalisations niçoises des années 1860).


31- Photographe anonyme (probablement ALEO Miguel [1824-c1900]), Nice, le Jardin Public, début 1866,
vue ouest-est, 
tirage albuminé de 5,5x8,8 cm, sur carton de 6,2x10,5 cm, 
Collection personnelle.

Sur la rive droite, la vue montre la partie sud-est du Jardin Public, avec l'estrade de la musique entourée de jeunes plantations (l'estrade sera remplacée par un kiosque dès septembre 1867) et, en bord de rive, le prolongement (fin 1865 ou début 1866) de la ligne de palmiers et d'arbustes jusqu'à l'entrée du Pont Napoléon III. 
En bord de mer, se remarque le Cosmographe (printemps 1865), sur la terrasse du grand escalier de la Promenade des Anglais.

Sur la rive gauche, la place des Phocéens est dégagée du long bâtiment de la gare provisoire  depuis fin septembre 1865 mais la place n'est pas encore aménagée. 
Tout au bout du boulevard du Midi, l'ancienne Pension Clerissy située au pied de la Colline du Château (Hôtel de la Pension Suisse tenue par le couple Hug) n'est pas encore accostée de son restaurant (érigé entre octobre et décembre 1866). 

Les repères cités permettent de dater la vue entre octobre 1865 au plus tôt et octobre 1866 au plus tard mais l'absence de feuillage des arbres qui bordent la place des Phocéens semble impliquer une date vers janvier 1866.


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