mercredi 24 juin 2020

1121- MIGUEL ALEO (1824-c.1900) : VUES DE NICE (1860-1874)




- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, de la Villa Barbe, détail, vers 1862-63,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



UN ARTICLE ÉCRIT EN COLLABORATION AVEC DIDIER GAYRAUD
HISTORIEN DE LA PHOTOGRAPHIE






MIGUEL ALEO : VUES DE NICE


Miguel Aleo a pris des vues de la Riviera, avec d'ouest en est : Cannes, ses îles et ses environs, Tourrette, Villeneuve, Cagnes, Nice, Saint-Pons, Saint-André, Villefranche, Saint-Hospice, Beaulieu, Eze, La Turbie, Monaco, Roquebrune, Menton, Vintimille, Bordighera et San Remo.

Les vues de Nice et de ses environs immédiats représentent la majeure partie de sa production avec une trentaine de lieux régulièrement photographiés, tels que :
 
- la Route (ou L'Arrivée) de France (vue de la Villa Barbe),
- la Tranchée du chemin de fer à Saint-Philippe, le Pont-viaduc sur le Var,
- la Baie de Nice (vue de Sainte-Hélène, vue des aloès du bord de mer, vue du Vieux Château), 
- la Croix de Marbre, l'église anglaise,
- la rue Longchamp et l'église russe, 
- la Gare de Nice,
- le quai Masséna (avec le Paillon, les palmiers, l'Hôtel de France, le Jardin Public...), 
- le Pont-Neuf et la place Masséna,
- le quai Saint-Jean-Baptiste, le Square Masséna et le Monument au Maréchal Masséna,
- la Place Napoléon et Carabacel, 
- la montée au Château (Aloès de la rue Ségurane), Nice du Vieux Château (le cimetière, les Quais du Paillon, la colline de Carabacel),
- la Promenade des Anglais (avec l'Hôtel Victoria, l'Hôtel Méditerranée, avec ou sans le Pont Napoléon III, l'Hôtel des Anglais, les Cabines de bains sur la plage, le Casino Cercle International), 
- la Baie des Ponchettes,
- l'Eglise de Cimiez,
- Nice depuis la route de Gênes, 
- Nice depuis le col de Villefranche, 
- le Port (avec la statue de Charles-Félix), le Rocher de Rauba Capeu, le Port vu du Château, vu du môle extérieur, vu du Château Smith, la Réserve et le Château Smith,
- le Château de Saint-André,
- la Baie de Villefranche, 
- Saint-Hospice, Saint-Jean (Petit port), Beaulieu (Anse, Oliviers)...

A cette liste, il faut ajouter une liste, tout aussi nombreuse mais non répétitive, de Villas niçoises.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Intérieur d'une cour de paysans (environs de Nice), vers 1860-1864,
vues stéréoscopiques de 8,6x7,4 cm chacune, sur carton de 17,1x8,6 cm, Collection personnelle.
C'est cette vue qui a probablement été présentée à la Sixième Exposition de la S.F.P. en 1864.



Miguel Aleo multiplie les prises de vue d'un même lieu à plusieurs mois d'intervalle, à partir du même positionnement de la chambre photographique et parfois avec deux points de vue opposés est/ouest, comme les deux vues de la Tranchée de Saint-Philippe, du Quai Masséna, des Ponchettes ou du Port de Nice.

Les tirages albuminés, parfois réunis en albums, sont des cartes de visite, des vues stéréoscopiques, des Cabinets (14,2x9,2 cm) et de grands formats (environ 22x14 cm, 26x20 cm, 33x25 cm, 38x28 cm). Alors que les petits formats portent le plus souvent son timbre humide, les "grandes épreuves de luxe" sur carton sont soulignées de son timbre sec, "MA", sont légendées à la main et portent parfois sa signature, "Miguel Aleo", en rouge, sous ou dans l'image.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Le Jardin Public (avec l'estrade de l'orchestre) et les quais du Paillon, 1863,
tirage albuminé  de 25x20 cm, sur carton de 27,5x22 cm, Collection personnelle.

La datation de la photographie peut être déduite de la présence (tout à droite de l'image),
 de l'autre côté du Paillon, dans le Square des Phocéens, du long bâtiment de la Gare provisoire de Nice, autorisée mi-janvier 1863, achevée en avril 1863 et démontée fin septembre 1865. Cependant, les cyprès situés à l'entrée du Cimetière du Château (en arrière-plan) sont encore visibles alors qu'ils vont être coupés au cours de l'année 1863.



Les photographies niçoises de Miguel Aléo s'échelonnent entre 1857 et 1874, le plus grand nombre étant produit entre 1861 et 1867 puis, en association avec Alphonse Davanne, entre 1867 (?) et 1874 (?), avec leur timbre sec ou humide "AD" (Aléo/Davanne). 

Dès 1860, Miguel Aleo donne le détail de sa technique de préparation (albuminage) du papier positif (Bulletin de la S.F.P., séance du 18 mai 1860 pp 142-146)

En 1870, il mentionne la technique de ses épreuves sur papier, obtenues par contact avec la plaque de verre : "Épreuves positives aux sels d'argent virées avec le chlorure d'or et le potassium additionné de craie" (Catalogue de l'Exposition de la S.F.P. 1870). Ce procédé, employé pour révéler l'image, enrichir les nuances et lutter contre les ravages du temps a été initié par Gustave le Gray (1820-1884) en 1858 (Bulletin de la S.F.P., séance du 24 décembre 1858, 1859 pp 12-16). 



PROCÉDÉ TAUPENOT


Miguel Aleo a utilisé le négatif papier (calotype) à la fin des années 1850. A l'Exposition Universelle de Londres de 1862, il présente désormais des "Épreuves photographiques obtenues par les procédés au collodion humide ou au collodion albuminé Taupenot" (Exposition Universelle de 1862 à Londres, Section française, Catalogue officiel, 1862 p 116).

Il semble n'utiliser par la suite que le procédé au collodion sec mis au point en 1855 par Jean Marie Taupenot (1822-1856) et le mentionne dans les catalogues d'expositions (règle de la S.F.P.) : "Procédé Taupenot" (1863, 1864), "Procédé collodion albuminé" (1869), "Procédé sec Taupenot" (1870). 
Ses vues de Corse, réalisées en 1864-65 et données par l'intermédiaire d'Alphonse Davanne à la S.F.P. en avril 1867, sont également des "épreuves obtenues par le procédé Taupenot primitif" (Bulletin de la S.F.P., vol. 13, 1867 pp 85-86). Miguel Aleo est d'ailleurs souvent cité en exemple comme utilisateur de ce procédé (notamment pour les Expositions de 1867 et 1870).

Miguel Aleo préfère le procédé au collodion sec, du fait de ses avantages en extérieur (procédé le mieux adapté à la photographie de paysages méditerranéens, baignés d'une lumière forte et stable) 
- un matériel à emporter très allégé (sans la tente ni les produits chimiques nécessaires au procédé du collodion humide à utiliser dans un temps très court),
- des plaques de verre préparées à l'avance en atelier, avec une couche de collodion recouverte d'une couche d'albumine pour garder la couche sensible humide, 
- des plaques enfermées et transportées dans des châssis hermétiques avec un développement au retour.

Il essaye d'autre part de réduire les inconvénients de cette technique :
- une sensibilité plus faible entraînant des temps de pose longs, doublés par rapport à la technique du collodion humide et allant souvent de quelques dizaines de secondes à plus de trois minutes,
- une gamme de gris moins étendue. 

Il est d'ailleurs probable qu'il faille reconnaître Miguel Aleo dans le "correspondant espagnol du Moniteur de la Photographie", un paysagiste anonyme qui détaille sa technique "pour opérer à sec sur collodion", dans un article du Moniteur Universel du 12 décembre 1861. Il y a à l'époque d'autres photographes espagnols membres de la S.F.P. comme Juan de Alava ou Olympe Aguado et son frère mais la volonté de pallier les inconvénients du collodion sec reste la même : "Mon procédé (...) a l'avantage (...) de donner autant, si ce n'est plus, de finesse que le procédé Taupenot, et d'être beaucoup plus rapide" (voir l'ensemble de l'article ci-dessous).


- Le Moniteur Universel du 12 décembre 1861 p 6,
Paris, BnF (Retronews).



En 1872, Miguel Aleo indique un moyen simple de nettoyer les glaces vernies (Bulletin de la S.F.P., 1872 p 100). 

En 1877, dans son ouvrage sur Les Progrès de la Photographie (pp 63-64), Alphonse Davanne rappelle dans le chapitre concernant les "Épreuves négatives sur préparations sèches", "un procédé plus simple encore, dont nous avons vu d'excellents résultats entre les mains de M. Aléo : Sur une glace bien nettoyée, couverte de la couche mince d'albumine préalable, versez un bon collodion contenant de l'iodure et du bromure de cadmium et d'ammonium en quantités égales, à raison de 1 gr, 50 du mélange pour 100 centimètres cubes de collodion ; sensibilisez au bain de nitrate d'argent acide, lavez et recouvrez d'une solution d'acide gallique à 3 grammes pour 1000 d'eau, laissez sécher. Les glaces se conservent un temps indéterminé avant comme après l'insolation, leur sensibilité est moyenne ; il faut trois à quatre minutes de pose à l'objectif simple pour avoir les verdures en bonne lumière ; développez avec les solutions alcalines et renforcez comme il est dit ci-dessus" (pp 63-64).


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Entrée du Port, vers 1862-63,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



SIX PLAQUES NÉGATIVES


De la production de Miguel Aleo, six négatifs verre au collodion, de grandes dimensions, 26,5x21 cm (impliquant une chambre en rapport), sont connus et ce sont six vues horizontales de Nice. Certaines plaques ont été brisées partiellement ou totalement en 2020 lors de leur dernier transport mais leur souvenir a pu être conservé grâce à leur numérisation préalable.

Voici leurs titres portés sur deux petites étiquettes collées au recto de chacune des plaques de verre, respectivement à gauche puis à droite :

"163 - "Nice du château Smith - Nice du château Smith - B" (plaque brisée en quatre morceaux) ;
"165 - "Nice de la Villa Barbe" (plaque entière) ;
"167 - "A - Nice du Vieux Château - Nice du Vieux Château" (plaque fendue en deux) ;
"170 - "Carabacel et Place Napoléon - Place Napoléon et Carabacel" (plaque entière) ;
"176 - "Entrée du port - B - Le Port - B - Entrée" (angle inférieur droit de la plaque manquant) ;
"307 - "Villa Apraxini ensemble - Villa Apraxin - B", sans indication de recadrage (plaque entière).

Miguel Aleo a donc l'habitude de prendre deux fois au moins la même vue (désignées par A et B), à quelques minutes d'intervalle, sans déplacer la chambre photographique. Le temps de pose varie probablement mais les vues sont quasi-identiques. Si deux plaques immédiatement successives d'un même lieu n'ont pas été sauvegardées, les épreuves papier conservées témoignent cependant de variations de détail. 
Ces détails sont parfois évidents comme le déplacement de deux calèches dans les vues de La Promenade des Anglais (épreuves papier) mais parfois infimes, comme l'écume plus ou moins présente dans les vagues des vues de Nice, du château Smith (plaque verre et épreuves papier).

Après développement des plaques et fixation (ou fixage) de l'image, Miguel Aleo trace en noir, sur chacune d'elles, les indications d'un cadre rectangulaire plus resserré qui implique une variation de cadrage. Du fait de l'utilisation de deux plaques offrant chacune deux cadrages possibles, il existe donc quatre variations dans les épreuves. 

La confrontation des plaques verre avec les épreuves papier connues a permis de retrouver la mise en œuvre du cadrage intégral ainsi que du cadrage resserré. L'observation d'épreuves papier d'un même lieu, dont les plaques restent inconnues, a permis de confirmer cette même pratique, comme avec les vues de Nice, La Réserve.

Afin de faire ressortir le contour des collines et des monuments, Miguel Aleo retouche les surfaces de ciel en noir (peut-être de l'encre), au verso des plaques, afin de les blanchir, et/ou avec un collage de papier jaune au recto (masquage), afin de les griser (voir les photos ci-dessous). Les ciels, souvent d'un gris uniforme, reflètent l'uniformité du ciel bleu et lumineux de la région. 


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, du vieux château, recto, vers 1863-64,
plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, du vieux château, verso, vers 1863-64,
plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, du vieux château, vers 1863-64,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



La numérotation des plaques étudiées peut indiquer des prises de vues rapprochées dans le temps (163-176) sauf pour la dernière plaque recensée (307). Le numéro de celle-ci peut révéler un écart de plusieurs mois, voire d'une année.

Ces plaques de verre négatives renvoient pour la majorité d'entre elles, tant par les lieux photographiés que l'intitulé de leur titre, aux épreuves essentiellement exposées avec la SFP en 1863 et 1864. On peut donc supposer que les vues ont toutes été prises lors des premiers séjours de Miguel Aleo à Nice, entre 1860 et 1864.

Certaines des épreuves exposées en 1864 sont manifestement tirées de vues plus anciennes, comme la Tranchée de Saint-Philippe prise de l'ouest (chantier en pleine activité) qui montre la tranchée creusée pour l'installation de la ligne du chemin de fer en 1862 (Revue de Nice du 15 juin 1862, 1861-62 p 315). Miguel Aleo n'expose donc pas forcément ses vues les plus récentes mais ses épreuves les plus réussies.

Si certaines vues semblent rares ou exceptionnelles, comme celle de la route de France prise depuis la villa Barbe ou plus encore celle de la villa Apraxini à Saint-Philippe, d'autres sont répétitives, comme celles de la Place Napoléon ou du Port de Nice pris du Vieux Château ou du Château Smith. L'étude comparative des vues d'un même lieu et de leurs architectures permet de préciser la datation des plaques de verre conservées.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, du château Smith, vers 1863,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



- Vue 163 - Nice du Château Smith

La vue 163 montre deux villas en construction. Il s'agit de la nouvelle Villa Vigier dont la pose de la première pierre a été réalisée par l'ancien roi Louis Ier de Bavière le 23 avril 1862 et de la Villa du Dr Lefèvre dont le terrain a été acheté en juin 1862. Sur la plaque négative et ses épreuves, le gros œuvre de la Villa Vigier semble presque terminé (il reste un seul échafaudage) alors que la Villa Lefèvre est encore en plein chantier. 
La vue ne peut donc être datée qu'entre novembre 1862 et mars 1863 (dates du séjour du photographe) et très probablement, du fait de l'avancée des chantiers, du tout début 1863.

Une vue des mêmes lieux prise par Miguel Aleo peut, pour sa part, être datée entre octobre 1860 et mars 1862 (absence de la Villa Vigier) alors qu'une autre, plus tardive, ne peut pas être antérieure à 1867 (kiosque de la Réserve). 


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, du vieux château, vers 1863-64,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



- Vue 167 - Nice du Vieux Château

La vue 167 montre le cimetière du Château, avec un état qui ne peut qu'être contemporain ou postérieur à 1862 (baraques). Elle montre également le quartier de Carabacel avec le "Grand Hôtel de Nice" en construction qui ouvrira fin 1864 (publicité du 1er décembre 1864). 
La vue ne peut être datée qu'entre novembre 62 et mars 1863 ou octobre 1863 et mars 1864 (dates de séjour du photographe) mais l'avancée du chantier de l'hôtel (gros œuvre) implique le début de l'année 1864. 
C'est probablement la vue exposée avec la S.F.P. en mai-août 1864 sous le titre, Nice et la vallée du Paillon, des hauteurs du vieux château.

Une vue semblable signée d'Aleo et Davanne peut être datée vers 1866-68, du fait de l'état des baraques de l'allée du cimetière et des architectures du quartier Carabacel.
Une vue d'Alphonse Davanne peut, pour sa part, être datée vers 1873-74, à nouveau du fait de l'état des baraques de l'allée du cimetière et des architectures du quartier Carabacel mais également du fait du nouveau pont sur le Paillon et de la façade de l'Hôpital Saint-Roch.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Carabacel et place Napoléon, vers 1862,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.




- Vue 170 - Carabacel et Place Napoléon 

Deux vues des mêmes lieux ont été prises par Miguel Aleo : 
- une vue de grand format, antérieure à la vue 170, montre une publicité peinte au bas du grand mur aveugle (probablement en 1859 lors du passage des troupes françaises à Nice), avec les mots "Buvette des Alliés - Sardes-Français". Elle peut être datée entre octobre 1860 et mars 1861 (dates de séjour du photographe) 
- une vue stéréoscopique intitulée, Nice, Place Napoléon, éditée conjointement par Aleo et Davanne, est postérieure à la vue 170 (avec la publicité désormais recouverte de blanc) et peut être datée vers 1866-68.

Il est à noter qu'Alphonse Davanne a pris également deux vues de cette même place :
- une vue stéréoscopique qui peut être datée vers fin 1860-début 1861 (publicité pour la buvette mais absence du surhaussement d'une maison de la rue Cassini) ;
- une vue de grand format qui porte le nom de Place Garibaldi (depuis la chute de l'Empire fin 1870), montre le jardin désormais aménagé sur la place (en 1869) et peut être datée vers 1873-74, notamment du fait de la présence du clocher du monastère du Saint-Sacrement, situé sur la colline de Carabacel mais également du fait des dates de séjour du photographe.

La vue 170 de Miguel Aleo montre elle aussi la place Napoléon prise depuis la montée Eberlé (versant oriental de la colline du Château), sans passants (du fait d'un temps de pose long), avec en arrière-plan la colline de Carabacel. 
La présence de certains éléments des bâtiments qui bordent la Place Napoléon (dénommée ainsi lors de l'Annexion française de 1860), comme la publicité peinte sur un mur avec le seul mot "Buvette" ou la surélévation d'une maison de la rue Cassini, impliquent une date postérieure à 1860. L'absence de certaines constructions de la colline de Carabacel implique, à l'inverse, une date antérieure à fin 1862. 
La plaque verre révèle cependant, au bas de l’image, sur la gauche de la rue Ségurane, le début d’un chantier de construction. Or, à l’époque (comme de nos jours), du fait de la présence du versant est de la colline du Château, il y a essentiellement, à l’extrémité de la rue Ségurane, des immeubles de l’autre côté de la rue (côté pair). Le chantier est donc probablement celui de l’asile communal Sainte-Eugénie (actuel emplacement du Collège Ségurane), érigé dès fin 1861 et inauguré le 24 juin 1863. 
La prise de vue date certainement de 1862. C'est peut-être la vue exposée avec la S.F.P. dès mai 1863, sous le titre, Nice. Place Napoléon.

La vue est, de toutes façons, antérieure aux vues 163 et 167, alors qu'elle affiche un numéro postérieur, ce qui fait douter du bien-fondé d'une numérotation chronologique des plaques.

Il existe une plaque verre très semblable (voire identique, avec les mêmes ombres et détails), numérotée 109 ou 109 bis, conservée à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine (référence APGLT01660) mais mesurant 13x18 cm et attribuée à Jean Walburg de Bray.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, la Villa Apraxini, détail, vers 1860-64,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



- Vue 370 - Villa Apraxini

La vue montre la Villa Apraxini, dite "la Commanderie", située à flanc de colline, au vallon de Saint-Philippe. La Villa a été achetée par la comtesse russe Alexandrina Troubetzkoi, épouse puis veuve Apraxini/Apraxina/Apraxin(e)/Apraksine, au peintre Joseph Fricero (1807-1870), le 26 avril 1860. 
C'est la plus ancienne photographie connue de cette villa.

Une vue de Nice, de la Villa Apraxini est pour sa part exposée en mai-août 1864 par Miguel Aleo à la Quatrième Exposition de la S.F.P.
 
Ces deux dates (1860 et 1864) sont là encore les dates extrêmes entre lesquelles la vue 370 a dû être prise, la numérotation, mise en question ci-dessus, n'impliquant pas obligatoirement une date postérieure aux précédentes.




POUR TOUT CONTACT RELATIF À MIGUEL ALEO
patin.camus@gmail.com