mercredi 2 septembre 2015

395-TERMINALE-OPTION FACULTATIVE : L'OEUVRE DE BILL VIOLA - FICHE RÉCAPITULATIVE ET POWERPOINT



VOIR LA VIDÉO (2 MN 59, 2014) DE PRÉSENTATION DE L'EXPOSITION 
"BILL VIOLA" AU GRAND PALAIS, PARIS, MARS-JUILLET 2014


NOUVEAU : VOIR SUR LE RÉSEAU CANOPÉ, L'ARTICLE DE

Voir ci-dessous, un double article collaboratif (fiche récapitulative ci-dessous et PowerPoint téléchargeable en bas de page) rédigé par Marie Rousseau, professeur d'Arts plastiques du Lycée Jean Guéhenno de Fougères (Bretagne).



BILL VIOLA
(artiste américain, vidéaste, né en 1951)
http://www.billviola.com/



LIEU DE PRÉSENTATION ET/OU D’EXPOSITION

Espace muséal d’expositions.
Chaque exposition est conçue par l’artiste et sa femme et collaboratrice Kira Perov.
La muséographie change en fonction de chaque lieu mais tend à faire immerger et submerger le spectateur dans et par les images. Elles sont nombreuses et réparties partout dans le monde, la vidéo par essence se dématérialise et n’a pas de lieu fixe de monstration.
Une même œuvre de Bill Viola peut être projetée à Paris et à Tokyo simultanément.



SUPPORT/MATÉRIALITÉ

Formé à la Syracuse Université de New York et aux Experimental Studios, atelier mené par Jack Nelson, l’un de ses professeurs, va lui permettre de se saisir de la vidéo, qui ouvre une période de travail spécifique jusqu’en 1979, période définie sous le signe de la vidéo structurale. Son mentor n’est autre que Nam June Paik, qui lui apprend notamment à « attaquer la télévision » pour mieux changer la vie.
Il est l’un des rares artistes contemporains à être entrés au Musée des Offices de Florence.
Il dit : « Je suis né en même temps que la vidéo ». Cette naissance/renaissance se traduit par tout d’abord des images mentales qu’il inscrit ensuite dans ses nombreux carnets et cahiers.
Il utilise principalement la vidéo Super 8 ou les bandes magnétiques, ses vidéos dites structurales n’avaient pas de sujet précis, la vidéo étant prise comme un moyen de communication, un objet de production esthétique.
Son intérêt pour la musique le conduit à expérimenter et à associer de la vidéo au son, en se servant de synthétiseurs. Il a découvert les capacités plastiques du son à Florence dans les églises gothiques pleines de réverbérations. Dans ses films, le monde se fait inframusique. Les images digitales interrogent le réel et le monde.



REPRÉSENTATION/PRÉSENTATION

Les problématiques fondamentales développées par l’artiste ont pour genèse un événement de son enfance. A l’âge de six ans, il est tombé d’une barque et a failli se noyer. Pendant sa perte de connaissance, son sentiment de plénitude totale et les images d’une beauté extraordinaire qu’il a vues sous l’eau n’ont cessées d’être déclinées dans son œuvre. Pour lui, l’eau est le lieu du commencement et de la fin. Il veut traduire des réalités universelles, une vision du monde.
Bill Viola puise son inspiration dans les œuvres majeures de l’Histoire de l’Art et les textes fondateurs. L’image n’est plus représentation mais une présentation, elle se donne à voir comme vraie, comme une vera ikona, qui « ne concerne pas tant la clarté visuelle ou le détail – il s’agit plutôt d’une fidélité à l’expérience, à l’existence. La sensation pleine de ce qui semble vraiment être là remplit totalement ton corps : ce que l’on perçoit comme si l’on était en train de respirer à ce moment-là. Ce sont les vraies “images” ».
La précision dans la définition du contour des corps filmés, produit un effet de présence sur le spectateur  par la conjugaison de l’apparence d’un objet et son concept.
En liant le spectateur émotionnellement, Bill Viola le projette directement dans l’image. La mise en avant de l’expressivité originaire de l’homme, va produire un effet émotionnel persuasif, affirmatif même, sur le spectateur
La disposition des écrans  donne l’impression au spectateur de donner plus d’attention à l’effet histoire qu’à l’histoire  elle-même. Cet effet est créé par la stimulation perceptive exercée sur les individus assistant au déroulement de la vidéo. Cette simple mise en scène donne à voir des corps qui ne se réfèrent pas à autre chose qu’à eux-mêmes.
Le théâtre, art de l’écart et de la différence, est régi par le seuil de la fiction marqué par le cadre de la scène. Dans la vidéo, un tel seuil est supprimé. Nous avons le « devenir-image du personnage, le devenir-personnage de l’image ». Le spectateur est plongé dans le noir, seul, ce qui privilégie la rencontre sensible avec l’œuvre.

·          L’UTILISATION DU RALENTI :
Bill Viola fait l’expérience du ralenti lors de la retransmission d’un match de football. La décomposition des choses, des éléments, des émotions, la possibilité de regarder une chose impossible à voir dans le monde réel. Sa matière première est le temps. La lenteur est tellement présente que le mouvement devient presque absent.
Son art permet la création de l’oxymore: chuter vers le haut (Going Forth by Day, « First Light », panneau 5), de jaillir vers le bas (The Reflecting Pool).
Il se crée ainsi des infratemps, des temps morts insérés dans des espaces inertes. Le film dont l’unité d’image est le pixel permet d’entrer dans le tissu infinitésimal du mouvement. Il est ainsi possible de distendre 45 secondes en 12 minutes.

·          LA MONUMENTALITÉ
Bill Viola est l’un des premiers à avoir « installé » ses films dans l’espace d’exposition. Il pense chaque espace: la taille de l’écran, l’inclinaison, le mode d’accrochage, et de ce fait la place du spectateur. Celui-ci a ainsi l’impression d’être immergé, voire submergé par les images.

·          « SUREXPOSITIONS LUMINEUSES »
Les êtres qu’il montre s’exposent. Cette exposition est intensifiée par le ralenti. La question du temps est fondamentale dans ses surexpositions. Mais également celle de la lumière de la vidéo projection qui permet de matérialiser l’image. Il permet ainsi de transfigurer des gouttes d’eau en suspension qui deviennent des étoiles gravitant.



LE SENS

·          MIROIR DU MONDE
En 1976, Rosalind Krauss affirmait dans Video : The Aesthetics of Narcissism, que le narcissisme est tellement endémique dans l’art vidéo qu’elle le considérait comme « la condition du genre dans son ensemble ».
La psyché humaine est le canal de l’art de la vidéo et le corps en est l’instrument, le mécanisme narcissique s’oppose au mouvement projectif d’empathie susmentionné.
Le mythe ovidien raconte l’histoire d’un jeune homme se penchant sur une étendue d’eau et découvrant un beau visage masculin qui n’est autre que le reflet de lui-même, mais cela, Narcisse l’ignore. Bill Viola affirme que « l’une des choses dont il est important de se rendre compte dans l’histoire de Narcisse est que son problème n’est pas qu’il a vu son propre reflet mais qu’il n’a pas vu l’eau. »
L’utilisation du miroir dans « Slowly Turning Narrative », fait apparaître le reflet du spectateur dans l’œuvre. L’utilisation fréquente des projections monumentales donnent à voir de réelles fresques, miroirs du monde.

·          SCULPTER LE TEMPS
Le rapport au temps est également prépondérant : « la conscience de la temporalité et celle de la séparation entre sujet et objet sont simultanément submergées. Le résultat de cette submersion est, pour celui qui fait et celui qui regarde la plupart de l’art vidéo, une sorte de chute sans poids à travers l’espace suspendu du narcissisme » R. Krauss, « Video : The aesthetics of narcissism » Le temps devient le sujet-même de l’oeuvre et se réfléchit lui-même de manière tautologique. “Bill n’a aucun sens du temps réel”: Kira Perov

·          IMAGE ACHEIROPOÏÈTE
L’image n’est plus représentation mais une présentation, elle se donne à voir comme vraie, comme une vera ikona, qui :
« ne concerne pas tant la clarté visuelle ou le détail – il s’agit plutôt d’une fidélité à l’expérience, à l’existence. La sensation pleine de ce qui semble vraiment être là remplit totalement ton corps : ce que l’on perçoit comme si l’on était en train de respirer à ce moment-là. Ce sont les vraies “images” ».

·          POÉTIQUE DU CORPS
Il y a un réalisme optique qui caractérise à chaque instant les corps presque taillés dans l’écran, comme s’il s’agissait de portraits naturalistes.




- VIOLA Bill (né en 1951), Ascension, 2000, 
installation vidéo sonore, 10 minutes, performeur : Josh Coxx,
 Bill Viola Studio, Long Beach, Etats-Unis, Photo Kira Perov.



MÉCÈNE, COMMANDITAIRE OU DONATEUR

Les commanditaires sont généralement les commissaires d’expositions conçues partout dans le monde.
Par exemple, pour la dernière œuvre de Bill Viola : Martyrs, une vidéo destinée à la St Paul’s Cathedral, qui a été dévoilée le 21 mai 2014 et diffusée par quatre écrans est la première des deux œuvres disposées derrière le vaste autel de la cathédrale londonienne. Sa commande avait été annoncée dès 2009. D’après the Art Newspaper, elle aurait coûté 2M$ à son commanditaire. Par ailleurs, c’est la première fois que le médium vidéo est exposé de manière permanente dans une église britannique.
La dernière exposition en France s’est déroulée de mars à juillet 2014, et est la plus grande consacrée à l’artiste. Celle-ci n’est pas considérée par le couple comme rétrospective mais introspective.

Les œuvres importantes :
The Reflecting Pool (1977-79), The Dreamers (2013): films vidéos (Chott El Djerid, A Portrait in Light and Heat, 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000), pièces sonores (Presence, 1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres intimistes (Nine Attempts to Achieve Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002).
Tous les genres de l'œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries emblématiques, des Buried Secrets du pavillon américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for a Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine's Room, 2001) à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005), des Transfigurations (Three Women, 2008) aux Mirages (The Encounter, 2012).



L’ARTISTE ET SES COLLABORATEURS

Bill VIOLA
Bill Viola est né en janvier 1951 à New-York.
Kira PEROV
Son épouse et collaboratrice depuis 1978. Elle est le directeur exécutif de Bill Viola Studio. Elle a travaillé en étroite collaboration avec Bill Viola, son mari et partenaire depuis 1979, et s’occupe de la gestion, d'aider à la production de l'ensemble de ses vidéos et installations, et de photographier le processus. Elle édite toutes les publications Bill Viola, le choix des matériaux de son vaste archive et la collaboration avec les professionnels des musées et des designers. Elle organise et coordonne des expositions de l'œuvre dans le monde entier.
Ensemble, ils quittent rapidement New York, pour s’installer dans le désert californien, car Bill Viola croit définitivement aux mirages.



LE PUBLIC

Les installations sont conçues comme des espaces invitant les spectateurs à s’immerger pour ressentir les émotions. Il se crée ainsi un rapport du spectateur à la perception du temps, du mouvement et du pictural. 
Bill Viola utilise pour cela des objets (miroirs, moniteurs multiples, rétroprojecteurs, écrans monumentaux, barils,…) ou l’architecture elle-même (corridor: Passage, 1987).
La place du spectateur est prépondérante et son immersion dans ce que Viola appelle lui-même le réalisme des sensations, des émotions, des perceptions, et des expériences semble constituer l'axe central du travail de l'artiste.
Le spectateur pose ainsi un regard introspectif sur lui-même: « qui suis-je? » et les relations à l’inconscient, « où suis-je? » et la place au monde, au cosmos; et enfin « où vais-je? » et la question du voyage.

·          LA MISE EN ABYME
Le paysage qui entoure le spectateur comme le ferait un environnement est également l’extension de son corps sensible, le paysage se présentant comme une intensification du corps.
« Le paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur. »
C’est pour cela que l’espace des images de Bill Viola est toujours conçu comme « interne », qui manque d’ouverture.
Une « fenêtre ouverte » vers l’altérité, conjoint et continu entre le spectateur et l’œuvre. Le lieu de l’œuvre est en réalité le corps sensible du spectateur.
« Le véritable lieu dans lequel l’œuvre existe n’est pas la surface de l’écran ou l’espace clos par les murs de la pièce, mais l’esprit et le cœur de la personne qui l’observe »
Le spectateur du cycle fait l’expérience directe de lui- même et le véritable thème des vidéos qu’il observe est l’émotion. Il se crée ainsi une confusion entre celle du spectateur et l’émotion mise en scène rendant compte de l’instantanéité qui caractérise la réception du public  définie comme réactive.



AUTRES RÉFÉRENCES

Nam June Paik, Electronic Superhighway: Continental U.S., Alaska, Hawaii, 1995.
Vito Acconci, Centers, 1971.
Dan Graham, Present Continuous Past(s), 1974, installation vidéo en circuit fermé: caméra noir et blanc, 1 moniteur noir et blanc, 1 ordinateur, 2 miroirs, 1 microprocesseur.
Marina Abramovic, Ulay, Modus Vivendi – Pieta , 1993.
Céleste Boursier-Mougenot Untitled, 1997.
Ange Leccia, La Mer, 1991.
Pierre HUYGHE, Exodus 1992/97 Super 8 colour film/ video transfer/ silent/ 1'05, et, One Million Kingdoms, 2001.
Peter Fischli et David Weiss, Le cours des choses, 1986-1987.
Cyprien Gaillard Cities of Gold and Mirrors 2009
Dominique Gonzalez-Foerster, Parc Central , 2006                       
Tony Oursler, Le Grand Mal, 1981.
Jeffrey Shaw, The Legible City, 1988-1991 Installation Interactive.
Dan Flavin, Alternating Pink and Gold, 1967, environnement, néons colorés, chacun d'une hauteur de 244 cm, Chicago Museum of Contemporary Art.
La Monte Young / Marian Zazeela : "Dream House 78' 17"" (Shandar, 1973).







VOIR DES VIDÉOS DE BILL VIOLA

Merci pour ce tableau de liens précieux, réalisé par
 FILIGRANNE

- des bandes vidéo aux écrans plasma :  
The Reflecting Pool, 1977-79
Chott El-Djerid, 1979
Reverse Television - Portraits of Viewers, 1983-1984
Deserts, 1994
Walking on the Edge et The Encounter, 2012
The Dreamers, 2013

- sculptures vidéo et installations : 
Heaven and Earth, 1992
The Sleepers, 1992
The Veiling, 1995
The Crossing, 1996
Going Forth By Day, 2002
The Tristan Project (Fire Woman et Tristan's Ascension), 2005

- références aux grands maîtres : 
The Sleep of Reason, 1988
The Greeting, 1995
The Quintet of the Astonished, 2000


POUR EN SAVOIR PLUS SUR L'OEUVRE DE BILL VIOLA - VOIR NOTAMMENT

LIRE ÉGALEMENT LES ARTICLES RECENSÉS PAR
 LE BLOG DU LYCÉE CHARLES PÉGUY DE GORGES (LOIRE-ATLANTIQUE) - MERCI À LUI  :
ARTLINE

VOIR LES ARTICLES CONSACRES À BILL VIOLA ET LES ÉTUDES DÉTAILLÉES DE CERTAINES DE SES ŒUVRES SUR LE BLOG DE GENEVIÈVE BLONS PROFESSEUR D'ARTS PLASTIQUES DU LYCÉE HONORE D'ESTIENNE D'ORVES DE NICE
http://genevieveblons.blogspot.fr/