samedi 9 janvier 2016

435-LES TOMBEAUX DE GAMBETTA AU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU, NICE




- Jean Gilletta (1856-1933), photographie du Tombeau Gambetta, début janvier 1883,
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.



DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 23/05/2021



1883


Le samedi 13 janvier 1883, le cortège funèbre traverse, sous la pluie, toute la ville de Nice, depuis la gare (où le corps - partiel - de Léon Gambetta, 1838-1882, est arrivé de Paris) jusqu'au Cimetière du Château où il arrive peu avant 15 heures (par la Montée Montfort), suivi par des milliers de personnes.

"Le char était précédé de deux voitures de couronnes (1200 couronnes envoyées des quatre coins de la France 
aux obsèques de ce grand homme d'Etat)comme à Paris, et les assistants portaient environ six cents couronnes nouvelles", la plupart timbrées de l'inscription, "A Léon Gambetta" ou "Au patriote" 
(Le Monde illustré, n° 1253 du 20 janvier 1883, p 38).

A 16 h, le corps de Léon Gambetta est ensuite emporté pour être inhumé dans le caveau familial de l'Allée du Brûloir, suivi d'une assistance encore plus restreinte. 

Le cercueil est hissé à bras d'homme par l'escalier sud de l'Allée (escalier Lesage) puis déposé au-devant de la tombe. Le caveau se révélant trop exigu, le corps est gardé, pour la nuit, dans le reposoir afin d'être inhumé le lendemain matin, en avant du caveau (dans l'allée). 

Cette modeste concession, coincée entre deux autres tombes de l'Allée du Brûloir, sur le flanc ouest de la colline du cimetière, a été acquise par Léon Gambetta de son vivant (par l'intermédiaire de son père), le 9 avril 1878, et sa tante (décédée le 28 mars 1878) et sa mère (décédée le 19 juillet 1882) y reposent déjà. 


- The Funeral of the Late M. Gambetta at Nice,
extrait du magazine hebdomadaire illustré britannique, The Graphic, 27 Janvier 1883 p 85
 (Collection personnelle).

1-Le convoi funéraire. 2-Un réverbère voilé du parcours. 
3-Le quai de la gare de Nice avec les couronnes parisiennes.
4-Le père de Léon Gambetta.  5-La sœur de Léon Gambetta. 6-La montée du cercueil vers l'Allée du Brûloir.

Ces estampes sont probablement réalisées d’après des photographies des funérailles, la prise de vue photographique des couronnes mortuaires sur le quai de la gare de Nice étant notamment signalée dans l’article du Petit Niçois du 14 janvier 1883 p 1.


Cimetière du Château (Plateau d'entrée) : Les obsèques de Léon Gambetta à Nice (le 13 janvier 1883),
illustration, "Le Journal Illustré" n° 5 du 28 janvier 1883 p 40 (Collection personnelle).

A 15 h, le cercueil entre dans le cimetière, suivi d'une assistance triée sur le volet, 
pour assister à la cérémonie et aux discours.
Arrivée du corps au cimetière 
(et dépôt du cercueil sur le catafalque d'honneur placé sur un autel de planches dans l'allée centrale, à l'est du plateau d'entrée, en arrière de la grande Croix "à quelques pas de la tombe de la mère de Garibaldi", Le Petit Niçois du 14/01/1883 p 2).

L'image montre les tombes et le mur nord du Plateau d'entrée du Cimetière 
et l'absence, à cette date, de statues ou de chapelles.
C'est la présence même de la sépulture de Gambetta qui, avec celle d'autres personnalités, attirera une classe fortunée au Cimetière du Château et permettra la multiplication des monuments sculptés.















- Cimetière du Château (Plateau d'entrée) : Les obsèques de M. Gambetta à Nice (le 13 janvier 1883) - Arrivée du corps au cimetière (et dépôt du cercueil sur le catafalque d'honneur placé à l'entrée),
estampe de Marie Adrien Emmanuel (1848-1891), 21,5x30,9 cm, tirée du" Monde Illustré" du 20 janvier 1883, p 44, Versailles, photo RMN-Grand Palais.

"Arrivé près du caveau où sont inhumées les victimes de l'incendie du théâtre de Nice, le corbillard s'arrête" et plusieurs discours sont prononcés (Le Français du 15 janvier 1883 p 3).

L'estampe ci-dessus permet de constater qu'à cette date du 13 janvier 1883, la pyramide du Monument aux Victimes de l'Incendie de l'Opéra était achevée et que la grande Croix de bénédiction (fin du XVIII° siècle remplacée au milieu XIX° siècle) était encore en place (malgré la loi de laïcisation des cimetières de 1881). Une photo postérieure à 1899 (car elle montre la Chapelle Tarani bâtie cette année-là) et un dessin de novembre 1902 attestent d'ailleurs encore de la présence de la grande Croix.




Le lendemain des funérailles, dès 14 h, le grand public est autorisé à venir rendre hommage au grand homme et ce sont "plus de 20.000 visiteurs" qui se rendent sur sa tombe où "deux drapeaux tricolores déployés" recouvrent la tombe, l'un sur la dalle et l'autre sur l'urne ; la plaque de marbre offerte par la "Jeunesse Républicaine de Nice à Gambetta", repose en tête de tombe, sous les plis du drapeau (Le Phare du Littoral du 15 janvier 1883 page 2).

Les centaines de couronnes des funérailles (celles du cortège du samedi et celles ramenées de la gare le dimanche) sont entassées, pour leur part, dans la partie basse du cimetière, occupant un très grand espace tout autour de la grande Croix centrale.  

Les pèlerins qui, dans les jours qui suivent, se rendent sur la tombe du grand homme, ne manquent pas d'emporter, en souvenir, quelque fleur, ruban ou insigne de ces couronnes (Le Petit Niçois du mardi 16 janvier 1883 page 2, Le Phare du Littoral du 17 janvier 1883 page 1)

Une pyramide commémorative de bois noirci, entourée d'une barrière de bois, va être érigée, entre le 16 et le 20 janvier, sur le Plateau supérieur (actuel Plateau Gambetta), derrière la tombe de Gambetta, afin de recueillir une partie de ces couronnes mortuaires et va rester au Cimetière pendant 25 ans.



- Jean Gilletta (1856-1933), photographie du Tombeau Gambetta, début janvier 1883,
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.

La photo ne montre pas les drapeaux tricolores ni la plaque de marbre de la Jeunesse Républicaine Niçoise, déposés lors des funérailles, ce qui implique qu'elle est postérieure au décès de Léon Gambetta (nuit du 31 décembre au 1er janvier) mais antérieure à ses funérailles (13 janvier). 

La couronne qui repose sur l'urne et porte l'inscription, "A mon ami", a probablement été offerte par Alfred Borriglione, alors maire de Nice et député des Alpes-Maritimes.


- Jean Gilletta (1856-1933), photographie du Tombeau Gambetta, sans date (décembre 1883 ou janvier 1884 ?),
postérieure aux funérailles de Léon Gambetta,
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole (ALB GIL II - 170).

Il est possible que cette photographie date de fin décembre 1883 ou de début janvier 1884 car la couronne accrochée sur l'urne semble être celle du Cercle républicain de Cahors, déposée par Monsieur le sénateur-maire Borriglione à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Gambetta, le 31 décembre 1883
 (voir Le Petit Niçois du 1er janvier 1884 p. 1).



"Le tombeau de la famille Gambetta à Nice, peut-on lire dans le Journal illustré du dimanche 21 janvier 1883 (avec en couverture une gravure proche de la photographie prise par Jean Gilletta), est situé sur le plateau supérieur du cimetière du château, au milieu de l'allée qui conduit à la petite porte du cimetière israélite. Au bas de la pierre tombale, on lit : Concession à perpétuité, 694 ; en haut : Famille Gambetta. Le monument est en marbre blanc de Carrare. Il est des plus modestes : un mètre de largeur sur deux de hauteur. Au milieu du frontispice, un médaillon de bronze destiné à perpétuer les traits de la tante Massabie (...). Au-dessus du frontispice, une urne".

Ce tombeau de Léon Gambetta se veut provisoire, "en attendant que la municipalité, la France, l’Alsace avisent à quelque chose de plus vaste et de plus décoratif" (Le Petit Niçois du 15 janvier 1883 p 2).



- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : (Premier) Tombeau de la Famille Gambetta, 1883,
gravure publiée en couverture dans "Le Journal Illustré" du 21 janvier 1883 (Collection personnelle).


- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : (Première) Tombe de la Famille Gambetta, 1883,
gravure publiée dans le journal britannique, The Graphic, du 20 janvier 1883, page 61.




1884-1900


"Nice, 27 décembre 1887. Je suis allé ce matin au tombeau de Gambetta, écrit Joseph Reinach. La petite tombe, si étroite, si modeste est toujours couverte de fleurs, bouquets de grosses violettes, touffes de bruyères roses, gerbes de lauriers. Derrière, sur un tertre, on a conservé une manière de pyramide en bois où les couronnes des obsèques tombent misérablement en poussière"(Joseph Reinach, journaliste et député, Pages républicaines, Paris, Félix Alcan Éditeur, 1894, p 305).

Dans son ouvrage intitulé La Côte d'Azur, Stephen Liégeard, rappelle en 1887 (pp 194-196) que la Pyramide qui "se dresse vers le centre de la terrasse supérieure (...) ne fait que marquer la place où surgira le monument".

En 1890, Le Petit Niçois du 9 octobre publie une description du Tombeau, rédigée par le poète Léon Riotor :
"C'est le monument le plus nu, le moins arrangé de cet endroit ; de chaque côté un espace d'un mètre environ le sépare de deux chapelles très riches (...). Au centre, on voit un cippe surmonté d'une urne, et le médaillon de la tante Joséphine Massabie, sculpté en creux. Rien de plus simple, rien de plus restreint, je dirais même rien de plus banal. La terre est relevée autour, formant une espèce de gazonnage. C'est là, sous la jonchée des couronnes et des bouquets qui se pourrissent que dort Gambetta, entre sa mère et sa tante...". 

Il faut dire que de nombreux pèlerins continuent à venir se recueillir sur la tombe et à offrir des fleurs et des couronnes, notamment à chaque date anniversaire de sa mort (célébrée le 1er janvier) et pour les Fêtes de la Toussaint.

Dès les années 1880, une confusion s'est installée entre la Pyramide et la Tombe de Gambetta, comme le rappelle Le Petit Niçois à l'occasion du Jour des Morts de 1889 et 1892 : 
"Gambetta, dont le tombeau n'est pas ainsi qu'on le croit sous la pyramide mais dans une allée située en-dessous" (Le Petit Niçois du 2 novembre 1889 page 2) ; "Il faut dire que le grand tribun n'a pas trouvé à Nice une sépulture digne de ce nom. Beaucoup prennent encore pour son tombeau cette grossière pyramide de bois qui n'en est que l'illusion. Quand cette illusion sera-t-elle enfin réalité ?" (Le Petit Niçois du 2 novembre 1892 page 1).



- Cimetière du Château (vue de l'Allée du Brûloir et du rebord ouest du Plateau supérieur, axe ouest-est) : le Tombeau (à gauche, chargé de couronnes) et la Pyramide de Gambetta (au-dessus, décalée vers la droite, actuelle Allée Defly), sans date (entre 1883 et 1893 : début de l'année 1890 ?). Collection José Maria, Président du Club cartophile de Nice et des Alpes-Maritimes.

La concession a été acquise le 9 avril 1878 et Léon Gambetta y a été enseveli le 14 janvier 1883
 (un problème d'espace ayant repoussé l'inhumation au lendemain des obsèques niçoises) ;
la photographie montre deux plaques de marbre posées sur le devant de la tombe chargée de couronnes dont la plaque gauche, offerte par la Jeunesse Républicaine Niçoise lors des funérailles de Gambetta le 13 janvier 1883 :

"À LÉON GAMBETTA
La Jeunesse Républicaine Niçoise
Les voyageurs de commerce, les syndicats des 
commis et employés, les volontaires de 1870-71, 
un groupe d'artistes du théâtre français,
les élèves de l'école des arts décoratifs".

La plaque droite est celle d'un poème dédié par Elisabeth Hucher (?)
 au grand homme dont la date de dépôt est inconnue :

"À LÉON GAMBETTA
Il est là couché sous la terre
Et fatigué de ses labeurs
La nuit, son âme solitaire
Vient goûter le parfum des fleurs.

Ton passage est inscrit aux pages de l'histoire
Les fils de l'avenir se disant ton grand no
Et puisant dans leur âme un rayon de ta gloire
Ils iront s'incliner au seuil du Panthéon".

Stéphen Liégeard signale cette plaque en 1887 et Henri Sappia précise qu'elle est cassée au coin inférieur gauche lors d'une visite le 14 septembre 1889 puis la signale disparue en 1898 
(Le Petit Niçois du 4 novembre 1898 p 2 et Nice Historique, n° 757, 1899 p 250). 
Tout à droite, la tombe de la Famille S. montre bien l'inscription relative au décès de Florentin S. en février 1879, mais pas encore celle relative au décès d'Éléonore S-L, en février 1893, ce qui laisse penser que la photographie a été prise entre janvier 1883 et février 1893.


- Nice, Tombeau de Gambetta, vue colorisée, sans date (début de l'année 1890 ?),
Shrine to Léon Gambetta,
photochrom print n° 1168 from Views of Architecture, monuments and other sites in France,
ensemble daté entre 1890 et 1900,
Washington, Library of Congress, Prints and Photographs Division.

Du fait des repères chronologiques cités pour la carte postale précédente en relation à la tombe voisine (1883-1893), la photo semble donc dater des années 1890-1893, cependant je pencherais 
pour une date antérieure à décembre 1890 du fait de l'absence de la couronne mortuaire 
dédiée au père de Gambetta que l'on va découvrir sur la photo suivante.

Sur l'une des couronnes déposées sur l'urne de marbre peut se lire l'inscription suivante : "Les Alsaciens à Gambetta". Il est possible que cette couronne soit celle déposée, par un alsacien, sur la tombe de Gambetta à la date anniversaire de sa mort, le 1er janvier 1890 (Le Petit Niçois du 02/01/1890 page 2). 




Vers 1891, suite à la destruction des tombes anciennes et au réaménagement de l'ensemble du Plateau supérieur, la pyramide (fort dégradée) est déplacée au centre du Plateau supérieur, tout en continuant à dominer l'ensemble du Cimetière et de la ville. 

En 1893, lors d'une visite d'hommage au grand homme (dixième anniversaire de sa mort), le député Albert Tournier espérait, en gravissant la colline, que 
l'emplacement choisi pour la tombe ait été celui d'une "aire d'aigle que, le soir, les nuages devaient effleurer de leur blancheur humide". 

"Au-dessus de cette tombe humble et timide, écrivait-il, s'étend un large espace vide dominant le champ de repos. Les nombreuses couronnes des funérailles, aux rubans fanés sous la ruisselée des pluies septembrales, aux perles égrenées, aux fleurs desséchées et pourries sont disposées sur les côtés d'une haute pyramide quadrangulaire. 

Cette pyramide pourrait disparaître et faire place à un monument aussi simple qu'on le voudra mais non étranglé par les promiscuités posthumes, et vraiment digne de recevoir les cendres du grand citoyen". 

L'auteur faisait donc le souhait public de son transfert sur le Plateau supérieur, "sur le monticule que dorent les premiers feux de l'aurore, sur qui le soleil, en se retirant vers l'Estérel, décoche ses dernières flèches et où le grand disparu pourra dormir tranquille sur les rêves de l'infini" (Albert Tournier, homme de lettres et député, dans, Gambetta, Souvenirs anecdotiques, Paris, Librairie Marpon et Flammarion, 1893, pp 325-332).


- Cimetière du Château (vue de l'Allée du Brûloir) : le Tombeau (à gauche) et la Pyramide de Gambetta (au-dessus, actuelle allée Defly),
 sans date (vers 1895).
Collection José Maria, Président du Club cartophile de Nice et des Alpes-Maritimes.

La pancarte indiquant l'emplacement de la tombe est ici visible, "TOMBEAU de GAMBETTA".

Seule la plaque gravée offerte par la Jeunesse Républicaine Niçoise est visible désormais au pied du tombeau, ce qui implique la disparition de la plaque portant le poème dédié à Gambetta (plaque signalée présente en 1887 et en 1889 puis signalée disparue en 1898).
La grande couronne entourant l'urne de la tombe de Gambetta porte l'inscription suivante,
"La ville de Nice à Gambetta Père", ce qui situe la photo après le décès de Joseph Gambetta (le 4 décembre 1890) et le dépôt de cette couronne "en perles noires et violettes" par deux huissiers de la mairie (Le Petit Niçois du 8 décembre 1890 page 1), lors des obsèques, le 7 décembre, peu après midi. 

La chapelle de la tombe de droite (Famille W.) est dorénavant fermée par une grille ouvragée et vitrée. Le recul de la Pyramide par rapport au Tombeau est net (comparer avec la vue précédente) et révèle le déplacement de la Pyramide au centre du Plateau supérieur.
La date de circulation la plus ancienne connue de cette carte postale est à ce jour d'octobre 1904.



- Photographie d'amateur, Nice, Le Tombeau de Gambetta, vers 1895-1900,
vue sud-est/nord-ouest,
tirage de 3,7x4,8 cm monté sur support et cadre Pocket Kodak de 7,3x8,5 cm,
Collection personnelle.

Cette photographie ne peut qu'être postérieure à juillet 1895, date de la première sortie de l'appareil Pocket Kodak (1895-1900), et antérieure au transfert du tombeau en avril 1909.








1901-1908


Lors de la cérémonie d'hommage à Gambetta organisée par l'Union des Sociétés de Gymnastique de France, à l'occasion des 27émes Fêtes Fédérales de Gymnastique des 7 et 8 avril 1901, une estrade destinée aux orateurs est installée, au revers du tombeau (Le Petit Niçois du 6 avril 1901 page 1) et une "charpente triangulaire en fer" est installée en tête de tombe pour recevoir les couronnes. Le 8 avril, les Sociétés de Gymnastique défilent devant le tombeau de Gambetta et le couvrent de fleurs. 

Le lendemain matin, le Président de la République Eugène Loubet vient se recueillir devant la tombe et y déposer une couronne officielle, en présence de l'un des fils et de la sœur de Léon Gambetta.



La Famille et les amis de Gambetta attendant le Président Loubet devant le Tombeau de Gambetta le 9 avril 1901 vers 8 h 45 du matin, 
photographie tirée de "La Vie Illustrée", n° 131 du 19 avril 1901, p 38 (Collection personnelle).

A gauche, Monsieur Eugène Etienne (1844-1921), sénateur d'Oran (ami intime de Léon Gambetta), et notamment le Général Henri Jules Fabre (1841-1930). A droite, Madame Benedetta Léris-Gambetta (1840-1931, sœur de Léon Gambetta, veuve Jouinot et femme d'Alexandre Léris, 1835-1902) et l'un de ses fils le lieutenant François Léon Jouinot-Gambetta (1870-1923, neveu du tribun).

La tombe de Gambetta (à droite, près de Madame Léris-Gambetta, entre les deux chapelles) est recouverte des fleurs apportées la veille par les sociétés de gymnastique. Certaines sont suspendues, en tête de tombe, aux crochets d'une "charpente triangulaire en fer" installée pour l'occasion (Le Petit Niçois du 6 avril 1901 page 1).

La photographie est probablement l'œuvre du photographe toulonnais Marius Bar (1862-1930). On retrouve d'autres photographies du même jour dans la même revue et dans les recueils photographiques de Léon Bouët (1857-1911), Cérémonies et voyages officiels du Président Emile Loubet (vues 12 et 13, Paris, BnF)  et Inauguration du monument à Gambetta sur les allées de Tourny à Bordeaux par le Président Emile Loubet (vue 54, Paris, BnF, à voir sur Gallica). On trouve également une excellente photo en ligne de cet événement sur le site du Jean-Paul Getty Museum de Los Angeles.



- Nice - Le président de la République devant le Tombeau de Gambetta,
M. Loubet au Cimetière du Château, à Nice, le 9 avril 1901, vers 9 h du matin, 
avec à droite le lieutenant Jouinot-Gambetta et sa mère Madame Léris-Gambetta, 
illustration (dessin et photomontage) tirée de "L'Illustration", n° 3033 du 13 avril 1901, p 228
 (Collection personnelle).

Le poteau de la pancarte identifiant la tombe de Gambetta est visible derrière l'urne ; il est difficile de dater précisément l'apparition (vers 1890) et la disparition (vers 1909) de cette pancarte attestée dans les années 1890, présente ici, encore signalée en 1903 et visible sur une carte postale de 1906.

Un moment semblable à cette image est présent dans "La Vie Illustrée", n° 131 du 19 avril 1901, p 38 (Collection personnelle), avec la légende suivante : "La visite au tombeau de Gambetta, avant le transfert des cendres du grand tribun au Panthéon, représentait la première étape intéressante du voyage de M. Loubet. La tombe, d'une rare simplicité, disparaissait sous une moisson fleurie, fauchée par les sociétés de gymnastique qui, la veille de la visite présidentielle, avaient apporté là des brassées de parfums."

Le Petit Niçois du 10 avril 1901 p 7 commente l'instant : "M. Loubet, tête nue, demeure un instant silencieux devant le simple monument qui recouvre les restes du grand patriote, et tandis qu'on y dépose de sa part une couronne toute en violettes de Parme, lilas blancs et iris de Suze, le chef de l'Etat s'entretien à voix basse avec Mme Léris-Gambetta et M. Etienne".




Le peintre Octave Guillonnet (1872-1967), a été mandaté sur place pour croquer la cérémonie des Sociétés de Gymnastique puis réaliser un tableau de cette célébration. 

Ce dernier, intitulé, La Jeunesse de France au tombeau de Gambetta, 1901 (2, 60x4 m, exposé au Salon de 1905 puis reproduit par la gravure de François Xavier Lesueur) est pour nous un précieux témoignage. 

Les tombes représentées et conservées de nos jours sont très fidèles à la réalité du lieu mais le peintre a pris certaines libertés comme de supprimer la tombe sud jouxtant le tombeau de Gambetta ou d'insérer la pyramide de Gambetta sur le rebord septentrional du Plateau Supérieur (derrière la grande Chapelle Tarani, 1899-1900), afin de rendre ces éléments plus visibles. 



 - Reproduction du tableau d'Octave Guillonnet (1872-1967), La Jeunesse de France au tombeau de Gambetta, 1901, exposé au Salon de 1905 et représentant la cérémonie d'hommage du 8 avril à Gambetta, organisée par l'Union des Sociétés de Gymnastique de France à Nice (du 6 au 9 avril 1901), vue sud-ouest/nord-est.

On aperçoit en haut (vue prise d'un point surélevé) la silhouette de la Pyramide de Gambetta, à l'emplacement de l'actuelle Allée Pacômeet plus à droite, la Chapelle T. (concession de 1899, monument daté de "1899", achevé en 1900) puis l'Ange de la Tombe de la Famille Louis G. (1901 - monument n° 2 du parcours)
 et enfin des monuments de l'année 1900.




"C'est un devoir pour nous, lit-on en 1903 dans "Après l'Ecole", de rendre une visite au tombeau de Gambetta (...). Le tombeau est si modeste, si effacé entre ses voisins qu'on a dû le signaler par un poteau indicateur qui n'a rien d'esthétique (...). 

Aujourd'hui 1er janvier (1903), c'est l'anniversaire de la mort du grand orateur, survenue en 1883 (en fait Léon Gambetta décède dans la nuit du 31 décembre 1882 au 1er janvier 1883 - son corps sera embaumé dans la nuit du 2 au 3 janvier). Aussi sa tombe est-elle couverte de fleurs fraîches que de pieux amis sont venus déposer le matin même, ou la veille" (Après l'Ecolerevue illustrée d'enseignement populaire du 20 janvier 1903 p 196).



- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : (Première) Tombe de la Famille Gambetta, 1903,
dessin exécuté le 1er janvier 1903 (vingtième anniversaire de la mort de Léon Gambetta) et publié le 20 janvier 1903 dans, "Après l'Ecole" (revue illustrée d'enseignement populaire, pp 193-196, fig. 15b),
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.

Alors que l'article de la revue signale la pancarte identifiant la tombe, le dessin ne la montre pas.


- GILIBERT A. (?-?), Tombe de Gambetta, sans date, février 1903,
carte postale avec tirage photographique sur papier albuminé collé sur carton (collection privée) ;

cette photographie peut être datée au plus tôt d'avril 1901 du fait que la structure métallique triangulaire entourant la pancarte, placée pour les fêtes du 8 et 9 avril 1901 (et visible sur les deux images précédentes) est toujours en place à la tête du tombeau. La photo ne montre plus cependant l'amoncellement de couronnes dû à cette cérémonie, ces dernières ayant été pour la plupart déplacées autour de la Pyramide de Gambetta. 

La datation de la photographie a pu être précisée car l'ensemble auquel elle appartenait concernait le Carnaval de Nice. Les chars, une fois identifiés, ont ainsi permis de retrouver l'année : février 1903.


- NPG (Neue Photographische Gesellschaft), 23 Nice. Mausolée de Gambetta., 1904,
vues stéréoscopiques de 9x18 cm, Collection personnelle.

Une photo stéréoscopique identique porte au verso, "Neue Photographische Gesellschaft A.-G. Steglitz-Berlin 1904.", ceci dit, la prise de vue peut dater de la fin de 1903 ou du début de 1904 si l'on se réfère aux indices fournis par les autres vues stéréoscopiques de la même série NPG sur Nice ou à la photographie précédente de février 1903 (les nouvelles couronnes datant probablement de la Fête des Morts de novembre 1903 ou de l'anniversaire de la mort de Gambetta de janvier 1904).


Francia -- Niza. Mausoleo de Gambetta., vers 1914,
vignette publicitaire de 5x6,5 cm, Collection personnelle,
carte portant au revers le texte suivant,
"N° 434 - Peculiaridades - Del Mundo - Postal para La Colleccion - Del Nuevo - Album Universal - Obsequio - De - Susini",
("Particularités du monde - Carte postale pour la collection du nouvel Album Universel - Cadeau de Susini").

Cette série de 8 images de Nice du tout début du XX° siècle, conservée à l'Instituto Nacional de Antropologia e Historia de Mexico (comprenant, Le Marché, Les Lavandières du Paillon, Le Mausolée de Gambetta, Le Marché aux fleurs, La Baie des Anges - avec le Casino de la Jetée-promenade, deux vues du Carnaval de Nice), manifestement tirée des vues réalisées par NPG en 1904, était offerte avec les cigarettes et cigares de La Honradez, grande fabrique cubaine de Luis Susini (créée en 1853) pour compléter un grand Album Universel diffusé, selon les collectionneurs, dès 1914, même si l'INAH le date pour sa part vers 1920-1925.




1909 - LE NOUVEAU TOMBEAU DE GAMBETTA 


Afin de remplacer la tombe de Léon Gambetta, modeste, étroite et enserrée entre d'autres sépultures, la municipalité de Nice érige dans le cimetière du Château, au début de l'année 1909, un mausolée dégagé et de grande taille sur le Plateau supérieur (actuel Plateau Gambetta). 

Grâce à l'action du maire Henri Sauvan, le monument provisoire en forme de pyramide égyptienne du cimetière du Château (en mauvais état) cède en effet la place, après plus de 25 ans de présence, à un nouveau tombeau pour Léon Gambetta (conçu par Alban Gaillandre, architecte des jardins et cimetières), alors qu'en ville un monument (conçu par le sculpteur Louis Maubert) est parallèlement érigé à sa mémoire.

La destruction de la pyramide a lieu au premier trimestre 1909, probablement en mars. Le nouveau tombeau doit intégrer les parties sculptées de l'ancienne tombe de l'Allée du Brûloir avant d'accueillir les corps de Léon Gambetta et de sa famille, le 1er avril 1909. 

Une photographie de l'ancien Tombeau de Gambetta datée du 2 mars 1909 montre cependant que les éléments sculptés n'ont toujours pas été déplacés à cette date sur le nouveau tombeau du Plateau supérieur. 

Les photographies de la translation du corps de Gambetta montreront que quelques finitions du nouveau tombeau restent encore nécessaires (aménagement des parterres et installation du portillon), ce qui laisse penser à des travaux engagés tardivement. 



- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : Première Tombe de la Famille Gambetta,
négatif sur verre, 13x18 cm, daté du 2 mars 1909, Agence de Presse Meurisse, Paris, BnF.

Le cippe dominé de l'urne drapée a été déplacé sur le nouveau site, au centre du Plateau supérieur, avant le transfert des cendres de la Famille Gambetta du 2 avril 1909, puisqu'il apparaît sur les clichés pris à cette date. 

La concession de cette tombe a été rendue gratuitement à la ville par Madame Benedetta Gambetta (veuve de Monsieur Alexandre Léris), en mai 1909, "à la condition que le nouveau tombeau qui resterait propriété de la ville, soit affecté à perpétuité à la sépulture de la famille Gambetta" 
(Archives municipales, Délibération du Conseil municipal, 1D1, Partie 34. séance du 14 mai 1909, pp 235-236).

La seule plaque conservée au pied du tombeau est celle de La Jeunesse Républicaine Niçoise.


- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : Première Tombe de la Famille Gambetta
détail des inscriptions de la plaque de La Jeunesse Républicaine Niçoise de janvier 1883 et des graffitis de la plaque et du tombeau,
négatif sur verre, 13x18 cm, daté du 2 mars 1909, Agence de Presse Meurisse, Paris, BnF.




Le 1er avril 1909, à 9 heures du matin, alors que le cimetière du Château est fermé au public, une vingtaine de personnes, dont deux photographes, assistent à l'exhumation des cercueils afin de procéder au transfert des corps de Léon Gambetta et de ses parents (sa tante, sa mère et son père, décédés respectivement en 1878, 1882 et 1890)


- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 1er avril 1909, dégagement des cercueils du caveau familial,
photographie de Jean Gilletta (1856-1933), extraite de la revue hebdomadaire, "L'Illustration", n° 3450 du 10 avril 1909, p 239(a) (Collection personnelle).

Cette translation se déroule notamment en présence de : André de Joly, Préfet, Honoré Sauvan, Maire de Nice et sénateur (tout à gauche), Raymond Huet, attaché au ministère des Affaires étrangères, d'un sénateur et de trois adjoints municipaux, de membres de la Famille Gambetta, le Commandant François Jouinot-Gambetta et Pierre-Barthélémy Gheusi, de Alban Gaillandre, architecte des jardins et cimetières municipaux de la ville de Nice et concepteur du nouveau mausolée, et de Martin, gardien du cimetière.


- Cimetière du Château (Allée du Brûloir) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 1er avril 1909, sortie du cercueil de Léon Gambetta,
photographie de Jean Gilletta (1856-1933), extraite de la revue hebdomadaire, "L'Illustration", n° 3450 du 10 avril 1909, p 239 (b) (Collection personnelle).




On emporte et dépose le cercueil de Léon Gambetta près du nouveau mausolée érigé par Alban Gaillandre, architecte de la ville. Cependant, devant le mauvais état du cercueil et la nécessité de son remplacement (un nouveau cercueil avait bien été prévu mais il s'avère trop petit), la cérémonie du transfert des corps est remise au lendemain. 


- Cimetière du Château (Plateau supérieur, actuel Plateau Gambetta) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 2 avril 1909, dépôt du cercueil plombé devant le nouveau monument érigé par la ville (Alban Gaillandre, architecte), photographie de Jean Gilletta (1856-1933), carte postale ancienne, Collection José Maria, Président du Club cartophile de Nice et des Alpes-Maritimes.

La date de cette photographie est bien le 2 avril mais quelques heures avant le transfert dans le nouveau tombeau, l'absence de jardinières le long des murs d'entrée en est la preuve.

On aperçoit, à gauche de la photographie, le Monument de la Famille Goduard M. (concession de 1900), puis la Tombe Jérôme P. (concession de 1901) et plus à droite, à l'arrière du Tombeau de Gambetta (comme sur la gravure précédente), la Chapelle néo-byzantine de la Famille Joséphine B. (concession de janvier 1904). Enfin, à l'extrémité droite de la carte, on aperçoit les pots-à-feu de la façade de la Chapelle, construite sur la concession n° 2970 acquise fin 1896 ou début 1897.




Le cercueil de Léon Gambetta est placé, pour la nuit, dans le reposoir, sous bonne garde. Le lendemain matin, vendredi 2 avril 1909 (71ème anniversaire de la naissance de Léon Gambetta), à 9 h, le cercueil de Léon Gambetta est transporté du reposoir au nouveau mausolée. 

Près de l'entrée, le cercueil plombé est déposé puis ouvert pour vérifier l'état de conservation du corps. 

Selon Pierre-Barthélémy Gheusi, parent éloigné, biographe du Grand homme politique et auteur de l'article paru dans L'Illustration du 10 avril 1909, "rien n'attriste atrocement nos yeux", ce qui est malheureusement faux, le corps de Léon Gambetta ayant été amputé dans la nuit même de son embaumement (du 2 au 3 janvier 1883), de plusieurs parties conservées comme reliques (tête, cerveau, avant-bras droit, intestins et cœur - cet organe, placé dans une urne, entrera au Panthéon le 11 novembre 1920).

Une fois le drapeau enveloppant le corps changé et l'étui de cuivre contenant le procès-verbal de la cérémonie déposé, les deux enveloppes de plomb sont ressoudées et l'ensemble, replacé dans le nouveau cercueil en chêne, est déposé dans le caveau souterrain du nouveau monument.


- Cimetière du Château (Plateau supérieur, actuel Plateau Gambetta) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 2 avril 1909, ouverture du cercueil plombé devant le nouveau monument érigé par la ville,
gravure, en double-page, extraite de la revue hebdomadaire, "L'Illustration", n° 3450 du 10 avril 1909, pp 240-241 (Collection personnelle).

La date de cette gravure est bien le 2 avril mais quelques heures avant le transfert dans le nouveau tombeau, l'absence de jardinières le long des murs d'entrée en est la preuve mais le jardinier est là pour les poser, sur le côté droit de l'image. Le nom de chacune des personnes présentes apparaît au-dessus de l'image.


- Cimetière du Château (Plateau supérieur, actuel Plateau Gambetta) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 2 avril 1909 (date anniversaire du jour de la naissance de Léon Gambetta), transport du cercueil dans le nouveau caveau,
le cercueil de plomb a été ouvert puis refermé et replacé dans un cercueil en chêne neuf. Photographie très probablement de Jean Gilletta, Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.

Derrière le groupe, à gauche de la photographie, on aperçoit Les deux Douleurs de Théodore Rivière de la Tombe de la Famille R. (concession de 1900, sculpture de 1903-1904), la Chapelle T. (concession de 1898, monument de "1899") et (derrière le grand arbre) la Chapelle néo-byzantine (concession de 1901, monument achevé depuis plusieurs années).
L'espace entre les deux arbres montre l'ancien emplacement de la Pyramide Gambetta, encore dépourvu de tombeaux en 1909. 

A droite de la photographie, on aperçoit le groupe des Trois Vertus théologales de la Tombe de la Famille Goduard M. (concession de 1901, monument achevé depuis plusieurs années) et le Monument Jérôme P. (concession de 1901, monument achevé depuis plusieurs années).



- Cimetière du Château (Plateau supérieur, actuel Plateau Gambetta) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 2 avril 1909, transport du cercueil dans le nouveau caveau (Alban Gaillandre, architecte),
photographie de Jean Gilletta (1856-1933) extraite de la revue hebdomadaire, "L'Illustration", n° 3450 du 10 avril 1909, p 242(a) (Collection personnelle).

Le cercueil contenant le corps de Léon Gambetta est le cercueil neuf et le terrain le long du mur de clôture du monument a été, entre-temps, aménagé en jardinières.

A gauche de la photographie, on aperçoit le Monument Jérôme P. (concession de 1901, monument achevé depuis plusieurs années) puis (en arrière du cercueil) la chapelle néo-byzantine de la Famille Joséphine B. (concession de janvier 1904, monument achevé depuis plusieurs années). A droite, on aperçoit le Monument à Joseph B. (concession de 1902) avec son buste de bronze (signé et daté, "1903").



- Cimetière du Château (Plateau supérieur, actuel Plateau Gambetta) : Translation des cendres de Léon Gambetta, le 2 avril 1909, vue en gros plan de l'angle nord-ouest du sarcophage central (Alban Gaillandre, architecte),

on aperçoit la descente d'escalier qui mène au caveau souterrain puis la nouvelle plaque frontale, gravée de l'inscription suivante :

"A LÉON GAMBETTA
La Ville De Nice
Gardienne De Ses Cendres
----------
Honoré SAUVAN Maire".
photographie extraite de la revue hebdomadaire, "L'Illustration", n° 3450 du 10 avril 1909, p 242(b) (Collection personnelle).

A l'arrière, on aperçoit le Monument à Joseph B. (concession d'août 1902) et son buste de bronze (signé et daté, "1903").




A la fin du mois d'avril 1909, le Président de la République, Armand Fallières, profite d'une visite officielle dans la région, à l'occasion des 42èmes Fêtes fédérales de gymnastique, pour inaugurer à Nice, le dimanche 25 avril, le Monument Léon Gambetta, 1909 (œuvre du sculpteur Louis Maubert, 1875-1949), place Béatrix (actuelle place Général de Gaulle, monument détruit en 1942) et il vient se recueillir sur le nouveau Tombeau de Gambetta, le mardi matin 27 avril, et y dépose une couronne.



- MAUBERT Louis (1875-1949), Monument à Léon Gambetta, 1906-1909,
inauguré le 25 avril 1909 à Nice, Place Béatrix (devenue Place Gambetta, actuelle Place Charles de Gaulle) (Collection personnelle).



- NAVELLO Edouard (1876-1964), Le Président Fallières se rendant au Tombeau de Gambetta le 27 avril 1909,
le Président, accompagné de Georges Clémenceau, traverse l'Allée Lenval du Cimetière du Château pour se rendre sur le Plateau supérieur,
carte postale, Aux Nouveautés Photographiques, 6, Boulevard des Moulins, Monte-Carlo, Collection personnelle.

En arrière-plan, on peut apercevoir le clocheton de la chapelle Sainte-Madeleine 
et sur la droite le toit du pavillon du gardien du cimetière (1903-1904).
Des photos des Archives Départementales des Alpes-Maritimes sont en ligne (outils de recherches et archives numérisées - puis Images et sons - puis Iconographie - puis taper "Fallières Gambetta" et voir notamment les trois photos de la visite au Cimetière de 1909 : 02FI 06945, 02FI 06946, 02FI 06947).




GILETTA Jean (1856-1933) ou CHASSEAU-FLAVIENS C. (?-?), Le Président Fallières et Madame Leris-Gambetta, au Cimetière de Nice, le 27 avril 1909, photographie parue dans l'Illustration du 1er mai 1909, n° 3453, p. 309-311, Collection personnelle.

Le Président salue Madame Leris sur le Plateau supérieur du Cimetière, au-devant du Tombeau de Gambetta,




"Dernièrement, avec l'assentiment des membres survivants de cette famille, la Municipalité, désirant rendre un pieux hommage à la mémoire du Grand Patriote que fut Léon Gambetta, a fait aménager un nouveau tombeau au même cimetière, et y a fait transférer les restes mortels qui étaient inhumés dans l'ancienne concession familiale" (Archives Municipales, Délibération du Conseil municipal, 1D1, partie 34, séance extraordinaire du 14 mai 1909, pp 235-236). 

Le nouveau tombeau a coûté 9683, 80 fr. (séance du Conseil municipal du 4 novembre 1910 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes - 02O 0750).

"L'emplacement ancien, submergé par l'assaut continuel des tombes, écrit Pierre-Barthélémy Gheusi en 1909, disparaissait presque parmi les monuments nouveaux ; la ville a décidé le transfert de la sépulture, telle qu'elle fut construite par Gambetta, sur le terre-plein où l'on avait, en 1883, érigé la pyramide en planches qui disparut littéralement sous l'amoncellement des fleurs et des couronnes envoyées à Nice des quatre coins du monde. 

De là, entre le ciel ligure, presque toujours pur et profond, et la mer incomparable, au centre d'une région encadrée par les glaciers étincelants des Alpes et le seuil mobile de l'Orient des aventures et des légendes, les pèlerins émus du Tombeau (de Gambetta) verront resplendir à leurs pieds (...) le pays délicieux qui fut la dernière conquête de la France territoriale (...) 

Léon Gambetta dort éternellement dans son cercueil renouvelé. Il est couché au niveau des fleurs et des gazons tendres, sur l'esplanade la plus ensoleillée, devant le panorama le plus splendide de ce pays" (Pierre-Barthélémy Gheusi, parent et biographe de Gambetta, dans, Gambetta par Gambetta, Lettres intimes et souvenirs de famille, Paris, Société d'Editions Littéraires et Artistiques, 1909, pp 404-405).


- Cimetière du Château (centre du Plateau Gambetta, axe ouest/est) : Tombeau de la Famille Gambetta à Nice, vue en gros plan de l'angle sud-est du sarcophage central (Alban Gaillandre, architecte), 
photographie de presse, Agence Rol, 1909,
négatif sur verre, 13x18 cm, Paris, BnF, département Estampes et photographie.

Cette série photographique de la BnF, mise en ligne en décembre 2015 (la photo ci-dessus et les deux autres de même provenance, ci-dessous), doit être de très peu postérieure au transfert des cendres du 2 avril ; l'absence de portail d'entrée et la présence de jardinières dépourvues de gazon, comme sur les photos du 2 avril, semblent confirmer cette hypothèse.
 
La plaque offerte par la Jeunesse républicaine Niçoise en 1883 et déposée sur l'ancien tombeau familial de 1878, a été réinstallée sur le côté sud du nouveau monument. Les inscriptions sont les suivantes :

"À LÉON GAMBETTA
La Jeunesse Républicaine Niçoise
Les voyageurs de commerce, les syndicats des 
commis et employés, les volontaires de 1870-71, 
un groupe d'artistes du théâtre français,
les élèves de l'école des arts décoratifs".

Cette plaque est désormais absente de cet emplacement.
A gauche de la photographie, on aperçoit le Tombeau de la Famille Joséphine B. (concession de 1904), achevé depuis plusieurs années, et à droite, la chapelle vitrée de la Tombe P. (concession de début 1903, monument n° 10 du parcours) puis la Chapelle des Familles P.-B.-C., érigée depuis plusieurs années (concession de 1902, monument n° 9 du parcours).


Le nouveau mausolée est placé au centre du Plateau, isolé par une clôture aux murs bas rythmés de pylônes et surmontés de grilles. Le monument est constitué pour partie d'éléments déplacés de l'ancienne tombe familiale (1878) et déposés sur un haut sarcophage : le cippe gravé de l'inscription, "FAMILLE GAMBETTA", timbré au revers du médaillon de bronze de Jenny Massabie (tante de Léon Gambetta), surmonté de l'urne drapée.

Le nouveau tombeau ne prend pas exactement la place de l'ancienne pyramide car il est installé en avant de la fontaine de pierre, cette dernière se retrouvant cette fois au dos du monument et cédant la place à une nouvelle fontaine en fonte.


- Cimetière du Château (centre du Plateau Gambetta, axe ouest/est) : Tombeau de la Famille Gambetta à Nice (vue frontale, Alban Gaillandre, architecte), photographie de presse, Agence Rol, 1909,
négatif sur verre, 13x18 cm, Paris, BnF, département Estampes et photographie.

De gauche à droite, on reconnaît l'arrière de la Chapelle d'angle des Familles H.-L. (concession de 1904, monument signé et daté de "1905"), la chapelle vitrée de la Tombe P. (concession de début 1903, monument n° 10 du parcours) puis la Chapelle des Familles P.-B.-C., érigée depuis plusieurs années (concession de 1902, monument n° 9 du parcours) et tout à droite, la Tombe de la Famille Jean-Michel G. (concession de novembre 1904, monument signé et daté de "1907", monument n° 12 du parcours).


- Le Cimetière du Château (Plateau Gambetta) : photographie (non datée) de Simon Baylone (Editions Baylone Frères, Nice, vers 1900-1925) du Tombeau de Léon Gambetta (Alban Gaillandre, architecte), vers 1909-1911 (Collection personnelle).

Dans cette photographie, le portail d'entrée apparaît désormais posé et le gazon (débarrassé des bordures) a désormais poussé, sans qu'il soit possible de savoir si plusieurs mois ou années se sont écoulés depuis la cérémonie. Les couronnes placées sur les pylônes de l'entrée datent probablement de la venue du Président Armand Fallières auprès du Tombeau de Gambetta, le mardi matin 27 avril 1909.

L'étude des monuments présents sur la carte postale, en arrière du Tombeau de Gambetta (cf. cet article du blog) permet de dater cette carte postale ancienne entre 1909 (date du nouveau Tombeau de Gambetta) et 1913-14 (date de l'installation de la stèle sculptée par Ségoffin sur la Tombe de la Famille L.). Un exemplaire de cette même carte postale (n° "153", rééditée n° "807") a été posté le 31/01/1912, ce qui permet encore de resserrer la date de la prise de vue, entre avril 1909 et janvier 1912.

L'autre nouveauté (en dehors de l'ajout du portail) est la transformation de la Tombe P. (2ème tombe à gauche du sarcophage Gambetta, monument n° 10 du parcours), de chapelle vitrée (visible sur la photo précédente) à la haute stèle qui l'a remplacée (sur cette carte postale), ce qui resserre la date de création de cet autre monument, entre 1909 et 1911.


- Cimetière du Château (centre du Plateau Gambetta, axe est/ouest) : Tombeau de la Famille Gambetta à Nice (vue arrière, Alban Gaillandre, architecte), photographie de presse, Agence Rol, 1909,
négatif sur verre, 13x18 cm, Paris, BnF, département Estampes et photographie.

Vue de l'arrière du monument (clôture et sarcophage) avec les éléments déplacés de l'ancienne tombe : le cippe gravé de l'inscription, "FAMILLE GAMBETTA", timbré du médaillon de bronze de la tante Massabie, surmonté de l'urne drapée, avec cependant l'urne retournée.

Au bas du sarcophage une plaque désigne les membres inhumés de la famille Gambetta (la tante et la mère de Léon Gambetta puis Léon Gambetta et son père), avec deux erreurs :
"1808" comme date de naissance de sa tante ; elle est née à Castelnau le 13 janvier 1807 ; 
"1888" comme date de décès de Joseph, père de Léon Gambetta  ; ce dernier est mort, en effet, le 5 décembre 1890, comme l'atteste une copie de l'acte de décès conservé aux Archives municipales de la ville de Nice.

"JENNY MASSABIE 1808-1878 - LÉON GAMBETTA 1838-1882
MADELEINE MASSABIE 1814-1882 - JOSEPH GAMBETTA 1816-1888".

A l'arrière du tombeau, sur le côté gauche de la photo, on peut apercevoir le Temple néo-égyptien de la Famille Henri C., (concession de 1900 et monument daté à l'arrière de "1900") et plus à gauche encore la stèle et le buste de Ferdinand B. (concession de 1905).




2015


- Cimetière du Château (Plateau Gambetta) : Tombe de Léon Gambetta (1838-1882) et de sa famille, 1908-1909 (photo de 2015),
homme politique français (1869-1882), député, Ministre de l'Intérieur, Président de la Chambre des Députés, Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères de la Troisième République ;
le mausolée est l'oeuvre d'Alban Gaillandre, architecte de la Ville : au coeur d'un enclos le monument de marbre est constitué d'un haut soubassement portant un sarcophage dominé par un cippe funéraire couronné d'une urne drapée (transférés de l'ancien caveau familial).
La plaque porte les inscriptions suivantes :
"A LÉON GAMBETTA
La Ville De Nice
Gardienne De Ses Cendres
----------
Honoré SAUVAN Maire".


- Cimetière du Château (Plateau Gambetta, axe ouest-est) : Tombe de Léon Gambetta (1838-1882) et de sa famille, détail, 1908-1909 (photo de 2015).

- Cimetière du Château (Plateau Gambetta, axe est-ouest) : revers de la Tombe de Léon Gambetta (1838-1882) et de sa famille, (photo de 2015).
L'arrière de la tombe est plus rarement photographié. Il montre le monument déplacé de l'ancienne tombe avec le cippe, le médaillon de bronze de la tante Massabie mais l'arrière de l'urne.

Au bas du sarcophage une plaque désigne les membres inhumés de la famille Gambetta (la tante et la mère de Léon Gambetta puis Léon Gambetta et son père), avec deux erreurs : 
Jeanne dite Jenny Massabie, la tante maternelle de Léon Gambetta est née à Castelnau le 13 janvier 1807 (et non 1808) ;
Joseph, le père de Léon Gambetta, est mort à Nice le 4 décembre 1890 (et non 1888), vers 12h 30
 (Le Petit Niçois du 5 décembre 1890 page 2), comme l'atteste notamment une copie de l'acte de décès, en date du 5 décembre, conservé aux Archives municipales de la ville de Nice.
"JENNY MASSABIE 1808-1878 - LÉON GAMBETTA 1838-1882
MADELEINE MASSABIE 1814-1882 - JOSEPH GAMBETTA 1816-1888".


- Cimetière du Château (Plateau Gambetta, axe est-ouest) : revers de la Tombe de Léon Gambetta (1838-1882) et de sa famille
détail du tombeau, 1908-1909, avec le médaillon circulaire de bronze de la tante maternelle de Léon Gambetta.
Jeanne dite Jenny Massabie (Castelnau le 13 janvier 1807- Nice le 28 mars 1878),
réalisé par le sculpteur Auguste Préault (1809-1879) entre avril et novembre 1878 (lettre de Léon Gambetta, datée du 17 novembre 1878, précisant l'envoi du médaillon), avec un portrait de face, accosté à gauche de l'inscription, "Jenny Massabie" (en grands caractères) et à droite de, "Auguste - Préault - Fecit - 1878" (en petits caractères) 
(photos de 2015).


- Cimetière du Château (axe ouest-est), photo 2015 de l'Allée du Brûloir montrant l'ancien emplacement du Tombeau de Léon Gambetta (1883-1909),
avec en arrière-plan l'emplacement actuel au centre du Plateau Gambetta (depuis 1909).


VOIR ÉGALEMENT 
LA PYRAMIDE DE GAMBETTA AU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU