mardi 23 août 2022

1256-LESPINASSE MICHEL (1820-1889) ET SES FILS, PHOTOGRAPHES

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



- Anonyme, Cannes, L'Île Sainte-Marguerite, vers 1872.





Suite de la Liste des Photographes cannois du XIX° siècle.



- LESPINASSE Père & Fils : Michel Claude LESPINASSE (1820-1889), Jacques LESPINASSE (1842-1881) et Edmond LESPINASSE (1845-?)


LYON

Michel Claude Lespinasse est né à Lyon (Rhône) le 27 juin 1820. Il est le fils aîné de Claude Marie Lespinasse, fabricant d’étoffes en soie (né en 1794 à Lyon) et d'Anne Bonnevaux/Bonneveaux (née en 1798 à Bourgoin, Isère) qui se sont mariés à Lyon le 23 janvier 1819. Il a des frères et sœurs dont Pierre Lespinasse (1825-1872) et Joachim Lespinasse (1838-?).

Michel Claude Lespinasse, "âgé de 23 ans, fabricant d’étoffes", domicilié place Colbert, se marie à Lyon le 18 mai 1844 avec Françoise Félix, 21 ans, fabricante d’étoffes, domiciliée également place Colbert (née le 21 août 1822 à Lyon). Le couple légitime à cette occasion leur fils, Jacques Lespinasse, né Félix, à Lyon le 15 janvier 1842.

La famille s’agrandit avec la naissance de leur fils Edmond Lespinasse le 9 juin 1845 au 5, place Colbert, Michel Claude Lespinasse étant dit, "âgé de 24 ans et fabricant d’étoffes".


CANNES ET GRASSE

Les renseignements sur Michel Lespinasse et ses fils font ensuite défaut pendant plus de 25 ans (il est absent ou non identifiable dans les annuaires lyonnais de 1865 et 1867), son nom resurgissant à Cannes, dans la liste électorale du 29 avril 1871 (arrivé en 1870), "Lespinasse Michel, 50 ans, photographe, rue d’Antibes, 47" puis dans celles des années suivantes. 

Son nom reste cependant étrangement absent des tableaux synoptiques de la Ville de Cannes de 1871 et 1872 (Courrier de Cannes du 31 décembre 1871 et du 21 novembre 1872) et des listes alphabétiques et professionnelles des annuaires cannois (1884-1889). Il reste également absent du recensement de la Ville de Cannes de 1872 (nous privant de la composition de sa famille). 

Le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier de 1874 signale cependant, "Lespinasse (M.), rue d'Antibes, aux Baraques".

Il est ensuite signalé dans le recensement de la Ville de Cannes de 1876, seul, rue d'Antibes, "Lespinasse Michel, veuf, 56 ans, né à Lyon". Son épouse est donc décédée (acte non retrouvé sur Lyon, Grasse et Cannes) et ses fils ont quitté le domicile familial, avant 1876.

Michel Lespinasse a quitté Lyon et changé de profession, sans que la date et le lieu de sa formation à la photographie soient connus. De nombreuses questions restent en suspens. A-t-il possédé un atelier de photographie à Lyon dans les années 1850 ou 1860 ? A-t-il exercé cette profession dans une autre ville ?

L'ouvrage, Napoléon III et les Alpes-Maritimes. La naissance d'un territoire (publié par les Archives Départementales des Alpes-Maritimes en 2009 p 183) signale le "Portrait d'une famille italienne par Lespinasse, photographe à Grasse, avant 1869" et publie le recto de la Carte de visite imrimé des mentions, "Lespinasse Père & Fils".

Une autre Carte de visite de Michel Lespinasse est connue (Portrait de soldat, Collection privée) et offre de même au recto, "Lespinasse Père & Fils", et au verso, sous les armoiries de la Ville de Grasse (Agneau pascal), "Lespinasse - Peintre Photographe (texte ondé) - Grasse & Cannes". 

La date de cette Carte de visite n’est pas connue mais cette dernière révèle que Michel Lespinasse est peintre et photographe, qu’il travaille alors avec l’un de ses fils ou les deux (Jacques et Edmond ont respectivement 25 et 28 ans en 1870) et qu’il possède  un atelier à Grasse et une succursale à Cannes. 

Ces deux ateliers sont peut-être de peu antérieurs à 1870. Il est possible que Michel Lespinasse ait été domicilié à Grasse avec ses fils (absents du recensement de la Ville de Grasse de 1866), avant de s'installer seul à Cannes (le nom de ses fils reste totalement absent des listes électorales de la Ville de Cannes).



BÔNE

Plusieurs photographes français du XIX° siècle ont porté le nom de "Lespinasse". La seule autre Carte de visite connue (Portrait de soldat, Collection privée) qui puisse également être attribuée à la famille étudiée, offre un recto nu mais le texte suivant au verso, "Thierriat & Lespinasse - Photographes - Bone (sic) (Algérie) - Rue Louis-Philippe". 

La date de cette Carte de visite n’est pas connue mais son recto nu et son décor de fins entrelacs entourant tout le texte du verso, semblent renvoyer à la fin des années 1860 ou au début des années 1870. Le soldat photographié appartient cependant au 80ème Régiment d’Infanterie de Ligne, ce qui permet de préciser la date, ce régiment n'ayant été présent en Algérie que de 1871 à 1875.

Michel Lespinasse ne semble pas avoir vécu en Algérie après sa venue dans les Alpes-Maritimes car il est régulièrement cité dans les listes électorales de Cannes des années 1870 et 1880. 

L’association affichée concerne-t-elle alors l’un de ses fils ? Un début de réponse est peut-être apporté par l’acte de décès du 15 mars 1881, de son fils Jacques Lespinasse, "né à Lyon, âgé de 39 ans, peintre en bâtiments" à son domicile de la rue Constantine, à Bône. L’acte de décès précise également qu’il est le "fils de Michel Claude Lespinasse et de feue Françoise Félix".

Cet acte permet d’apprendre que Michel Claude Lespinasse a été affecté par le décès de son épouse puis par celui de son fils Jacques. Il permet également d’affirmer que l’un des membres de la famille étudiée a vécu à Bône. 

L’acte de décès de la mère, aurait pu révéler des éléments mais n’a pu être retrouvé, pas plus que l’acte de mariage des fils (restés célibataires ?).

Certes, Jacques Lespinasse est au moment de son décès, "peintre en bâtiments" mais il a pu abandonner la carrière de photographe à la fin des années 1870.

De nombreux documents attestent la présence d’un photographe du nom de "Lespinasse" à Bône mais sans jamais citer son associé "Thierriat". 

L’Agenda photographique de 1876 (p 61, Gallica), cite "Lespinasse, rue Louis-Philippe" (renseignements repris dans Adressbuch für Photographie und verwandte Fächer, 1879 p 18, GoogleBooks) et l’Aide-mémoire de Photographie publié par la Société de Toulouse le cite à Bône, de 1876 à 1887 (Gallica et GoogleBooks). Certes, Jacques Lespinasse est décédé en 1881 mais les renseignements de l’Aide-mémoire sont souvent trompeurs (abonnement de 9 ans, ici prolongé). 

L’Annuaire du Commerce Didot-Bottin de 1875 (p 3307, GoogleBooks), apparaît comme le document le plus ancien où le nom du photographe apparaît et est le seul à préciser l’initiale de son prénom, "Lespinasse, J.", ce qui conforte notre hypothèse (Jacques Lespinasse a 33 ans en 1875).

Il est probable que Jacques Lespinasse ait été formé à la photographie par son père (quand et où ?) puis ait un temps travaillé avec lui, notamment à Grasse, d’où la dénomination "Lespinasse Père & Fils", même si cette dernière peut renvoyer également à son frère Edmond.

Vers 1870 (?), Jacques Lespinasse a ensuite quitté la France pour s’installer comme photographe en Algérie (Bône). L’association avec Thierriat, à la même adresse d’atelier, peut être datée entre 1871 et 1874, Jacques Lespinasse ayant probablement été l’associé puis le successeur de Thierrat. Ce dernier reste absent des documents consultés, son prénom, sa vie et sa carrière demeurant inconnus.


GRASSE ET CANNES

Le nombre d’années où Michel Lespinasse a possédé un atelier, d’une part à Grasse, et d’autre part à Cannes reste également difficile à préciser. Il est resté actif à Cannes tout au long des années 1870 mais il est difficile de dire à quelle période il a cessé cette activité (vers ses 60 ans en 1880 ou plus tard ?), les listes électorales de la Ville mentionnant sa profession de "photographe" jusqu'à l'année de son décès.

"Michel Claude Lespinasse, veuf de Françoise Félix, rentier artiste, âgé de 69 ans" est décédé à l’asile de vieillards de Cannes, le 29 juin 1889.




VOIR LA LISTE DES PHOTOGRAPHES ÉTUDIÉS

LES PHOTOGRAPHES DOMICILIÉS À CANNES AU XIX° SIÈCLE