samedi 26 mars 2022

1221-LES CHAPITEAUX À RINCEAUX DU BOURBONNAIS (MILIEU XII° S.)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



- Image 1 : Chapiteau d'un pilastre cannelé du transept de l'église priorale
 Saints-Pierre-et-Paul de Souvigny (Allier).


LES CHAPITEAUX À RINCEAUX DU BOURBONNAIS


INTRODUCTION

Une trentaine d’édifices situés aux limites des diocèses de Clermont et de Bourges (à l’ouest du département actuel de l’Allier) présentent une campagne de construction du milieu du XII° siècle marquée par une architecture et une sculpture semblables (1). Ce groupe d’édifices a été signalé par Pierre Pradel dès 1936 (2).

L’ensemble des chapiteaux y est fort cohérent offrant des rinceaux vomis par des masques, des feuillages divers, des entrelacs, des monstres affrontés et de plus rares scènes historiées.


Description

Rinceaux

Les chapiteaux à rinceaux sont les plus caractéristiques de ce groupe et les plus nombreux. Ils forment un ensemble de 140 chapiteaux répartis dans 30 édifices (3) et couronnent colonnes, colonnettes et pilastres cannelés, quel que soit leur emplacement, aussi bien à l’intérieur (chœur, transept, nef) qu’à l’extérieur (portail).

Avant d’en commenter les différents aspects, nous devons insister sur la beauté de ces souples rinceaux décrivant d’élégantes arabesques symétriques extrêmement décoratives, se répartissant de chaque côté de masques et de bagues qui engendrent d’autres rinceaux dans un cycle infini, ponctués de feuilles et de fruits et exceptionnellement ornés de fleurs ou peuplés de figures animales ou humaines. 

Composition

Partant d’une composition générale semblable, les artistes se sont ingéniés à trouver dans le style et le détail ce qui pouvait différencier un chapiteau de son voisin et un ensemble d’un autre. Parmi les différentes compositions de rinceaux, l’une des plus fouillées se répète dans plusieurs édifices (Souvigny, Saint-Menoux, Le Montet, Autry-Issards) (Image 1).

Les rinceaux sont formés le plus souvent de deux brins accolés (de un à quatre) qui se répartissent symétriquement sur la corbeille à partir d’un motif placé aux points forts, angles ou centre. Les tiges dessinent souvent deux simples enroulements symétriques sur les chapiteaux des colonnettes (baies, portails). Elles engendrent, sur les corbeilles plus amples des colonnes et des pilastres cannelés, des compositions plus complexes où les jeux de courbes reforment des S affrontés ou bien le motif primaire du cœur.

Les tiges forment deux enroulements symétriques dans la partie supérieure de la corbeille et s’évasent pour rejoindre les angles (ou le niveau de la partie inférieure) de celle-ci. Le schéma se continue identique sur les différentes faces de la corbeille, reformant de nouvelles compositions lorsque le chapiteau est vu de trois-quarts. Les sculpteurs ont d’ailleurs affectionné le voisinage de deux chapiteaux où l’un privilégie le motif du cœur engendré depuis l’angle et l’autre depuis le centre. Enfin, certaines tiges feuillues dessinent parfois une palmette - gerbe très géométrisée (Saint-Marc de Souvigny, Saint-Menoux, Autry-Issards).

Motif central

Le motif qui engendre la composition peut être un masque animal, une tête humaine, une bague, une tige principale ou sorte de tronc. 

Le masque, de dimensions variables, remplace à l’angle la volute traditionnelle ou bien se situe au centre de la partie supérieure, juste sous la tablette du tailloir (Image 2) ou bien un peu plus bas, dominé par l’affrontement de deux feuilles (Image 1). Des exemples plus rares montrent cependant la tête inversée reposant sur l’astragale, vomissant les tiges vers le haut (portails de Besson, Chemilly et Fleuriel, transept de Saint-Pierre de Souvigny, nef de Saint-Marc de Souvigny). Sur les faces latérales, le masque est souvent tourné de profil pour éviter d’être divisé ou écrasé contre le dosseret.

Il arrive que des têtes humaines et animales alternent sur la même corbeille (nef du Montet) mais c’est en général la même tête qui est répétée, l’alternance se faisant de préférence entre masque et bague.

Les bagues peuvent être lisses ou annelées ou bien sont ornées de perles ou de bâtons brisés. Elles deviennent parfois motif formant tourelle, sorte de pot ou de socle dont émergent les tiges ou se confondent, par leur aspect granuleux, avec un fruit d’arum.



- Image 2 : Chapiteau d'une colonne du transept de l'église de Bransat (Allier).


Flore

Feuilles et fruits se greffent sur les rinceaux , constituent leur terminaison, marquent les angles, constituent les volutes, compliquent les enroulements et enrichissent le décor. Les feuilles suivent ou croisent les tiges et passent parfois alternativement par-dessus ou par dessous ces dernières en fonction de la partie droite ou gauche de la corbeille (Images 1 et 10). 

Les feuilles s’affrontent ou se répètent deux par deux. Elles sont soit courtes au découpage ternaire formant un motif trifolié au centre des enroulements de tiges ou sont au contraire fines et allongées, au profil dentelé, comme pliées sur leur nervure centrale le long des tiges de rinceaux, type même de la feuille byzantine. La feuille devient exceptionnellement digitée et prenante dans les compositions les plus fouillées agrippant la tige qui l’a fait naître et s’enroulant concentriquement. Certaines feuilles sont nettement identifiables en tant que feuilles d’acanthe avec chacun de leurs folioles individualisé d’un coup de trépan (Fleuriel) (Image 4).

A ces feuilles qui varient sans cesse dans leur taille s’ajoute une variété aussi grande de fruits représentés surtout par des arums, souvent enrobés dans leur spathe au cœur des enroulements de rinceaux. Greffés sur les tiges ou même directement sur les feuilles, ils sont tout à tour boule granuleuse, pomme de pin ou cône de houblon, au stade de graine ou de fruit développé (Images 2 et 6).

La présence de fleurs est, elle, plus rare avec des liserons épanouis (rond-point de Saint-Menoux) ou de petites roses bien découpées (Agonges, Bransat, Fleuriel, Saint-Hilaire-la-Croix) (Image 4).

Il est à noter que des entrelacs géométriques tressés avec régularité composent dans certains édifices des corbeilles de vannerie qui voisinent avec des corbeilles de rinceaux (Souvigny, Saint-Menoux, Le Montet, Franchesse, Saint-Hilaire, Saint-Hilaire-la-Croix). Les entrelacs reçoivent parfois, à l’image de ces rinceaux, un traitement précieux (perles), un décor de masques ou une terminaison végétale. Ils fusionnent exceptionnellement avec ces rinceaux végétaux sur une même corbeille (Le Montet, Saint-Menoux).



- Image 3 : Chapiteau d'un pilastre cannelé du portail nord de l'église de Saint-Hilaire-la-Croix (Puy-de-Dôme).


Masques

Les masques humains sont généralement masculins et diffèrent entre eux par la forme de la tête, le dessin des traits ainsi que par coiffure et barbe. Les têtes engendrent les tiges par la bouche mais exceptionnellement par les oreilles (nef de Franchesse) ou par leurs deux pans de barbe (abside d’Agonges, portail sud de Villefranche). Tantôt ce sont des têtes moustachues semblant porter perruque, tantôt ce sont des têtes ovales semblant porter couronne, le visage plissé, la lèvre supérieure relevée (nef du Montet). Certaines têtes, apparaissent grosses et rondes, joues gonflées comme soufflant les vents, (Yzeure, Fleuriel).

D’autres têtes sont franchement démoniaques avec leur chevelure de flammes, leurs cornes ou leur bouche dentée (Agonges, Couleuvre, Franchesse, Saint-Hilaire-La-Croix, Fleuriel).

Les masques d’animaux sont en général des mufles de félins mais quelques corbeilles montrent de larges masques de bovins (Le Montet) ou un masque simiesque (Fleuriel) (Image 9). 

Les têtes félines se placent aussi bien aux angles de la corbeille en fort relief, qu’au centre dans un style plus méplat. Elles vomissent des rinceaux par la bouche mais des tiges émergent aussi de derrière leur tête (comme si le masque était une bague creuse). Les têtes félines, vues de face, coiffées de touffes de poils raides ou d’une couronne de flamme entre deux courtes oreilles pointues, ont l’œil bridé, le nez aplati et la gueule largement ouverte en accolade parfois dentée (Image 2) et le plus souvent dépourvue de mâchoire inférieure (Image 1). 

Les différents masques ont généralement la pupille aveugle mais cette dernière est parfois excavée (Fleuriel, Jenzat, Bransat, Chemilly) (Images 2, 6 et 9).



- Image 4 : Chapiteau d'un pilastre cannelé du portail ouest de l'église de Fleuriel (Allier).


Figures

Les compositions de rinceaux s’enrichissent enfin exceptionnellement de figures à Saint-Hilaire-la-Croix (portail nord) et Fleuriel (nef et portail ouest). Quoique complexes et précieux, les rinceaux habités n’en restent pas moins lisibles et adaptés au schéma primaire du cœur, les figures humaines, animales et monstrueuses étant positionnées au centre ou à l’extrémité des tiges (Images 3, 4, 5 et 9).

Sur la face centrale d’un chapiteau du portail de Saint-Hilaire-la-Croix (Image 3), au-dessus d’une figure humaine dressée au centre des tiges, deux mini-figures à buste d'homme et queue animale (de poisson ou de serpent) s’accrochent à la gueule vomissant et dentée de l’Enfer alors qu’elles-mêmes sont dévorées par les têtes monstrueuses qui constituent les terminaisons des tiges.

Sur le chapiteau opposé du même portail, quatre monstres léonins à deux pattes et queue de serpent, adossés deux à deux au bas de la corbeille, vomissent cette fois des enroulements de rinceaux dans la partie supérieure (Image 5)

Un chapiteau du portail de Fleuriel présente une composition et des monstres semblables mais l'un des enroulements de rinceaux se termine par deux mini-figures, une tête de monstre tenant dans sa gueule un buste d'homme. Le chapiteau opposé offre pour sa part une grande figure humaine qui se tient aux tiges végétales vomies par un masque léonin (Image 4).

Un chapiteau de la nef de Fleuriel (Image 9) présente pour sa part une composition de rinceaux vomis ou dévorés par un masque simiesque, symbole du démon, du péché, de la fourberie et de la vanité (partie haute de la corbeille), et par de  mini-dragons adossés et symétriques, la queue prise dans une bague décorative (partie basse de la corbeille). Ce sont en fait trois dragons accostés sur la gauche d'un oiseau. Ce dernier, contrairement aux animaux démoniaques, ne dévore pas les tiges mais semble se mêler à elles par l'aigrette de sa tête et le panache de ses plumes. Cet oiseau peut symboliser l'âme cherchant à vivre en dehors de l'Arbre du Péché.



- Image 5 : Chapiteau d'un pilastre cannelé du portail nord de l'église de Saint-Hilaire-la-Croix (Puy-de-Dôme).


ORIGINES DES MOTIFS

Rinceaux

Les motifs de rinceaux (4) sont présents dès l’art grec (acanthe) où ils sont souvent symboliques de Gê, d’Apollon (laurier) ou de Dionysos (lierre et vigne). Ils se retrouvent dans les frises de l’art romain (augustéen) et gallo-romain avec des tiges, émergeant de feuilles d’acanthe ou bien d’un cratère, chargées de fruits becquetés par les oiseaux ou habitées de la figure de Tellus ou de génies. 

Les motifs se diversifient dans l’art gréco-oriental des V° et VI° siècles (frises sculptées, travail de l’ivoire, décor des tissus) avec l’art de la Perse des Sassanides, les échanges entre l’art perse et byzantin et la diffusion des motifs par Constantinople (5).

Des motifs semblables se retrouvent dans l’art de Syrie (Antioche) et dans l’art de l’Egypte copte (Alexandrie). Marqué lui aussi par l’art perse, l’art islamique (omeyyade) offre des rinceaux de pampres qui évoluent progressivement vers l’arabesque.

Le motif des cœurs inversés et imbriqués, né de l’accolement de deux rinceaux, mais aussi le motif des tiges s’enroulant symétriquement de chaque côté d’un axe central sont largement diffusés par la suite en Occident dans tous les arts et se perpétuent surtout dans le travail des arts précieux (tissus, ivoires, orfèvrerie).

Les motifs se retrouvent dans l’art paléochrétien (mosaïque et stuc) (6) puis dans l’art mérovingien (décor des sarcophages) (7). Des rinceaux peuplés d’animaux décorent les fûts de pierre des croix insulaires (Northumbrie) du VII° au X° siècle (8). Les plaques de chancels carolingiens, envahis d’entrelacs géométriques offrent plus rarement le motif antique des rinceaux (9). Ces motifs végétaux se voient cependant dans les ivoires et les manuscrits carolingiens du IX° siècle puis du X° siècle (10), avant de s’épanouir dans l’enluminure romane, entrelaçant des figures humaines et animales surtout dès le milieu du XI° siècle.

L’art byzantin de la seconde moitié du X° siècle et du début du XI° siècle (11) conserve, pour sa part, ces motifs dans le travail de l’orfèvrerie et celui de l’ivoire, de même que l’art hispano-mauresque puis mozarabe (12).

Dès la fin du XI° siècle et le début du XII° siècle, la circulation de motifs inspirés des œuvres post-sassanides et les contacts directs avec l’Orient renouvellent les apports et diffusent les compositions de rinceaux compliquées de fruits d’arums et de feuilles digitées prenantes. Ces rinceaux, parfois habités, perdurent dans les arts précieux : travail du bois, de l’ivoire (Egypte des Fatimides) (13), orfèvrerie (décor des flabella, des ciboires, revers des châsses émaillées limousines), art du bronze (chandeliers) (14). Dans les arts de la couleur (mosaïque, enluminure, vitrail), les rinceaux se voient associés aux thèmes de la Création du Monde, de l’Arbre de Jessé ou de la Vigne de l’Eglise (15). Ces rinceaux décoratifs abondent surtout dans les initiales enluminées des manuscrits dès le second quart du XI° siècle.

Dans la sculpture, c’est dès la seconde moitié du XI° siècle que les motifs de rinceaux vont se répandre. Rarement imités directement de modèles antiques, ils sont le plus souvent influencés par l’enluminure. Ils deviennent même au XII° siècle une caractéristique de certaines écoles avec l’art des provinces de l’Ouest (Poitou, Saintonge, Angoumois) ou l’art toulousain, mais gagnent l’ensemble des provinces romanes (16) et se perpétuent dans le premier art gothique.

Les motifs de rinceaux des chapiteaux étudiés relèvent donc d’une longue tradition qui s’est perpétuée dans les arts précieux et qui s’est transmise à la sculpture romane par le biais de l’enluminure. Les compositions bourbonnaises dérivent même des compositions enluminées les plus évoluées avec leur fusion entre masque vomissant et motif des cœurs imbriqués, feuilles byzantines pliées le long de leur nervure centrale, fruits d’arums et feuilles digitées prenantes, mais elles se compliquent plus rarement de ces figures si courantes dans les rinceaux des manuscrits.

La présence de couleur conservée sur certains chapiteaux (ocre rouge, ocre jaune, vert) renforce le parallèle avec les initiales enluminées (Bransat, Jenzat) et si cette dernière peut dater de la période gothique, elle s'inscrit dans une tradition antérieure (Images 2, 6 et 10).



- Image 6 : Chapiteau d'une colonne du chœur de l'église de Jenzat (Allier).


Masque vomissant

Pour ce qui est du motif particulier du masque vomissant deux tiges de rinceaux qui s’enroulent symétriquement de part et d’autre, il a les mêmes origines que celles des rinceaux. 

Il semble s’être développé dans l’art byzantin des V° et VI° siècles et nous pouvons le noter dans le décor d’une pièce de soie égyptienne des VI°-VII° siècles (servant de linceul à un corps saint d’une tombe de l’église Sainte-Ursule de Cologne) (17).

Ce motif est le plus souvent présent dans les initiales enluminées. La lettre la plus ancienne et la plus courante, ornée du motif du masque vomissant des rinceaux, semble la lettre B. Elle existe ainsi ornée dans l’enluminure anglaise de la seconde moitié du X° siècle (Psalter, British Museum, Ms. Harley 2904, folio 4, vers 974-986) (18) (Image 7a), est répandue dans divers pays au XI° siècle (19), fusionne vers 1050 avec les figures humaines et animales et abonde au siècle suivant (listes en note 20).

Le masque, vu de face, y joue le rôle d’une bague, reliant les deux boucles du B qui semblent émerger de derrière sa tête. Vertical et le plus souvent tourné vers la gauche (21), le mufle félin crache des palmes et deux enroulements symétriques de tiges végétales qui vont garnir les panses de la lettre.

Le B est généralement le B de Beatus et souvent celui de Beatus vir (Livre des Psaumes, initiale du psaume 1), de Beatus Iob (initiale des livres 3 et 30 des Moralia in Iob) ou de Beatissimo Papae Damaso (initiale de la Lettre de Jérôme au Pape Damase, préface des Evangiles).

Dans la plupart des cas, ce B est la première lettre du Psaume 1 (Bible, Psautier, Commentaires des Psaumes), introduisant ainsi par son décor, l’ensemble des psaumes. Le B peut se réduire à un seul décor végétal ou bien s’enrichir d’une représentation de David, créateur des Psaumes : David musicien, David et Goliath, David et le lion (22). Le mufle de lion dans la lettre B est peut-être alors la référence au lion vaincu, symbole du démon terrassé, d’autant que lorsqu’il est présent le lion est souvent absent et réciproquement. Les deux coexistent cependant dans certaines initiales. 

Le mot Beatus introduit le Psaume I ainsi : "Beatus vir - qui non abiit in consilio impiorum - et in uia peccatorum non stetit" (Heureux l'homme - qui ne se conduit pas d'après les conseils des méchants - qui ne marche pas dans la voie des pécheurs"), le masque évoquant donc le démon et les tiges, les liens du péché.

Les tiges sont, soit vomies et symbolisent les paroles tentatrices du démon, soit avalées et symbolisent alors la menace de l’Enfer, d’autant que le masque est semblable à la gueule du Léviathan. Les extrémités des tiges végétales qui enserrent l’homme se transforment parfois d’ailleurs en gueules dévorantes, les compositions reformant alors une sorte d’Arbre de l’Enfer.

Les tiges peuvent être inversement le symbole de l’homme lui-même, menacé par le démon, car le Psaume 1 précise : "Heureux qui se complaît dans la Loi du Seigneur (...). Il est comme un arbre planté près des ruisseaux - Il donne du fruit en sa saison - Et son feuillage ne se flétrit pas".

Il reste probable, vu la répétition systématique de cette composition ornementale en tête des psaumes, que ce motif est rapidement devenu l’évocation des psaumes eux-mêmes et de leur chant.

Un tel motif recouvre donc une multiplicité de sens. Il est tout à la fois le rappel du Paradis perdu (Arbre de la Tentation par sa luxuriance végétale et la présence du démon) et l’évocation du cadre terrestre (Gê/Tellus) de l’existence humaine soumise à la tentation du péché (Psaume 1). 

Peuplé de figures, il énonce davantage encore la lutte nécessaire et constante contre les forces du mal (scènes de combats et de chasse), évoque les turpitudes qui attendent le pécheur (gueules dévorantes), le réconfort et l’espoir en Dieu pour les justes (Psaumes) et l’annonce de la défaite définitive des forces du mal (victoire de David) (23).


 

- Image 7a : Psautier de l'Abbaye de Ramsey (Cambrigeshire), initiale B (Beatus) du Psaume 1, vers 974-986, London, British Museum, Ms. Harley 2904, folio 4 (fichier Wikipédia).

- Image 7b : Bible mosane de l’Abbaye Saint-Hubert, initiale H (Haec sunt nomina) du Livre de l'Exode,

 fin du XI° siècle ou second quart du XII° siècle, Bruxelles, BR II 1639 folio 30 v.



Dès la fin du XI° siècle, le motif du masque vomissant se retrouve dans d’autres types de lettres (M, H, Q, D, T ou A, U, E) ouvrant d’autres textes (Images 7b et 8). Réduites à deux seuls enroulements symétriques dans le cadre du B, les compositions de rinceaux peuvent s’épanouir dans d'autres lettres et développer des motifs cordiformes de tradition byzantine et carolingienne. Les masques félins ou humains y vomissent, même la tête à l’envers, des réseaux touffus de tiges enrichies de feuilles, fleurs et fruits, mais aussi peuplées de figures animales et humaines.

En dehors des manuscrits anglo-normands, le motif se retrouve particulièrement dans les manuscrits mosans et, en France, dans les écoles du Nord et de l’Est. Répandu dans l’iconographie bénédictine clunisienne, le motif gagne manuscrits prémontrés et cisterciens dans le second quart du XII° siècle surtout. 

Si les figures dans des rinceaux sont récurrentes dans les initiales enluminées (exemple d’un manuscrit de Dijon provenant de Saint-Bénigne - BM 128 folio 105v - ou d’un manuscrit de Moissac - Paris, Bibl. Nat. Lat. 2819 - datés du début du XII° siècle) (24) et restent nombreuses combinées avec le motif du masque vomissant (exemples des B anglais des XI°-XII° siècle) (20), elles deviennent relativement rares combinées avec le motif du masque vomissant des rinceaux qui reforment le schéma primaire du cœur. 



- Image 8 : Bible de Souvigny, initiale M (Machabeorum) du prologue aux Livres des Macchabées, 
vers 1183-1190, Moulins (Allier), Bibliothèque Municipale, Ms. 1, folio 296 (fichier B.M. Moulins).


L'ensemble se rencontre avec un grand personnage dans la Bible mosane de l’Abbaye Saint-Hubert, datée de la fin du XI° siècle ou du second quart du XII° siècle (Bruxelles, BR II 1639 folio 30 v) (25) (Image 7b), avec des monstres dans un manuscrit germanique de la Bibliothèque Nationale (Ms latin 8920 folio 1 v) (26), daté de la fin du XII° siècle, ainsi que dans un manuscrit conservé à Douai (Bibl. Mun. Ms 42, folio 101) (27) daté de la seconde moitié du XII° siècle, et avec personnages et figures animales dans la Bible de Souvigny (Moulins, Bibl. Mun., Ms. 1, folio 296, vers 1183-1190) (28) (Image 8).

Ces compositions sont proches de celles rencontrées sur les chapiteaux de Saint-Hilaire-la-Croix et de Fleuriel (Images 3, 4, 5 et 7).



- Image 9 : Chapiteau d'une colonne de la nef de l'église de Fleuriel (Allier).



NOTES

  

(1) sur les édifices du Bourbonnais, consulter :

- F. Deshoulières, Congrès Archéologique de France, 1913 et Congrès Archéologique de France,

1938.

- P. Pradel et M. Genermont, Les Eglises de France, Allier, Paris, Letouzey et Ané, 1938.

- P. Pradel , Dictionnaire des Eglises de France, Paris, R. Laffont, 1966 TII.

- J. Dupont, Nivernais et Bourbonnais Roman, Zodiaque, 1976.

- B.  Craplet, Auvergne Romane, Zodiaque, Limagne Bourbonnaise, 5ème ed. 1978.

- Congrès Archéologique de France, Bourbonnais, 1988.

- A. Courtillé, Auvergne et Bourbonnais Gothiques, T1 Les débuts Ed. Créer, 1990.

(2) P. Pradel, La Sculpture de quelques églises bourbonnaises, dans, Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1936, p. 160-169.

(3) 30 églises, dont 19 dans l’ancien diocèse de Bourges, 9 dans l’ancien diocèse de Clermont,
1 dans l’ancien diocèse d’Autun, 1 dans l’ancien diocèse de Nevers.

Allier : Agonges, Autry-Issards, Besson, Bransat, Broût-Vernet, Buxières, Chappes, Chateloy, Chemilly, Couleuvre, Fleuriel, Franchesse, Gipcy, Jenzat, Le Montet, Montilly, Murat, Rocles, Neufontaines (abbaye dite “ Saint-Gilbert ”, commune de Saint-Didier-la-Forêt), Saint-Hilaire, Saint-Menoux, Sauvagny, Souvigny, (Saint-Pierre), Souvigny (Saint-Marc), Villefranche, Ygrande, Yzeure.

Cher : Chezal-Benoit

Nièvre : Mars/Allier

Puy-de-Dôme : Saint-Hilaire-la-Croix.

Tous ces établissements sont des établissements bénédictins, sauf à Neufontaines (prémontrés), Couleuvre (augustins), Saint-Hilaire-la-Croix (augustins) et Fleuriel (augustins, seulement entre 1158 et 1179).

N.B. : malgré une certaine fidélité aux éléments déposés, il faut considérer avec précaution les chapiteaux de certains édifices (chœur de Saint-Menoux, nef et portail du Montet) qui ont été refaits.

(4) Sur le motif des rinceaux, voir entre autres :

- J. Baltrusaïtis, Le Moyen-Age fantastique, Armand Colin, 1955, ch. IV p. 103-150.

- M.M. Gauthier, Les décors vermiculés dans les émaux champlevés limousins et méridionaux, dans, Cahiers de Civilisation Médiévale X° – XII°s, TI, Université de Poitiers, 1958 p. 349-369.

- D. Jalabert, La flore sculptée au Moyen-Age en France, Paris, A. et J. Picard, 1965.

- C. Lepage, L’ornementation végétale fantastique et le pseudo-réalisme dans la période byzantine (paléologue), dans, Cahiers Archéologiques, T XIX, 1969 p 191-211.

- P. Duret, La sculpture romane de l’abbaye de Déols, Chez l’auteur, 1987 – Variations sur le rinceau

p 121-142.

- Ouvrage collectif, L’acanthe dans la sculpture monumentale de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, publications de la Sorbonne, 1993.

- J.P. Caillet, “ Et magnae silvae creverunt… ”-Observation sur le thème du rinceau peuplé dans l’orfèvrerie et l’ivoirerie liturgiques aux époques ottonienne et romane, dans, Cahiers de Civilisation Médiévale, XXXVIII° année, n° 1, janvier-mars 1995, p 22-33.

- D.V. Johnson, Sculptures du XII° s. provenant de l’abbaye royale de Chelles, dans, Bulletin Monumental 1995 t 153-I (p 22-46) p 34-41 et n 55, 59 et 60 p 45-46.

- A. Guerreau-Jalabert, L’Arbre de Jessé et l’ordre chrétien de la parenté, dans, Marie, le culte de la Vierge dans la société médiévale, Etudes réunies par D. Iognat-Prat, E.Palazzo et D. Russo, Beauchesne, 1996, p 154-155.

(5) Mosaïque du Mausolée de Galla Placidia, Ravenne, V° s.

Chaire de l’évêque Maximien, ivoire, vers 546-556, Musée de l’Archevêché, Ravenne.

Cf : E. Coche de La Ferté, l’Art de Byzance, Mazenod, Paris, 1981, p. 27 et 51.

(6) Cryptes Notre-Dame de Confession de l’église Saint-Victor de Marseille, décor de l’intrados d’un arc en mosaïque et d’un autre en stuc, V° s.

Cf : J. Hubert, J. Porcher, W.F. Volbach, L’Europe des Invasions, Gallimard, 1967, p. 11 et 12.

(7) Toulouse, colonnettes provenant de l’ancienne église Notre-Dame de la Daurade, fin V° s., début VI°s, Musée du Louvre.

Toulouse, sarcophage de Saint-Sernin, VI°-VII° s.

Soissons, sarcophage de Saint-Drausius, fin VII° s.

Cf : J. Hubert, J. Porcher, W.F. Volbach, L’Europe des Invasions, Gallimard, 1967 p. 25 et 35.

Cf : M. Vieillard - Troiekouroff, Recueil général des monuments sculptés en France pendant le Haut-Moyen-Age (IV°- X°) TI, Paris, n°336 (ab), n° 337 (abc), Paris 1978.

(8) Croix de Jedburgh, fin du VII s (?)

Croix d’Easby, début IX° s.

Croix de Croft, début IX° s.

Cf : J. Hubert, J. Porcher, W.F. Volbach, L’Europe des Invasions, Gallimard, 1967 p. 80-83.

Cf : L. Musset Angleterre Romane TII, Le Nord, Zodiaque, 1988 p. 130 et ss.

(9) Vienne, plaques de chancel IX° s., Musée d’Art Chrétien de Saint-André-Le-Bas.

Saint-Jean de Maurienne, pilier de chancel IX° s., cathédrale Saint-Jean Baptiste.

Cf : M. Vieillard - Troiekouroff, Recueil général des monuments sculptés en France pendant le Haut-Moyen-Age (IV°, X°) TII, Isère, Savoie, Haute-Savoie, n° 128 et 222.

Pilier de Flavigny, en Côte d’Or, vers 860-880.

Cf : C. Sapin, Flavigny, dans, Congrès Archéologique de France, 1986, p. 97-109 (p. 103).

(10) Panneau d'ivoire de Tuotilo à Saint-Gall, vers 900,

Cf : J. Hubert, J. Porcher, W.F. Volbach, L'Empire carolingien, Gallimard, 1968 p. 260-261 et
photo 241.

Codex Aureus de Saint-Emmeran de Ratisbonne (achevé en 870), Munich, Bibliothèque Royale, lat. 14000.

Cf : A. Boinet, La Miniature Carolingienne, Paris, Picard, 1913, p. CXVIII et CXIX.

Première Bible de Saint-Martial de Limoges (fin IX° s. - début X° s.), Paris Bib. Nat. Lat. 5, II, folios 3,131 v°,132 v°,133 v°.

Cf : D. Gaborit - Chopin, La décoration des manuscrits à Saint-Martial de Limoges et en Limousin du IX° s au XII° s., Librairie Droz, Paris-Genève, 1969, p. 3,5,16 et 18.

Frontispiece from Bede’s life of St-Cuthbert (935-939).

Cf : D. Talbot-Rice, English Art, 871 - 1100, T.S.R. Boase, pl.47.

Paschase Radbert,”De corpore et sanguine Domini”, Mettlach-Echternach (?), fin du X° s., Paris,B.N. lat.8915, fol.86v:

Cf M. Baylé, Les origines et les premiers développements de la sculpture romane en Normandie, dans, Art de Basse-Normandie, n° 100, 1992, p 295.

(11) Ivoire-Reliquaire de la Vraie-Croix, vers 963-969, Cortona, San Francesco.

Cf : J. Beckwith, Early Christian and Byzantine art, Harmondsworth, Angleterre, Penguin books, 1970, pl 77.

Deux panneaux de coffret, ivoire, Constantinople, seconde moitié du X° s., conservés au Musée du Louvre et au Musée de Dijon.

Cf : Byzance, l’Art byzantin dans les collections publiques françaises, B.N. Paris, 1992 p. 240.

Reliquaire de Felix à Aix-La-Chapelle.

Triptyque constantinopolitain (seconde moitié du X° siècle), revers de l’élément central (Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana)

Cf :J.P. Caillet, “ Et magnae silvae creverunt… ”-Observations sur le thème du rinceau peuplé dans l’orfèvrerie et l’ivoirerie liturgiques aux époques ottonienne et romane, dans, Cahiers de Civilisation Médiévale, XXXVIII° année, n°1, janvier-mars 1995, p 22-33, fig. 33.

(12) Cf The Art of Medieval Spain, a.d. 500-1200, The Metropolitan Museum of Art, New-York, 1993, p 74, 78, 86, 90, 99 et 149.

(13) Trésors fatimides du Caire, Exposition de l’Institut du Monde Arabe, Catalogue, 1998.

(14) Chandelier de Gloucester, Londres, V. and A. Museum, vers 1110.

Flabellum, Hildesheim, second quart du XII° s.

Chandelier de Saint-Rémi de Reims, Champagne ( ?), second quart du XII° s.

Bras de fauteuil, ivoire de morse, Angleterre, vers 1150.

Ciboire, MOMA, Cloisters Collections, Domaine Plantagenêt, vers 1170-1180.

Ciboire de Maître Alpais, Paris, Louvre, vers 1180-1200.

Cf X. Barral I Altet, F. Avril, D. Gaborit-Chopin, Le Monde Roman 1060-1220, TI, Le Temps des Croisades, 1982  pl. 262 TII, les Royaumes d’Occident, Gallimard 1983, pl 248, 255,294,362.

Orfèvrerie mosane du troisième quart du XII° s. : croix processionnelle d’Orbey (Alsace) et châsse de Saint-Héribert de Deutz en Rhénanie.

Cf : Alsace Romane, Zodiaque, 1955 p. 319 et pl 149 et 152.

(15) La Vigne de l’Eglise, Rome, mosaïque de l’abside de l’église Saint-Clément, Crucifixion, 1115-1125.

Cf : X. Barral I Altet, F. Avril, D. Gaborit-Chopin, Le Monde Roman, 1060-1220, TI, Le Temps des Croisades, 1982, Frontispice et planche 117.

(16) Dans la première moitié du XI° s., les chapiteaux à rinceaux dérivés de l’enluminure se remarquent dans la nef de l’église Saint-Michel d’Hildesheim (Allemagne). Les rinceaux sculptés se multiplient surtout à partir du milieu du XI°S. Relativement rares dans certaines régions (Normandie, avec cependant les chapiteaux déposés du chœur de Jumièges et du chœur de la Trinité de Fécamp- Bretagne, avec cependant les chapiteaux déposés de Saint-Gildas-de-Rhuis …), les rinceaux sculptés sont plus répandus ailleurs, comme en Berry.

Dans les provinces de l'ouest de la France (Poitou, Saintonge, Angoumois mais aussi Guyenne, Vendée, Anjou) les rinceaux sont légion. Dès la fin du XI°s et le début du XII°s on trouve les tiges rondes à feuilles grasses de St-Savin-sur-Gartempe en Poitou les fins réseaux de Notre-Dame-de-Beaulieu d'Angoulême et de Mouthiers, parfois mêlés à des animaux affrontés. Courant XII°s, les tiges s'animent dans ces provinces de tout un monde, pittoresque et vivant de personnages, de fauves et d'oiseaux bataillant sur les chapiteaux en frise, comme à Marignac ou Saint-Amant-de-Boixe (Saintonge), Plassac, Ronsenac et Notre-Dame-d'Angoulême (Angoumois) ou Fontevrault (Anjou).

Des masques n'engendrent cependant des compositions élaborées que plus rarement comme à Saint-Eutrope de Saintes (Saintonge), Villesalem, Nieul/l'Autize, Colombiers (Poitou) et Sainte Colombe (Angoumois) et se retrouvent dans le décor des voussures ou des pièdroits des portails ou des baies comme à Aulnay, Avy-en-Pons (Saintonge), Montmoreau (Angoumois) ou Villiers/Chize (Vendée).

Dans le sud de la France, le cloître de Moissac est marqué vers 1100 par ces riches réseaux de tiges. Cet art va envahir tailloirs et corbeilles, ponctué de masques vomissant, de palmettes et de rubans de grecque perlée et va particulièrement s'épanouir à Toulouse tout au long du XII°s (Porte capitulaire du cloître de Saint-Etienne, chapiteaux du cloître de Saint-Sernin et de Notre-Dame-de-la-Daurade – 2ème atelier – puis porte capitulaire et chapiteaux du cloître de Notre-Dame-de-la-Daurade – 3ème atelier), les tiges précieuses s'additionnant de figures humaines et animales puis de scènes empreintes de vie et de vérité sur fond de réseaux concentriques.

D'autres motifs intéressants se remarquent aux limites Languedoc-Provence dans l'art de la seconde moitié du XII° s., comme à Saint-Trophime d'Arles, Saint-Gilles du Gard ou Saint-Paul de Mausole.

Des têtes animales dentées et très expressives vomissent enfin des rinceaux de feuillages animés de coups de trépan à Notre-Dame-des-Doms d'Avignon ainsi qu’à Vienne et Lyon.

(17) D. Talbot-Rice, L’Art de l’Empire Byzantin, ed. Thomas et Hudson, 1963, distribué en France par Hazan, 1995 p. 33.

(18) D. Talbot-Rice, English Art, 871-1100, T.S.R. Boase, pl 73 a.

(19) – Scène du Paradis terrestre de la genèse de Caedmon (Oxford, Bodleïan Library, Junius 11, p. 41 – vers 1000 ?)

Cf : W. Cahn, La Bible romane, Fribourg – Paris 1982.

- Psautier de Saint-Germain-des-Prés, début XI° s., lat. 11550, fol 169.

Cf : E. Van Moe La Lettre Ornée dans les Manuscrits VIII° s. - XII° s., Paris, 1943, pl. XVI.

(20) Liste non exhaustive des initiales enluminées de rinceaux vomis par un masque.

ANGLETERRE

·       Lettre B, Psalter, London, British Museum, Harley Ms 2904, folio 4, vers 974-986 (cf, D. Talbot-Rice, English Art 871-1100, T.S.R. Boase, pl. 73 a).

·       Lettre B (simples feuilles), Psalter, Ms Arundel 155, vers 1025 (cf, English Art 871-1100  pl. 57 a).

·       Lettre B (simples feuilles), Gospels, Wadham Coll. Ms A-10-22, vers 1040 (cf English Art 871-1100 pl. 73 b).

·       Lettre B, Cambridge, University Library, Ms Fr-i-23, f.5, second quart du XI°s (cf, C.M. Kauffmann, Romanesque Manuscripts 1066-1190, A survey of manuscripts illuminated in the British Isles, London, Harvey Miller, 1975, pl. 8).

·       Lettre B, Psalter, London, British Museum, Arundel Ms 60, f.13 vers 1060-1080 (cf, Romanesque Manuscripts 1066-1190, pl. 1, cat.1).

·       Lettre Q, Cambridge, Clare College 30, f.2, fin XI° s. (cf, Romanesque Manuscripts 1066-1190, pl. 7, cat 4).

·       Lettre I, Collection of homilies by Origen, Durham Dean and Chapter Library, ms B III 1, fol.1r, fin XI°-début XII° s. (cf, The Vanishing Past, edited by Borg and Martindale, 1981 pl 8-5).

·       Lettre D, Trinity College Cambridge from Christ Church Canterbury, ms B4 26, fol 2 (cf, The Vanishing Past, edited by Borg and Martindale, 1981 pl 8-15).

·       Lettre B, Jerome’s Commentary on the Psalms, Trinity College Cambridge from Christ Church Canterbury, ms B 3 4, fol 1, fin XI°-début XII° s. (cf, The Vanishing Past, edited by Borg and Martindale, 1981 pl 8-27).

·       Lettre B, Canterbury Cathedral Library, ms Lt 46, fol 34r s (cf, The Vanishing Past, edited by Borg and Martindale, 1981 pl 8-28.).

·       Lettre B, Psautier, Madrid, Biblioteca Nacional, Vit.23-8, f.15, Winchester, milieu XII° s. (cf, Romanesque Manuscripts 1066-1190, pl. 216, cat 77.).

·       Lettre B, Psalter, Oxford, Bodleian Library, Ms Auct D 2-4, f 1, milieu XII° s. (cf, Romanesque Manuscripts 1066-1190, pl. 213, cat 81).

·       Lettre B (masque sans rinceaux), Bible, Oxford, Bodleian Library Auct E. Inf-1, f.2, Winchester, (milieu XII°s et) vers 1180 (cf, Romanesque Manuscripts pl. 277, cat 82).

·       Lettre B, Psalter, Glasgow, Hunterian Museum, troisième quart du XII° s.

·       Lettre B, (masque de faune tourné vers la droite), Psalter, Copenhagen, Royal Library, Ms Thott 143, 2°, f 17, fin XII° s. (cf, English Art 1100-1216, T.S.R. Boase, Oxford, Clarendon press, 1953 pl. 86).

·       Lettre B (masque horizontal et tiges du rinceau formant une série de cercles concentriques), Psautier de Munich, fol 31, vers 1200 (cf, J.J. G. Alexander, La lettre ornée, Chêne éditeur, 1979, pl. 20).

France

·       Lettre B, masque tourné vers la droite, bague à gauche et scènes), Commentaire des Psaumes de Saint-Augustin copié au Mont-Saint-Michel vers 1040-1050 (cf, J.J.G. Alexander, La lettre ornée, Chêne 1979 pl. IX).

·       Lettre A, Bible de Saint-Vaast, B.M. Arras, Ms 599, vol 1, fol 158, Frontispice du livre 1 des chroniques, fin XI° s. (cf, W. Cahn, La Bible Romane, Fribourg, Paris 1982, p 109).

·       Lettre B, Bible, Saint-Yrieix, mairie, folio 176 v, vers 1100 (cf, D. Gaborit-Chopin, La décoration des manuscrits à Saint-Martial de Limoges et en Limousin du IX° au XII° s., Librarie Droz, Paris Genève 1969, n° 218 p120).

·       Lettre B, Nîmes, Bib. Mun., Ms 4, folio 61, début du XII° s. (cf, Languedoc Roman, Zodiaque,
pl. 155).

·       Lettre B, Commentaire sur les psaumes, Saint-Augustin, Rouen, Bib. Mun. Ms. 456, folio 1, début du XII° s. (cf, G. Duby, L’Art Cistercien, Flammarion, Paris, 1989 p 61).

·       Lettre B, Ps Hieronymus, Brevarium in Psalmos, Dijon, B.M. 32, folio 6 v, Cîteaux (1125-1133 ?). (cf, Y. Zaluska, Manuscrits enluminés de Dijon, ed. Du C.N.R.S., Paris, 1995 pl. XXVII).

·       Lettre B, Commentaire des Psaumes de Saint-Augustin, Saint-Evroul (Normandie) (cf, J.J.G. Alexander 1979 pl X) (Masque et scènes consacrées à David).

·       A et autres lettres, Bible, Douai B.M. Ms 2, Anchin, second quart du XII° s. (cf, W. Cahn, La Bible Romane, Paris-Fribourg 1982).

·       Lettre D, Pontigny, Saint-Augustin, Commentaire sur les psaumes, Clamecy, Musée municipal, second quart du XII° s. (cf, X. Barral I Altet, F. Avril, D. Gaborit-Chopin, Les Royaumes d’Occident, Le Monde Roman 1060-1220, Gallimard 1983, pl. 169).

·       Lettre A, Vie et miracles de Saint-Amand, B.M. Valenciennes, ms. 501, milieu XII° s. (cf, G. Garrigou, Naissance et splendeur du manuscrit monastique VII°- XII° s., 1994 p. 11).

·       Lettre M (?) Evangelium secundum Marcum, B.N., lat. 14784, milieu XII° s. (cf, F. Avril et P. Stirnemann, Manuscrits enluminés d'origine insulaire, VII° - XX° s., Centre de Recherche sur les Manuscrits enluminés de la B.N.

·       Lettre B, Petrus Lombardus, Commentarius in Psalmos, Dijon, B.M. 31, folio 2, (Paris ?), seconde moitié du XII° s. (cf, Y. Zaluska, Manuscrits enluminés de Dijon, ed. du C.N.R.S., Paris, 1995 pl. XLVII).

·       Lettre U, Concordance des Evangiles de Zacharie de Besançon, Douai, Bib. Mun. Ms 42, folio 101, seconde moitié XII° s. (cf, M. Durliat, l’Art Roman en France, photo n° 503 ).

·       Lettre B, Bible en cinq volumes conservés à Paris (Bib. de l’Arsenal) et Leningrad, provenance : Abbaye cistercienne de la France du Nord-Est, troisième quart du XII° s. (cf, W. Cahn, La Bible romane, Paris Fribourg, 1982). 

MANUSCRITS D’ORIGINE MOSANE

·       Lettre H, Bible, Abbaye Saint-Hubert, Bruxelles, B.R. II 1639, folio 30 v, dernier quart du XI° s. (cf, M.R. Lapière, La lettre ornée dans les manuscrits mosans d’origine bénédictine XI°- XII°s, les Belles-Lettres, Paris, 1981 fig. 173).

·       Lettre B, Psautier, Abbaye de Waulsort, Munich, B.S. Ms CLM 13067, folio 26 v début XII° s. (cf M.R. Lapière, op. cit. 1981 fig. 282).

·       Lettre T, Abbaye Saint-Jacques de Liège, Darmstadt, H.L.  H.B. 747, folio 1, premier quart XII° s. (cf, M.R. Lapière, op. cit. 1981, fig. 63).

·       Lettre M, Abbaye Saint-Jacques de Liège, Darmstadt, H.L.  H.B. 330, folio 118 v, première moitié XII° s. (cf, M.R. Lapière op. cit. 1981 fig. 92).

·       Lettre T, Abbaye de Gembloux, Bruxelles, B.R. 104-105, fol. 150, second quart XII° s. (cf, M.R. Lapière, op cit. 1981 fig. 53).

·       Lettre E, Abbaye Saint-Jacques de Liège, Bruxelles, B.R. 9137, folio 105, troisième quart XII° s. (cf, M.R. Lapière, op. cit. 1981 fig. 91).

MANUSCRITS D’ORIGINE GERMANIQUE

·       Lettres L, I, B enclavées, B.N. Paris, Ms. Latin 9, folio 254, seconde moitié XI° ou XII° s., Lorraine (Metz ?) (cf, F. Avril et C. Rabel, Manuscrits enluminés d’origine germanique, T I (X-XIV° s.), Centre de recherche sur les manuscrits enluminés, Paris, B.N. 1995, pl. LXXVI. 79).

        Vienne, Nationalbib. Cod. 1402, folio 7 v. (cf, W. Cahn, The Souvigny Bible, A study in Romanesque Manuscrit Illumination, New York University, 1967, photo 233).

·       Lettre M, Homiliarum, B.N., Paris Ms. Latin 8920, folio 1 v, troisième tiers XII° s. (Autriche ?)
(cf, F. Avril et C. Rabel, Manuscrits enluminés, op. cit. 1995, pl. CXV-122).

MANUSCRITS D’ORIGINE ITALIENNE

·       Lettre B, Paris B.N. Ms Latin 9410, folio 2, milieu-troisième quart XII° s., Italie centrale (cf, F. Avril et Y. Zaluska, Manuscrits enluminés d’origine italienne, Centre de recherche sur les manuscrits enluminés, Paris, B.N. 1980, pl. XXXIV n° 81).

·       Lettre B, Psautier d’Italie du Nord, Paris, B.N., Ms. Latin 15497, folio 19, seconde moitié du XII° s., vers 1170 (cf, F. Avril et Y. Zaluska, op. cit. 1980 n°124).

.     Lettre B, Evangéliaire de Miroslav, Serbie, Belgrade, Musée national,fol.73v, seconde moitié du XII° s. (cf, Cahiers Archéologiques T XXV,1976 p 126).

(21) Le masque est généralement tourné vers la gauche dans les manuscrits anglais, mosans et dans les écoles du nord et de l’est de la France. A l’inverse, le masque, tourné vers la droite, est positionné contre la hampe du B et vomit les boucles de la lettre dans les manuscrits de la France du sud et de l’Italie.

(22) B avec David terrassant le lion dans la Bible de Moutier-Grandval, Tours, milieu IX° s., Londres British Library Add. 10546, fol 234 (cf, W. Cahn, La Bible Romane, Fribourg-Paris, 1982 p. 50.

B avec masque de lion au centre des boucles et homme dans rinceaux dans la boucle supérieure (David berger ?) et David roi musicien dans la boucle inférieure, Psautier, Londres British Museum, Arundel, Ms 60, fol. 13 vers 1060-1080 (cf, C.M. Kauffmann, Romanesque Manuscrits 1066-1090, London, Harvey Miller 1975 pl 1 Cat. 1).

B avec lion dans la boucle supérieure et David roi musicien dans la boucle inférieure, Durham, Cathedral Library Ms. AII. 4, folio 65, fin XI° s.

B avec lion dans la boucle supérieure et homme dans rinceau (David berger ?) dans la boucle inférieure, manuscrit français, provenant du sud-ouest, Cambridge, Fitzwilliam Mus. Ms. 33, tout début XII° s.

(cf : D. Gaborit-Chopin, La Décoration des manuscrits à St-Martial de Limoges et en Limousin du IX° au XII° s., Droz, Paris-Genève 1969, ph. 229).

(23) Les chapiteaux du transept de l’église de Bransat (Allier, dépendance de l’abbaye de Tournus) évoquent l’ensemble des psaumes, et plus particulièrement le premier (Psaume 1) et le dernier psaume (Psaume 148) et leurs illustrations, avec une corbeille ornée d’un masque vomissant des rinceaux (figure 2) et une corbeille ornée de David musicien.

(24) Manuscrit de Dijon, provenant de Saint-Bénigne, B.M. 128, folio 105 v., début XII° s. Cf : Y. Zaluska, Manuscrits enluminés de Dijon, Ed. Du C.N.R.S, Paris 1995 n°15.

Manuscrit de Moissac, Paris B.N. Lat. 2819, tout début XII° s. Cf : D. Gaborit-Chopin, La décoration des manuscrits à Saint-Martial-de-Limoges et en Limousin du IX° s au XII° s., Librairie Droz, Paris-Genève, 1969 fig. 130.

(25) M.R. Lapière, La Lettre ornée dans les Manuscrits mosans d’origine bénédictine XI° - XII° s., les Belles Lettres, Paris, 1981, fig. 173, lettre H.

(26) F. Avril et C. Rabel, Manuscrits enluminés d’origine germanique TI, X° s. - XIV° s., Centre de Recherche sur les manuscrits enluminés, Paris, B.N. 1995, fig. 122, lettre M.

(27) Marcel Durliat, l’Art Roman, Mazenod, 1993, n° 503, lettre U, p. 438.

(28) Intéressante est la présence de manuscrits enluminés de tels motifs dans la région même. Sans pour autant avoir servi de modèles directs à nos chapiteaux, ils attestent en tous cas de la circulation de tels motifs.

Ainsi dans le cadre d’un M (folio 296) de la fameuse Bible de Souvigny (Moulins, Bibl. Mun. Ms 1- vers 1183-1190), nous retrouvons un masque félin vomissant deux tiges reformant des enroulements latéraux, d’autres tiges vomies s’écartant vers le bas du motif, pour dessiner le cœur primaire et s’enrouler en un motif floral fort recherché. Dans le cadre végétal ainsi créé se déroule une scène de chasse (Image 8)D’autres initiales de la même Bible nous montrent d’ailleurs le motif en cœur ( folios 119v, 198v), celui des S affrontés (folios 150v, 317v, 381) ou des rinceaux concentriques (folio 382 v), motifs dans lesquels évoluent aussi des figures (folios 136v, 185v, 254 v, 318v).

Le Sacramentaire de Souvigny (Moulins, Bibl. Mun. Ms 14) nous montre pour sa part le motif des cœurs inversés et imbriqués (folio 56) et des rinceaux concentriques (folio 33).

Enfin, la Bible de Clermont (Clermont-Ferrand, Bibl. Mun. Ms 1, second volume seul conservé - vers 1170) nous offre des rinceaux cordiformes (p. 65, 122, 414) et le motif du masque vomissant des tiges habitées de figures (p. 277) dans le cadre d’un B et le Sacramentaire  de Pons (Clermont-Ferrand, Bibl. Mun., Ms 63, vers 1170) offre des initiales aux rinceaux peuplés de figures.

Walter Cahn admet pour ces manuscrits une origine septentrionale et une datation tardive (dernier tiers du XII° s.). L’incidence entre leur décoration et celle de certains chapiteaux bourbonnais n’a pas échappé à l’auteur qui semble admettre l’antériorité des sculptures.

Dans une recherche de rapprochements plus précis, il est intéressant de comparer deux chapiteaux offrant à Fleuriel des personnages parmi les tiges vomies et (tout en rappelant que ces motifs sont courants dans les manuscrits) des initiales de la Bible de Souvigny (folios 199, 242 et folio 296), mais aussi un chapiteau de Saint-Hilaire-la-Croix (figure 3) et une initiale de la Bible de Clermont (B de Beatus p. 277) où les rinceaux métamorphosés en serpents affrontent leur tête de chaque côté du masque central.

Sur la Bible de Souvigny et sa reliure, consulter :

- Bertrand et De Lasteyrie, La Bible de Souvigny, dans, Bulletin Archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1893 p. 39-42.

- La reliure de la Bible de Souvigny, dans, Les Richesses des Bibliothèques Provinciales de France, TII, pl. XVIII, p. 59.

- L. Bréhier, les rapports entre la Bible de Clermont et la Bible de Souvigny, dans, Bulletin de la Société d’Emulation du Bourbonnais, 1910, T8, p. 241 et ss.

- L. Bréhier, La Bible de Souvigny et la Bible de Clermont, dans, Mémoires de la société de l’Université de Clermont, 1910, p. 240-255.

- E. Mâle, La Bible de Souvigny, dans, l’Art religieux du XII° siècle en France, Paris 1922 p. 323.

- J. Porcher, La Bible de Souvigny, dans, Byzance et la France médiévale, manuscrits à peinture du II° au XVI°, dans, Bulletin Monumental 1958, p. 68-69.

- J. Porcher, La Bible de Souvigny, dans, Byzance et la Peinture romane de France, dans, Revue des Arts, 1958, p. 137-140.

- J. Porcher, La Bible de Souvigny, dans, La Revue Française, 1962.

- M. Labrousse, La Bible de Souvigny, dans, Cahiers de Civilisation Médiévale, T VIII, 1965
p. 397-412.

- W. Cahn, The Souvigny Bible, A Study in Romanesque Manuscript Illumination, New-York University, 1967 (Thèse).

- W. Cahn, Présentation de la thèse, in, Marsyas, Studies in the History of Art, New-York, vol. XIV, 1969, p. 81-82.

- C. Brisac, La Bible de Souvigny, dans, Les grandes Bibles romanes de la France du sud, dans, Dossiers de l’Archéologie, 1974, n° 14 p. 100-106.

- W. Cahn, La Bible de Souvigny, dans, Autour de la Bible de Lyon, problèmes du roman tardif dans le centre de la France, dans, Revue de l’Art, C.N.R.S., 1980, p. 11 et ss.

- W. Cahn, Note on a Roman Enamel in Moulins, dans, Gesta, T XX - I, 1981 p. 155-159.

- M.M. Gauthier, Un style et ses lieux : les ornements de la Bible de Souvigny, dans, Gesta, T. XX - I, 1981 p. 141-153.

- W. Cahn, La Bible de Souvigny, dans, La Bible Romane, Paris-Fribourg, 1982 p. 270 et ss, Cat.
N° 76.

- Les ornements de la Bible de Souvigny, dans, L’œuvre de Limoges, Emaux limousins du Moyen-Age, Catalogue de l’Exposition Paris (Louvre). New-York (M.O.M.A.) 1995-1996. Editions de la Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1995, p. 148-151.

- W. Cahn, Romanesque Manuscripts. The Twelfth Century, 2 vol. (Survey of Manuscripts Illuminated in France), Londres 1996.

- P. Stirnemann Nouveau regard sur la Bible de Souvigny, Ville de Moulins, 1999.

Les rinceaux concentriques se retrouvent sur une initiale de la Bible de Lyon (folio 93) dont le décor du second tome a été mis en relation avec celui de la Bible de Souvigny. Quant aux ornements qui constituent la reliure de la Bible de Souvigny, ils offrent sur les bossettes et les plaquettes rectangulaires, rinceaux cordiformes et rinceaux concentriques ajourés. 

Si l'on admet que la Bible de Souvigny (vers 1183-1190 ?) appartenait bien au prieuré de Souvigny dès le XII° siècle et que le décor de sa reliure vient d'un coffret profane qui lui était contemporain (vers 1175-1185 ?), on ne peut s'empêcher de rapprocher leur décor de rinceaux de celui des chapiteaux bourbonnais. Bible et chapiteaux traduisent-ils des influences communes et peuvent-ils être contemporains ?

Les rapprochements proposés par Walter Cahn (Conférence à Moulins – Allier du 04.06.1999) entre la Bible de Souvigny et le Cartulaire de Vézelay (conservé à Auxerre) ou par Patricia Stirnemann entre la Bible de Souvigny et un Missel prémontré (Paris, B.N.F., lat. 833, f. 227 v.) ne sont pas sans évoquer en effet, les influences de Bourgogne et d'Ile-de-France relevées dans la sculpture bourbonnaise.

 Sur la Bible de Clermont, consulter entre autres :

- L. Bréhier, La Bible de Souvigny et la Bible de Clermont, dans, Mémoires de la Société de l’Université de Clermont, 1910, p. 240-255.

- C. Brisac, La Bible de Clermont, dans, Les grandes Bibles romanes de la France du sud, dans, Dossiers de l’Archéologie, 1974, n° 14 p. 100-106.

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- W. Cahn, La Bible de Clermont, dans, La Bible romane, Paris-Fribourg, 1982, p. 270 Cat. N° 63.

- M.J. Sauzet, La Bible de Clermont, dans, Le décor de manuscrits de Clermont-Ferrand, mémoire de maîtrise, DIPL A 117-1 et photos, 1984.

- La Bible de Clermont, dans, Les trésors de la bibliothèque, exposition de la Bibliothèque Municipale et Universitaire de Clermont-Ferrand, 1998.

- P. Stirnemann, La Bible de Clermont, dans, Nouveau regard sur la Bible de Souvigny, Ville de Moulins, 1999.


 

- Image 10 : Chapiteau d'une colonne du chœur de l'église de Jenzat (Allier).