I LE VOCABULAIRE DE LA SCULPTURE TRADITIONNELLE
1-TECHNIQUES
De l’Antiquité aux premières années du XX°
siècle, la sculpture a été dominée par trois techniques principales :
Le
modelage : ajout et retrait de
matière molle, terre (argile),
plâtre ou cire, sur une structure le
plus souvent métallique ; certaines œuvres en terre peuvent être cuites
pour être conservées.
Le modelage sert souvent au sculpteur à
rechercher et définir (esquisse de
petites dimensions) le projet de son œuvre définitive (de plus grandes
dimensions et en matériaux nobles et durables).
Le
moulage suivi de la fonte :
réalisation de modelages successifs jusqu’au modèle aux dimensions définitives qui est ensuite
moulé ; dans le moule réalisé
au noyau plein, du métal fondu est
coulé pour finaliser la sculpture (très lourde mais creuse) en bronze (alliage de cuivre et d’étain). D’autres
métaux peuvent être utilisés comme l’or, l’argent… La fonte est une technique
délicate et coûteuse.
Des plaques, notamment d’or (accessoires) et
d’ivoire (chair) peuvent également recouvrir une âme de bois (armature) pour constituer une statue chryséléphantine.
La taille
directe : retrait de matière dure d’un bloc (ou de parties
assemblées) de pierre (souvent du marbre – burin et ciseau), mais aussi de bois
(maillet et gouges), et pour des sculptures de plus petites dimensions, d’os ou
d’ivoire.
2-FORMES
La sculpture
traditionnelle a revêtu deux formes principales :
La
ronde-bosse : sculpture dont on
peut faire le tour et qui repose sur un socle
de matériau identique ; elle est cependant le plus souvent destinée à être
surélevée par un piédestal ou à être
vue de face (vue frontale), du fait de son positionnement devant un mur ou dans
une niche.
Le relief : formes se détachant sur un fond (généralement
du même matériau) ; le relief est le plus souvent destiné à être intégré dans
le mur d’un monument. Différents niveaux de relief peuvent exister dans une
même œuvre : certaines formes peuvent être seulement gravées (détails en creux, contours détourés), sculptées en méplat (faible relief), en bas-relief (moins de 50% de la forme), en haut-relief (environ
75% de la forme) ou en très haut-relief
(parties détachées du fond – voire en ronde-bosse - et plus fragiles).
3-GÉNÉRALITÉS
Les sculptures (reliefs et rondes bosses) sont le
plus souvent lissées (pour effacer
les traces d’outils ou de moulage), colorées (peintes, vernies ou patinées et parfois recouvertes de feuilles
d’or), et complétées par des détails peints ou collés (incrustations d’éléments
métalliques, de pierres semi-précieuses, d’émaux, de coquillages pour les yeux,
sourcils, lèvres, dents et mamelons) et des accessoires (bijoux, emblèmes,
armes, vêtements).
Les œuvres (comme en peinture) peuvent être de
très petites dimensions (ex. : statuettes de 10 cm de hauteur) ou de très
grandes dimensions (ex. : sculptures monumentales de 20 m de haut, parfois
adossées à un monument ou taillées dans la falaise). Une sculpture de grande
taille ou bien destinée à être surélevée par un piédestal de plusieurs mètres subit, dès sa conception,
des déformations nécessaires à la vision en contre-plongée du spectateur.
Les grands thèmes traditionnels sculptés sont
surtout des représentations de la figure humaine, avec des scènes historiques (divinités,
grands hommes et anonymes), des portraits d’apparat (équestres ou en pied), des
figures sacrées et des scènes religieuses et mythologiques, des allégories, des
nus, des scènes de genre mais également des figures animales (seules ou en
groupe avec des figures humaines) et même des natures mortes (notamment les
trophées militaires ou les pots à feu). Enfin le paysage est souvent présent
dans les reliefs et évoqué dans les rondes-bosses par quelques éléments de
décor (sol, eau, rocher, arbre, mobilier, éléments d’architecture).
Dans le cas de représentations humaines, la
figure peut être en pied (corps
entier), en buste (tête et poitrine
sans les bras) ou à mi-corps (jusqu’à
la taille, avec ou sans les bras). La ou les lourdes statues (groupe) se tiennent debout
(« stare ») et conservent leur équilibre du fait de leurs appuis sur
un accessoire (drapé du vêtement, vase) ou un élément de décor (pile, arbre).
POUR EN SAVOIR PLUS
II LE VOCABULAIRE DE LA SCULPTURE CONTEMPORAINE
1-INTRODUCTION
Contrairement aux siècles précédents, le terme de
« sculpture » appliqué à l’art des XX° et XXI° siècles, ne désigne
plus désormais uniquement « l’ajout ou le retrait de matière » mais
prend un sens plus large. Tout ce qui est en volume ou dans l’espace (prenant
en compte le lieu et/ou le spectateur) est considéré comme appartenant au
domaine de la sculpture.
Se perpétuent aux XX° et XXI°
siècles :
-les trois techniques traditionnelles,
modelage, moulage suivi de la fonte et taille directe,
-les formes de la ronde-bosse et
du relief,
-les petites dimensions et les dimensions
monumentales des œuvres,
-les grands genres (thèmes
figuratifs).
Cependant, à partir des années
1910-1920 (rupture consommée par des artistes comme Pablo Picasso, Marcel Duchamp, Kurt Schwitters ou Constantin Brancusi), les artistes :
-développent parallèlement d’autres techniques, formes et genres,
-remettent en question la notion
de socle et de piédestal,
-reviennent à la couleur
(mise en sommeil depuis la Renaissance),
-dépassent l’usage de matériaux
nobles et intègrent tous matériaux, objets
et choses existants dans leurs œuvres,
-décrètent que tout est art : le monde
et la chose, l'objet, l'architecture et la vie quotidienne, le lieu et l'espace,
le corps et le geste ; c'est le regard et le choix de l'artiste qui déterminent
ce qui est art, même si les éléments n'ont pas été façonnés par lui,
-se détournent de la
représentation et de l’imitation du réel pour la présentation (matériaux,
espace, rôle du spectateur),
-donnent parfois une part prédominante à l’idée et
au concept sur la réalisation même,
-mixent
tous les arts (dessin, peinture, sculpture, design, architecture, scénographie, théâtre,
danse, sport, musique et chant, photographie, cinéma, B.D., infographie), artisanats et
techniques industrielles,
-et ouvrent la voie abstraite.
2-NOUVELLES FORMES ET TECHNIQUES
-Le tableau-relief : œuvre accrochée au mur comme un tableau rectangulaire et contenant des
parties peintes ou des collages mais aussi des éléments en relief qui émergent
du fond ou sortent du tableau.
-L’assemblage :
sculpture constituée d’éléments divers (matériaux, objets, choses) réunis par des
techniques variées (superposition, entassement, accumulation, collage,
agrafage, liens, couture, soudure…).
-L’installation :
combinaison d’éléments divers, réunis (par assemblage) ou dispersés, prenant en
compte l’espace périphérique (sol, mur, plafond) mais ne constituant qu’une
seule œuvre.
L’installation est dite in
situ quand elle est réalisée pour et en fonction d’un lieu précis et
unique.
L’installation forme un
environnement lorsqu’elle
reconstitue un lieu (fermé ou ouvert) dans lequel évolue le spectateur.
L’installation est dite éphémère lorsqu’elle ne dure pas dans le
temps (installation démontée ou utilisation de matières fragiles ou
périssables), comme certaines installations in situ et comme de nombreuses
œuvres de Land Art (art utilisant le paysage naturel ou urbain comme
support ou matériau) et dont la trace est souvent conservée par la photographie
ou la vidéo.
L’installation ou l’environnement peuvent présenter des œuvres légères, dispersées, colorées,
transparentes, invisibles, éphémères, voire immatérielles (l’espace, le vide, l'air, l’ombre, la projection multimédia, le son).
-La performance : mise en scène
du corps vivant de l’artiste et/ou de ses assistants, avec ou sans public (happening,
évènement, action). La performance peut être unique ou se répéter
dans le temps mais elle est éphémère et le plus souvent conservée par des
traces photos ou vidéos réalisées par l’artiste et/ou ses assistants.
3-MATÉRIAUX
-Toutes les matières existantes sont utilisées, de
même que leurs mélanges : matériaux nobles (marbre, bronze, or…), matériaux
pauvres (carton, tissu, verre, déchets…), matériaux nouveaux (béton, plastique,
polycarbonate…), objets artisanaux ou industriels, neufs ou recyclés
(présentés, détournés, détruits), nourriture, choses (minéraux, végétaux, eau,
air), moteurs, machines, systèmes mécaniques, électriques, électromagnétiques
et informatiques.
-Les sculptures peuvent intégrer des : écritures, images fixes et mobiles, mouvements représentés
et mouvements réels (déplacement des formes dans l’espace et le temps, art
cinétique), sons (vibrations, bruits, voix, musiques), lumières (naturelles
ou artificielles, étalement
dans l’espace des lumières et des ombres, projection multimédia), jeux d’eau, odeurs
(naturelles ou artificielles), phénomènes naturels (lumière solaire, force du
vent ou de l’eau, pluie, éclairs, brume), hasard, corps humain ou animal vivant
ou mort…
4-ESPACE ET LIEU
La sculpture peut :
-mettre en
évidence le lieu, l'espace, l'architecture, exposer le vide,
-reposer ou non sur un
socle ou un piédestal, être directement sur le sol, le mur, le plafond, la
terre ou l’eau, être en plein centre-ville ou en plein désert, être dans un lieu muséal, un espace privé ou public,
-jouer sur l’échelle (rapport au corps humain et au lieu).
5-SPECTATEUR
La sculpture, au-delà
des aspects, visuel, esthétique, religieux et politique, peut donner un rôle au
spectateur :
-l’installation et l’environnement jouent souvent
en effet sur l’implication du spectateur (ou regardeur) : le spectateur
devient une composante de l’œuvre ou même l’élément principal d’une œuvre participative, interactive
ou ludique, et tous ses sens sont sollicités (le sensible, l’expérience
sensorielle),
-il adopte un point de vue, une posture, il
sent l’œuvre, l’écoute, la parcourt, la touche, la manipule, la construit,
la déplace, la met en mouvement, la modifie ou même la détruit, voire en
emporte un fragment,
-l’œuvre joue également sur les états
psychologiques du spectateur (jeu, humour, surprise, excitation, joie,
sérénité, malaise, peur).
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