dimanche 27 avril 2025

1386-CHARLES NERDINGER (1833-1917), PHOTOGRAPHE À BORDEAUX

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



HENRI CHARLES NERDINGER 

(Vevey 9 mars 1833 – Bordeaux 23 novembre 1917)

 


VEVEY (Suisse)


Henri Charles Nerdinger est né à Vevey (canton de Vaud, Suisse). Il est l’un des deux enfants de David Michel Nerdinger (1802-1839) et d’Elisabeth Madelaine Félix (1808-1841).

Il se retrouve cependant orphelin à l’âge de 8 ans et rien n’est connu de la suite de sa vie pendant 20 ans.



BORDEAUX (France)


C’est vers 1862, à l’âge de 29 ans environ, qu’il se forme à la photographie en France, à Bordeaux (Gironde), dans l’atelier "Charles" de son oncle par alliance, Charles Razimbaud (1).

Le 16 septembre 1863, il se marie dans cette ville avec Victoire Marie Alice Destouesse (née le 9 juin 1838 à Bordeaux) et succède à son oncle dans l’atelier de la rue Mautrec, 3, en conservant le nom de "Charles".

Le couple a un fils, Louis Charles Nerdinger qui naît à Bordeaux le 17 août 1864.

Charles Nerdinger est encore cité rue Mautrec dans le recensement de 1866 puis dans un acte d’état civil d’avril 1869 mais il est absent du recensement de 1872 car il a entretemps déménagé, allées de Tourny, 46, vers 1870-71.

Il est ensuite cité à cette nouvelle adresse dans le recensement de 1876 mais ne l'est plus dans celui de 1881. Il a cédé, entre ces deux dates, son atelier au photographe Charles Chambon (2).



PLAINPALAIS (Suisse)


Charles Nerdinger est retourné s’installer en Suisse, près de son oncle, dans la commune de Plainpalais, au sud de Genève, rue du Mail.

Sa carrière professionnelle à Genève reste inconnue, en dehors de son rôle au sein de la Société Genevoise de Photographie dont il est l’un des membres fondateurs en 1881 puis le président de 1889 à 1892.



BORDEAUX (France)


En 1892 ou 1893, à l'âge de 60 ans environ, il retourne vivre à Bordeaux et s’installe rue d’Arcachon, 27 (3). Son épouse y décède le 9 septembre 1893.

Henri Charles Nerdinger se remarie, à 78 ans, le 27 décembre 1911. Il épouse Marie Louise Lalanne, 42 ans (née à Sévignacq-Meyracq, Pyrénées-Atlantiques, le 9 août 1869) (4).

Il décède à Bordeaux, rue d’Arcachon, 27, le 23 novembre 1917, à l’âge de 83 ans.

 


NOTES


(1)- Il s’agit du Français, Charles Michel Razimbaud (Saint-Même-le-Tenu, près de Nantes, Loire-Atlantique, 20 janvier 1808 – Plainpalais, près Genève, 9 mars 1884), marchand d’estampes, libraire et éditeur qui épouse vers 1837, Marie Susane Nerdinger (Vevey 28 mai 1811 – Genève 2 juillet 1885).

Charles Razimbaud semble se former à la daguerréotypie en Suisse, à Genève (vers 1844 ?). En février 1849, il est notamment signalé comme marchand d'estampes et comme daguerréotypeur ambulant à Neuchâtel, Grand' Rue, maison Borel (merci à Marc Herren, du site foto-ch.ch de m'avoir signalé cet article). 

Fin 1849, il semble repartir en France où il exerce en tant que daguerréotypeur pendant quelques mois à Rennes, fin 1849-début 1850 puis de 1852 à 1855/56 à Nantes, et enfin de 1855-56 à 1863 à Bordeaux. 

Sa femme et lui retournent vivre ensuite (à une date qui reste à préciser) à Genève où ils vont finir leur vie (Sur Charles Razimbaud, voir la notice d'Hervé Lestang, sur son site portraitsepia.fr et l'article de ce blog, ici).

(2)- Claude François Charles Chambon (L’Arbresle, Rhône, 10 janvier 1847 - Bordeaux, Gironde, 3 mars 1931). Ce dernier, toujours photographe, est l’un des témoins du deuxième mariage d’Henri Charles Nerdinger en 1911.

(3)- Leur fils se mariera à Genève, en août ou septembre 1893, avec Adèle Louise/Louisa Finaz.

(4)- Le recensement de 1926 révèle à Bordeaux, rue d’Arcachon, 27, non seulement Marie Louise Lalanne mais également sa "fille Germaine Nerdinger", dite "née à Bordeaux le 1er mars 1892" (acte de naissance non retrouvé), célibataire et sans profession. Est-ce une fille naturelle de Marie Louise Lalanne, nommée par erreur Nerdinger, une domestique de la veuve Nerdinger ou encore une parente de la famille Nerdinger ?




dimanche 20 avril 2025

1385-LES PREMIERS PHOTOGRAPHES DE BOULOGNE/MER (1839-1861)


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- The Boulogne Gazette du 29 mai 1849 p 3,
Paris, BnF (Gallica).



INTRODUCTION


Voici les résultats d'une recherche basée sur les recensements de Boulogne-sur-Mer (1841, 1846, 1851, 1856 et 1861), ainsi que les journaux, bulletins, revues, annuaires, ouvrages et registres d'état civil de cette même période. Une liste de neuf noms seulement a pu être établie entre 1839 et 1861 dont sept sont déjà connus. 

Le premier daguerréotypeur de passage (parisien) n'est cité qu'en 1849 (Image 1) mais il est très probable que d'autres l'aient précédé. Le premier daguerréotypeur à s'installer dans la ville (parisien) n'est pour sa part cité qu'en 1851, même si cette date paraît tardive (3 ans après l'ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Amiens-Boulogne).

Plusieurs habitants de Boulogne-sur-Mer semblent se former à la photographie au début des années 1850 au plus tard mais il est difficile d'en préciser la date exacte car ils exercent parallèlement une autre profession qui reste longtemps celle qu'ils affichent (professeur de dessin, hôtelier, menuisier). Ainsi, les registres de recensement de la période étudiée ne recèlent-ils qu'une seule fois le terme de "daguerréotypeur" et quatre fois seulement celui de "photographe".

Une même difficulté concerne l'activité des photographes repérés. Se contentent-ils de recherches techniques et artistiques personnelles ? Ouvrent-ils leur atelier au public ? Sont-ils des portraitistes et/ou des paysagistes (Image 2) ? 

Cette méconnaissance est accentuée par le fait que peu de daguerréotypes boulonnais des années 1850 sont conservés de nos jours et que les photographies sur papier, conservées en plus grand nombre, témoignent presque exclusivement des années 1860.

Il faut cependant citer les vues du Port et de la Gare de Boulogne-sur-Mer, réalisées par Edouard Baldus (1813-1889) en 1855.



LISTE DES DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES 


Identités


- DE MAUNY Louis Frédéric (c.1812, Bayeux, Calvados - Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais 25 août 1878)

- DEPOILLY ou DE POILLY Edouard François (Abbeville, Somme, 13 juillet 1811 - Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 8 avril 1879)

- GARDNER Philippe (?-?)

- HULEUX Adrien (Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 6 mars 1823 - Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 24 octobre 1881)

- LAMY Adolphe (c.1819-?)

- SABATIER ou SABATIER-BLOT Jean Baptiste (Lassur, Ariège, 31 janvier 1801 - Paris 17ème, 20 octobre 1881)

- SIMONET  ou SIMONET DE CHANGY Charles Constant (Paris c.1795 - Arras, Pas-de-Calais, 1er mai 1864)

- TAILLIEZ Benjamin Paul (Saint-Omer, Pas-de-Calais, 12 octobre 1815 - Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 30 décembre 1882)

- VERNEUIL ou VERNEUIL-MARTEL Auguste Marie (Paris 5ème, 17 août 1812 - Paris 14ème, 25 mai 1904)

 

2- The Boulogne Gazette du 2 juin 1853 p 2,
Paris, BnF (Gallica).

"Notre attention a été attirée, alors que nous marchions dans la rue de l'Écu, par deux belles productions photographiques représentant, l'une, la Cathédrale, et l'autre, le Palais-de-Justice, dans la Haute-Ville, et exposées dans une des fenêtres de la Librairie de M. Watel. Ces deux vues des principaux édifices de notre ville ont été fixées sur papier grâce à un appareil Daguerre amélioré, par deux amateurs de notre ville qui ont consacré leur temps et leur attention à perfectionner la photographie. En ce qui concerne le dessin et la perspective, elles sont, bien sûr, parfaites, et les lumières et les ombres sont bien rendues, bien que ce système d'obtention de vues correctes soit encore dans son enfance ; et nous n'avons aucun doute que, dans peu de temps, par cette découverte, lorsqu'elle sera parfaite, des vues seront obtenues en quelques minutes, égales aux plus beaux dessins lithographiques jamais produits".



Chronologie


- (NOM) : un nom entre parenthèses indique une personne supposée en activité

- NOM : un nom en italique indique la présence temporaire d'un artiste itinérant

- NOM/NOM : un nom séparé d’un autre nom par une barre oblique ou slash indique une cession de l’atelier


- 1839-1841 : 

- 1841-1843 :

- 1844-1846 :

- 1846-1848 :

- 1849 : SABATIER

- 1850 : 

- 1851 : SIMONET - 

- 1852 : SIMONET - 

- 1853 : (DE  POILLY) - (GARDNER) - SIMONET - (TAILLIEZ) - 

- 1854 : DE  POILLY - GARDNER - SIMONET - TAILLIEZ -

- 1855 : DE POILLY - GARDNER - LAMY - SIMONET - TAILLIEZ - (VERNEUIL) -

- 1856 : DE POILLY - GARDNER - LAMY/VERNEUIL - SIMONET - TAILLIEZ -

- 1857 : DE POILLY - GARDNER - SIMONET - TAILLIEZ - VERNEUIL - 

- 1858 : DE POILLY - GARDNER - SIMONET - TAILLIEZ - VERNEUIL - 

- 1859 : DE POILLY - GARDNER - SIMONET - TAILLIEZ - VERNEUIL - 

- 1860 : DE POILLY - GARDNER - SIMONET - TAILLIEZ - VERNEUIL - 

- 1861 : DE MAUNY - DE POILLY - GARDNER - HULEUX -TAILLIEZ - VERNEUIL - 



 ADRESSES DES ATELIERS


Les ateliers sont regroupés dans la Basse-Ville et le canton nord de Boulogne-sur-Mer.


- NOM : un nom en italique indique la présence temporaire d'un artiste itinérant 

- DATE/DATE : deux dates séparées par une barre oblique ou slash indiquent une incertitude


- ÉCU (rue de l' - puis rue Napoléon - actuelle rue Victor Hugo) : 

                             n° 46 - SIMONET (entre 1852/53 et 1854/55)

                             n° 32 - SIMONET (de 1854/55 à 1860)

                             n° 22 - VERNEUIL (1858-1860)

                             n° 32 - VERNEUIL (1860-1862 puis 32, rue Napoléon)

                             n° 22 - DE MAUNY (dès 1861 puis quai de la Douane, 24)

- NEUVE CHAUSSÉE (rue - actuelle rue Adolphe Thiers) : 

                             n° 45 - SIMONET (entre 1851 et 1853)

                             n° 26 - TAILLIEZ (1853/55-1861 et au-delà)

- ROYALE (rue - actuelle rue Nationale) : 

                             n° 167 - HULEUX (dès 1860/61 puis rue de la Lampe, 38)

- SIBLEQUIN (rue - partie de l'actuelle rue Faidherbe) : 

                             n° 2 - LAMY (1855-1856)

                             n° 2 - VERNEUIL (1856-1857)

- SIMONEAU (rue) : 

                             n° 15 - SABATIER (1849)

- TANT PERD TANT PAIE (rue - partie de l'actuelle rue Amiral Bruix) : 

                             n° 13 - DE POILLY (1853/55-1861 et au-delà)

- Adresse non retrouvée - GARDNER (1853/54-1861 puis Grande Rue, 62)




samedi 12 avril 2025

1384-"SIMONET", DAGUERRÉOTYPEUR À PARIS ET BOULOGNE-SUR-MER

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS





INTRODUCTION


La recherche de la semaine passée concernait le photographe Louis de Mauny et notamment son atelier de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). A cette occasion, j'ai croisé le nom de plusieurs autres photographes de la même ville. L'un d'entre eux a retenu mon attention, un dénommé "Simonet" dont le nom est rarement cité et dont les prénoms semblent ignorés.

Après quelques recherches, aucune photographie de sa production ne semble connue et la seule mention de sa carrière est celle présente dans l'ouvrage papier de Jean-Marie Voignier :

"Simonet, ph. Boulogne sur Mer (Pas-de-Calais) ; années 1850. Daguerréotype" (Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993 p 232). 

Suite à la consultation de sites de Généalogie, un nom et des prénoms semblent rapidement s'imposer. Je les repousse dans un premier temps, avant d'accepter leur évidence. Il s'agit de "Charles Constant Simonet de Changy". 



BIOGRAPHIE


Paris

Charles Constant Simonet de Changy est né, à Paris, au cours de l'été 1795 (acte de naissance non retrouvé). Il est le fils de Jean Baptiste Simonet de Changy et de Marie Louise Jouffret de Changy.

Rien n'est connu de sa jeunesse. Vers 1816, âgé de 21 ans, il se marie, probablement à Paris, avec Aimée Elisabeth Goutelly (Goutilly/Goutelli/Goutel/Gantilly), née vers 1894 (actes de naissance et de mariage non retrouvés).


Saint-Avertin

Le couple part s'installer dans la commune de Saint-Avertin, située dans les environs sud de Tours (Indre-et-Loire).

C'est là que vont naître leurs trois fils mais deux d'entre eux vont malheureusement décéder en bas-âge : François Charles le 22 juillet 1817, Emil Constant (né le 15 juillet 1818 ; décédé à 3 mois et 3 semaines le 6 octobre 1818) et Constant Emil Simonet de Changy (né le 23 décembre 1819 ; décédé à 11 mois et demi le 9 décembre 1820).

Dans ces différents actes d'état civil, Charles Constant Simonet de Changy est uniquement dit "propriétaire en cette commune" (son âge même n'est pas cité).


Paris

Charles Simonet de Changy, son épouse Elisabeth et leur fils François Charles semblent revenir à Paris dans les années 1820 ou 1830. 

En juillet 1837, il se rend à Munich où il est signalé en tant que "marchand, de Paris" (Königlich Bayerischer Polizey-Anzeiger von München - Journal Officiel de la Police Bavaroise de Munich, Liste des Etrangers du 9 au 12 juillet 1837, p 572).

Le 20 novembre 1837, à l'occasion du dépôt de sa demande d'un brevet d'invention pour 15 ans d'un "Système de fonte et d'épuration des graisses, huiles, résines, etc.", son adresse parisienne est précisée rue Notre-Dame-des-Victoires, n° 15 (2ème arrondissement) (Archives historiques de l'INPI), 

En 2013, des chercheurs ont attribué ce brevet à son fils, François Charles Simonet de Changy, étudiant à l'Ecole des Mines de Paris et n'ayant pas encore atteint la majorité lui permettant de déposer le dossier à son nom (ici et ici). 

C'est une hypothèse intéressante, d'autant que François Charles, une fois ingénieur, déposera sous le nom de "Charles de Changy", de nombreux brevets d'invention à Bruxelles (dès 1845) puis à Paris (avec notamment un brevet de "Châssis-presse à reproduction photographique" déposé à Bruxelles et Paris en septembre et octobre 1862). Cependant, ce dernier s'est peut-être dirigé vers cette profession du fait des passions et des qualités de son père.

Charles Constant Simonet de Changy va d'ailleurs déposer à nouveau quelques brevets en ses nom et prénoms, alors que la majorité de son fils est atteinte (en 1838). C'est notamment le cas, le 11 mai 1839, pour un brevet de 5 ans d'un "Nouveau système de transmission de mouvement applicable aux pompes, tours, manèges, etc." (validé le 4 août 1840).

"Ces transmissions consistent en diverses combinaisons, bien connues, de bielles donnant le mouvement à des manivelles coudées et activées par un balancier à pendule". Ce brevet sera cependant déchu par ordonnance du roi du 25 avril 1843, du fait de la réforme globale du droit français des brevets cette année-là.

À ces dates, Charles Constant Simonet de Changy habite désormais dans la commune de Montmartre, près de Paris, place du Théâtre, n° 35 (actuel 18ème arrondissement).

Il semble qu'au tournant des années 1840, Charles Constant et son épouse Elisabeth se séparent. Cette dernière va aller vivre près de Bruxelles (Belgique), à Saint-Josse-ten-Noode (rue de l'Etoile, 9), rejointe, au plus tard en 1845, par son fils François Charles, dès la fin de ses études.


Photographe à Paris

Même si aucun document n'en apporte la preuve, Charles Constant Simonet de Changy se forme, à Paris, au Daguerréotype dès les années 1840, au plus tard à la fin de la décennie. 

Il semble d'ailleurs mener une activité de "photographe" ambulant, sous le seul nom de "Simonet". En juin 1850, son passage et son exposition sont notamment annoncés dans la ville de Lille (Nord).


- Publicité pour le photographe Simonet, parue dans le Journal de Lille des 16 et 22 juin 1850 p 3,
Paris, BnF (Gallica).

L'opticien Alphonse Seratzki de Lille (plus tard cité comme photographe) 
est-il parent de l'opticien Louis Seratzki de Boulogne-sur-Mer ?




Photographe à Boulogne-sur-Mer

Est-ce après un déplacement à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), comme d'autres photographes parisiens avant lui, que "Simonet" décide de s'y établir ? Est-ce parce qu'aucun photographe n'y est encore installé à l'année ? Est-ce pour y vivre plus librement son amour avec une femme de 32 ans plus jeune ? 

Toujours est-il qu'il est cité, avec sa nouvelle compagne, dans le recensement de la ville du printemps 1851, à l'adresse de la rue Neuve Chaussée, 16 : "Simonet Constant, Daguerréotypeur, marié [oui], 50 ans [non, 55 ans] ; Dausquet [Dosquet] Emma, sa femme, mariée [probablement pas], 28 ans [24 ans]"

Marguerite Emma Dosquet est née le 14 mars 1827 à Sarreguemines (Moselle). Elle est la fille de Joseph (dit Victor) Dosquet, tailleur d'habits (1792-1849) et de Charlotte Baumgarten (1798-1873), qui se sont mariés dans cette ville le 2 mai 1826 (Archives Municipales de Sarreguemines, Registres d'état civil).

Entre le printemps 1851 et l'été 1853, "Simonet" déménage ses atelier et domicile, rue de l'Écu, 46. 

Un passage du journal La Lumière du 15 août 1853 le cite ensuite dans la liste des meilleurs auteurs de travaux au Daguerréotype : "... M. Simonet, de Boulogne, pour la plaque".

À la date de parution de cet article, "Simonet" est de nouveau papa depuis peu. L'acte de naissance précise que "Marie Constance Simonet de Changy, fille de Charles Constant Simonet de Changy, ancien négociant, 52 ans [58 ans], et de Emma Marguerite Dosquet, sans profession, 27 ans ", est née le 1er août 1853, rue de l'Écu, 46.

Le 30 mai 1854, il est cette fois évoqué dans un extrait de The Boulogne Gazette : "Nous avons déjà remarqué la splendide collection de M. Simonet [sans plus de détail], qui mérite amplement d'être visitée".

En 1855, le couple attend un nouvel enfant. C'est une fille, Marguerite Simonet de Changy, qui naît le 30 juillet 1855, rue de l'Écu, 32. Ce nouveau numéro d'immeuble implique un déménagement du n° 46 au n° 32 (au seul étage du bâtiment), effectué entre l'été 1851 et l'été 1855. 

Malheureusement, quelques mois plus tard, leur première fille, Marie Constance, décède à cette adresse, le 18 octobre 1855, âgée de 2 ans et 2 mois.

Lors du recensement du printemps 1856, sont listés au 32, rue de l'Écu : "Simonet Charles Constant, Photographe, marié, 60 ans [oui, bientôt 61 ans] ; Dosquet Emma, sa femme, mariée, 30 ans [29 ans] ; Simonet Marguerite, leur fille, 10 mois ; Duna Augustine, domestique, célibataire, 24 ans"

Le 23 août 1856, c'est une nouvelle enfant qui voit le jour : "Marie Blanche Simonet de Changy, fille de Charles Constant, ancien négociant, âgé de soixante-et-un ans, demeurant en cette ville, rue de l'Écu (...) et d'Emma Marguerite Dosquet, âgée de trente ans [29 ans]".

"Simonet" est signalé dans la liste des "Photographe (Artistes)" de Boulogne-sur-Mer dans les Annuaires-Almanachs Firmin-Didot de 1858 et 1859.

Le 1er décembre 1859, Charles Constant Simonet de Changy fait déposer par l'avocat parisien Ch. Perpigna, un nouveau dossier de brevet d'invention pour 15 ans, concernant des "Perfectionnements apportés à la panification et susceptibles d'autres applications" (validé le 28 février 1860)".

"Le principe de mon invention consiste à introduire dans la confection de la pâte un agent qui opère la dissolution de la plus grande partie du gluten et autres éléments nutritifs contenus dans la farine (la diastase que j'obtiens en infusant dans l'eau l'orge maltée), et qui assure, par ce moyen, un plus grand rendement d'un pain plus nourrissant pour une quantité de farine donnée".

Il fait également valider son brevet en Belgique en décembre 1859 (représenté par A. Anoul à Ixelles) puis au Royaume-Uni, avec un dépôt auprès du Consul britannique de Boulogne-sur-Mer, le 29 mai 1860.

Cependant, le photographe quitte, avec sa famille, la ville de Boulogne-sur-Mer avant l'été 1860, cédant son local de la rue de l'Écu, 32 et probablement son fonds, au photographe "Verneuil" qui y déménage son atelier.


Arras

Charles Constant Simonet de Changy s'installe à Arras (Pas-de-Calais), sans que la raison de ce choix ne soit connue. 

Y exerce-t-il ses activités de photographe ? Rien ne permet de l'affirmer. Il va avoir 65 ans au cours de l'été 1860.

Il continue cependant de perfectionner l'invention de son pétrin et dépose, lors d'un séjour à Paris où il se dit domicilié chez M. Boucher, boulanger, boulevard de Strasbourg, 65, un dossier de brevet d'un "Système d'agitateur-pétrisseur mécanique", le 29 avril 1863 (certifié le 22 juin 1863). L'été 1863, il fait reconnaître ce dernier brevet en Belgique et au Royaume-Uni.

Charles Simonet de Changy, "ex-sapeur de l'armée, âgé de soixante-huit ans, domicilié à Arras, rue de Beaufort, n° 25", décède à son domicile le 1er mai 1864.

Il laisse une compagne de 38 ans et deux filles, Marguerite et Marie Blanche, respectivement âgées de 8 et 7 ans. 

Son ex-femme, Elisabeth Goutelly, décèdera la même année, âgée d'environ 70 ans

Leur fils, François Charles Simonet de Changy (1817-1897), ingénieur électricien, âgé de 45 ans, se mariera à Bruxelles le 11 janvier 1865, avec Jeanne Joséphine de Deyn, 21 ans (née le 13 juillet 1843, à Bruxelles), et perpétuera le nom.



ÉPILOGUE


La vie et la carrière de Charles Constant Simonet de Changy ou "Simonet" reste mal connue. Il semble avoir eu une vie relativement aisée, avoir possédé des propriétés, avoir été sapeur dans l'armée puis négociant, inventeur et photographe.

Sa production artistique reste ignorée, du fait de l'absence d'images conservées et du peu de renseignements collectés. Il semble s'être intéressé à la photographie dès les années 1840 et avoir été reconnu pour son talent. Il ne semble pas avoir exposé à Paris.

Il a officié au minimum une douzaine d'années (années 1849-1860 attestées), d'abord à Paris puis à Boulogne-sur-Mer, comme "daguerréotypeur" (terme cité dans le recensement boulonnais de 1851 et induit dans l'article de La Lumière de 1853) puis également comme "photographe" (terme cité dans son annonce lilloise de 1850 puis dans le recensement boulonnais de 1856). Il est probablement devenu l'un des membres de la Société Boulonnaise de Photographie, fondée au printemps 1856.

Si son activité de portraitiste est avérée (annonce lilloise), il n'en va pas de même de celle de paysagiste. Cependant, il est probablement l'un des auteurs de vues de Boulogne-sur-Mer sur papier, exposées rue de l'Écu en 1853.




dimanche 6 avril 2025

1383-LOUIS DE MAUNY (1812-1878), PHOTOGRAPHE À LONDRES ET BOULOGNE-SUR-MER

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Détail d'une publicité pour les ateliers de DE MAUNY Louis (1812-1878), 
parue dans, J. Brunet, Nouveau Guide dans Boulogne et ses environs
Boulogne-sur-Mer, 1865,
Appendice publicitaire
 (Google Livres).



INTRODUCTION


Pourquoi s'intéresser au photographe Louis Frédéric de Mauny (dont le nom est parfois retranscrit, Mauny, Demauny, De Manny, Demanny, Demany) ? 

- Parce qu'au-delà des portraits qu'il a réalisés des deux côtés de la Manche, à Londres et à Boulogne-sur-Mer sous le nom de "Monsieur Louis", "Louis de Mauny" ou "Louis F. de Mauny". il a photographié pendant plus de 15 ans les rues, bâtiments et plages de cette station balnéaire française à forte population britannique.

- Parce que ses portraits et vues sont peu présents dans les Collections nationales et internationales et qu'il n'a été que peu étudié, en dehors du relevé de ses six adresses d'ateliers londoniennes (pic.nypl.org) et de ses deux adresses boulonnaises. Côté français, la seule et brève étude connue est celle de Jean-Marie Voignier, dans son Répertoire des Photographes de France au XIX° siècle (Le Pont de Pierre, 1993 p 178) : "Mauny Louis de. ph. Boulogne sur Mer (Pas de Calais), rue Napoléon 22, puis quai de la Douane 24 ; Londres, Euston Road ; des années 1860 aux environs de 1900. Vues de Boulogne" ;

- Parce qu'il a fondé une véritable dynastie, avec des enfants et petits-enfants photographes. La recherche va cependant se restreindre ici à la seule étude de sa vie et de sa carrière.



BIOGRAPHIE 


Bayeux

Louis Frédéric de Mauny est né dans l'arrondissement de Bayeux (Calvados), en 1812 ou 1813 (le 4 mars ?) [acte non retrouvé]. 

Il est l'un des trois (?) enfants de Louis François Edouard de Mauny (Englesqueville-en-Auge, Calvados vers 1773-Bayeux, Calvados 14 décembre 1824) et de Rebecca Sudbury (Reading, Berkshire, en 1772 ?-Londres après 1824) qui se sont mariés vers 1803 (à Basildon, près de Reading, Berkshire ?). A la date du décès du père, en décembre 1824, la mère est domiciliée à Londres.

Louis de Mauny se forme probablement, à Paris, aux arts du dessin et de la peinture, au tournant des années 1830. Son nom reste cependant absent des expositions de cette période.

C'est dans cette ville qu'il se marie à l'âge de 27 ans, le 26 juin 1839, avec Julie Angélique Moreau, 19 ans (née le 11 avril 1820). 


New York

Les époux de Mauny semble quitter Paris pour New York dans les mois qui suivent leur mariage. C'est dans cette ville que leurs trois fils vont naître : Jules Frédéric (vers 1840), Gustave (vers 1842) et Frédéric (vers 1848) (ce dernier étant rarement cité dans les généalogies de la famille). 

La profession exercée par Louis de Mauny reste inconnue, même s'il est fort probable que ce soit à nouveau dans le domaine de la peinture ou du dessin. Son adresse new-yorkaise est 173 Bowery, au sud de Manhattan (Longworth's American Almanac, New York Register, 1841 p 487).

La date précise du retour de la famille de Mauny en Europe reste inconnue mais peut être située au tournant des années 1850. 


Paris

La famille est en effet présente à Paris au début de l'année 1852 mais elle semble déménager à Londres dès 1853 ou 1854.


Londres

La présence de Louis de Mauny à Londres est attestée fin 1854 lorsqu'il est déclaré en faillite [preuve d'une activité déjà engagée] et se voit convoqué au Tribunal de Commerce à la date du 25 janvier 1855 (traduction française) : 

"Louis Frederick de Mauny (poursuivi comme "Ls. de Mauny"), Eltham, Kent [banlieue sud-est de Londres, située environ à 20 km de sa deuxième adresse], et No. 112, Sloane-street, Chelsea, Middlesex [quartier huppé du centre de Londres, probablement l'adresse de sa boutique], professeur de dessin, professeur de langues et marchand de lithographies" (The London Gazette du 17 novembre 1854).

L'issue de cette situation n'est pas connue en détail mais il apparaît que c'est au cours de l'année 1855 que Louis de Mauny s'installe en tant que photographe, cette fois au nord de Londres, dans une zone récemment englobée dans la ville, au 16 Fitzroy Terrace, New Road, Saint Pancras, Camden.

En 1857, le dénomination de la voie est changée et l'adresse de Louis de Mauny devient 374 Euston Road (near Regent's Park, Saint Pancras, Camden), adresse qu'il va conserver pendant de nombreuses années (The Post Office London Directory, 1862 p 291) et où il va ouvrir une Ecole de Photographie.


2- Louis de MAUNY (1812-1878), Verso d'une Carte de visite, vers 1860 (?).


 

Les intitulés de ses adresses suivantes ne varieront essentiellement que par le numéro de la rue, sans qu'il soit possible d'affirmer s'il s'agit toujours du même bâtiment ou de nouveaux locaux dans la même rue, avec le 333 puis le 313, Euston Road.

Dans la première moitié des années 1860, Louis de Mauny ouvre cependant une succursale au sud de Londres, au 4 Orange Row, Kennington Road, Lambeth, qu'il ne semble conserver que quelques années seulement.


Boulogne-sur-Mer

Après avoir rencontré un certain succès lors de sa participation à la Foire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) d'août 1861, Louis de Mauny décide d'ajouter à son activité anglaise, une adresse d'atelier dans cette ville française. 


3- Publicité pour les ateliers de DE MAUNY Louis (1812-1878), 
parue dans, The Boulogne Gazette des 1er, 8 et 15 janvier 1862, 
Paris, BNF (Gallica).

22, RUE DE L'ÉCU, 22.
PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE DE MAUNY,
London House 374 Euston Road, près de Regent's Park.
PORTRAITS ET RESSEMBLANCES GARANTIS.
Les artistes dont les portraits, au salon de l'an dernier en août, ont reçu les éloges unanimes des habitants de Boulogne, se sont installés au centre de la ville, au n° 22, RUE DE L'ÉCU, où ils continueront leur activité à des tarifs très modérés.
Rien ne sera négligé de la part des Artistes pour mériter la confiance accordée à leurs travaux l'été dernier, et tous les efforts seront faits pour que aucun portrait ne quitte leurs mains sans être parfaitement achevé et ressemblant indiscutablement.
Des cartes de visite, aussi belles que celles fabriquées à Londres ou à Paris, sont vendues à 12 francs la douzaine.
Médailles pour broches ou bracelets.
Portraits à partir d'un franc et plus.
Tous types de portraits et objets d'art reproduits.
Une attention particulière est portée à la pose et une parfaite ressemblance est garantie.
Les anciens maîtres sont reproduits en toutes tailles.
Les amateurs et les artistes sont spécialement invités à examiner les épreuves.



4- Publicité pour les ateliers de DE MAUNY Louis (1812-1878), 
parue dans, The Boulogne Gazette du 18 mai au 6 août 1862, 
Paris, BNF (Gallica).
Le nom du photographe reste absent de la publicité.

22, RUE DE L'ÉCU, 22, BOULOGNE-SUR-MER,
Et London House, 374, Euston Road, près de Regent's Park.
PHOTOGRAPHIE SCIENTIFIQUE
PORTRAITS À PARTIR DE 1 FRANC ET PLUS 
Garantis ne pas changer et d'une parfaite ressemblance.
PORTRAITS SUR LIN, SANS REFLET ET D'UNE GRANDE BEAUTÉ
Pour broches, médailles ou à envoyer par courrier.
GROUPES FAMILIAUX POUR STÉRÉOSCOPIE.
Les portraits élégants, appelés CARTE DE VISITE, sont édités avec une perfection égale à celle des artistes les plus célèbres de Paris ou de Londres, aux tarifs suivants très bas. 
Cartes : ... 12 fr. la douzaine.  50 cartes : 40 fr. en 3 poses.  100 cartes : 70 fr. en 6 poses.
ON PARLE ANGLAIS.


Il s'installe dans l'une des rues commerçantes les plus fréquentées, à l'emplacement d'un précédent atelier et dépôt de photographies, au 22, rue de l'Ecu, voie dite ensuite rue Napoléon par un arrêté de début 1862 (actuelle rue Victor-Hugo) (The Boulogne Gazette du 1er janvier 1862). Ses nom et adresse n'apparaîtront cependant dans les Annuaires-Almanachs Firmin-Didot qu'à partir de 1864.



5- Publicité pour les ateliers de DE MAUNY Louis (1812-1878),
 parue dans, The Merridew's Visitor's Guide to Boulogne-sur-Mer and its environs, Boulogne-sur-Mer, 1864 p 18 
(Google Livres).



6a et 6b- DE MAUNY Louis (1812-1878), Deux versos de Cartes de visitevers 1863-1865.


7- DE MAUNY Louis (1812-1878), Verso de Vues stéréoscopiques, vers 1863-1865.


8- Publicité pour les ateliers de DE MAUNY Louis (1812-1878),
 parue dans, J. Brunet, Nouveau Guide dans Boulogne et ses environsBoulogne-sur-Mer, 1865, 
Appendice publicitaire
 (Google Livres).



Peu après, il loue une deuxième adresse boulonnaise avec magasin, proche de la précédente, au 24, quai de la Douane (actuel quai Gambetta), qu'il va ensuite conserver seule.


9- DE MAUNY Louis (1812-1878), Verso d'une Carte de visite, vers 1865-1866.



Au-delà des portraits de studio, et notamment des pêcheurs et pêcheuses en habit traditionnel, Louis de Mauny va développer une activité de paysagiste dans Boulogne et ses environs (rues et bâtiments emblématiques, monuments, port et plage). 

Il participe notamment, en 1866, à l'Exposition Internationale de Pisciculture de Boulogne-sur-Mer avec des portraits de pêcheurs et des scènes prises sur les quais et la plage.


10- Publicité pour les ateliers de De MAUNY Louis (1812-1878), 
parue dans, The Merridew's Visitor's Guide to Boulogne-sur-Mer and its environsBoulogne-sur-Mer, 1866 p 200
 (Google Livres).



Son fils aîné, Jules Frédéric de Mauny reste à Londres où il ouvre un atelier personnel, vers 1863-1864, au 67 Welbeck Street, Saint Marylebone, Westminster et se voit probablement confier ensuite l'atelier paternel d'Euston Road. 

Jules de Mauny va demander sa naturalisation britannique et se marier à Londres, à l'âge de 31 ans, fin 1871, à Londres (Marylebone), avec, Louisa Harriett Chamberlaine (1851-1935), 21 ans (née à Londres le 17 mars 1851). Le couple, dans sa résidence de St Pancras, aura quatre enfants dont certains deviendront à leur tour photographes.

Les deux autres fils de Louis de Mauny, Frédéric et Gustave travaillent avec lui à Boulogne-sur-Mer (Registres de recensements). 

Le cadet, "Gustave de Mauny, Photographe, demeurant à Boulogne, âgé de vingt-six ans, célibataire", décède malheureusement dans cette ville, le 25 décembre 1868. 

Louis de Mauny est également assisté par un employé, comme le photographe Edouard Richard, âgé de 17 ans, signalé dans le recensement de 1866 puis l'ouvrier photographe, Henri Green, âgé de 22 ans, cité dans le recensement de 1872.


11- DE MAUNY Louis (1812-1878), Verso d'une Carte de visite, vers 1866-1878.

Une Carte de visite, aux inscriptions identiques, porte la date manuscrite de "1868" et une autre, celle de "1872".



Louis de Mauny va décéder à son domicile de Boulogne-sur-Mer, au 24, quai de la Douane, le 25 août 1878, âgé de 66 ans. 

Son épouse, Julie Angélique née Moreau, domiciliée à Paris, rue de Littré, 7 (6ème arrondissement), ancienne Institutrice, âgée de 70 ans, décèdera pour sa part, le 1er novembre 1890, rue de Sèvres, 42 (dans le 7ème arrondissement).



UNE DEUXIÈME COMPAGNE


Paris

Certains documents révèlent un aspect plus intime de la vie de Louis de Mauny et permettent de préciser certains faits.

Au retour de New York, Louis de Mauny, âgé de 40 ans, entretient, au début de l'année 1852, une liaison extra-conjugale avec Isabelle Larousse, 30 ans (née le 22 avril 1822, à Provins, Seine-et-Marne). De cette union, une enfant, Marie de Mauny, va naître à Paris le 2 novembre 1852 et être reconnue par son père.

Cependant, Louis de Mauny semble mettre fin à sa liaison, en quittant Paris pour Londres, vers 1853, avec son épouse et ses trois fils.


Londres

C'est probablement à Londres que Louis de Mauny apprend le décès de sa fille Marie, à la fin de l'année 1860. 

Dans l'acte de décès, deux témoins, voisins de la fillette, déclarent qu'hier, 29 octobre 1860, est décédée à Condé (Condé-sur-L'Escaut, Nord), "en une maison sise place d'armes, Marie de Mauny, âgée de huit ans, née et domiciliée à Paris, fille légitime de Louis Frédéric de Mauny, âgé de quarante-sept ans, peintre et d'Isabelle Larousse, âgée de trente-cinq ans, sans profession, domiciliés audit Paris" (Archives Départementales du Nord, registre des Naissances, Mariages et Décès 1853-1863, vue 926).

Cette déclaration, certes faite par des témoins qui ne font que répéter ce qu'on leur a transmis, interroge cependant, au-delà même du décès et du lieu. Louis de Mauny y est dit parisien. A-t-il conservé une adresse à Paris ? Assure-t-il la subsistance de sa deuxième famille ?


Boulogne-sur-Mer

Est-ce le décès de Marie qui a rapproché les deux anciens amants ? Il semble que Louis de Mauny et son épouse Julie Angélique née Moreau, domiciliés à Boulogne-sur-Mer, se séparent au début des années 1860 mais sans divorcer, et que Julie Angélique quitte définitivement la ville. 

Isabelle Larousse vient alors s'installer au domicile de Louis de Mauny et partager sa vie et celle de ses enfants. Elle est notamment citée dans les recensements boulonnais de 1866, 1872 et 1876 où elle est dite "sa femme".

Lors de la déclaration de décès de Gustave de Mauny en décembre 1868, par son frère Frédéric, Gustave est dit le fils de Louis de Mauny et "de feu [!] Angélique Moreau (les autres renseignements n'ont pu nous être transmis", sans qu'il soit possible de savoir si cette affirmation est un mensonge volontaire ou non.

Isabelle Larousse travaille peut-être au magasin de photographie familial ; elle reste en tout cas présente auprès de son conjoint jusqu'à la mort de ce dernier, fin août 1878.

La déclaration de décès de "Louis Frédéric de Mauny, photographe" est faite par ses deux enfants, "Frédéric de Mauny, âgé de trente ans et Jules de Mauny, âgé de trente-huit ans [sa présence laisse présumer d'une mort annoncée], tous deux photographes", lesquels déclarent que leur père, "âgé de soixante-six ans, veuf [!] en premières noces d'Angélique Moreau, époux en secondes noces [!] d'Isabelle Larousse, âgée de cinquante-six ans, est décédé ce jour".

Lors de la succession de ce dernier, un inventaire est fait le 16 septembre 1878, un jugement du Tribunal civil de première instance est rendu le 2 janvier 1879 et la déclaration de succession est réglée le 14 février suivant (Archives Départementales du Pas-de-Calais, Boulogne-sur-Mer, Tables des successions, 3Q14/164, vue 55).

Le détail des biens n'est pas connu mais il semble que Louis de Mauny ait pris des dispositions de son vivant pour sa compagne et son fils Frédéric car seul son fils Jules (l'aîné) est désigné comme héritier.

L'atelier de photographie du 24, quai de la Douane de Boulogne-sur-Mer semble revenir à Frédéric de Mauny (1848-?) [actif jusque vers l900 ; acte de décès non retrouvé], celui du 326 Euston Road de Londres à Jules de Mauny (1840-1921), en restant sous le nom de son père.

Un lot de trois terrains boisés situés au Parc du Vésinet, sur la commune de Chatou (près de Paris) est cependant mis en vente en juin 1879 : 

- à la requête de "mademoiselle Isabelle Larousse, propriétaire, demeurant à Boulogne-sur-Mer"

- face à, "M Jules-Frédéric de Mauny, en sa qualité de seul et unique héritier, mais sous bénéfice d'inventaire seulement" [seul héritier légal ou testamentaire ayant accepté la succession avec ses dettes potentielles mais de manière conditionnelle jusqu'à concurrence des biens reçus], 

- et à la défenderesse et défaillante, "Madame Angélique Moreau, veuve de M. Louis Frédéric de Mauny, ayant demeuré ci-devant à Boulogne-sur-Mer et actuellement sans domicile ni résidence connus : ladite dame ayant été commune en biens avec ledit feu sieur de Mauny" [Frédéric n'est pas cité] (L'Industriel de Saint-Germain-en-Laye du 31 mai 1879).

Isabelle Larousse, "sans profession, née à Provins (Seine-et-Marne) le 22 avril 1821 [1822] (...), veuve de de Mauny Louis [!]", demeurant à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais), rue du Dr Danvin, décédera à son domicile, le 5 août 1909, âgée de 87 ans.


12- DE MAUNY Frédéric (1840-1911), Verso d'un Carte de visite, vers 1885.


13- DE MAUNY Jules (1840-1911), Partie basse du recto d'un Cabinet, vers 1885.



LES ATELIERS DE LOUIS DE MAUNY


Les résultats de la recherche préalable à cet article sont proches de ceux des études britanniques mais en différent cependant par quelques dates et mettent en parallèle les adresses londoniennes et boulonnaises relevées dans les documents britanniques et français (ouvrages, journaux photographies). 

Quelques éléments restent encore à confirmer du fait que certaines des adresses complémentaires ont pu perdurer au-delà des années où elles sont citées.

Louis de Mauny a occupé les adresses suivantes entre 1855 et 1878 :

-16 FITZROY TERRACE, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON : vers 1855-1857.

- 374 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON : vers 1857-1861 (Image 2).

- 374 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON - 22, RUE DE L'ECU, BOULOGNE-SUR-MER : vers 1861-1862 (Images 3 et 4).

- 374 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN - 22, RUE NAPOLEON, BOULOGNE-SUR-MER : vers 1863-1865 (Images 5 et 6).

- 374 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN & 4 ORANGE ROW KENNINGTON ROAD, LAMBETH, LONDON - 22, RUE NAPOLEON, BOULOGNE-SUR-MER : vers 1863-1865 (Images 7, 8 et 1).

- 374 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON - 22, RUE NAPOLEON & 24, RUE DE LA DOUANE, BOULOGNE-SUR-MER : vers 1865-1866 (Image 9).

- 374 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON - 24, RUE DE LA DOUANE, BOULOGNE-SUR-MER : vers 1866 (Image 10).

- 333 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON - 24, RUE DE LA DOUANE, BOULOGNE-SUR-MER: vers 1866-1875 (Image 11). 

- 313 & 333 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON [cette adresse est encore citée dans, Adressbuch für Photographie und verwandte Fächer, 1879 p 82 mais dans des listes qui datent de 1876] - 24, RUE DE LA DOUANE, BOULOGNE-SUR-MER: vers 1875-1876.

- 326 EUSTON ROAD, ST PANCRAS, CAMDEN, LONDON - 24, RUE DE LA DOUANE, BOULOGNE-SUR-MER: dès 1877 (Images 12 et 13).



REMARQUES


Sur les ateliers

Il est parfois difficile de distinguer les ateliers appartenant à Louis de Mauny de ceux de son fils aîné Jules en Angleterre. Jules de Mauny est-il devenu propriétaire de l'atelier de la rue Euston avant ou après le décès de son père en 1878 ? 

Il semble d'ailleurs que ce soit Jules de Mauny qui a fait construire le nouvel atelier situé au n° 326 Euston Road en 1876 (Minutes of Proceedings of the Metropolitan Board of Works, London, 1876 p 366). Mais l'a-t-il fait en son nom ou celui de son père ? Cette ambiguïté est renforcée par le fait que l'atelier londonien conservera le nom de "Monsieur Louis", après le décès de ce dernier (Images 2, 5, 9, 10 ; 13 et 14).

Les prénoms eux-mêmes peuvent parfois créer une certaine ambiguïté, avec d'une part le père, "Louis de Mauny", "Louis Frédéric de Mauny", "Frédéric de Mauny", "Frédéric Demauny" (Recensement de 1866), "Louis F. de Mauny" (Image 8), et d'autre part les fils, "Jules Frédéric de Mauny" et surtout "Frédéric de Mauny", "Frédéric Demauny" (Recensement de 1866), "F. de Mauny" (Image 12).

Enfin, il faut signaler l'existence de l'adresse londonienne du 27 Coventry Street, dirigée par "Monsieur Louis", à la fin des années 1860 ou au début des années 1870, sans qu'il soit possible d'affirmer qu'il s'agit d'un autre atelier de Louis de Mauny.


14- Verso d'une Carte de visite, vers 1865-1875.



Sur les cartons-photos

Il semble qu'une partie des portraits et des vues réalisés par Louis de Mauny aient été des stéréoscopies avant d'être tirés au format de Cartes de visite.

Les armoiries du Royaume-Uni et du Second Empire français présentes sur les publicités et cartons-photos de Louis de Mauny, interrogent. A-t-il obtenu des brevets les justifiant et si oui, à quelle date ?

Seules les armoiries du Royaume-Uni sont présentes dans les Guides de Boulogne-sur-Mer en anglais de 1864 et 1866 (Images 5 et 10) mais ces mêmes armoiries sont accompagnées de celles de la France au verso des cartons-photos londoniens et boulonnais du milieu des années 1860 (Images 6b et 9). Ceci permet de considérer que leur usage s'est strictement limité à cette période restreinte, sans que la raison n'en soit connue.