dimanche 28 septembre 2025

1410-BREVETS ET ARMOIRIES DES PHOTOGRAPHES DU SECOND EMPIRE-2-NICE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- GHÉMAR Louis Joseph (1819-1873) & FERRET Pierre (1815-1875), 
Nice, verso d'une carte de visite, premier semestre 1865,
carton de 10,5x6,2 cm, Collection personnelle.


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE (PARIS)



BREVETS ET ARMOIRIES DES PHOTOGRAPHES DU SECOND EMPIRE (2)



LES PHOTOGRAPHES NIÇOIS



PRÉSENTATION


Entre le début 1860 (date de l'Annexion française du Comté de Nice à la France) et fin 1870 (date de la chute du Second-Empire), dix-huit photographes installés à Nice sont détenteurs de brevets accordés par douze pays (brevets attestés par les textes et/ou les photographies).

Douze de ces photographes sont nés en France, trois au royaume de Piémont-Sardaigne, un à Rome et deux dans les royaumes de la Confédération germanique. 

Quatre d'entre eux seulement ont obtenu leur brevet avant 1860 dont trois à Nice. Ces brevets sont mentionnés sur leur enseigne, leurs cartes de visite et cabinets et leurs publicités, ainsi que dans les articles qui leur sont consacrés. 

Ce sont parfois des brevets d'invention déposés auprès du Gouvernement français et accompagnés des armoiries du Second Empire : "Photographe breveté s.g.d.g." ou "Photographie Maison brevetée s.g.d.g.".

Ce sont, majoritairement cependant, des brevets de "Photographe de Son Altesse" ou "de Sa Majesté" impériale ou royale, accordés par des souverains européens et dominés par les armoiries des pays correspondants, affichées à partir de 1861 seulement.

Chacun des photographes cités ci-dessous ayant été préalablement étudié, les références précises des textes les concernant sont disponibles dans leur biographie (ici).

La mention, "actif à Nice dès...", désigne ici la date à partir de laquelle l'individu possède son propre atelier dans la ville (certains d'entre eux y ayant exercé précédemment une autre profession ou ayant été photographes employés).

Les brevets et armoiries évoqués sont uniquement ceux qui sont présents sur les photographies portant le nom de la ville de "Nice", sous le Second Empire (parmi les photographes cités, certains affichent en effet, avant ou après leur période niçoise, des armoiries différentes sur leurs cartons-photos d'autres villes, et certains des photographes étudiés obtiennent de nouveaux brevets à Nice après 1870).

La liste des pays ci-dessous est classée selon un ordre chronologique relatif à la première mention, à Nice, du brevet du souverain correspondant. Elle s'accompagne des représentations des armoiries, voire de leurs variations, relevées sur les cartons-photos niçois.



BREVETS ET ARMOIRIES



Du Grand Duché de Bade

Photographe(s) : 

- Pierre Ferret (Français, actif à Nice dès 1849), "Photographe de Son Altesse Impériale la Grande Duchesse de Bade" ou "Photographe de S.A.I. & R. La Grande Duchesse Stéphanie de Bade" (dès 1856, suite au deuxième séjour de la Grande Duchesse à Nice). Il affiche seulement ce brevet le temps de son association avec Ghémar, au 1er semestre 1865, mais semble étrangement l'accompagner des armoiries du Royaume-Uni (Image en tête d'article).

- (Louis Joseph) Ghémar (Français) & (Pierre) Ferret (Français), associés à Nice au 1er semestre 1865 uniquement, "S.A.I & R. la Grande Duchesse Stéphanie de Bade" (brevet de Ferret, dès 1856) mais sans les armoiries correspondantes (Image en tête d'article). 

- Pierre Petit (Français, actif à Nice dès fin 1861),"Phot. de S.A. le Gd Duc de Bade (dès 1861, à Bade). Il affiche ce brevet et/ou les armoiries de Bade, accompagnées des médailles obtenues aux Expositions Universelles de Paris (1855) et de Londres (1862). Ses associés Augustin Riollet (dès 1862) et Hippolyte Mouë (dès 1864) affichent ensuite les mêmes éléments.

- [Numa Blanc Père (Français, actif à Nice dès 1868), cite sa succursale de Bade mais n'affiche ni brevet ni armoiries du Grand Duché].



Du Royaume de Piémont-Sardaigne

Photographe(s) : 

- Louis Crette (Français, actif à Nice dès 1854-55), "Photographe du Roi de Piémont", "Photographe de S.M. Le Roi Victor Emmanuel" ou "Photographe De S.M. Le Roi De Sardaigne" (au plus tard fin 1857). Après la création du royaume d'Italie (mars 1861), il conserve pendant quelques temps, la mention de "Photographe du Roi de Sardaigne" et affiche les mêmes armoiries.



Du Royaume de Wurtemberg

Photographe(s) : 

- Pierre Ferret (Français, actif à Nice dès 1849), "Photographe au service du roi de Wurtemberg" (au plus tard en avril 1860). Pierre Ferret affiche son brevet mais pas les armoiries correspondantes (Image en tête d'article). 

- Ernst Neubauer (Bavarois, actif à Nice vers 1862-1863), "Photographe de Sa Majesté le Roi de Wurtemberg Guillaume Ier" (vers 1860-1862 ; Neubauer a probablement photographié, à Nice, le roi qui y a passé les saisons d'hiver 1860-61 et 1861-62). 

- (Louis Joseph) Ghémar (Français) & (Pierre) Ferret (Français), associés à Nice au 1er semestre 1865 uniquement (brevet de Ferret, obtenu au plus tard en 1860) mais sans les armoiries correspondantes (Image en tête d'article). 



De l'Empire de Russie

Photographe(s) : 

- Pierre Ferret (Français, actif à Nice dès 1849), "Photographe de Sa Majesté l'Impératrice de Russie" ou "Photographe de Sa Majesté l'Impératrice Douairière de Russie" (brevet dès juin ou juillet 1860, armoiries dès 1864). Fin mai 1860, Pierre Ferret réalise celui de l'Impératrice Alexandra Feodorovna de Russie (lors du dernier séjour à Nice de cette dernière). En remerciement, cette dernière lui accorde le titre de "photographe de Sa Majesté l'Impératrice". Il affiche ensuite le brevet et/ou les armoiries (Image en tête d'article).

- (Louis Joseph) Ghémar (Français) & (Pierre) Ferret (Français), associés à Nice au 1er semestre 1865 uniquement, "Photographe de S.M. l’Impératrice douairière de Russie" (brevet de Ferret, dès juin-juillet 1860) (Image en tête d'article).

- Giuseppe Silli (Romain, actif à Nice dès 1858), affiche les armoiries de Russie (dès 1866-67), sans que les motif et date d'obtention du brevet correspondant ne soient connus.

- Félix Trajan (Français, actif à Nice dès fin 1864), "Photographe de la Cour de Russie - Membre de l'Académie Nationale", sous les armoiries doubles de Russie (dès 1870).


Du Second Empire français

Photographe(s) : 

- Louis Crette (Français, actif à Nice dès 1854-1855), "Photographe De S.M. L'Empereur Napoléon", "Photographe De S.M. L'Empereur Napoléon III" ou "Photographe De S.M. L'Empereur des Français" (dès juillet 1860). En mai 1861, en remerciement d'un "album photographique" qu'il a adressé à l'Empereur, il reçoit une lettre ainsi qu'une "magnifique épingle en or, ornée d'un saphir et de vingt diamants".

- Pierre Ferret (Français, actif à Nice dès 1849), "Photographe de S.M. L'Empereur", "Photographe de S.M. L'Empereur des Français", "Photographe de Sa Majesté L'Empereur Napoléon" (brevet dès septembre 1860 - armoiries dès 1864). "M. Ferret, qui avait offert à S. M. [présent à Nice, suite à l'Annexion] un album contenant une trentaine de vues photographiées de Nice, a reçu également une charmante épingle enrichie de brillants et de pierres précieuses. M. Ferret a reçu en outre du cabinet de l'Empereur une lettre très-flatteuse, et, du ministère d'État, le brevet de photographe de S. M. l'Empereur" (septembre 1860) (Image en tête d'article). Suite à la chute du Second Empire, Pierre Ferret supprimera, au verso de ses cartons-photos, la mention de l'Empereur Napoléon III et les armoiries du Second Empire. Louis Ferret, son fils et successeur, réintègrera au milieu des années 1870 les deux faces d'une "Médaille d'Honneur" impériale où le profil de Napoléon III n'apparaîtra cependant qu'en partie.

- (Louis Joseph) Ghémar (Français) & (Pierre) Ferret (Français), associés à Nice au 1er semestre 1865 uniquement, "Photographes de S.M. L’Empereur des Français" (brevet de Ferret, dès septembre 1865) (Image en tête d'article). Ghémar est cependant le seul représentant, pour la Belgique, de l'Ordre du Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion d'Honneur, nommé dès fin 1861 (voir, ici) .

- Léonard de Saint-Germain (Français, actif à Nice dès 1865), "photographe de Son Altesse le prince Napoléon" (dès 1865). Il photographie à Ajaccio, en mai 1865, Pierre Napoléon Bonaparte, cousin de l'Empereur. Fin 1866, il édite un Album de la Famille Bonaparte qui sera acquis, en 1867, par toutes les bibliothèques impériales, sur demande du ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts. 

- Antoine Rossi (Sarde, nationalisé Français, actif à Nice dès fin 1859), affiche des médailles sous la devise, "Et Veteres Revocavit Arts" : "Et il fit refleurir les arts" (Horace, Livre IV, ode 12, vers 12), en parlant de l'Empereur Auguste et, probablement ici, de l'Empereur Napoléon III (dès 1865).

- Jean Vaglio (Sarde, actif à Nice au plus tard en 1865), affiche au revers de ses cartes de visite, "Photographe - Breveté S.G.D.G." (dès octobre 1865, pour un système permettant de reproduire plusieurs poses différentes d'une même personne ou d'un objet sur une seule plaque). 

- Pierre Constant Michel (Français, actif à Nice dès 1864-1866), "Photographie - P.C. Michel & Cie - Maison Brevetée S.G.D.G." (dès juillet 1867, pour un procédé abréviateur du tirage photographique des positives sur verre supprimant l'opération de virage). Il affiche au revers de ses cartes de visite, sous les armoiries du Second Empire français, une médaille présentant sur l'avers, l'effigie de Napoléon III, et sur le revers, l'inscription "A Michel & Cie".

- Joseph Blanc d'Aubigny/Daubigny (Français, actif à Nice dès 1870), affiche sur ses cartes de visite les armoiries du Second Empire français, sans que les motif et date du brevet correspondant ne soient connus (dès 1870).

- Honoré Bonnet (Sarde, actif à Nice dès 1865), affiche les armoiries du Royaume-Uni, sans que les motif et date du brevet correspondant ne soient connus (vers 1870-1872).



Du Royaume d'Italie

Photographe(s) : 

- Louis Crette (Français, actif à Nice dès 1854-1855), "Photographe Du Roi", "Photographe De S.M. Le Roi D'Italie" ou "Photographe De S.M. Le Roi Victor Emmanuel II" (dès mars 1861). Cependant, il ne semble n'afficher ces nouvelles mentions qu'à partir de 1862 et conserver les anciennes armoiries du royaume de Sardaigne.

- Francesco Maria Chiapella (Sarde, actif à Nice dès les années 1864-1866), "Photographe de Sa Majesté le Roi d'Italie" ou "De la Couronne d'Italie" (dès 1861). Aucune de ses photographies de Nice n'est cependant connue.




Des Royaumes Unis de Suède et de Norvège

Photographe(s) : 

- Giuseppe Silli (Romain, actif à Nice dès 1858), "Photographe De Son Altesse Royale Monseigneur Le Prince Oscar de Suède et de Norvège" (dès 1862, après avoir photographié le Prince, présent à Nice lors de la saison d'hiver 1861-62). Dès novembre 1862, il obtient de la municipalité l'autorisation d'afficher cette mention sur sa vitrine extérieure. Sur ces cartons-photos, il affiche ce brevet sous les armoiries correspondantes. Dès la fin des années 1860 cependant, il n'affiche plus ce brevet et ne mentionne plus que la "Suède" (sans la Norvège), sous les armoiries.




Du Royaume de Bavière

Photographe(s) : 

- Peter Moosbrugger (Bavarois, actif à Nice dès 1861), affiche "Photographe de Sa Majesté le Roi Louis de Bavière" (vers 1863), avec les armoiries correspondantes.

- Giuseppe Silli (Romain, actif à Nice dès 1858), affiche les armoiries de Bavière (dès 1866-67), sans que les motif et date d'obtention du brevet correspondant ne soient connus.



Du Royaume de Belgique

Photographe(s) : 

- Ghémar (Français) & Ferret (Français), associés à Nice au 1er trimestre 1865 uniquement, "Photographes de S.M. Le Roi des Belges" (brevet de Ghémar Frères, dès 1859). Cependant, au verso des cartes de visite niçois, ce brevet n'est pas accompagné des armoiries de Belgique. Etrangement, celles du Royaume-Uni sont présentes alors qu'aucun brevet britannique ne semble détenu par Ghémar ou Ferret (du fait d'une erreur d'impression ou d'un brevet non listé ?) (Image en tête d'article).



Du Royaume-Uni

Photographe(s) : 

 - Pierre Ferret (Français, actif à Nice dès 1849), affiche seulement les armoiries du Royaume-Uni le temps de son association avec Ghémar, au 1er semestre 1865, mais sans que l'origine du brevet correspondant ne soit connue chez l'un comme l'autre des photographes (erreur d'impression ?) (Image en tête d'article).

- Emile Messy (né en France, de parents Sardes, actif à Nice dès 1863) affiche les armoiries du Royaume-Uni, suite à la reprise de l'atelier de Jules Buisson à Cannes dont il fait sa succursale (dès fin 1865).



De la principauté de Monaco

Photographe(s) : 

- Jean Walb(o)urg de Bray ou Debray (Français, actif à Nice dès 1863), devient le photographe officiel de S.A.S. le Prince Charles III de Monaco, vers 1867 mais n'affiche pas son titre. Ses albums de Monaco portent les armoiries de la Principauté en couverture mais sans son nom.




Du Royaume de Prusse

- Numa Blanc Père (Français, actif à Nice dès 1868), devient "Photographe du Roi de Prusse" (dès 1863-64), suite à son installation à Bade (1863) et à la réalisation de portraits de Wilhelm/Guillaume Ier qui y passe également les étés. A Nice, il affiche les médailles obtenues lors des Expositions Universelles de Paris (1855), Londres (1862) et Paris (1867). Il est dit, dans le Journal de Nice, également "photographe des familles impériales de Russie et d'Autriche" (au plus tard en 1868) et "breveté de S.M. L'Empereur des Français" (date ?) mais n'affiche pas ces brevets.  

- Pierre Petit (Français, actif à Nice dès fin 1861), affiche la mention, "Photographe de S.A. le Roi de Prusse" ou "Photographe Du Roi De Prusse" Wilhelm/Guillaume Ier (dès 1861, à Bade) et/ou les armoiries de Prusse, accompagnée des médailles obtenues aux Expositions Universelles de Paris (1855) et de Londres (1862). Ses associés Augustin Riollet (dès 1862) et Hippolyte Mouë (dès 1864) affichent ensuite les mêmes éléments.



ÉPILOGUE


Quelques photographes sont assez discrets dans l'affichage de leurs mentions, comme Léonard de Saint-Germain ou Jean Walb(o)urg de Bray. 

Charles Nègre (Français, actif à Nice dès 1861-63), qui cumule pourtant brevet, médailles, commande officielle et réalisation de portraits de souverains, ne semble afficher, pour sa part, aucun brevet ni armoiries sur ses photographies niçoises.

D'autres photographes affichent fièrement leur seul brevet, armoiries et médaille, ou en cumulent plusieurs. Ils en affichent parfois la totalité ou la partie la plus prestigieuse (deux ou trois) (Image en tête d'article).

A titre de comparaison, les autres commerçants niçois affichent également, dans les années 1860, les brevets des souverains dont ils ont été les fournisseurs. 

Ainsi Abraham Berlandina (de Londres), négociant en vins, liqueurs, comestibles et denrées coloniales, affiche-t-il en 1865 sur ses enseignes et publicités, les cinq brevets du Royaume-Uni, du Wurtemberg, de Russie, d'Italie et de Bavière.