samedi 13 janvier 2018

798-NICE - LES MAGASINS DU "GRAND HÔTEL" DANS LES ANNÉES 1870




- Photographe (anonyme) de Jean ANDRIEU (1816-apr. 1872), 1703,Vue générale de Nice, 1865,
vue de Nice depuis la Tour Saint-François,
tirage albuminé contrecollé sur carton de 7x10 cm, Collection personnelle.
Le carton porte au verso une étiquette précisant le lieu de son achat, 
"Photographie & Beaux-Arts - Visconti - Chartier Successeur - Nice - 2, rue du Cours." (dès 1863).
 Cette vue du Paillon montre cependant un état antérieur aux travaux évoqués dans cet article.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 07/11/2023




INTRODUCTION

A un an d'intervalle, j'ai acquis deux photographies anciennes de Nice montrant le Square Masséna et le quai Saint-Jean-Baptiste.

Les vues semblables sont légion mais ces deux photographies ont la particularité de présenter des vues panoramiques prises depuis l'est, montrant en grand détail le Square Masséna (actuelle Promenade du Paillon, Coulée verte) ainsi que le quai Saint-Jean-Baptiste (actuelle avenue Félix Faure), avec l'ensemble du Grand Hôtel et de son alignement de magasins au rez-de-chaussée (façade refaite en 1919 ; actuel immeuble d'habitation).



- Ci-dessus et ci-dessous, détails du Plan indicateur de la Ville de Nice édité par le libraire Charles Jougla, 1865, Paris, BnF, 
montrant les travaux réalisés (Pont Napoléon III) et ceux projetés en rouge, notamment le couvrement du Paillon (qui, en définitive, ne rejoindra pas le Pont-Vieux mais sera décalé un peu plus en aval) et l'alignement des quais.





LES TRAVAUX

Dans les années 1860, la municipalité met tout en œuvre pour relier davantage les rives gauche et droite du torrent du Paillon afin de permettre une meilleure circulation entre la vieille ville et la ville nouvelle qui se développe sur les jardins et la campagne environnante.

Toute l'année 1864, le Pont des Phocéens ou Pont Napoléon III est érigé à l'embouchure du Paillon afin de relier le quai du Midi à la Promenade des Anglais. Les travaux concernent également l'aménagement des rives et des quais. 

De 1867 à 1868, c'est cette fois plus au nord qu'une communication est créée entre les deux rives (voir la photo ci-dessus avant travaux et ci-dessous après travaux). La municipalité qui avait au départ envisagé une simple passerelle métallique reliant la rue Alberti à la descente Crotti (Journal de Nice des 27 juillet et 27 août 1866), va couvrir un large espace au-dessus du torrent et y ériger un square. En son centre, le Monument en hommage au Maréchal d'Empire, André Masséna (Nice, 1758-Paris, 1817), un temps envisagé place Masséna puis au Jardin-Public, y sera installé, avec figures et bas-reliefs en bronze du sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887). 

Il est à noter qu'à la destruction, effectuée de mars à juillet 1866, des anciens bâtiments du quai Saint-Jean-Baptiste acquis par l'entrepreneur lyonnais Poncet (Conseil municipal du 17 août 1864), a succédé la construction de nouveaux bâtiments dont le Grand Hôtel (1867) en face duquel est érigé le square Masséna (1867-1869) par le même entrepreneur (traité du 13 mars 1867).

Les journaux permettent de suivre l'avancée des travaux de cet hôtel : 

- mars 1867
 "on a commencé les fondations d'un grand hôtel" (Journal de Nice du 1er mars 1867 et Les Echos de Nice du 6 mars 1867) ; 

- "l'hôtel que M. Poncet fait construire en ce moment entre les rues Gubernatis et Alberti est un caravensérail (sic) monumental ; il aura trente-cinq fenêtres en façade sur le boulevard Saint-Jean-Baptiste, vingt-et-une sur chacune des deux rues parallèles et un corps de bâtiment de quarante mètres de longueur sur la rue Gioffredo, avec jardin entre les deux corps de bâtiment (...) ; la salle à manger principale aura trente mètres de longueur sur 10 mètres de hauteur. D'après le traité (...), tous les travaux doivent être terminés le 1er octobre 1867" (Journal de Nice du 14 mars 1867 p 3).

- avril 1867 
une publicité annonce, dès lors, l'ouverture de l'hôtel, tenu par Auguste Schmitz à cette date (Journal de Nice du 17 avril 1867) ; 
"la construction (...) se poursuit avec une rapidité phénoménale" (Journal de Nice du 3 avril 1867) ; "les pilastres du Grand-Hôtel s'élèvent rapidement, ainsi que les murs intérieurs et ceux en façade sur la rue Gioffredo [à l'arrière] (...). Toutes les menuiseries ont été commandées à la maison Maybon et Cie, de Marseille" (Journal de Nice du 18 avril 1867) ; 

- juin 1867 
une nouvelle publicité rappelle la date d'ouverture au 1er octobre mais précise désormais, "Grands et Petits Magasins A Louer" (Journal de Nice du 20 juin 1867).
 
- septembre 1867
"les travaux du Grand Hôtel s'achèvent" (Les Echos de Nice du 15 septembre 1867). 

Le Grand Hôtel ouvre partiellement au 1er octobre 1867 et est en pleine exploitation en janvier 1868 (Les Echos de Nice du 11 janvier 1868).

"Décidément, la vogue est acquise au quai Saint-Jean-Baptiste, le fait est que de tout temps la Bourgade, comme on appelait à Nice, cette partie de la ville, a toujours été réputée comme l'endroit le plus chaud et le mieux abrité. 

En se rendant acquéreur du Grand Hôtel bâti par la Compagnie Poncet, sur cet emplacement, M. Schmitz propriétaire de l'hôtel des Etrangers, a donc fait preuve non seulement de courage, mais encore d'une grande intelligence. Oser, lorsqu'on ne possède rien est chose facile, mais oser lorsqu'on possède une fortune, est difficile et rare, M. Schmitz a osé et dès ses débuts il a pu s'applaudir de son courage, car à peine ouvert le Grand Hôtel a été envahi par la foule de nos hôtes, et depuis il n'a pas désemplit (sic). 

Le Grand Hôtel est donc aujourd'hui en pleine exploitation. Une fois le square fini, nous sommes convaincu (sic), qu'admirablement achalandé par le nom de M. Schmith (sic), cet immeuble aura doublé de valeur" (Les Echos de Nice du 19 janvier 1868).

Les travaux du pont-square, qui ont débuté pour leur part le 28 mars 1867 dans le lit du Paillon, avec ensuite l'assèchement de la nappe souterraine nécessaire aux fondations en juillet puis le coulage béton des quatre piles jusqu'en décembre, se poursuivent l'année suivante avec le cintrage en avril 1868, la clé de voûte de la première arche en mai, le décintrage des cinq arches et leur couvrement d'une chape de béton puis de terre dès juillet 1868. L'envoûtement s'achève fin août 1868 mais les travaux de terrassement et de nivellement du square se poursuivent.

Les plantations du square marquent l'achèvement des travaux en février 1869. La pose du piédestal de la statue, débutée en janvier, ne s'achève qu'en juin après l'épreuve de poids du pont-square. La statue de Masséna est installée fin juin, suivie de la ronde-bosse de la Victoire et des bas-reliefs. Le Monument au Maréchal Masséna et le square sont enfin inaugurés lors de la Saint-Napoléon, le 15 août après-midi 1869. 



- Photographe anonyme (Miguel Aleo ?), Nice, les Quais du Paillon, détail, printemps 1867,
Collection privée.
Les premiers niveaux du Grand Hôtel sont érigés.


- Photographe anonyme, Nice, Les Quais du Paillon, détail, été 1867,
tirage albuminé de 24x30 cm, Archives Municipales de Nice, 3 Fi 75-5, archives.nicecotedazur.
On voit bien, sur la gauche de l'image, la façade du Grand Hôtel dont la construction s'achève vers septembre 1867 (avec des boutiques encore sans devanture et des travaux qui se poursuivent à l'intérieur), et au centre du Paillon, entre le Pont Neuf au premier plan et le Pont Vieux à l'arrière-plan, l'élévation en cours des 5 arches du futur Pont-square Masséna.


- Photographe anonyme (Miguel Aleo ?), Nice, La Vallée du Paillon, détail, fin 1867,
tirage albuminé de 14x21 cm, Collection privée.


- NEURDEIN Etienne (1832-1918), Grand Hôtel, série, Nice par E. Neurdein, Paris, 1869 (?)
détail d'une photo stéréoscopique de 8,5x17 cm, Collection privée.
Cette photo peut être datée entre février 1869 (date des plantations du square, visibles ici)
et juin 1869 (date d'installation de la Statue du Maréchal Masséna, non présente ici).
Si tous les volets du Grand Hôtel sont clos, le rez-de-chaussée est déjà occupé par des magasins.

Les magasins du côté sud sont très identifiables, avec du sud au centre (entrée du Grand Hôtel) :
1-"Au Grand Condé" (tailleur),
2-Magasin inoccupé,
3- Magasin inoccupé
4-"Pharmaceutical Chemist", tenture de la "Pharmacie Internationale",
5-"A la Ville du Caire",
6-"A. Montini",
7-"Au Gagne-Petit",
8-"Th. Allard - Coiffeur".




Les travaux de la municipalité se continueront ensuite par le Pont Garibaldi plus en amont (1870-1873) puis par le couvrement du Paillon du square Masséna vers la mer, jusqu'au Pont Neuf et la place Masséna pour recevoir le grand Casino Municipal (vote municipal du 17 septembre 1879, travaux 1881-1885), puis du Pont Neuf au Pont Napoléon III (renommé Pont des Anges) en 1892-1893, pour recevoir de nouveaux espaces de jardins l'année suivante.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Les quais, vue prise de la Tour St-François, vers 1870,
tirage albuminé de 19,3x25,3 cm, sur carton fort de 34,3x44 cm, Collection personnelle.
Le square Masséna est bien visible avec ses plantations et son Monument central.



- Détail du Plan pittoresque de la Ville de Nice dressé le 1er janvier 1878,
Nice, Bibliothèque municipale du Chevalier de Cessole.
Au centre, le square Masséna et le quai Saint-Jean-Baptiste avec le Grand Hôtel
entre les nouvelles rues Gubernatis (au nord) et Alberti (au sud).
Noter que la façade du Grand Hôtel est représentée non plus symétrique et centrée mais en escalier (1877).




LA PREMIÈRE PHOTOGRAPHIE

La première photographie de l'endroit (tirage albuminé de 8,4 x 22 cm), collée au centre d'un carton au double cadre (13,1 x 28,5 cm), est soulignée des termes "Vue Panoramique". Le verso est revêtu pour sa part du timbre humide bleuté portant le texte suivant en petites majuscules, "Photographie Universelle - Lucchesi - 17, quai Saint-Jean-Baptiste, 17 - Nice", et présente un titre manuscrit rédigé au crayon, "Square et Statue Masséna et Grand Hôtel".



- DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Square et Statue Masséna et Grand Hôtel, vers 1870 (?),
vue prise depuis le boulevard du Pont-Neuf (actuel boulevard Jean-Jaurès),
tirage albuminé de 8,4x22 cm sur un carton de 13,1x28,5 cm, Collection personnelle.
Le square Masséna montre des plantations de petite taille.
Le Grand Hôtel occupe par ses façades tout l'espace compris entre les rues Gubernatis et Alberti. Le bâtiment central (dans l'axe du square et de la statue de Masséna) est plus haut d'un niveau que les bâtiments latéraux et symétriques. L'ensemble du rez-de-chaussée est occupé par des boutiques.




Raphaël Lucchesi (né vers 1842 à Lucca, Toscane) a tenu une boutique de beaux-arts et de photographies à Nice, située au 17, quai Saint-Jean-Baptiste de 1870 au plus tard à 1874, avant de s'établir avenue de la Gare, de 1874 à 1896 (faillite).

Il a notamment édité de nombreuses photographies de Jean Walburg de Bray (1839-1901) aux formats carte de visite, cabinet et panoramique, ainsi qu'une série de vues stéréoscopiques intitulée, "Vues de Nice et de ses environs".

La photographie panoramique étudiée est manifestement une photo de Jean Walburg de Bray (actif à Nice depuis 1863) comme l'indique notamment la mention "Vue panoramique". L'adresse de ce dernier, située au n° 12, ruelle Saint-Etienne, depuis la fin des années 1860 (annuaire de 1869), se double d'ailleurs d'un emplacement quai Saint-Jean-Baptiste dès 1873 (annuaire de 1874) qui affiche le n° 55 dès l'année suivante (annuaire de 1875) puis le n° 19 en 1883 (6éme édition du "Guide de Nice en poche") avant qu'il ne déménage à Cannes cette même année.

La prise de vue montrant le Grand Hôtel (1867) peut être, dans un premier temps, datée du tout début des années 1870, les arbres et arbustes du square Masséna, plantés en février 1869, étant encore de petite taille.



LA DEUXIÈME PHOTOGRAPHIE


La photographie, également panoramique (8,4 x 20,9 cm), a été pour sa part prise de plus loin et en hauteur depuis le clocher de la cathédrale Sainte-Réparate ou depuis le flanc occidental de la colline du Château. Elle révèle ainsi, au-delà du square Masséna, du quai Saint-Jean-Baptiste et des terrasses du Grand Hôtel, une partie de la ville nouvelle (à l'ouest), le boulevard et la colline de Carabacel (plus au nord) et le paysage environnant.

Il existe d'autres tirages au cadrage et format différents.



- Photographe anonyme [DEGAND Eugène (1829-1911)], Sans titre [Vue de Nice, depuis l'un des immeubles du boulevard du Pont-Neuf], vers 1870 (?),
tirage albuminé de 8,4x20,9 cm sur carton de 8,8x21,2 cm, Collection personnelle.


- Photographe anonyme [DEGAND Eugène (1829-1911)], Sans titre [Nice, Le Quai Masséna], vers 1870 (?),
tirage albuminé de 14x22 cm, Collection privée.




Anonymes et dépourvues de titre et de toute indication, ces photographies font cependant partie d'une série de vues de la Riviera réalisée par Eugène Degand (1829-1911). Ce photographe, actif dès le milieu des années 1860, possède son atelier au n° 18 place Saint-Etienne et sa boutique au n° 6, rue Paradis.

Ces vues sont assez semblables à la précédente et peuvent être datées, elles-aussi, peu après la réalisation du Grand Hôtel (1867) et du square Masséna (1869), les arbres et arbustes du square (plantés en février 1869) et du quai Saint-Jean-Baptiste (plantés en avril 1870) étant encore de petite taille. Le Couvent des Ursulines, bien visible à droite de la photo au sommet de la colline de Carabacel, ne montre pas encore le grand bâtiment entrepris en 1875. Il reste cependant à découvrir de quelle année exactement datent les prises de vue de ces photographies (vers 1870-1875 ?).



ÉTUDE COMPARATIVE ET DATATION

L'immeuble du Grand Hôtel a été érigé en 1867 et les deux photographies montrent donc un bâtiment récent et des magasins ouverts au plus tôt fin 1867-début 1868, au n° 9 du nouveau quai Saint-Jean-Baptiste. Une exposition de tableaux a notamment eu lieu dans l'un de ses magasins en janvier 1868 (Journal de Nice du 25 janvier 1868 p 4).


- Annonce parue dans Le Journal de Nice du 20 juin 1867 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



Les deux clichés montrant le détail de l'ensemble des boutiques du rez-de-chaussée du Grand Hôtel, l'idée m'est venue d'étudier les noms visibles des magasins et de leurs marchands et de les croiser avec le contenu des annuaires niçois afin d'essayer de les dater. 

La tâche s'est avérée passionnante mais complexe pour plusieurs raisons :
- les noms des magasins n'étant pas toujours lisibles (flous ou masqués) sur les photographies, 
- les boutiques affichant parfois des noms autres que ceux du marchand (devanture publicitaire, nom du propriétaire),
- les noms des magasins se retrouvant peu cités dans les annuaires de cette époque,
- les noms de certains marchands apparaissant peu, aléatoirement ou pas du tout dans les annuaires,
- les noms des marchands apparaissant soit dans la liste professionnelle, soit dans la liste alphabétique mais plus rarement dans les deux,
- les marchands ayant souvent deux adresses de magasins dont l'une des deux est plus rarement citée, 
- plusieurs marchands se succédant parfois sur un même emplacement dans la période concernée,
- le regroupement et le nom des métiers étant différents d'une année sur l'autre dans la liste professionnelle,
- les annuaires de certaines années affichant soit la liste des habitants, soit la liste des professionnels,
- les annuaires de certaines années (1876, 1878, 1880, 1881, 1882, 1883) n'étant pas conservés,
- les noms des négociants étant presque tous présents dans le recensement de la Ville de Nice de 1872 mais presque tous absents dans celui de 1876.

Plus récemment, j’ai recherché les noms des commerçants dans l'ouvrage édité en octobre 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco, dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier édité en mai 1874 mais également dans les listes électorales de la Ville (hommes seulement et de nationalité française), sur les sites de généalogie, ainsi que dans les demandes et arrêtés de voirie (enseignes) aux Archives Municipales, ce qui a notamment permis de découvrir pour certains, leur date de naissance, leur adresse antérieure et la date de leur installation au 9, quai Saint-Jean-Baptiste.

La technique adoptée a été de :

- relever sur les deux photographies tous les noms présents sur les magasins du sud au nord, 
- puis de rechercher tous ces noms dans les annuaires disponibles de 1867 à 1884 et dans les recensements de 1872 et 1876, 
- de compléter ces noms par le relevé systématique de tous les habitants et marchands mentionnés au quai Saint-Jean-Baptiste dans les annuaires et recensements de ces années-là, 
- de déduire les noms qui peuvent concerner les magasins du Grand Hôtel (adresses souvent dépourvues de numéro),
- et enfin de comparer les magasins des deux prises de vue pour déterminer notamment la plus ancienne des deux.

En définitive, et malgré certaines interrogations restées en suspens, la liste des magasins est la suivante pour la photographie de Jean Walburg de Bray avec, de gauche à droite et du sud au nord :

1- "Au Grand Condé", tailleur, M. Salomon Auguste Israël Benedetti/Debenedetti (1846-1902), cité d’abord rue du Statut, 7 puis avec une deuxième adresse quai Saint-Jean-Baptiste dès 1869 (liste électorale de 1870, recensement de 1872, annuaires de 1872 à 1884) ; ce magasin est visible sur la photo de 1869 et cité dans l'ouvrage édité en octobre 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco. L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1869 à 1884.

2- "Au Gagne-Petit", magasin au contenu inconnu, au négociant inconnu, au nom non retrouvé dans les annuaires ; ce magasin est déjà visible sur la photo de 1869 mais à l'emplacement n°7 (déplacement postérieur à 1869). Il existait cependant à Nice un magasin de ce nom à la fin des années 1850, qui était une épicerie tenue par J. Auzière au 13, quai Masséna, maison Magnan (Les Echos de Nice du 16 novembre 1858). 

Il est probable que c'est à ce même emplacement qu'est ensuite signalée "Mme Fayard, fleurs, rubans et passementeries" dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier en 1874.

3- "Antiquités", M. Gaspard Erba (né à Vigevano, vers 1819, marié) est cité dans le recensement de 1872 puis les annuaires de 1873 et 1874. Cet emplacement apparaît inoccupé sur la photo de 1869. Son adresse antérieure est encore signalée en 1868 au 5, quai Masséna (Les Echos de Nice du 28 janvier 1868). 
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1872 à 1874. 

Dès 1874, le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier signale cependant à cet emplacement, "Fayard Frères, armuriers" (dont Jean Fayard [c.1831-1898]). Les annuaires confirment cette adresse de 1874 à 1879, ainsi que le recensement de 1876. Le magasin est ensuite cité au 12, avenue de la Garde dans l'annuaire de 1884.

Les deux emplacements des boutiques de "Fayard Frères" (2) et de celle de Mme Fayard (3) seront tous deux occupés, vers 1880, par le "Magasin Suisse", probablement de M. Chr. Goerg, cité dès 1884, avec des articles de fantaisie.

4- "Pharmacie Internationale - Pharmaceutical Chemist", M. Louis Donat/Donati/Donato est cité dans les annuaires de 1870 à 1884 mais il semble qu’il se soit installé au n° 5 du quai Saint-Jean-Baptiste (listes électorales dès 1871). Ce sont plutôt les pharmaciens, Jean-Baptiste Peyron (Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier de 1874 et annuaire de 1877) puis Plumet/Plumey (annuaires de 1879 à 1884) et Plumey et Quéry A. (annuaire de 1884) qui tiennent la Pharmacie Internationale.

La Pharmacie est cependant déjà présente sur la photo de 1869 et dans une publicité de l'ouvrage de Léo Watripon, Nice-Guide de 1869 ; "Peyron, J.-B, pharmacie internationale (maison du grand Hôtel), quai St-Jean-Baptiste est de plus cité dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco. Son adresse précédente étant rue Sainte-Réparate (liste électorale de 1868). 
L’existence de la pharmacie au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1869 à 1884.

5- "Magasin Arabe", M. "Ibrahim" est cité uniquement quai Saint-Jean-Baptiste, 9 dans l'annuaire de 1872, alors qu’il possède, sous le nom de Ben-Sadoun Ibrahim (né c. 1844/45, marié), une autre adresse au quai Masséna (au n° 15 puis aux n° 11 et 13, articles d’Orient, tapis turcs, Maison orientale, annuaires de 1866 à 1884). Dans le recensement de 1872, il est à nouveau cité au 9, quai Saint-Jean-Baptiste, comme français d'Algérie. 
Le nom du magasin, présent à ce même emplacement sur la photo de 1869, était "A la Ville du Caire".

Il est possible que le magasin cité à cet emplacement dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier en 1874 soit, "Carlavan-Vacchieri, mercerie".



- Détail de la photographie de Jean Walburg de Bray, montrant le rez-de-chaussée de l'aile sud du Grand Hôtel (commerces 1 à 5).



6- "A. Montini", M. Antoine Montini, signalé comme vendeur de coraux dans l'annuaire de 1873 puis de Beaux-Arts, dans celui de 1874 ; ce magasin apparaît déjà à ce même emplacement sur la photo de 1869 et "Montini, md de corail (M. du grand hôtel), quai St-J.-Bapt." est cité dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1869 à 1874.

7- Magasin double anonyme, inoccupé à cette date, ancien emplacement du magasin "Au Gagne-Petit", visible sur la photo de 1869 auquel a probablement succédé le magasin "A la Ville de Paris" (enseigne effacée). 

A ce double emplacement est cité, en 1874, dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier, "Gimelle fils et Cie, atelier de mosaïques de bois de Nice". 

Les emplacements du "Magasin Arabe" de M. Ibrahim (5), de la boutique de Beaux-Arts d'A. Montini (6) et du magasin double, inoccupé ci-dessus (7), céderont la place vers 1880 à deux boutiques côte à côte de M. Auger/Augé M., chemisier. L'une y proposera des articles de fantaisie (5) et l'autre, des chemises (6 et 7), sous le même nom de "Maison Auger", même si ce nom n'est cité qu'à partir de 1884 (du fait de l'absence des annuaires niçois de 1880 à 1883).

8- "Th. Allard Coiffeur - Coiffeur de Paris", M. Théophile Allard (né en 1841, marié), coiffeur du Grand Hôtel, est cité dans les annuaires de 1871 à 1884, dans les listes électorales dès 1871 et dans les recensements dès 1872. Ce magasin est cependant présent sur la photo de 1869 et cité dans une publicité de l'ouvrage de Léo Watripon, Nice-Guide de 1869 et dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco

Il a dû s'installer au Grand Hôtel fin 1868 ou début 1869 car ses publicités parues dans Les Echos de Nice en janvier et février 1868 précisaient encore : "Th. Allard - Deux médailles d'or - Rue de la Chaussée d'Antin, 45, Paris - Coiffeur pour Dames - a l'honneur d'informer les dames qu'il vient d'arriver à Nice pour la saison d'hiver. - Rue Saint-Etienne, villa Tchernisheff" (Villa de la comtesse Souvaroff, voir Les Echos de Nice du 20 novembre 1867). 
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de fin 1868 ou début 1869 à 1884.

9- "Grand Hôtel" (ouvert fin 1867), Famille Schmitz/Schmidt propriétaire avec Auguste Schmitz (Paris 1836-Nice 1879, marié), cité dans les recensements de 1872 et 1876, maître d'hôtel, français, puis sa veuve Pauline Schmitz née Bouchardat (1843-1898) (noms cités dans les annuaires de 1868 à 1884) ; 

10- "Gurtler Fabricant de Cristaux de Bohême", M. Gürtler Herman/Hermann/Hermand (né en Autriche vers 1837/1838, marié), est cité dans les annuaires de 1870 à 1874 (il est cité dès 1875 au n° 7, rue Paradis) et dans le recensement de 1872. Il a déposé cependant, dès le 15 juin 1868, une demande d'autorisation pour faire une inscription au quai Saint-Jean-Baptiste sur la devanture du magasin "qu'il se propose d'occuper", étant sur le point "de transporter son magasin du boulevard du Pont-Neuf à la Maison Smith (Grand Hôtel)" (arrêté du 29 octobre 1868 ; AM, 2T29-444). 

Les Echos de Nice de 1868 le citent encore au 36, boulevard du Pont-Neuf le 5 septembre 1868 mais au Grand Hôtel le 10 octobre de la même année ; "Giirtler (sic), fab. de cristaux, maison du grand Hôtel, quai Masséna nouveau (sic)" est d'ailleurs cité dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco et y apparaît également sous le nom de "Hermann, md de cristaux, quai St-Jean-Baptiste". 
L’existence de ce commerçant au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est attestée de 1868 à 1874 mais il a annoncé son intention de quitter cet emplacement dès février 1870 (Journal de Nice du 20 février 1870 p 4).

11- "Broderie & Lingerie - Maison Spéciale Blanc", M. Jean Seilhan/Seylhan/Seihlan/Seylan (né en 1836 à Signac, Haute-Garonne, marié) est cité quai Saint-Jean-Baptiste dès la liste électorale de 1871 puis dans le recensement de 1872 (négociant, veuf, âgé de 36 ans ; il se remariera à Nice en 1876) puis dans les annuaires de 1873 à 1879 ; "Seilhan, broderie et lingerie (maison du Grand-Hôtel) quai St-Jean-Baptiste" est cependant cité dès l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1869 à 1879.

12- "Jean Guillaume" (Nice 1803-Nice 1878), cordonnier, est cité quai Saint-Jean-Baptiste dès le 3 octobre 1868 où il demande l'autorisation de "repeindre la devanture de son magasin" (arrêté du 22 octobre ; AM, 2T29-431). 

Il possède, avec ses enfants, deux adresses professionnelles car il est signalé dans les listes électorales de 1867 et 1868, rue Sulzer puis dès 1869 au n° 7, rue Paradis et à cette même adresse dans les annuaires de 1872 à 1884. 

Il est difficile de dire jusqu'à quand il a occupé l'adresse du 9, quai Saint-Jean-Baptiste mais c'est, semble-t-il, "Court (Mme), modes" qui est citée à cet emplacement en 1874 dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier.



- Détail de la photographie de Jean Walburg de Bray, montrant le rez-de-chaussée du bâtiment central du Grand Hôtel (commerces 6 à 12).




13- "Capecchi Lampiste", Vincent Capecchi/Cappecchi (né vers 1841/1842 à Nice, marié à Nice en 1870), ferblantier, au nom cité à cette adresse dans une publicité de l'ouvrage de Léo Watripon, Nice-Guide de 1869, cité dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco, ainsi que dans les annuaires de 1869 à 1879. Le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier cite en 1874, "Capecchi, quincaillerie". 
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1868 à 1879. Il était préalablement installé rue du Gouvernement ou de la Préfecture, 9.

14- "Veuve Giraud", ombrelles, parapluies ; Madame Cécile Giraud (née à Antibes vers 1843/1844), après avoir tenu, avec son mari, une boutique attestée dès 1867 au 32, boulevard du Pont-Vieux, est citée quai Saint-Jean-Baptiste dans les recensements de 1872 et de 1876 et dans les annuaires de 1872 à 1879. 
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1871 à 1879. 

Sa demande d'enseigne en 1865 pour le n° 30 quai Masséna nous informe de son adresse précédente et l'annuaire de 1884 indique qu'elle a déménagé au 28, avenue de la Gare.

15- "Mme De Pietro" ; "Pietro (Mme de), tailleuse pour dames (m. du grand hôtel), quai St-Jean-Baptiste" est citée dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco et son installation date au plus tard de cette année-là. 

Le Journal de Nice du 6 décembre 1869 annonce cependant que, suite au procès-verbal du 20 septembre précédent, aura lieu le 8 décembre la vente aux enchères publiques des objets, meubles et passementeries "de la dame Eugénie Armand épouse de Joseph dit [sic] Pietro".

Il semble que, dès 1871, ce soit Monsieur Auguste Tesnières/Ténière/Tesniere, graveur qui soit cité à cet emplacement (liste électorale de 1872, annuaires de 1873 et 1874). LGuide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier de 1874 le cite cependant en tant qu'imprimeur, papetier et vendeur de photographies, ce que confirment les annuaires de 1875 à 1879. 

Son activité est ensuite citée au 4, rue Masséna dans l'annuaire de 1884.

16- Magasin au nom illisible ; M. Sébastien Chiaudano/Chiaudana/Chiandano (né en 1839 à Murello, Italie, marié à Nice en 1868), horloger, demande le 14 juillet 1868 l'autorisation de peindre "Horloger" sur sa devanture, la tente et l'enseigne à placer au-dessus de la porte de son magasin du Grand Hôtel. Il est ensuite cité quai Saint-Jean-Baptiste dans une publicité de l'ouvrage de Léo Watripon, Nice-Guide de 1869, dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco puis dans le recensement de 1872. 
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1868 à 1872.

17- "Fleuriste", M. Toche Jean (né en 1844 à Draguignan, marié à Nice en 1868), jardinier-fleuriste, est cité rue de France dans les annuaires de 1870 à 1884 et dans le recensement de 1872. Il a cependant déposé, dès le 17 septembre 1868, une demande d'autorisation pour faire une inscription au quai Saint-Jean-Baptiste (arrêté du 30 octobre ; AM, 2T29-446) et rue de France ; il est d'ailleurs cité quai Saint-Jean-Baptiste dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco puis dans la liste électorale de 1870. 
L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1868 à 1884.

18- "Tabacs", M. Gouré/Gourré/Gourret/Gouret/Goureti Gilbert Angel (né à Bonny-sur-Loire ? Loiret, en 1826) demande le 13 décembre 1867 à inscrire sur la porte de son magasin du quai Saint-Jean-Baptiste, "Débit de Tabacs des Manufactures Impériales" (arrêté du 16 décembre ; AM, 216-517). Il est cité à cette adresse dans les listes électorales dès 1869 puis dans les annuaires de 1870 à 1875 et dans le recensement de 1872, en tant que débitant de tabacs. 

C’est Mme veuve L. Pollaro qui lui succède, citée dans les annuaires de 1879 et de 1884 mais dès 1874 dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier. L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1867 à 1884.

19- "Grand Café" ; "Amba Mart.[Martin, né en 1834], Grand Café, quai St-Jean-Baptiste, 7" est cité dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco. M. Amba est dit ensuite « lampiste » rue Grimaldi, 1, dès 1870 (listes électorales dès 1871). 

Le nom de son successeur en 1870 n'est pas connu. C'est ensuite M. Guillaume Laurent, "ex-sommelier du Grand-Hôtel", qui dirige le Café du Grand Hôtel (publicités du Journal de Nice de février 1871 ; annuaires de 1872 à 1879) puis M. Minard (cité dans l'annuaire de 1884). L’existence de ce commerce au 9, quai Saint-Jean-Baptiste est donc attestée de 1869 à 1884.



- Détail de la photographie de Jean Walburg de Bray, montrant le rez-de-chaussée de l'aile nord du Grand Hôtel (commerces 13 à 19).




L'ordre et la liste des magasins sont très semblables pour la photographie d'Eugène Degand, à trois exceptions intéressantes près :

- Détail de la photographie d'Eugène Degand montrant l'aile sud du Grand Hôtel.




7- A la place du magasin (double) anonyme de la photographie de Jean Walburg de Bray, on trouve, "A La Ville de Paris", "magasin de quincaillerie, articles d'Allemagne". 

S'agit-il d'une annexe du magasin de Bovis Frères cité dans les listes électorales dès 1871 et dans les annuaires de 1873 à 1879 au n° 11 et visible sur la photographie (intégrale) de Degand, au-delà de la rue Alberti ? Dans les annuaires des années 1870 et 1880, je n'ai trouvé trace de la dénomination, "A la Ville de Paris", que pour le magasin de D. Lattet, rue Sainte-Réparate en 1863, pour les magasins de nouveautés et tissus des Frères Emile et Lucien Lattès, (situés à deux adresses niçoises mais aucune sur le quai Saint-Jean-Baptiste) et pour la chemiserie de Madame Raboisson citée au 7, quai Masséna en 1874 (Les Echos de Nice du 9 novembre 1874).


- Détail de la photographie d'Eugène Degand montrant le bâtiment central du Grand Hôtel.




15- A la place du magasin de Madame De Pietro, on trouve, "F. Balon & Cie Maison de Paris - Opticiens", au nom absent des annuaires ;

16- A la place du magasin au nom illisible de la photographie précédente, on trouve l'inscription "Horloger" sur la tente de M. Sébastien Chiaudona/Chiandono, installé là dès 1868 et cité dans le recensement de 1872 et l'annuaire de 1873.
.

C'est M. Félicien Jougla/Jouglas qui lui succède, cité dans les annuaires de 1874 à 1879, ainsi que dans le recensement de 1876, horloger, âgé de 33 ans, italien ;


- Détail de la photographie d'Eugène Degand montrant l'aile nord du Grand Hôtel.




Je n'ai pas encore réussi à attribuer les emplacements des magasins et ateliers suivants (étage, cour intérieure de l'immeuble ou parfois autre numéro d'immeuble du même quai ?), cités dans les documents de l'époque :

- de Monsieur Brac Jean-Baptiste (né en 1823), boulanger, signalé Maison du Grand-Hôtel dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco mais signalé rue de France, 2 dans les listes électorales de 1867 à 1873 (deuxième adresse ?).

- de Monsieur Dumas Jean Claude, fabricant de brosses, signalé Maison du Grand-Hôtel dans l'ouvrage édité en 1869 par Léon Affairous, l'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco.

- de Monsieur Pierre Fassy, mosaïste, marqueteur, cité quai Saint-Jean-Baptiste sans précision de numéro, de 1872 à 1874.

- de Monsieur E. Déplat, "pétrifications de luxe", cité en 1874 cité entre les boutiques Gürtler et Allard, près de l'entrée du Grand-Hôtel, dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier.

- de Madame Veuve Victoire/Victorine Cremer (née c.1837/1838 en Belgique), modiste au 9, quai Saint-Jean-Baptiste, citée dans le recensement de 1872 puis dans les annuaires de 1873 à 1875 mais absente en 1874 du Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier.

- du Journal "Le Swiss Times", cité en 1873 (puis au n° 15, quai Masséna, dès 1874).

- de Monsieur Gustave Brunel (né en 1845), nouveautés, cité dans les listes électorales, rue Sainte-Réparate, 6 en 1871 et 1872 puis quai Saint-Jean-Baptiste 3 en 1873. La Maison G. Brunel (Tissus) est signalée au 11, rue de la Préfecture en 1874 (Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier) puis n° 9 quai Saint-Jean-Baptiste dès novembre 1874 (Les Echos de Nice du 26 novembre 1874), ainsi que dans les annuaires de 1875 à 1884 (côté nord).

- de Monsieur et Madame P. Boniface/Bonifasse/Bonifassi, corsetiers, merciers et bonnetiers. La Maison Boniface est signalée au 9, quai Saint-Jean-Baptiste dès novembre 1874 (Les Echos de Nice du 26 novembre 1874) puis dans les annuaires de 1875 à 1884 (côté sud). Pierre Bonifassi, marchand de corsets possède une adresse précédente, rue de la Préfecture, en 1867 puis Descente de la Caserne, 1, dans les années 1869-1873 (listes électorales).




CONCLUSION

La photographie de Jean Walburg de Bray regroupe des commerces dont les dates d'installation vont de 1867 à 1873 et qui apparaissent dans les annuaires niçois entre 1870 et 1874.

La présence de la boutique d'Ibrahim ("Magasin Arabe") semble impliquer une datation vers 1871-1872 puisqu'elle apparaît uniquement dans l'annuaire et le recensement de 1872 mais cet indice n'est pas fiable puisque la boutique existe déjà en 1869 (sous un autre nom) et qu'elle reste présente plusieurs années sur le quai Saint-Jean-Baptiste.

Le positionnement et le nom de certains magasins impliquent cependant au plus tôt la date de 1869, ce que confirme la présence du Monument au Maréchal Masséna sur le Pont-square du même nom. La photographie peut donc être datée entre 1869 et 1874, datation que confirme également le tampon de Raphaël Lucchesi.

La photographie d'Eugène Degand semble impliquer les mêmes dates. D'ailleurs, elle ne laisse pas apparaître, au-dessus des façades des bâtiments du quai Saint-Jean-Baptiste, la construction du nouveau Couvent des Ursulines, entamée dès l'été 1875.

J'ai longtemps considéré que la photographie d'Eugène Degand pouvait être légèrement postérieure à la précédente mais un détail a perturbé cette conviction. La photographie d'Eugène Degand montre l'enseigne du magasin, "A La Ville de Paris" qui semble effacée sur celle de Jean Walburg de Bray, cette dernière ne conservant en deuxième mot que l'article, "La", encore lisible. Si c'est bien la trace du nom du magasin évoqué, cela affirme l'antériorité de la vue d'Eugène Degand.

La prise de vue d'Eugène Degand pourrait donc être datée vers 1869-1870, ce que suggère la présence de la boutique "A La Ville de Paris" (1869-70) qui a succédé à la boutique "Au Gagne Petit" (saison 1868-69). Cette hypothèse semble cependant démentie par la présence de la boutique de l'opticien F. Balon (remplacée au plus tard en 1869 par la boutique de Mme di Pietro qui fait faillite la même année).

De la même façon, la prise de vue de Jean Walburg de Bray pourrait être datée vers 1871, ce que suggère la présence de la boutique de la Veuve Giraud (attestée à cet emplacement à partir dès 1871), la présence de l'ancienne boutique de Mme di Pietro (1869) où ne s'est pas encore installé M. Tesnières (en 1871) et la présence de l'ancienne boutique "A La Ville de Paris" dont l'enseigne apparaît effacée mais pas encore remplacée (par celle de M. Gimelle citée seulement à cet emplacement à partir de 1874 mais peut-être antérieure).

En définitive, quelques mois seulement peuvent séparer les deux prises de vue. Une petite déception donc car j'aurais aimé préciser davantage.

Il me faut d'ailleurs avouer qu'au-delà de ma quête de critères de datation, ce qui m'a intéressé dans ces deux photographies relevait davantage d'un voyage dans le passé, d'une plongée permise par le biais du zoom dans des images scannées en très haute définition. Il en est ressorti l'envie de faire partager cette vision des boutiques niçoises des années 1870, comme une trouvaille archéologique, même si les contraintes techniques du blog se prêtent mal à cet exercice. 

Ces deux photos n'ont d'ailleurs pas encore livré tous leurs secrets. Par exemple, la photographie d'Eugène Degand montre très nettement, par-delà les terrasses du Grand Hôtel, la construction inachevée d'un immeuble qu'il serait intéressant d'identifier...




UNE PHOTOGRAPHIE DE LA BNF

Cet article peut être complété par l'étude d'une nouvelle photographie de Jean Walburg de Bray, conservée dans un album de la BNF intitulé, Souvenir de Voyage, Février 1876. Elle montre une vue panoramique nord-est/sud-ouest de, Nice - Quai Saint-Jean-Baptiste, prise en hauteur, depuis un bâtiment du quai opposé (boulevard du Pont-Neuf).


- DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Nice, Quai Saint-Jean-Baptiste, vers 1875,
album, Souvenir de Voyage, Février 1876 (vue 33), Paris, BnF (voir l'album sur Gallica).




L'ordre et la liste des magasins sont à nouveau très semblables aux deux photographies précédentes, à quelques exceptions près :


2 et 3- Les deux magasins situés entre la boutique du tailleur, Au Grand Condé, et la, Pharmacie Internationale, semblent avoir été réunis sous une même devanture, le "Magasin Suisse" de M. Chr. Goerg (articles de fantaisie) qui apparaîtra à ce même emplacement sur la photo des années 1880/1890 (voir plus bas).

- Détail de la photographie de Jean Walburg de Bray, montrant l'aile sud du Grand Hôtel.




10- La devanture de la boutique de "Gurtler Fabricant de Cristaux de Bohême" a été, à l'inverse, divisée en deux, et Hermand Gurtler va quitter, en 1874, le n° 9, quai Saint-Jean-Baptiste pour le n° 7, rue Paradis (il est cité à cette nouvelle adresse dès l'annuaire de 1875),

12- Le magasin du cordonnier "Jean Guillaume" a cédé la place à une boutique de "Mode" qui est probablement celle de Mme Court, citée dans le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier en 1874.

- Détail de la photographie de Jean Walburg de Bray, montrant le bâtiment central du Grand Hôtel.




15- A la place des anciens magasins, "F. Balon & Cie Maison de Paris - Opticiens" puis "Pietro (Mme de), tailleuse pour dames", on trouve désormais un magasin de "Chaussures", probablement celui de Madame Anne Meissel qui semble quitter le n° 5 du quai Saint-Jean-Baptiste (où elle est citée de 1873 à 1875) pour le n° 9 du Grand Hôtel où elle est citée en 1877 seulement (annuaires de 1876 et de 1878 absents) ; il est probable qu'elle se soit installée à cette dernière adresse en 1875 ou 1876.

- Détail de la photographie de Jean Walburg de Bray, montrant l'aile nord du Grand Hôtel.





L'album, daté de février 1876, réunit des photographies prises entre 1867 et 1875. La photographie du quai Saint-Jean-Baptiste peut être datée vers 1874-1875, du fait du départ de la boutique d'Hermand Gurtler (en 1874) et de l'arrivée de celle d'Anne Meissel (vers 1875).


L'historienne Véronique Thuin-Chaudron a eu la gentillesse de me confier le fruit de ses recherches sur le bâtiment du Grand Hôtel : ce dernier a été sans cesse agrandi sur ses quatre faces, de 1870 à 1894. La façade orientale, donnant sur le quai Saint-Jean-Baptiste et le square Masséna, a été partiellement exhaussée vers 1877 puis égalisée avant 1884, avant d'être remaniée en 1919.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Le Paillon et les Quais, détail, vers 1877-1880,
recueil, Voyages en France et en Europe (vue 51, folio 24), daté vers 1875-1885, Paris, BnF (voir sur Gallica).
Seule l'aile nord du Grand Hôtel est alors exhaussée de deux niveaux, avant l'alignement des trois façades. Une autre photo, datée de 1876, montre encore l'état initial et le plan (en début d'article) du 1er janvier 1878 montre déjà les trois niveaux de terrasses.



- GILETTA Jean (1856-1933), 741 - Nice - Le Grand Hôtel, détail, années 1880,
tirage albuminé de 21x27 cm, Collection privée.
Vue sud-est/nord-ouest prise du boulevard du Pont-Neuf.
Les trois façades du Grand Hôtel sont désormais alignées. 
Les boutiques "Au Grand Condé", le "Magasin Suisse", la "Pharmacie Internationale" 
et la "Maison Auger" sont bien visibles au rez-de-chaussée.

Il est à noter que la partie du Paillon comprise entre le Square Masséna et la plateforme du Casino
 n'a été couverte qu'au début du XX° siècle, comme les plans de cette époque l'indiquent.