1-THE AMAZING COLOSSAL MAN, 1974
VIOLA Bill (né en 1951), The Amazing Colossal Man, 1974,vidéo noir et blanc, installation sonore, événement d'une nuit d'août 1974,
projection sur écran placé devant la fenêtre double de son studio de Syracuse,
photocopie de 1974, Experimental Television Center Collections.
Bill Viola : "Durant le mois d'août, j'ai emporté un projecteur vidéo pour l'utiliser dans mon atelier (grenier) situé au-dessus de mon appartement dans un quartier calme et résidentiel (Syracuse, New York). Un jour j'ai fait une bande vidéo de mon visage écrasé contre une vitre, en gros plan, et j'ai frappé et crié. Cette nuit-là, j'ai projeté la bande, avec avec un haut volume sonore amplifié, sur un écran tendu derrière mes fenêtres donnant sur la rue."
Bill Viola précise que les voisins rameutés par le bruit "applaudirent ce spectacle" et vécurent l’événement
"comme le plus excitant dans les environs depuis des années".
Bill Viola précise que les voisins rameutés par le bruit "applaudirent ce spectacle" et vécurent l’événement
"comme le plus excitant dans les environs depuis des années".
- The Amazing Colossal Man, film de science-fiction américain de Bert I.Gordon, 1957,
diffusé en feuilleton à la télévision américaine dans les années 1960.
2-THE SPACE BETWEEN THE TEETH, 1976.
VOIR LA VIDÉO (9 MN 54, 2009) DE ELECTRONIC ARTS INTERMIX,
BILL VIOLA (NÉ EN 1951), THE SPACE BETWEEN THE TEETH, 1976,
BILL VIOLA (NÉ EN 1951), THE SPACE BETWEEN THE TEETH, 1976,
VIDÉO (9 MN 10), COULEUR, SONORE.
Extrait du texte (2011) de Jonathan Thonon, "Bill Viola, L'espace d'un instant" :
"Bill Viola signe en 1976 une pièce remarquable de simplicité et d'intelligence, une bande vidéo dans laquelle il va tenter de donner une première représentation de cette conception matérialiste du son. L'enjeu de The space Between the Teeth réside dans la tentative visiblement contradictoire de vouloir mesurer l'espace avec du son et d'effectuer dans le même temps une plongée dans la chambre noire des émotions humaines.
Assis dans un large fauteuil en cuir placé au fond d'un long corridor impersonnel, face à la caméra, l'artiste se met subitement à crier. À ce moment précis, la caméra effectue un rapide travelling arrière sur toute la longueur du couloir. Le mouvement s'interrompt quelques instants alors qu'un second cri se fait entendre, plus lointain. Après un bref moment de silence, un troisième cri déclenche la course rapide et discontinue de la caméra vers l'avant, qui vient terminer son mouvement au moment de saisir en gros plan l'espace microscopique entre les deux incisives pour finalement, alors que le son s'interrompt, et que l'image vire au noir profond, se retrouver instantanément propulsée à l'autre bout du couloir, un peu en avant du point d'origine du premier mouvement. Ainsi, à chaque mouvement (la métaphore du mouvement musical, tendu entre défilé de notes et suspension, permet encore de replier l'un sur l'autre espace et son), la caméra se rapproche un peu plus de la source du son et la parfaite synchronisation de l'espace et du temps, du travelling et du cri, se trouve ébranlée. Le son s'arrête de plus en plus tôt dès lors que la caméra poursuit virtuellement sa course vers les profondeurs de l'âme humaine. Cette double exploration à la fois physique et métaphysique va donner à l'œuvre de Bill Viola toute sa dynamique de sorte que The Space Between the Teeth prendra rétrospectivement des accents programmatiques".
3-ANTHEM, 1983.
VOIR LA VIDÉO (11 MN 42, 2015) DE ELECTRONIC ARTS INTERMIX,
BILL VIOLA (NÉ EN 1951), ANTHEM, 1983,
VIDÉO (11 MN 30) COULEUR SONORE.
"Anthem" (Hymne) de Bill Viola est une vidéo structurée autour d'un cri perçant et unique émis par une jeune fille de onze ans alors qu'elle se tient sous le grand hangar de la gare d'Union Station à Los Angeles. Son cri, d'une durée de seulement quelques secondes, se propage hors des murs de briques du hangar.
Bill Viola a ralenti, étiré, modulé, et par ailleurs modifié le son de la voix de la jeune fille pour créer cette bande sonore pour une symphonie de la ville post-industrielle qui est inquiétante. Le cri d'origine est étendu dans le temps et décalé en fréquence pour produire une échelle de notes harmoniques qui constitue la bande son à laquelle Viola juxtapose des images du matérialisme - industrie et culte du corps, pompes à huile géant et battements de cœur humain, voitures le long d'une autoroute et sang qui coule dans les veines, technologie chirurgicale moderne et branches d'arbres dans une forêt ancienne. Le cri angoissé traverse la corporéité du corps et de la culture contemporaine comme un organisme vivant.
Bill Viola rapporte cette structure à la forme et la fonction des chants religieux, les chants grégoriens notamment (en utilisant une échelle harmonique dans une salle de résonance) et des chants tantriques bouddhistes (rituel d'exorcisme et de conversation avec les démons). Pour lui, la pièce est une évocation rituelle de « nos peurs primaires les plus profondes, l'obscurité et la séparation du corps et de l'esprit."
4-SILENT MOUTAIN, 2001
VOIR UN EXTRAIT DE LA VIDÉO (0 MN 27, 2009) DE
BILL VIOLA (NÉ EN 1951), SILENT MOUNTAIN (THE PASSIONS SERIES), 1983,
DIPTYQUE VIDÉO COULEUR, MUET.
Bill Viola : « le hurlement le plus fort que j'aie jamais enregistré est peut-être ce Silent Mountain muet ».
Texte extrait de, A Companion to Contemporary Art Since 1945, Amelia Jones ed., 2006 :
"Projeté sur deux écrans plasma d'environ 100 x 122 cm x 9 cm, "Silent Moutain" de Bill Viola (2001) dépeint un homme et une femme dont les gestes transmettent un spectre de l'émotion, de l'agonie à l'extase. Alors que l'aspect émotionnel est accentué par des gestes théâtraux, d'autres facteurs sont, par opposition, placides : les acteurs sont habillés de façon commune (devant un fond noir), sont privés de son et l'image vidéo est fortement ralentie.
"Projeté sur deux écrans plasma d'environ 100 x 122 cm x 9 cm, "Silent Moutain" de Bill Viola (2001) dépeint un homme et une femme dont les gestes transmettent un spectre de l'émotion, de l'agonie à l'extase. Alors que l'aspect émotionnel est accentué par des gestes théâtraux, d'autres facteurs sont, par opposition, placides : les acteurs sont habillés de façon commune (devant un fond noir), sont privés de son et l'image vidéo est fortement ralentie.
Selon Viola, le silence de cette image en mouvement fait écho à la peinture religieuse de la Renaissance mais, comme il le dit lui-même : " les images anciennes sont juste un point de départ. Je ne suis pas intéressé par leur appropriation ou leur reprise. Je veux entrer dans ces photos .... les incarner, les habiter, pour les sentir respirer ".