lundi 30 septembre 2019

1063-EXPOSITION: "BACON EN TOUTES LETTRES", CENTRE POMPIDOU



VOIR LA VIDÉO (3 MN 50, 2019) DE ARTS IN THE CITY,
BACON EN LETTRES D'OR, 
FRANCIS BACON EN TOUTES LETTRES, L'EXPOSITION QUI RENVERSE LE CENTRE POMPIDOU
PARIS, 11 SEPTEMBRE 2019-28 JANVIER 2010.

jeudi 26 septembre 2019

1061-LES "THIEL", UNE FAMILLE DE PHOTOGRAPHES




- THIEL FRERES, Portrait de militaire (1er régiment de Chasseurs d'Afrique), recto, vers 1887-1889 (?),
texte au recto, "Thiel Frères -- 8, Quai St. Jean Baptiste. - Nice",
dos muet au fond de même couleur,
tirage albuminé de 9,4x5,6 cm sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE L'ARTICLE : 06/06/2022




Les photographes "Thiel" et "Thiel Frères" étudiés ici ne sont pas les photographes du même nom qui ont travaillé à Bruxelles, Namur, Paris et Reims.



FAMILLE THIEL 


La famille Thiel (un couple avec cinq enfants de nationalité étrangère) est signalée dans le recensement de la Ville de Nice de 1886, résidant au 9, rue Assalit avec :

- Frédéric Thiel, âgé de 57 ans (né vers 1828/29), rentier

- son épouse, Anne Marie Laubach âgée de 48 ans [née à Odessa, Russie, vers 1838], sans profession

- Frédéric, âgé de 26 ans (né vers 1859/60), commerçant,

- Guillaume Victor, 24 ans [né à Galatz, Roumanie le 9 janvier 1862], photographe, 

- Alexandre, 21 ans (né à Galatz, Roumanie, vers 1864), peintre, 

- Hedwige Sophie, 19 ans [née à Galatz, Roumanie, le 5 mai 1866], sans profession,

- Ida Hélène, 17 ans [née à Galatz, Roumanie, le 18 août 1868], sans profession,

- et Béatrice Massa, 18 ans, domestique.

Si la mère est d'origine russe, le père semble roumain et toute la famille a vécu dans les années 1860 à Galatz (ou Galati) en Roumanie.

Il est possible que la famille soit venue à Nice rejoindre un parent prénommé François. Le nom de "Thiel François, rentier", apparaît en effet dans les annuaires niçois au milieu des années 1880 (annuaires de 1880-1883 absents), tout d'abord au 25, rue de Paris (annuaires de 1884 et 1885) puis au 17, bis rue Assalit (annuaires de 1886 et 1887). Or, le recensement de 1886 signale la famille Thiel étudiée au 9, rue Assalit. 


THIEL FRÈRES


Des cartons-photos du début des années 1890, revendiqueront la participation des Frères Thiel Photographes à l'Exposition Internationale de Nice de 1883 (de décembre 1883 à mai 1884), confirmant la présence de la famille Thiel à Nice dès le début des années 1880.

Un "M. Thiel" (sans précision de prénom) expose au Salon de Nice du printemps 1885 des Etudes au fusain qui "sont des modèles du genre. Le relief anatomique est irréprochable et les physionomies sont fort bien caractérisées" (Nice Artistique du 9 avril 1885 p 172 ; La Vie Mondaine à Nice du 11 avril 1885). Fin 1886, c'est cette fois, "Alexandre Thiel", qui est cité à l'Exposition des Beaux-Arts de Nice, avec deux fusains (Nice Artistique du 1er janvier 1887 p 6).

A la date du recensement de 1886 évoqué plus haut, Victor Thiel, 24 ans, est déjà dit "photographe". Où travaille-t-il à cette date et depuis quand ?

"L'Ouverture des Ateliers Thiel Frères, Photographie, Dessin, Peinture, 8, Quai St-Jean-Baptiste, Nice" semble dater de fin 1887 car elle est signalée pour la première fois dans cette publicité qui paraît dans La Vie Mondaine à Nice du 5 janvier 1888 (jusqu'en novembre 1888)On peut penser que les trois frères, après avoir suivi des études artistiques à Florence dans la fin des années 1870, se sont associés pour ouvrir cet atelier : Victor, essentiellement pour la photographie, Alexandre, essentiellement pour la peinture et Frédéric, essentiellement pour la partie commerciale (?).
 
Le numéro du 19 janvier 1888 du même journal informe que "le photographe Thiel, 8 quai Saint-Jean-Baptiste, dispose à côté de son établissement d'une cour qui lui permet de photographier des chevaux de course. Avis aux sportsmen". Le numéro du 9 février 1888 célèbre le succès de l'atelier, ses élégants salons et les jolis spécimens exposés dans les vitrines et celui du 8 mars rappelle qu'en ce moment de fêtes, "les ateliers de M. Thiel, l'excellent photographe, sont installés de façon à permettre la reproduction instantanée des voitures, groupes, bateaux, etc. Netteté et fidélité des épreuves, finesse du travail, impression artistique de l'ensemble"

"La maison Thiel qui s'est installée depuis quelques temps sur le quai Masséna 8, exécute tous les genres de photographie avec un réel talent. La partie surtout où les frères Thiel excellent, c'est la platinotypie, ce genre de photographie si coquet, ressemblant à un dessin au crayon" (Nice Artistique du 11 février 1888 p 7).

Les annuaires niçois (liste professionnelle) signalent également l'existence de l'atelier "Thiel Frères" à partir de 1888 : "Thiel Frères, photographes, dessinateurs et peintres de l'Académie des Beaux-Arts de Florence, quai Saint-Jean-Baptiste, 8". La liste alphabétique des habitants du même annuaire signale, "Thièl, F., rue Assalit, 8", sans qu'il soit possible de dire si le "F." désigne François ou Frédéric (Père), à moins qu'il ne s'agisse de la même personne. 

La Vie Mondaine à Nice célèbre leur Médaille Vermeil obtenue à l'Exposition de photographies de Nice du printemps 1889 (La Vie Mondaine à Nice des 4 avril et 6 juin 1889).

La liste alphabétique des habitants de l'annuaire de Nice de 1889 signale deux adresses :
- "Thiel, V., photog., rue Saint-Jean-Baptiste, 3",
- "Thiel, frères, photogr., quai Saint-Jean-Baptiste, 8".

Des publicités parues fin 1889 (Nice Artistique, du 29 décembre 1889 au 23 février 1890) et fin 1892 (L'Album du 24 novembre 1892 au 30 mars 1893) révèlent désormais le n° 42 ("Près du Grand Hôtel - Les ateliers et le Salon de pose sont au rez-de-chaussée"). C'est cette adresse qui devient unique, tant dans les listes alphabétiques que professionnelles jusqu'en 1899, "Thiel Frères, quai Saint-Jean-Baptiste, 42".

Leur père, Frédéric Thiel, âgé de 63 ans, décède à Bucarest (Roumanie) en 1892, et leur mère Marie Thiel, née Laubach, décède la même année à Nice, âgée de 54 ans, le 23 décembre 1892 au 3, rue du Lycée. C'est Victor, 32 ans, photographe, qui signe l'acte de décès de cette dernière.

Les Frères Thiel obtiennent le Grand Prix à l'Exposition Internationale de Nice de 1894.

Guillaume Victor Thiel, 33 ans, "photographe", se marie le 11 juillet 1895, avec Anne (ou Anna) Marie Petrolline Messy, 37 ans, "photographe" (née à Nice le 20 septembre 1857), fille d'Emile Messy, photographe (1835-1890) et sœur de Joseph Messy, photographe (au 31, avenue de Beaulieu) [voir un article sur ce blog consacré à Anne Marie Pétrolline Messy].

Victor, "photographe" et Anna, "sans profession" (enceinte) sont cités dans le recensement de 1896 au 42, quai Saint-Jean-Baptiste.
Victor et Anna Thiel, "photographes", vont avoir un premier enfant, Paul Pierre Frédéric René, le 8 janvier 1897 mais ce dernier décède malheureusement à 6 mois le 12 juillet 1897.

L'atelier est cité dans Les Bonnes Adresses de La Vie Mondaine à Nice du 10 novembre 1898 au 30 mars 1899.

Les cartons-photos restent très semblables des années 1880 aux années 1900 :
- sur un fond gris-beige, à tranche dorée, avec au recto, à l'encre rouge ou dorée, "Thiel Fres - - 8, Quai St. Jean baptiste - Nice" et un verso nu, avec un papier serpente (souvent disparu) (années 1880),

- sur un fond blanc ou jaune pâle, à tranche dorée, avec une encre brun-rouge, au recto, "Thiel frères - - Nice - 42, Quai St Jean-Baptiste" et au verso, "Expos(on) de Photographie - Nice 1883 (dans un phylactère) - quatre médailles recto-verso - Exposition Intern(le) - une médaille recto-verso - Nice (dans un phylactère) - blason de Nice reposant sur une longue palme et souligné de Nicaea Civitas - Thiel frères  (signature oblique) - Peintres-Photographes (texte oblique) - Nice (sur fond de fins rinceaux - 42, Quai St jean-Baptiste" (années 1890-1893 ; un carton daté d'octobre 1893),

- sur un fond blanc ou jaune pâle, à tranche dorée, avec une encre brun-rouge, au recto, "Thiel frères - - Nice - 42, Quai St Jean-Baptiste", avec parfois l'application d'un timbre sec du côté bas droit de la photographie, et au verso, "Expos(on) de Photographie - Nice 1883 (dans un phylactère - exposition internationale franco-italienne de février 1883 ?) - quatre médailles recto-verso - Exposition Intern(le) - une médaille recto-verso - Nice (dans un phylactère) - blason de Nice reposant sur une longue palme et souligné de Nicaea Civitas - Grand Prix - Exposition Internationale - De Nice 1894 - Thiel frères  (signature oblique) - Peintres-Photographes (texte oblique) - Nice (sur fond de fins rinceaux - 42, Quai St Jean-Baptiste" (années 1894-1899),

- sur un fond blanc, jaune pâle, rosé ou gris-bleu, avec une encre rouge, au recto "Thiel -- Nice - 8, Avenue Félix Faure", avec parfois l'application d'un timbre sec du côté bas droit de la photographie, et au verso, "Expos(on) de Photographie - Nice 1883 (dans un phylactère) - quatre médailles recto-verso - Exposition Intern(le) - une médaille recto-verso - Nice (dans un phylactère) - blason de Nice reposant sur une longue palme et souligné de Nicaea Civitas - Grand Prix - Exposition Internationale - De Nice 1894 - Thiel (signature oblique) - Peintre-Photographe (texte oblique) - Nice (sur fond de fins rinceaux - 8, Avenue Félix Faure - Ci-Devant [anciennement] - 42, Quai St Jean-Baptiste"(années 1900-1910 ; un carton daté d'août 1900, un carton daté de mars 1902). 


- THIEL FRERES, Portrait de femme, recto, fin des années 1880 (?),
texte au recto, "Thiel Frères -- 8, Quai St. Jean Baptiste - Nice",
dos muet au fond de même couleur,
tirage albuminé de 14,3x9,9 cm sur carton de 16,3x10,7 cm, Collection personnelle.


- THIEL FRERES, Portrait de militaire (1er régiment de Chasseurs d'Afrique), recto, vers 1887-1889 (?),
texte au recto, "Thiel Frères -- 8, Quai St. Jean Baptiste. - Nice",
dos muet au fond de même couleur,
tirage albuminé de 9,4x5,6 cm sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.


- THIEL FRERES, Portrait d'homme, recto, vers 1894-1898,
texte au recto, "Thiel frères -- Nice - 42, Quai St.-Jean-Baptiste",
et timbre sec "Thiel Nice" à l'angle bas droit de la photographie,
tirage albuminé de 9,4x5,6 cm sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.

- THIEL FRERES, Portrait d'homme, verso, vers 1894-1898,
texte au verso, "Expos(on) de Photographie - Nice 1883 (dans un phylactère) - quatre médailles recto-verso - Exposition Intern(le) - une médaille recto-verso - Nice (dans un phylactère) - blason de Nice reposant sur une longue palme et souligné de Nicaea Civitas - Grand Prix - Exposition Internationale - De Nice 1894 - Thiel frères  (signature oblique) - Peintres-Photographes (texte oblique) - Nice (sur fond de fins rinceaux - 42, Quai St Jean-Baptiste"
carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.



THIEL VICTOR (1862-1944)


Si l'enseigne de l'atelier reste "Thiel Frères", il semble que l'association prenne fin en 1898, les publicités (puis les cartons-photos) passant cette année-là de "Thiel frères, quai St-Jean-Baptiste, 42" (Nice Artistique, de décembre 1897 à mai 1898), à "Thiel, quai St-Jean-Baptiste, 42" (La Semaine Niçoise, de décembre 1898 à juin 1899). Il semble que Guillaume Victor Thiel et sa femme conservent seuls l'atelier et la résidence du 8, avenue Félix Faure (adresse rebaptisée de ce nom à la mort du Président de la République en 1899).

Victor et Anne Thiel, "photographes" sont ensuite cités dans le recensement de la Ville de Nice de 1901 au "8, rue Félix Faure".

Ils vont avoir, à cette même adresse, un nouvel enfant, Marie Louise, le 22 juin 1902, qu'ils initieront par la suite à la photographie.

Anne Marie Pétrolline Thiel (née Messy) décéde, à son domicile, le 29 novembre 1922, à l'âge de 65 ans.

Leur fille, Marie Louise Thiel, devient également "photographe", comme il est signalé lors de son premier mariage à 20 ans, le 9 avril 1923, avec Joseph Lazare Félix Ricci, employé de commerce (né à Nice le 20 août 1894) puis (après veuvage) lors de son second mariage à 26 ans, le 3 janvier 1929, avec Charles Auguste Laugier, "photographe" lui-aussi (né à Monaco le 1er mars 1897) et peut-être employé de son père. Marie Louise et son mari vont reprendre l'atelier dès 1930, "Laugier-Thiel, aven. Félix Faure, 8" (annuaire niçois de 1931).

Guillaume Victor Thiel est présent au mariage de sa fille en 1929. Il décédera le 3 novembre 1944, âgé de 82 ans (tombe familiale au cimetière de Caucade, auprès de son épouse). 

Je n'ai pas retrouvé la trace de Frédéric Thiel. 

Alexandre Thiel, célibataire âgé de 65 ans, artiste peintre "sans domicile connu", décède pour sa part à Nice le 4 février 1930, au 17, route de Levens, à l'asile de vieillards des Petits Sœurs des Pauvres (tombe familiale au cimetière de Caucade). 


- THIEL, Portrait d'homme, recto, vers 1902,
texte au recto, "Thiel frères - - . Nice, Avenue Félix Faure",
tirage de 9,1x5,2 cm sur carton de 10,4x6,2 cm, Collection personnelle.

- THIEL, Portrait d'homme, verso, vers 1902,
"Expos(on) de Photographie - Nice 1883 - quatre médailles recto-verso - Exposition Intern(le) - une médaille recto-verso - Nice - blason de Nice reposant sur une longue palme et souligné de Nicaea Civitas - Grand Prix - Exposition Internationale - De Nice 1894 - Thiel - Peintre-Photographe (texte oblique) - Nice (sur fond de fins rinceaux) - 8, Avenue Félix Faure - Ci-Devant [anciennement] - 42, Quai St Jean-Baptiste",
inscription manuscrite, "à mes bons amis - Césarine & Sylvain Robert ou Roberty - mars 1902 - A ou N Goujon [signature],
carton de 10,4x6,2 cm, Collection personnelle.




THIEL SOEURS 


Hedwige Sophie Thiel (née en 1866), 28 ans, se marie à Nice le 20 février 1895 avec Pierre Sauveur Frédéric MESTRES, "photographe, 36 ans, né à Papiol (province de Barcelone, Espagne) le 19 mars 1858, domicilié à Nice et légalement à Barcelone, fils majeur de Mestres Jean et de Pujol Rose son épouse". 

Hedwige Sophie Thiel et son mari Pierre Mestre(s)/Mestre(s) de Pujol continuent probablement à travailler pour l'atelier Thiel Frères avant d'aller, accompagnés d'Ida Hélène, s'installer à Cannes en octobre 1895 et résider au 95, rue d'Antibes. Ils sont cités à cette adresse dans le recensement de la Ville de Cannes de 1896, "Mestres Pujol Pedrio, photographe" et les deux sœurs Thiel, "sans profession ".

Le nom de "Mestre Pujol P. " puis "Pujol " et "Pujol de" apparaîtra ensuite successivement dans les annuaires cannois de 1899 à 1903 (liste professionnelle des photographes de 1899 à 1902 et liste des habitants de 1901 à 1903).

Le 17 janvier 1899, Ida Hélène Thiel (née en 1868), 30 ans, "sans profession", va cependant se marier à Cannes, avec Marie Joseph Michel de Lary (de Latour), 28 ans (né le 30 avril 1870 à Mansempuy, Gers), facteur suppléant à la gare, "domicilié à Cannes [précédemment à Vintimille] et légalement à Auch". Ses témoins de mariage sont notamment son beau-frère "Pedro Mestres de Pujol, 40 ans, photographe" et "André Blanc de Labarthe, 55 ans, propriétaire", le fameux photographe Numa Blanc Fils.

Les jeunes mariés ont un fils, Pierre Joseph Marie de Lary de Latour qui naît le 31 août 1899, à Aix-les-Bains, Villa Mollard.

Pierre Mestres de Pujol est employé depuis 1895 chez le photographe Numa Blanc et alterne comme lui les saisons d’hiver à Cannes (Courrier de Cannes du 26 octobre 1896 et du 19 octobre 1899) et d’été à Aix-les-Bains, accompagné de sa famille.

Je remercie ici, Solange Denais, pour avoir partagé avec moi ses documents concernant la généalogie de la famille de Lary de Latour.

"Mestres de Pujol, photographe" est d’ailleurs dit dans le recensement de 1901, employé chez "Numa Blanc" [atelier boulevard de la Croisette et salon d’exposition rue d’Antibes], avec son épouse et sa belle-sœur sans profession mais également "de Lary-Latour Pierre, sans profession, absent [soins ?]".

Des désordres mentaux affectent progressivement Pierre de Lary de Latour. Il est  réformé temporairement par l’Armée en janvier 1902 puis définitivement en janvier 1903. C'est "âgé de 24 ans, sans profession" qu'il décède à Nice, le 26 juin 1904, à l'asile des aliénés de Saint-Pons.

Ida Hélène, accompagnée de son fils, va alors quitter la région pour rejoindre sa sœur et son beau-frère, afin de vivre, et probablement de travailler, avec eux.

Ces derniers (sans enfant) ont quitté Cannes début 1904 (Mestres de Pujols est encore cité dans cette ville dans le Courrier de Cannes du 1er février 1903 p 2). Ils ont rejoint La Rochelle (Charente-Maritime), afin d’y reprendre l'atelier de photographie de Léonard Peyclit, situé (depuis septembre 1898) au 29, rue Dupaty (premières publicités pour l'atelier Mestres de Pujol parues dans L'Echo Rochelais des 27 et 30 avril 1904). Ils ouvriront par la suite un magasin au 24, rue du Palais (Immeuble Cognacq - maison du photographe Théophile Cognacq ?).

Les cartons-photos (vers 1904-1917) portent au recto, sur fond gris beige, à l'encre grise, "Mestres de Pujol - Succr de L. Peyclit - 29, rue Dupaty - La Rochelle", et au verso, à l'encre brune, 'Photographie d'Art (avec le "P" sur fond de cartouche et de palme) - Mestres de Pujol (signature oblique) - Succr de L. Peyclit (texte oblique) - 29, Rue Dupaty, 29 - La Rochelle" (un carton daté d'octobre 1911).

Le 5 mars 1917, Ida Hélène, "photographe, demeurant au 29, rue Dupaty", rachète la part de l'atelier de sa sœur Hedwige Sophie et de son mari malade, "pour y réunir l'usufruit au décès de M. Mestres de Pujol" (L'Echo Rochelais des 24 et 31 mars 1917 p 2). 

"Pedro Mestres de Pujol" décède à 59 ans, le 25 avril 1917 à son domicile (L'Echo Rochelais du 28 avril 1917 p 2).

Il est probable que les deux sœurs et veuves restent ensemble mais le 23 septembre 1918, le fils d'Ida Hélène, Pierre Joseph Marie de Lary de Latour, décède à l'âge de 19 ans (Le Courrier de La Rochelle du 25 septembre 1918 p 2). C'est certainement ce décès qui va entraîner la vente de l'atelier de photographie.

En 1919, Ida Hélène vend, au photographe Jean Marcel Arroyo et à son épouse Louise Planté (demeurant à Niort, 41, rue du Vingt-Quatre-Février), "le fonds de commerce de photographie exploité par elle à La Rochelle, rue Dupaty, n° 29, comprenant l'enseigne et le nom commercial, la clientèle et l'achalandage, les différents objets mobiliers et le matériel servant à son exploitation, les marchandises existant en magasin et le droit au bail des lieux où il est exploité. L'entrée en jouissance a été fixée au 1er mai 1919" (L'Echo Rochelais des 21 et 28 mai 1919 p 2).

Les deux sœurs vont quitter La Rochelle et c'est à Nice qu'elles décéderont, Ida Hélène Thiel, âgée de 73 ans, en janvier 1942 (déclaration de décès du 21 janvier 1942 ; registre annuel non consultable car trop récent) et Hedwige Sophie Thiel, veuve Mestres, à 83 ans, le 13 novembre 1949 (tombe au Cimetière du Château).

[N.B.: Homonyme : Louis Félix Thiel, né à Nice le 20 mars 1872, s'est marié dans cette ville le 11 décembre 1902, en tant représentant de commerce, et n'est devenu photographe qu'à Marseille vers 1904. Il est mort à Paris en 1934].


VOIR AUSSI SUR CE BLOG :

mardi 24 septembre 2019

1060-YANN HERVÉ : "POP ART ET DANSE"




- CUNNINGHAM Merce (1919-2009), Rainforest, 1968,
ballet avec les Silver Clouds d'Andy Warhol (1928-1987).



UN ARTICLE DE YANN HERVÉ
 PROFESSEUR D'ARTS PLASTIQUES
AU LYCÉE ANDRÉ MALRAUX DE BIARRITZ

LIRE ET TÉLÉCHARGER LE DOCUMENT DE YANN HERVÉ 
POP ART ET DANSE

vendredi 20 septembre 2019

1059-TSPÉ DU LYCÉE AMIRAL DE GRASSE : "TOUT CE QUI ME TROTTE DANS LA TÊTE", 2018-2019





- FABRE Jan (né en 1958), Merciful Dream (Pietà V), détail, 2011,
marbre blanc de Carrare, 190x195x110 cm, Galerie Daniel Templon, Paris.



LIRE ET TÉLÉCHARGER LE DOSSIER (PDF) RÉALISÉ PAR ANNE BAZIN-SADLER 
PROFESSEUR D'ARTS PLASTIQUES DU LYCÉE AMIRAL DE GRASSE
AUTOUR DU PROJET, "TOUT CE QUI ME TROTTE DANS LA TÊTE",
MENÉ AVEC SES ÉLÈVES DE TERMINALE SPÉCIALITÉ ARTS PLASTIQUES EN 2018-2019
À PARTIR DE L'EXPOSITION JAN FABRE 
À LA FONDATION MAEGHT DE SAINT-PAUL-DE-VENCE .

mercredi 18 septembre 2019

1058-CANNES, LE BOULEVARD DE LA CROISETTE-3 (1885-1902)




- DEGAND Eugène (1829-1911), Cannes, Le Grand Hôtel, vers 1885,
tirage albuminé de 9,6x15 cm contrecollé sur carton de 11x16,6 cm,
Collection personnelle.


- Publicité pour les Bains Bottin, publiée dans Le Courrier de Cannes des 15 et 17 octobre 1885 p 4.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 22/05/2021





LE BOULEVARD DE LA CROISETTE (1885-1902)


LES BAINS BOTTIN ET LE KIOSQUE A MUSIQUE

Suite aux destructions de la tempête du 16 janvier 1885, l'établissement de "Bains Bottin" est entièrement reconstruit entre février et octobre 1885 (publicité de réouverture ci-dessus).


- COURRET Albert (1856-1922), Cannes, Boulevard de la Croisette, vers 1887,
vue (est-ouest) insérée entre les pages 56 et 57 de l'ouvrage de
LANGLOIS E. & BROCAS A., Album-guide illustré international : The Illustrated International Album-Guide, 1886, Nice-London voir sur Gallica)



Quand j'ai repéré sur Gallica la photographie ci-dessus dans l'ouvrage intitulé, Album-Guide International, 1886, j'ai pensé tenir l'une des premières photos (vers 1885-1886) montrant l'établissement de bains Bottin nouvellement reconstruit mais ce n'était pas le cas.

En effet, après une étude approfondie de l'image, j'ai remarqué que le kiosque à musique du Cercle Nautique avait été modifié par rapport à son état de 1885.

J'ai donc recherché dans les journaux cannois la date de ces modifications. J'ai retrouvé deux articles de 1887 qui demandent au Cercle Nautique d'effectuer des réparations sur le kiosque ou de le remplacer, vu son mauvais état  : "Puisque nous parlons du kiosque du Cercle Nautique, disons que ce pavillon est dans un état pitoyable. La toiture est à claire-voie, chose désastreuse au point de vue de l'acoustique. Quand pense-t-on le réparer ? " (Le Littoral du 16 mars 1887 p 2 - voir aussi Le Courrier de Cannes du 24 avril 1887 p 1).
Même en admettant que le Cercle Nautique ait rapidement répondu aux demandes, la photo ci-dessus date au plus tôt du milieu ou de la fin de l'année 1887.



- COURRET Albert (1856-1922), Cannes, Boulevard de la Croisette, détail du kiosque du Cercle Nautique, vers 1887,
vue insérée entre les pages 56 et 57 de l'ouvrage de
LANGLOIS E. & BROCAS A., Album-guide illustré international : The Illustrated International Album-Guide, 1886, Nice-London voir sur Gallica).



Comment le kiosque à musique du Cercle Nautique a-t-il été modifié (détail ci-dessus) ?

Première évidence, il est beaucoup plus trapu. Si le socle et la base ont été conservés, il semble que les supports ont été raccourcis, les croisillons supérieurs ont été remplacés par des potences et la toiture a été changée. 


- COURRET Albert (1856-1922), Cannes, Boulevard de la Croisette, détail du kiosque du Cercle Nautique, vers 1887,
vue insérée entre les pages 56 et 57 de l'ouvrage de LANGLOIS E. & BROCAS A.,
 Album-guide illustré international : The Illustrated International Album-Guide, 1886
Nice-London (voir sur Gallica).



A quoi ressemblent les nouveaux Bains Bottin (détail ci-dessus) ? Les "Grands Bains de la Méditerranée" (nom donné précédemment par Joseph Bottin à l'établissement oriental) sont constitués d'une entrée surmontée de pancartes (non lisibles) et accostée de deux bâtiments presque carrés surmontés d'une toiture en zinc en forme de tente, et d'une galerie de cabines (en retrait) se terminant à l'ouest par un bâtiment à toiture plus traditionnelle à quatre pans.

Il est difficile de savoir si la photographie, du fait de son cadrage, montre l'intégralité de l'établissement de bains ou seulement ses parties occidentale et centrale. D'autres photographies légèrement postérieures montrent cependant que l'établissement se continue vers l'est et prouvent que la photographie ci-dessus ne le montre que partiellement.

A noter, face à l'entrée, le palmier entre les deux buissons (qui va disparaître). Ces plantations, qui existaient avant 1885, permettent de constater que l'entrée est désormais située plus à l'est que celle du précédent établissement. 

Sur la photographie intégrale, on aperçoit au loin, du côté sud, les bâtiments des Bains Lambert. Vers 1888-1889, l'établissement de Bains Bottin va cependant rester seul sur le rivage, les établissements occidental et oriental étant démolis et n'apparaissant plus sur les photographies ultérieures (leur trace est cependant conservée en grisé sur les plans de la Ville de Cannes jusqu'en 1899).

Du côté nord, on aperçoit :

- au premier plan le perron et le jardin luxuriant de la Villa Rose-Marie, 

- le terrain central, toujours en friche, avec charrette et barque (et sur d'autres photos, planches, échelle, voire établis), pourvu d'un nouveau portillon central qui n'est plus surmonté d'une pancarte, 

- le jardin du Salon de Thé Rumpelmayer avec son portillon d'angle toujours surmonté d'une pancarte hémicirculaire

- et enfin le nouveau kiosque (vers 1887) du Cercle Nautique.


- Photographe anonyme, Cannes, le boulevard de la Croisette, détail des pancartes des Bains Bottin,
début des années 1890, Collection privée.



Les pancartes n'étant pas lisibles dans la photo de l'Album-Guide Illustré International 1886, voici le détail (ci-dessus) d'une photographie légèrement postérieure. Le texte des pancartes est proche du texte de la publicité publiée en octobre 1885 (reproduite en tête d'article). La petite pancarte supérieure porte, "J. Bottin" et la pancarte inférieure porte le texte latéral gauche, " ... [Location De ?] - Costumes - De Bains" et le texte central, "Gd Bains De La Méditerranée - Ecole de Natation - Bains Chauds de Mer et D'Eau Douce à Domicile".


LE CERCLE NAUTIQUE

Si la photo de l'Album-Guide Illustré International 1886 ne montre pas du tout le bâtiment du Cercle Nautique, deux photographies (vers 1887-1893) conservées aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes en révèlent cependant tout le détail (AD06 -10FI3450 et 10FI4914)

Une photographie Neurdein (ci-dessous) propose également une vue ouest-est du boulevard de la Croisette, avec le Cercle Nautique.


- NEURDEIN, Cannes (Boulevard de la Croisette), vers 1890 (entre 1887 et 1892),
tirage de 14,5x9,5 cm sur carton de 16,3x10,8 cm, Collection personnelle.



La photographie (ci-dessus) montre, du côté nord :

- le portail d'entrée et les jardins du Grand Hôtel, 

- le trottoir étroit, 

- le bâtiment du Cercle Nautique et sa terrasse avec un petit guichet d’entrée (lieu de vente de fleurs et d'agrumes de 1865 ?) et le kiosque à musique rénové (vers 1887), 

- le Salon de Thé Rumpelmayer, 

- la Villa Rose-Marie avec sa façade occidentale aveugle et sa façade sud soignée, 

- l'Hôtel de la Plage avec sa façade sud à balcons,

Du côté sud :

- le large trottoir ponctué de bancs et de palmiers 

- et le nouvel établissement de bains Bottin avec une publicité pour Vittel (vers 1890).

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- GILETTA Jean (1856-1933), 1162, Cannes - Cercle Nautique, vers 1894,
tirage de 21x27 cm, Collection personnelle.



La photographie (ci-dessus) de Jean Giletta est une vue sud-ouest/nord-est du boulevard de la Croisette. Elle montre :

- le grand portail d'entrée du Grand Hôtel (avec les deux arbres côté est), ainsi que la Villa du Grand Hôtel (vue rare),

- le bâtiment du Cercle Nautique qui a fait l'objet d'un nouvel agrandissement (comparer avec la vue précédente), ses ailes latérales ayant été surhaussées d'un niveau (vers 1892-1893 ? - travaux non mentionnés dans les journaux cannois). 

Cet agrandissement a été effectué sur les plans de l'architecte Charles Baron (1836-1915), auteur des plans initiaux du Cercle Nautique (en 1863). La terrasse reste cependant limitée à la partie centrale tripartite et le terrain présente toujours les deux palmiers, le petit guichet et le kiosque à musique (modifié en 1887),


- GILETTA Jean (1856-1933), 1162, Cannes - Cercle Nautique, détail, vers 1894,
tirage de 21x27 cm, Collection personnelle.




- la rue du Cercle Nautique,

- le Salon de Thé Rumpelmayer, avec la pancarte hémicirculaire affichant "Confiserie" au-dessus du portail d’entrée,

- puis (après une petite parcelle en friche non visible ici) les façades ouest et sud d’une nouvelle construction, la Villa Lehoult, avec la demi-tourelle de sa façade occidentale ; cette villa est nommée pour la première fois dans l'Annuaire des Alpes-Maritimes de 1895 et semble avoir été érigée vers 1893,

- la façade sud de la Villa Rose-Marie,

- la façade sud de l'Hôtel de la Plage. 

Du côté sud, on constate que de nombreux petits palmiers ont été plantés entre les plus anciens. 

Ces nouvelles plantations ont été effectuées en août 1892 (Le Courrier de Cannes des 12 et 30 août 1892 p 2) et complétées l'année suivante (Le Courrier de Cannes du 5 août 1893 p 2) mais elles vont échouer et les petits palmiers vont disparaître des photographies dès 1894-1895.

Cette photographie peut être datée postérieurement à 1892 (plantations de palmiers), à 1893 (présence de la Villa Lehoult) mais antérieurement à 1896 pour de nombreuses raisons (voir ci-dessous) et notamment la disparition avant cette date des petits palmiers récemment plantés. Une date vers 1894 semble s’imposer.


NEURDEIN Frères, Cannes, L'Estérel, La Croisette et le Mont-Chevalier, vers 1894-1895,
l'une des douze vues panoramiques de l'album, Panoramas de la Côte-d'Azur, Paris BnF (voir sur Gallica).
Voir une photo semblable sur le site des Archives Alinari ici et .



La photographie ci-dessus montre du côté sud : 

-l'intégralité de l'établissement de bains Bottin et révèle un plus grand nombre de cabines du côté oriental,

-le large trottoir avec très peu de plantations (seulement de grands palmiers assez espacés - de nombreux végétaux dont les petits palmiers plantés en 1892 ont disparu),

Du côté nord :

-la division, par un mur, de l'ancienne parcelle centrale en friche (construit dans l'axe de l'ancien portillon), avec dans la partie orientale, le jardin récent de la Villa Lehoult, 

-le jardin du Salon de Thé Rumpelmayer,

-l'avenue du Cercle Nautique,

-le terrain du Cercle Nautique avec le kiosque (rénové en 1887).

Le développement des plantations indique une date postérieure à 1893 et l'absence de l'Embarcadère Guy de Maupassant, une date antérieure au second trimestre 1895. Une datation de la photographie vers 1894-1895 semble plausible, ce que confirment les autres photographies de l'album et notamment celles de Nice (ex : présence des Jardins Albert Ier de 1893 mais absence du Monument du Centenaire de 1896 - voir sur Gallica).


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Une photographie (cliché-verre stéréo de 10,5x4,5 cm) de Jean Luce (1846-1934), datée du 1er janvier 1897 et conservée aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes est centrée sur le Cercle Nautique vu de l'ouest (AD06 - 60FI10931).

Elle montre un état du bâtiment semblable à la photographie ci-dessus sauf que la terrasse du bâtiment du Cercle Nautique a désormais été étendue au-devant des ailes latérales.

La décision de ces travaux date de mars 1896, comme nous l'apprend le Courrier de Cannes : "La présence au Cercle Nautique, au moment de nos dernières régates internationales, d'un grand nombre de yachtsmen, a démontré la nécessité d'agrandir la terrasse - balcon de ce lieu de réunion de notre aristocratique colonie étrangère. Aussi le vicomte de Janzé, le nouveau vice-président du Cercle, a-t-il donné l'ordre à M. Baron, architecte, de préparer un plan et un devis de ce travail qui sera commencé sous peu" (Le Courrier de Cannes du 30 mars 1896 p 2).

Ce n'est pas le seul changement notable. Le kiosque à musique situé à l'extrémité droite du cliché-verre, coupé par le cadrage et plongé dans l'ombre, est certes peu visible mais n'est plus le kiosque en bois crée en 1874 et fortement modifié en 1887.

La direction du Cercle Nautique a fini par céder aux attaques répétitives (Le Littoral du 26 octobre 1892 p 2), en particulier du Courrier de Cannes, attaques qui ont duré pendant trois ans. Le kiosque y a été dénommé "d'affreux parasol branlant à l'équilibre instable" (Le Courrier de Cannes du 16 novembre 1892 p 1), de "construction triste et laide" et de "vieille machine" (Le Courrier de Cannes du 1er janvier 1893 p 1) qui "croule de vétusté" (Le Courrier de Cannes du 7 novembre 1893), qu'il faut "qu'on brûle ou qu'on démolisse" (Le Courrier de Cannes du 4 décembre 1893 p 1) car "tout démoli, détraqué, effondré, il menace ruine de toutes parts" (Le Courrier de Cannes du 8 janvier 1894 p 1) et "n'est plus digne ni du Cercle Nautique ni de notre musique municipale" (Le Courrier de Cannes du 12 mars 1895 p 2).

Il est probable que l'ancien kiosque ait été remplacé suite à l'agrandissement de la terrasse, en 1896, le cliché-verre de Jean Luce, daté de 1897, montrant la terrasse nouvellement agrandie ainsi que le nouveau kiosque.

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- Photographe anonyme, Cannes, Concert au Kiosque à musique du Cercle Nautique, vers 1896-1898,
tirage citrate de 11x8,3 cm, Collection personnelle.



Il s'agit désormais d'un kiosque octogonal, visible sur de très rares photographies et en gros plan sur la photographie ci-dessus, constitué de supports en fonte au décor de fer forgé à rinceaux et d'une toiture surmontée d'une flèche, également entourée d'un décor de fer forgé à rinceaux. Le grand mât des signaux (1864) qui traversait le kiosque a été enlevé.

Ce nouveau kiosque va rester peu d'années en place sur la terrasse du Cercle Nautique (voir ci-dessous). 

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- NEURDEIN Frères, Cannes - La Promenade de la Croizette, vers 1896-1901,
Collection privée.



La photographie ci-dessus montre du côté sud :

- l'ensemble des Bains Bottin, avec un nouveau petit bâtiment situé à leur extrémité orientale, côté mer. 

Joseph Bottin, propriétaire d'établissements de bains cannois depuis plus de 35 ans, affecté par les décès de son épouse en 1899 et de sa mère en 1900, va céder les "Bains Bottin" à M. Fernand Théveneaut, le 31 janvier 1905 et décéder la même année à son domicile du 5 rue d'Alger, le 21 décembre 1905, âgé de 59 ans passés.
L'établissement de Bains sera par la suite cédé à M. Bronda (le 2 juillet 1910), à M. Raybaud (le 20 novembre 1913) puis à M. Coulomb (le 5 avril 1923).

Il disparaîtra lors de la Seconde Guerre Mondiale, en juin 1940.

- le large trottoir avec très peu de plantations (seulement de grands palmiers assez espacés),

- l'Embarcadère Guy de Maupassant. 

Cet embarcadère, situé face au Cercle Nautique, utile aux Régates et destiné aux petits yachts et chaloupes à vapeur, a été décidé par la Municipalité en mai 1894 et érigé essentiellement entre mars et septembre 1895.
Il fait 56 m de long et est construit à 2m 50 au-dessus de la mer (voir notamment les articles du Courrier de Cannes des 16 mai et 29 mai 1894 p 2, du 6 décembre 1894 p 2, des 8 et 11 décembre 1894 p 1, des 8 et 19 avril 1895 p 2 et du 2 septembre 1895 p 2).

La photographie montre du côté nord :

- la rue de la Plage,

- le jardin de la Villa Rose-Marie,

- le jardin de la Villa Lehoult,

- la parcelle en friche qui s'est additionnée d'un abri ou d'un auvent côté sud,

- le jardin du Salon de Thé Rumpelmayer,

- l'avenue du Cercle Nautique,

- le terrain du Cercle Nautique avec le nouveau kiosque à musique (dépourvu du mât central).

Cette photographie peut être datée postérieurement à 1895 (présence de l'Embarcadère Guy de Maupassant) et à 1896 (présence du nouveau kiosque) mais antérieurement à la disparition du kiosque en 1901 (voir ci-dessous).

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- MTIL (Maurice Tesson Imprimeur Limoges), Carte postale, 166 - Cannes - La Jetée Guy de Maupassant et le Cercle Nautique, vers 1902, Collection personnelle.
La carte postale ci-dessus montre une prise de vue réalisée en 1901 ou 1902,
 des exemplaires identiques ayant circulé dès 1903.



La carte postale ci-dessus présente une photographie prise depuis l'Embarcadère Guy de Maupassant. Elle montre, de gauche à droite, la Villa du Grand Hôtel reconstruite en 1901, la nouvelle façade du Cercle Nautique et le Salon de Thé Rumpelmayer.

Les nouveaux travaux du Cercle Nautique, sur les plans de Charles Baron (1836-1915), peuvent être situés entre la photographie de Jean Luce et la date de prise de vue de cette carte postale, soit entre 1897 et 1902.

Je n'ai retrouvé qu'une seule mention de ces travaux dans Le Courrier de Cannes du 6 juin 1898 (p 1) : "Le Cercle Nautique est en train de faire procéder à des travaux d'agrandissement du local qu'il possède sur la Croisette. Ces travaux consistent en la construction sur la façade sud d'un corps de bâtiment avançant la dite façade".

L'agrandissement est en fait considérable, les nouvelles parties qui viennent en avant de l'ancienne façade réalisant une avancée de plus de 15 m. Ce n'est pas l'ancienne rotonde centrale qui est réduite d'un étage mais une façade entièrement nouvelle qui se pare d'une rotonde d'un seul niveau, afin de rappeler l'emblématique rotonde d'origine. Un large fronton triangulaire néoclassique sculpté couronne la partie centrale.

Le bâtiment du Cercle Nautique, jusque-là invisible sur les photographies prises depuis l'étage de l'Hôtel de la Plage du fait de son alignement avec les Villas Rose-Marie et Lehoult, révèle désormais son avancée sur les photographies du début du XX° siècle (comparer ci-dessous deux photos prises à dix années d'intervalle).


- GILETTA Jean (1856-1933), Cannes, Le Boulevard de la Croisette, détail du Cercle Nautique, vers 1890.

- Photographe anonyme, Cannes, Le boulevard de la Croisette, détail du Cercle Nautique, premières années du XX° siècle.



Les travaux d'agrandissement du bâtiment du Cercle Nautique ont entraîné la disparition du jardin et la surélévation du mur sud afin de reformer une terrasse à la hauteur de celle de la façade précédente. 

Le kiosque à musique métallique a été enlevé pendant les travaux, réinstallé ensuite (une photographie en témoigne) puis supprimé vers 1900-1901. 

Il sera offert par le Cercle Nautique à la Ville de Cannes en juin 1903 (Le Littoral du 9 juin 1903 p 1).