dimanche 7 juin 2020

1118-NICE, LA PROMENADE DES ANGLAIS-3 (1865-1870)




- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE Alphonse (1824-1912), Le Pont Napoléon III, 1865 ou 1866,
vues stéréoscopiques prises de l'est, tirages albuminés de 7,7x7,4 cm, sur carton de 17,3x8,4 cm,
Los Angeles, J.P. Getty Museum, cote 84.XC.873.1214.

Avec du côté nord, de gauche à droite, l'Hôtel Méditerranée (construit en 1862-63), la Pension Rivoir (ouverte en 1860 dans l'ancienne Villa Regis/Fernandez), la Villa Montalivet (aile ouest du Pavillon Pollan, acquise en 1865 et complétée en 1866 par une partie du bâtiment central), la Villa Hitroff (partie du bâtiment central et aile est du Pavillon Pollan, acquises en 1862), [la Villa Süe et la Maison Süe ne sont pas visibles, de même que la Maison Gilly/le Restaurant Anglais, ouvert en 1866], l'Hôtel de Luxembourg (construit en 1865-66), la Maison Serrat-Defly (1862-63), la Maison Serrat-Isnard (1861), [le studio Petit (1861) et la Maison Donaudy ont été détruits], l'Hôtel des Anglais [le Jardin Public et le Pont Napoléon III (1864)].





UN ARTICLE RÉDIGÉ EN COLLABORATION AVEC
 VÉRONIQUE THUIN-CHAUDRON, HISTORIENNE DE L'ARCHITECTURE 
ET DIDIER GAYRAUD, HISTORIEN DE LA PHOTOGRAPHIE
 ET DES VILLAS DE LA CÔTE D'AZUR


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 02/11/2024



1865-1870 - LA PARTIE ORIENTALE DE LA PROMENADE DES ANGLAIS
(D'OUEST EN EST : Du Vallon Saint-Barthélémy - actuelle rue de Rivoli - à l’embouchure du Paillon)


Plan de la Ville de Nice, détail 1 de la Promenade des Anglais, 1865,
BnF (voir le plan complet sur Gallica).

Plan de la Ville de Nice, détail 2 de la Promenade des Anglais, 1865,
BnF (voir le plan complet sur Gallica).



En novembre 1868, le prince Frédéric Charles de Prusse [1801-1883], fait retenir des appartements sur la Promenade pour passer l'hiver à Nice (Le Journal de Nice du 15 novembre 1868 p 2). 

La saison d'été commence à se développer et certains hôtels restent désormais ouverts toute l'année. Les constructions se renouvellent et s’ajoutent sur le côté nord de la Promenade, modifiant la numérotation de la voie. 

Chaque semaine, Le Journal de Nice publie des petites annonces concernant la location ou la vente de villas et de terrains situés sur la Promenade des Anglais, le plus souvent sans préciser le numéro concerné ou le nom du propriétaire.


- Petites annonces publiées dans Le Journal de Nice en 1865,
la première, du 31 décembre 1864 au 31 décembre 1865 en page 4,
la deuxième, en janvier, avril et mai 1865 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



L'inauguration, en début d'année 1869, du nouvel hippodrome situé à l'embouchure du Var fait, du retour des équipages par la Promenade des Anglais, l'un des grands spectacles de Nice.


LA VOIE

Au bord de la plage les buissons forment désormais une haie quasi-continue, ponctuée de quelques arbres. Au centre, la ligne de plantations comporte des arbres et arbustes dont des palmiers positionnés à l'entrée orientale de la Promenade.

"Le grand escalier qui descend sur la plage, en tête du pont, en face le jardin-public, rappelle les marches des palais vénitiens" (Léo Watripon, Nice-Guide, 1869 p 74).

Les 1400 m de treillis en bois de châtaignier de 0, 60 m de hauteur, entourant l'ensemble des plantations de la Promenade, vont être renouvelés en 1870 (Journal de Nice du 17 décembre 1870).


LA VILLA DIESBACH (sud) (voir sa description dans la deuxième partie de l'article)

L'un des locataires de la Villa Diesbach est l'ancien roi Louis Ier de Bavière [1786-1868]. Il est l’une des personnalités emblématiques des années 1860 à Nice (et Rome) et soutient notamment le projet de Casino de Léopold Amat dès 1866. 
Le roi Louis Ier de Bavière passe à Nice les saisons d'hiver de 1862-63, 1865-66 et 1867-68. Il affectionne d’être hébergé sur la Promenade des Anglais, à l'Hôtel des Anglais (saison 1862-63), à l'Hôtel Méditerranée et à la Villa Diesbach (saison 1865-66) puis à la Villa Lions (saison 1867-68) où il décède le 29 février 1868, à l'âge de 81 ans. Le cortège funèbre parcourra la Promenade des Anglais.

La princesse Souvaroff/Souvoroff loue également la Villa Diesbach en 1866. Elisabeth Ivanovna, née Basilewsky [1839-1923], a épousé en troisièmes noces, après 1863, le prince Nicolas Alexandrovitch Souvaroff [né en 1834] (Marie Bashkirtseff, Journal, 1877-1879, 1999 p 45).


- Petite annonce, parue dans Le Journal de Nice du 17 janvier 1869 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



Au début de l'année 1869, après avoir une nouvelle fois loué la Villa, "la princesse Souvaroff vient d’acheter à Nice la splendide villa Diesbach sur la promenade des Anglais. De grands travaux d’installation y sont faits sous l’habile direction de l’architecte Sebastien Biasini [1841-1913]" (Le Figaro du 10 février 1869 p 2). Elle fait notamment couvrir de soie les murs d’une pièce de 600 m2, contenant une piscine intérieure.

La princesse Souvaroff continuera à passer les saisons d’hiver dans sa Villa de la Promenade des Anglais au moins jusqu'en 1879.


L’HÔTEL VICTORIA/HÔTEL DE ROME (voir sa description dans la première partie de l'article)


- Encart publicitaire pour l'Hôtel Victoria, publié dans la partie publicitaire de l'ouvrage du
 Dr Alexandre Lubanski, Guide aux stations d'hiver du littoral méditerranéen, 1865 p VIII (Google Books).



Le recensement de 1866 signale, en dehors de Jean Zichitelli [1806-apr.1870], quatorze membres du personnel. A titre de comparaison, l’Hôtel de la Méditerranée a quinze employés cette année-là, la Pension Rivoir en a seulement deux et l'Hôtel des Anglais, douze.

En 1867, dans la nuit du 16 au 17 décembre, l’Hôtel Victoria est ravagé par un incendie. Le feu, qui a pris au dernier niveau du pavillon oriental, détruit les 11 pièces de l’étage. Les pertes sont considérables (L’Avenir de Nice du 18 décembre 1867). 

Les travaux de réfection ont lieu en 1868 mais l'hôtel reste ouvert et reçoit notamment le Prince Léopold de Bavière [1821-1912] en mars (suite au décès de son père Louis Ier).

Cependant, le procès lié à l'incendie contre les héritiers Gilly, entraîne le départ de Jean Zichitelli (AD 03U 01/1136).

Le 9 juillet 1868, c'est le directeur Antoine Palmieri (c.1827-1875, beau-frère de Jean Zichitelli et frère de Vincent Palmieri [c.1817-1886] de l'Hôtel de la Méditerranée) qui dépose alors une demande pour changer l'inscription de l'Hôtel Victoria en "Hôtel de Rome" (arrêté du 18 juillet 1868 ; AM 2T 28-258). La saison suivante, l’hôtel fait sa réouverture sous ce nouveau nom.

Un nouvel Hôtel (et Pension) Victoria est cependant ouvert par Jean Zichitelli au quartier de Carabacel en septembre 1868 (Les Echos de Nice du 5 septembre 1868), "rue Gioffredo et rue Pinchienatti" (liste alphabétique de l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de Léon Affairous, édité en 1869) mais il sera mis en vente dès le mois de mai 1869 (Journal de Nice du 3 mai 1869 p 4).


LA VILLA ROBIONY/DAMPIERRE ET LA MAISON ROBIONY (voir sa description dans la deuxième partie de l'article)

La Villa Dampierre devient le lieu de réunion, le dimanche, de toute la colonie française (Henry Prince de Valori, Lettres d’un patient, 1870 pp 143-150).


LES TROIS MAISONS DALMAS 

Entre 1861 et 1864, Thomas Dalmas [1816-1867], négociant et propriétaire, acquiert auprès de Gilbert Malard/Mallard/Mollard [1804-1883], un terrain au n° 25 de la Promenade. 

Il dépose ensuite, le 28 janvier 1865, l'autorisation de faire construire, au sud-ouest de son terrain et en avant des autres constructions, un premier immeuble accolé à la façade est de la Maison Robiony et constitué de quatre niveaux (rez-de-chaussée sur cave et 3 étages) percés de cinq baies sur les façades sud et ouest (arrêté du 20 février 1865, retardé pour problème d'alignement ; AM 2T 20-39) - voir sur le site des Archives Départementales des Alpes-Maritimes, ici, la photographie de Charles Nègre, de fin 1865, cote 08FI0072 montrant l'immeuble).

Cet immeuble possède une haute façade aveugle orientale qui est blanchie en 1866 et peinte à sa base d'une grande publicité pour le jardin du comte de la Margaria et l'Hôtel d'Europe, situés rue de France (voir le plan de 1865 en tête d'article et les photographies de Charles Nègre du dernier trimestre 1866, conservées aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes, ici, cotes 08FI0058 et 08FI0076).

Le 2 mai 1867, Thomas Dalmas dépose la même demande pour deux nouveaux immeubles de mêmes dimensions, accolés à l'est du précédent qu'il fait ériger en 1867 et 1868 (arrêté du 10 mai 1867 ; AM 2T 24-123 et 26-474). Thomas Dalmas décède cependant au n° 25 de la Promenade (premier bâtiment ouest), le 24 décembre 1867.

La jonction des trois bâtiments forme un ensemble imposant de six niveaux. La façade sud apparaît constituée de trois parties percées de cinq baies. Au centre, un balcon ne souligne que trois des baies du premier étage, alors que sur les côtés les balcons se répètent à tous les étages.
 
Les façades ouest et est sont, pour leur part, percées de cinq baies (voir sur le site des Archives Départementales des Alpes-Maritimes, ici, la photographie de Charles Nègre, de fin 1867-début 1868, cote 08FI0055 montrant l'immeuble avec des échafaudages, comme sur la photo ci-dessous).


- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE (1824-1912), La Promenade des Anglais, vue prise de l'est, détail 1, fin 1867-début 1868,
 tirage albuminé de 14,2x9,2 cm, Collection personnelle.

Avec du côté nord, de gauche à droite, les Maisons Dalmas (1865 et 1867-1868, avec des échafaudages sur la maison la plus orientale), la ruelle du Lavoir, la Pension Rivoir (ouverte en 1860), la Villa Montalivet (parties occidentales du Pavillon Pollan, acquises en 1865 et 1866), la Villa Lyon (parties orientales du Pavillon Pollan, acquises en 1867), la Villa Süe (construite vers 1845).



L’HÔTEL DE LA MÉDITERRANÉE (voir sa description dans la deuxième partie de l'article)


- DEGAND Eugène (1829-1911), L'Hôtel de la Méditerranée, vers 1869-70,
vue prise de l'ouest, tirage albuminé de 6x10,3 cm contrecollé sur carton de 7x11,3 cm, Collection personnelle.

Avec du côté nord, de gauche à droite, l'angle oriental du jardin sud des Maisons Dalmas (1865-1868), la ruelle du Lavoir, l'Hôtel Méditerranée (construit en 1862-63), la Pension Rivoir (ouverte en 1860, exhaussée en 1868 d'un étage), la Villa Montalivet (parties occidentales du Pavillon Pollan, acquises en 1865 et 1866), la Villa Lyon (parties orientales du Pavillon Pollan, acquises en 1867), [la Villa Süe et les Maisons Süe/studio de Numa Blanc ne sont pas visibles], la Maison Gilly/Café Restaurant Anglais (ouvert en 1866), l'Hôtel de Luxembourg (construit en 1865-1866, avec sa grande façade occidentale aveugle)...




LA PENSION RIVOIR (voir sa description dans la première partie de l'article)

Pendant la saison d’hiver, un salon de la Pension Rivoir est réservé pour des ventes parisiennes de modes et lingeries, par Madame Lechat (Les Echos de Nice du 13 février 1863) puis par Mesdames Lechat & Drouet et par Madame Pillaud (Les Echos de Nice 1865-1869).

Le 31 mars 1868, Jean Pierre Rivoir dépose une demande pour exhausser le bâtiment d’un quatrième niveau au n° 21 de la Promenade (AM – 2T 27-119). 

- Elevation de la Pension Rivoir jointe à la demande de relever d'un étage (en rouge) le bâtiment,
 à la date du 31 mars 1868, 
Nice, Archives Municipales, 2T 27-116.



Les échafaudages sont visibles sur une photographie d'Eugène Degand [1829-1911] (voir la dernière image de cet article).


LE PAVILLON POLLAN/LES VILLAS MONTALIVET ET LYON (voir la description dans la première partie de l'article)

Suite au décès d'Eliza Morgan Beville, veuve Claridge, sa villa constituée de l’aile occidentale de l’ancien Pavillon Pollan, est vendue au comte Camille Bachasson de Montalivet [1801-1880], ancien ministre de Louis-Philippe, et à son épouse Clémentine, née Paillard-Ducléré [1806-1882].

Leur voisin, Zacharie Hitroff, met par la suite en vente, vers 1866-67, sa villa constituée des parties centrale et orientale de l’ancien Pavillon Pollan. Ces dernières se voient alors partagées entre le comte de Montalivet qui agrandit sa demeure vers l’est, avec une partie du bâtiment central (n° 17 bis), et l'anglais David Lyon [1794-1872] qui acquiert le reste de la partie centrale ainsi que l’aile orientale (n° 17). David Lyon est signalé dans la villa dès février 1866 (Les Echos de Nice du 7 février 1866) mais il reste possible qu'il l'ait louée pour la saison 1865-66 et ne l'ai achetée qu'en 1867.

Le comte de Montalivet organise des soirées dans sa villa et notamment celle du 30 décembre 1866, en lien avec le 33ème Congrès Scientifique de France dont il est le président du bureau. 


LA VILLA SÜE ET LES MAISONS SÜE/LE STUDIO NUMA BLANC (voir leur description dans la première partie de l'article)

Les dessins du plan et de l'élévation de la Villa Süe, construite vers 1845, sont publiés en 1867 dans la Gazette des Architectes et du Bâtiment, révélant le nom de son architecte, Jean Just(e) Lisch (1828-1910). 
Il est certes étonnant de voir des relevés publiés vingt ans plus tard mais l'estampe (ci-dessous) ne correspond plus à la réalité de la Villa qui été modifiée et exhaussée d'un niveau à la fin des années 1850 (entre 1854 et 1861).


- Dessin de l'architecte Hendricks, Pavillon à Nice - M. Lisch, architecte - Vue perspective,
publié dans la Gazette des Architectes et du Bâtiment, n° 5, 1867 p 69.

Les façades ouest et sud de la Villa Süe.



Il semble que la Maison Süe, proche de la ruelle de la Croix-de-Marbre et constituée pour sa part de 3 niveaux soit, vers 1865, remplacée au sud par un deuxième bâtiment rectangulaire allongé. Ce dernier est relié aux deux bâtiments existants qui accostent la Villa Süe (non visibles sur l'estampe ci-dessus). 

C’est dans cet ensemble de 3 bâtiments de deux niveaux, un petit pavillon à l’ouest et deux bâtiments allongés à l’est, que s’installe le photographe Prosper Blanc de Labarthe, dit Numa Blanc [1816-1896]. 
Sa présence, attestée dès la saison 1868-69, date peut-être de la saison précédente. Son atelier, situé au n° 11 de la Promenade succède ainsi à celui de Pierre Petit (au n° 5, de 1861 à 1866) et va perdurer avec son fils André Blanc de Labarthe, dit Numa Blanc Fils [1849-1922], jusqu'en 1879.


LA MAISON GILLY/LE RESTAURANT ANGLAIS ET LA MAISON CHARVET/L'HÔTEL DU LUXEMBOURG

François Escoffier [1826-entre 1878 et 1896], réputé pour son Restaurant français à Nice au n° 7, Quai Masséna et sa Maison de Plaisance et de Bains à Saint-Dalmas de Tende (L’Avenir de Nice du 19 avril 1859, Le Journal de Nice du 10 juin 1866), décide d'ouvrir un café-restaurant puis un hôtel, sur la Promenade des Anglais.

Le café-restaurant s’installe dans la Maison d'Adrien Gilly existante (n°11), celle située en léger retrait de la Promenade et attenante, côté est, à la Maison Charvet en construction. 

François Escoffier, propriétaire du fonds (Les Echos de Nice de la saison 1867-68), loue la maison à Apolline Serrat-Gilly [1808-1896] et demande, le 27 juin 1866, l'installation d'une enseigne portant l'inscription "Café Restaurant Anglais" au-dessus du portail de la Maison (arrêté du 2 juillet 1866 ; AM 2T 22-81).

Cette Maison de deux niveaux, érigée en 1862, est orientée est-ouest avec l'entrée principale à l'ouest. Elle est percée de cinq baies sur les faces est et ouest mais seulement de deux baies sur les façades nord et sud (voir une photographie de Charles Nègre de 1867 montrant les façades ouest et nord des bâtiments de la Promenade des Anglais dont le Café et Restaurant Anglais, sur le site des Archives Départementales, icicote 08FI 0003 ou 10FI 0532)

L’ouverture de l’établissement a lieu le 18 novembre 1866 (Journal de Nice du 15 novembre 1866 p 3). Des chanteurs italiens s’y produisent régulièrement. 
Des travaux y sont réalisés par la suite, en 1869, alors que la propriétaire en est toujours Apolline Serrat-Gilly (AD06 - 03U 01/1136).

L’Hôtel de François Escoffier va s'installer dans des bâtiments attenants au Café Restaurant Anglais, érigés au sud de l'ancien terrain Serrat-Gilly. L'acquisition de ce terrain en 1863 par le lyonnais Charles Toussaint Charvet (c.1821-apr.1891) a entraîné une demande de construction déposée par l'architecte Philippe Randon le 27 juillet 1865 (arrêté du 8 août 1865 ; AM 2T21-246). L'ensemble va être constitué d'un bâtiment principal sud et de trois bâtiments nord, regroupés autour d'une cour intérieure. Le gros œuvre du bâtiment sud semble achevé avant l'été suivant car ce dernier est visible sur les photographies de 1866. 

L’Hôtel ne s'installe cependant dans les locaux qu'en 1867. François Escoffier demande, le 31 mai 1867, l'autorisation de placer une enseigne sur la façade de la Maison Charvet portant l'inscription "Hôtel du Luxembourg" et fait son ouverture le 1er octobre (petites annonces parues dans Le Journal de Nice de juillet et août 1867)François Escoffier est le propriétaire du fonds et le directeur (Les Echos de Nice, de la saison 1867-1868).

L'hôtel, parfois désigné sous le nom "d’Hôtel Charvet" (comme dans une publicité de l’été 1867 pour l’ouverture prochaine du Casino Cercle International), est cité au n° 9 ou n° 9 bis de la Promenade des Anglais.



- Annonce de l'ouverture de l'Hôtel de Luxembourg, parue dans Le Journal de Nice du 26 juillet 1867 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.

- Petite annonce parue dans Les Echos de Nice du 30 novembre 1867 p 3.



L'hôtel ne semble ouvrir, en définitive, que le 20 octobre 1867 (annonce dans Les Echos de Nice du 19 octobre 1867). 

La façade sud de l'hôtel, de grande hauteur, est constituée de cinq niveaux dont le dernier, en retrait, est précédé d’une terrasse. Chaque niveau est percé de cinq baies dans la partie centrale et de deux dans les parties latérales. 
Ces baies, toutes rectangulaires, sauf celle du porche d’entrée (en plein cintre), offrent un simple dé sculpté au premier niveau, un ornement au deuxième et de petits frontons hémicirculaires au troisième. Les baies sont dépourvues de décor aux quatrième et cinquième niveaux. Un balcon souligne les cinq baies de la partie centrale au premier puis au deuxième niveau où il affiche le nom de l'hôtel.
Si la façade orientale est accolée à la Villa Serrat-Defly, la façade occidentale offre un double pignon aveugle.

Les guides de voyageurs notent que l’hôtel est joliment meublé et très fréquenté par les grandes familles étrangères. L’Hôtel de Luxembourg reçoit notamment l’archiduc Louis Victor d’Autriche [1842-1919] en décembre 1867, le grand-duc héritier Alexandre Alexandrovitch de Russie [1845-1894] en mars 1868 et le prince Charles Alexandre de Prusse [1801-1883] en janvier 1869. 

Il est à noter que François Escoffier contribue à la formation aux métiers de la restauration et de l’hôtellerie de son neveu Georges Auguste Escoffier [1846-1935], l’un des plus célèbres cuisiniers français en devenir, en l’accueillant dès 1859-1863 dans le Restaurant Français du quai Masséna puis vers 1872 dans l’Hôtel de Luxembourg.


- Auteur anonyme (ALEO Miguel ?), La Promenade des Anglais et les Bains Georges, vue prise de l'ouest, dernier trimestre 1866,
tirage albuminé de 10,5x6,2 cm sur carton de 11x6,8 cm, Collection personnelle.

Avec du côté nord, de gauche à droite, l'extrémité sud-ouest de la Maison Serrat-Gilly/le Restaurant Anglais (1865-66),
l'Hôtel de Luxembourg (avec sa grande façade aveugle occidentale, 1865-1866),
la Maison Serrat-Defly (1862-63), la Maison Serrat-Isnard (1861), le Casino Cercle International (en construction, fin 1866), l'Hôtel des Anglais (1864-65).




LES MAISONS DES SŒURS SERRAT, ÉPOUSES DEFLY/ISNARD (voir leur description dans la deuxième partie de l'article)

Dès 1869 (Les Echos de Nice du 1er avril 1869), l'hôte célèbre de la Villa Serrat/Defly est Mme Rattazzi [1831-1902], qui fréquente Nice depuis les années 1850 et a notamment habité au Pavillon Pollan. 
Née Marie Laetitia Bonaparte-Wyse (petite-fille de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon Ier et cousine de Napoléon III), veuve en premières noces du comte Frédéric Joseph de Solms, elle est, depuis 1863, l'épouse du ministre italien Urbano Rattazzi.

Madame Rattazzi est une femme de lettres (poétesse, romancière, journaliste) qui alterne les séjours à Nice et Aix-les-Bains. Elle a notamment écrit un ouvrage sur la ville de Nice (Marie de Solms, Nice ancienne et moderne, 1854) et elle publie, de 1868 à 1870, des articles sur la saison niçoise dans la revue des Matinées Italiennes. Elle organise à Nice, comme à Aix-les-Bains, des rencontres littéraires et artistiques dans son salon, le mercredi.


LE STUDIO PIERRE PETIT (voir sa description dans la deuxième partie de l'article)

C’est Hippolyte Mouë/Moué/Mouet [c.1828- ?] qui succède à Paul Augustin Riollet [1837-1889] à la tête de l’atelier dès 1864. Une exposition de tableaux est notamment organisée dans ce pavillon en février 1865 (Le Journal de Nice du 5 février 1865).

L’atelier fonctionne jusqu’à l’été 1866. A cette date le salon de pose, la toiture, le laboratoire mais également mille deux cents clichés, cartonnages et encadrements sont endommagés par le chantier contigu du Casino Cercle International (voir ci-dessous). 

L’atelier est donc démoli en août 1866. Hippolyte Mouë, qui intente alors un procès au directeur du Casino, touchera des dédommagements (AD06, 1866, dossier 03U 01/1133).



- ANDRIEU Jean (1816-c.1872), 1701 - Nice, Promenade des Anglais, prise de l'Hôtel des Anglais, hiver 1865-1866,
vues stéréoscopiques plongeantes prises de l'est, de 7,7x7,7 cm sur carton de 17,5x8,8 cm, Collection personnelle.

Vue du studio Pierre Petit.




LA PROPRIÉTÉ MASCLET/LE CASINO CERCLE INTERNATIONAL

Léopold Amat [1815-1872], compositeur, chanteur et organisateur de fêtes et concerts, a depuis le début des années 1860 le projet d’un nouveau et grand Casino à Nice. 

Des projets de Casino avaient été déposés en 1849 et en 1850 par M. Phillipe et Cie au quartier de la Croix-de-Marbre mais avaient été refusés (L'Avenir de Nice du 2 décembre 1850  pp 2-3). Quelques années plus tard, un premier casino avait fini par voir le jour, grâce à la famille Schneider et Cie, sur la Promenade des Anglais, dans la propriété Pollan, mais n'avait duré que la saison 1853-1854 (voir la première partie de cet article). En 1864, un projet de grand établissement alliant bains de mer (à l’extrémité occidentale du quai du Midi) et Casino (face au Jardin Public) a été envisagé par M. Rocca mais n’a pas vu le jour. Face à la question redondante d’un Casino, une commission municipale a été nommée en mars 1865 (Conseils municipaux du 15 juillet 1864 et du 24 mars 1865, AM, 1D1-2, ff. 135 et 195v).

Pour son projet de Casino, Léopold Almat acquiert au début de l’année 1866 le terrain de Sophie Masclet, veuve Gors [née en 1800], situé à l'entrée orientale de la Promenade des Anglais (Le Journal de Nice du 26/02/1866).

Le chantier est dirigé par l’architecte et entrepreneur Hilaire Curtil [1826-1886]. Les fondations du Casino débutent en juillet 1866 et le bâtiment s’élève dès septembre. Les travaux avancent rapidement. 

Le projet de façade de deux niveaux est présent dans l'ouvrage d'Emile Négrin, Les Promenades de Nice (5ème édition) qui paraît en décembre 1866.


- Casino de Nice (Façade sur la promenade des Anglais), projet initial,
estampe parue dans l'ouvrage d'Emile Négrin, Les Promenades de Nice (5ème édition), décembre 1866, entre les pages 80 et 81.



En janvier 1867, la façade est complète. En mars cependant, "on fait suréchausser dès aujourd'hui d'un étage l'édifice qui avait atteint le premier étage et qu'on allait couvrir" (Echos de Nice du 6 mars 1867). La raison de ce changement du plan primitif vient du transfert décidé du Cercle Masséna dans ce nouveau local.

En juillet 1867, le gros œuvre est achevé. Les aménagements intérieurs et le décor des façades se poursuivent pendant quatre mois encore. Une visite du grand public a lieu dans les derniers jours de novembre. L’ouverture aux abonnés a lieu le 2 décembre et l'inauguration officielle le 29 décembre 1867 (articles parus dans Le Journal de Nice d’août 1866 à décembre 1867). 

Le Casino comporte, au sud, une terrasse et, au nord, un jardin d’hiver complanté d'orangers, de citronniers et de palmiers. L'ensemble est constitué de plusieurs bâtiments qui s'échelonnent de la Promenade des Anglais à la rue de France, n'offrant pas moins de dix-sept baies orientales sur la rue du Canal.

La façade donnant sur la Promenade est précédée d'une terrasse entourée d'un mur à balustrade, percé d'un portail central, accosté de piliers aux figures féminines lampadophores. Un réverbère est également disposé à chaque extrémité latérale du mur d'enceinte.

La façade sud du Casino est constituée de trois niveaux. Un escalier à double rampe pourvu de six réverbères et accosté de baies rectangulaires, conduit à une terrasse et à l'entrée situées au deuxième niveau. Les sept travées des niveaux supérieurs sont encadrées de colonnes adossées et percées de grandes baies plein cintre soulignées de balcons et surmontées d'ornements sculptés. Un fronton tripartite domine la terrasse à balustrade qui couronne l'ensemble.

"L'extérieur du Casino est vraiment monumental. L'ornementation en est riche et de bon goût (...) Afin de justifier son sous titre de Cercle International, chaque fenêtre est surmontée d'un écusson en relief et en couleurs aux armes des principales nations (...) En haut de l'édifice, au centre d'un tympan en forme de triangle tronqué, ouvragé, orné de bas-reliefs, de vases et de statues, s'étalent naturellement les armes de la ville de Nice" (Les Echos de Nice du 5 octobre 1867 p 2).

A l'intérieur, règne un riche décor de stucs, de boiseries et de fresques. Le plafond (fresque des Quatre Saisons) et le rideau de la grande salle de spectacle ont notamment été peints par Emmanuel Costa [1833-1921] (Les Echos de Nice du 15 septembre 1867 pp 3-4).

Le Casino Cercle International se veut un centre culturel ouvert aux familles. En dehors des salles de jeux, des salons sont réservés à la lecture (journaux, bibliothèques littéraire, musicale et scientifique), d’autres aux conférences, aux concerts, spectacles et bals, aux dames, à la gymnastique, aux expositions, à la photographie.

La ruelle du Canal, située entre le Casino et l’Hôtel des Anglais, est fortement élargie aux dépens du terrain Masclet dès l'été 1867 et des bâtiments, frappés d'alignement, sont démolis en octobre 1867. 
La nouvelle rue adopte, au début de l’année 1868, le nom (suggéré dès 1866) de rue Halévy, en hommage au compositeur Fromental Halévy [1799-1862], décédé à Nice le 17 mars 1862 (Le Journal de Nice du 12 octobre 1866 et du 21 mars 1868) .


- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE (1824-1912), La Promenade des Anglais, vue prise de l'est, détail 2, fin 1867-début 1868,
tirage albuminé de 14,2x9,2 cm, Collection personnelle.

Avec du côté nord, de gauche à droite, la Villa Süe [la Maison Süe, de même que la Maison Serrat-Gilly/le Restaurant Anglais, ouvert en 1866, ne sont pas visibles], l'Hôtel de Luxembourg (1865-66), la Maison Serrat-Defly (1862-63), la Maison Serrat-Isnard (1861), le Casino Cercle International (construit en 1866-67) et l'angle de l'avant-corps occidental de l'Hôtel des Anglais (construit en 1865).




LES MAISONS DONAUDY/L’HÔTEL DES ANGLAIS (voir la description des bâtiments dans la première et la deuxième partie de l'article)

La construction de nouveaux bâtiments de l'Hôtel des Anglais commence dès avril 1864 et progresse d'est en ouest. 

Un premier bâtiment, formant un avant-corps oriental hexagonal, constitué de quatre niveaux et percé de six baies (dont deux sur la face méridionale, pourvues d'un balcon), est tout d'abord érigé au sud de l’ancienne Maison Laurencin, à l’angle du Jardin Public et de la Promenade des Anglais.

La Maison Donaudy, située pour sa part sur la Promenade des Anglais est destinée à être détruite pour cause d’alignement. Son équivalent va être préalablement reconstruit à hauteur du nouveau bâtiment de l’Hôtel, complétant ce dernier par un grand bâtiment central (demande déposée dès le 28 mars 1864 par Charles Félix Donaudy fils, marchand de bois [1823- ?] - AM 2T 18-2080).


- Photographe anonyme (probablement Aleo Miguel [1824-c.1900]), Nice, vue du Château, détail, fin 1864, 
tirage albuminé, Collection privée.

Cette vue montre la démolition en cours du bâtiment n° 3 de l'Hôtel des Anglais sur la Promenade éponyme.



Ce nouveau grand bâtiment de cinq niveaux percés de onze baies va être couvert par un haut toit néo-Renaissance aux tuiles vernissées, hérissé de hautes cheminées. Un avant-corps occidental hexagonal, symétrique et identique au précédent va compléter le tout. 

Impliquée dans un procès de l'hôtel depuis fin 1864 (Reports of Cases Argued and Determined in the English Courts of Common Law, 1878, vol. 118 p 203 et ss.), Elisabeth Parr cède sa place, à l'achèvement des travaux en août 1865, à Madame Pontet.

The Mediterranean Hotel Company (6. Dove Court, Old Jewry, London ; Paris, 8, place de la Madeleine) fait paraître, dès début septembre 1865, deux sortes de petites annonces dans les journaux : l'une pour promouvoir un Guide de Nice intitulé, Situation and Climate of Nice (1ère édition de 1865 chez Groombrige & Sons, 5, Paternoster-row, London) qui comprend une élévation sud de l'Hôtel des Anglais, "with Frontispice Elevation" ; l'autre pour promouvoir plus directement l'hôtel, désormais considérablement agrandi et rénové, "now greatly enlarged and improved" et son nouveau manager, Madame Pontet (The Atheneum ; The Saturday Review of Politics, Literature, Science and Art, vol. 20, 2 septembre 1865 p 314 et 9 septembre p 344 ; The Galignanis's Messenger des 3 et 9 septembre 1859).

Le 19 octobre 1865, le secrétaire anglais de l'hôtel, John Holloway (né en 1842), dépose une demande pour placer quatre enseignes sur les piliers de façade de l’hôtel (AM 2T 21-404). 

Madame Pontet ne reste en place que quelques mois car c'est Harriet/Henriette Gerlo [née vers 1821] qui est citée dans le recensement de la Ville de Nice de 1866, avec 1 secrétaire, 1 commise et 10 domestiques (3 domestiques et 1 chef seulement dans le recensement de 1861). 

Harriet Gerlo dépose le 16 août 1866 une demande d'autorisation pour faire agrandir les 9 baies des croisées du sous-sol de l'Hôtel, donnant sur le Jardin public (AM, 2T22-131) puis, le 31 juillet 1867, une demande pour relever les deux trottoirs des grilles d'entrée des n°1 et 3 de la Promenade des Anglais pour les mettre au même niveau que la chaussée (AM, 2T 25-268)

Plusieurs photographies de Charles Nègre [1820-1880], conservées Aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes (ici)rendent compte des travaux au cours des années 1864 et 1865 :

Nice, L’Escalier des Ponchettes (cote 08FI 0007) - la photographie montre l’avant-corps oriental de l’hôtel déjà construit et enduit de blanc mais pas le grand toit à venir du bâtiment central ; la Maison Donaudy est encore présente mais la pancarte publicitaire des vins fins, placée à l'angle sud de sa face orientale aveugle, a déjà disparu (été 1864) ;

Nice, Promenade des Anglais : plage et cabines de bains (cote 08FI 0056) - la photographie montre le fronton de façade et le grand toit du bâtiment central de l’hôtel achevés et l'avant-corps occidental en cours de travaux (comme sur les vues contemporaines stéréoscopiques n° 1690 de Jean Andrieu [1816-c.1872]), alors que la Maison Donaudy a été démolie (été 1865) ;

-  Nice, Vue générale du littoral prise de l’est [ouest] (cote 008FI 0064) - la photographie montre l’ensemble de l’hôtel terminé (fin 1865).

L'entrée principale de l'hôtel est désormais située sur la Promenade des Anglais, au n° 1. Elle est précédée d'un jardin entouré d'un mur bas, surmonté d'une grille et percé de trois portails aux piliers équipés d'un réverbère. Un porche rectangulaire central, d'un seul niveau, est positionné en avant de la façade sud et sert d'entrée triomphale avec ses hauts pilastres d'angle, ses arcs plein cintre (trois au sud, un seul sur les côtés) reposant sur des chapiteaux ornés de crochets et son fronton triangulaire. 

La façade sud est constituée de cinq niveaux. Elle présente, sur quatre niveaux, une loggia coloniale en filigrane métallique, portée par neuf arcades plein cintre et deux arcades latérales légèrement brisées reposant sur de fines colonnettes (jumelées au extrémités) ; au quatrième niveau, les arcades sont divisées par une colonnette centrale surmontée de remplages néo-gothiques. Le cinquième niveau, dépourvu de loggia, offre un étage en retrait, précédé d'une terrasse. 

Un grand fronton triangulaire néoclassique, souligné de la grande enseigne de l'hôtel et surmonté d'une figure allégorique en ronde-bosse (figure féminine assise symbolisant la Grande-Bretagne) couronne l'ensemble.

Une rare photographie de Charles Nègre, de 1865, conservée au Musée de la Photographie Charles Nègre de la Ville de Nice, montre le détail de la nouvelle façade sud de l'Hôtel des Anglais (ici). 

L'ensemble des nouveaux bâtiments est blanchi, de même que l'ancienne corniche latérale des Maisons Donaudy. Il est à noter que, si du côté oriental l'hôtel est rattaché à l'ensemble du long bâtiment qui borde la place du Jardin Public, du côté occidental, l'hôtel forme un bâtiment qui reste isolé des autres sur la ruelle du Canal. 

- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE (1824-1912), La Promenade des Anglais, vue prise de l'est, détail 3, fin 1867-début 1868,
tirage albuminé de 14,2x9,2 cm, Collection personnelle.

La façade sud de l'Hôtel des Anglais.



La façade sud de l'hôtel est parfois critiquée pour son style éclectique, "l'angle de jonction [entre le Jardin Public et la Promenade des Anglais] est occupé par l'hôtel des Anglais, spécimen curieux de tous les ordres d'architecture qui existent et de ceux qui n'existent pas" (Emile Négrin, Les Promenades de Nice, décembre 1866 p 126).


Le secrétaire Holloway, dépose en 1869 une demande pour poser deux nouvelles enseignes, place du Jardin Public et Promenade des Anglais (AM 2T 32-425).



- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE Alphonse (1824-1912), Le Pont Napoléon IIIvue prise de l'estdétail, 1865 ou 1866, 
vues stéréoscopiques, tirages albuminés de 7,7x7,4 cm, sur carton de 17,3x8,4 cm,
Los Angeles, J.P. Getty Museum, cote 84.XC.873.1214.

Vue des façades sud et est de l'Hôtel des Anglais.




LES ÉTABLISSEMENTS DE BAINS 

En 1866, Léopold Amat, dépose une demande pour créer un établissement de bains de mer face au futur Casino. Cette volonté avait déjà été celle de M. Philippe en 1850, de la famille Schneider en 1853 et de M. Rocca en 1864. Léopold Amat y voit une façon d’allonger la saison d’hiver, de septembre à mai (L. Amat, De la nécessité d’un Casino à Nice, 1864 pp 15-16 et 21).

En 1869, le soumissionnaire Biasini fait également une demande pour la création d'un établissement face à l’Hôtel de Luxembourg (AD 02Q 0172). 

Vers 1870, les cabines de bains se succèdent de manière quasi continue, depuis l’Hôtel de Rome jusqu’à l’Hôtel des Anglais.


LE JARDIN PUBLIC


Plan de la Ville de Nice, détail 3, le Jardin public, 1865,
BnF (voir le plan complet sur Gallica).



En mars 1865, quatorze jeunes orangers sont plantés au nord de l'estrade destinée à l'orchestre militaire

Un bananier originaire d'Abyssinie et provenant du jardin d'acclimatation du Hamma (Algérie) est offert par le comte de la Margaria l'été 1867 et planté en avant de l'allée des sycomores (Journal de Nice du 4 août 1867 p 3). 

L' estrade de la musique va être remplacée par un kiosque réclamé depuis six ans (Le Messager de Nice du 3 mars 1861 ; Revue de Nice 1861-62 pp 90-92 et 1862-63 p 178). En mars 1867, le souhait "d'un élégant pavillon-kiosque qui embellirait le jardin, charmerait la vue et abriterait les musiciens" a été émis (Les Echos de Nice du 6 mars 1867). Ce dernier est enfin été acté et l'adjudication du kiosque à l'entreprise de Bernard Gabelle de Marseille a eu lieu le 15 juillet 1867. 

Le chantier débute en septembre avec les fondations du socle ; mi-novembre, les maçonneries (murs de l’estrade et magasin en-dessous) sont terminées et en attente des éléments en fonte (colonnettes et calotte). La pose du pavillon commence le 20 novembre (Journal de Nice des 15 septembre et 13 novembre 1867). 


- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE (1824-1912), Le Jardin Public sur la mer, vue plongeante prise de l'ouest, détail, fin novembre-début décembre 1867,
tirage albuminé de 14,2x9,2 cm, Collection personnelle.

Le kiosque à musique en construction.



La mise en peinture des éléments en fonte est signalée en cours d'achèvement fin décembre, "on s'occupe en ce moment de passer la dernière couche de couleur à la colonnade et à la frise, et de peindre [à fresque] à la voûte de la coupole divers sujets et attributs de musique" (Le Journal de Nice du 25 décembre 1867 p 3). 

L'inauguration a lieu le 2 janvier 1868 (Journal de Nice du 1er janvier 1868 pp 2-3 ; voir la photographie du premier trimestre 1868 de Charles Nègre, AD06, 08FI 0060). 

De nouvelles plantations viennent ensuite entourer la base du kiosque (Journal de Nice du 28 mars 1868 p 2).
 
Des candélabres et un grand lustre central au gaz sont installés fin mai 1868 et le kiosque est pour la première fois éclairé le soir du 18 juin suivant (Journal de Nice des 31 mai et 20 juin 1868 p 2 ; voir la photographie datant au plus tôt de fin mai 1868 de Charles Nègre, AD06, 08FI 0059).

La partie nord du jardin, qui a conservé le style italien, est réaménagée en 1868 afin de lui donner le style anglais. Les vieux tilleuls malades sont à cette occasion remplacés par des magnolias (Le Journal de Nice du 13 janvier 1868).

"Un grand bassin mélancoliquement couvert de nénuphar et plein de poissons rouges, forme le centre du jardin" (Léo Watripon, Nice-Guide, 1869 p 82).


- DEGAND Eugène (1829-1911), Le Pont Napoléon III et la Promenade des Anglaisvue prise de l'est, détail, 1869,
tirage albuminé de 16,2x8,6 cm, Collection personnelle.


Avec notamment, la Pension Rivoir en travaux (depuis 1868) ... le Casino Cercle International (1866-67), l'Hôtel des Anglais (1864-65), le Jardin Public avec le kiosque à musique (1867) et le Pont Napoléon III (1864). 
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ÉPILOGUE

"Tout à côté, la villa Diesbach, et puis une villa du même nom acquise tout récemment par la princesse Souvaroff. Puis la villa Dampierre. Puis des maisons, de gigantesques hôtels, - celui de Rome, de la Méditerranée, et du Luxembourg, le préféré des princes. A côté de ce dernier, une fort belle maison [Maison Serrat-Defly], demeure de Mme Rattazzi, - puis le Casino, dans le voisinage de l’Hôtel des Anglais, dont le modèle sort du fond d’un kaléidoscope ; - enfin, nous voilà au Jardin-Public, on entend les sons d’un orchestre militaire, les allées sont encombrées de monde élégant, tout autour stationnent ou circulent de beaux équipages (...) Si la promenade des anglais, qui s'arrête au vallon de Magnan, pouvait être poussée jusqu'à l'embouchure du Var, c'est-à-dire, à près de 4 kilomètres de là, Nice pourrait se vanter d'avoir la huitième merveille du monde" (Léon Watripon, Nice-Guide, 1869 pp 32-33 et 74-75).

En 2020, ne subsistent de tous les bâtiments évoqués, qu'une partie de l’Hôtel Victoria/de Rome (actuel Hôtel West End), de la Villa Dampierre (actuel Palais Fiora) et des Maisons Dalmas (actuel Hôtel Westminster).