VOIR LA VIDÉO (2 MN 59, 2014) DE PRÉSENTATION DE L'EXPOSITION
"BILL VIOLA" AU GRAND PALAIS, PARIS, MARS-JUILLET 2014
NOUVEAU : VOIR SUR LE RÉSEAU CANOPÉ, L'ARTICLE DE
Voir ci-dessous, un double article collaboratif (fiche récapitulative ci-dessous et PowerPoint téléchargeable en bas de page) rédigé par Marie Rousseau, professeur d'Arts plastiques du Lycée Jean Guéhenno de Fougères (Bretagne).
BILL VIOLA
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LIEU DE PRÉSENTATION ET/OU D’EXPOSITION
Espace muséal d’expositions.
Chaque exposition est conçue
par l’artiste et sa femme et collaboratrice Kira Perov.
La muséographie change en
fonction de chaque lieu mais tend à faire immerger et submerger le spectateur
dans et par les images. Elles sont nombreuses et
réparties partout dans le monde, la vidéo par essence se dématérialise et n’a
pas de lieu fixe de monstration.
Une même œuvre de Bill Viola
peut être projetée à Paris et à Tokyo simultanément.
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SUPPORT/MATÉRIALITÉ
Formé
à la Syracuse Université de New York et aux Experimental Studios, atelier
mené par Jack Nelson, l’un de ses professeurs, va lui permettre de se saisir
de la vidéo, qui ouvre une période de travail spécifique jusqu’en 1979,
période définie sous le signe de la vidéo structurale. Son mentor
n’est autre que Nam June Paik, qui lui apprend notamment à « attaquer la
télévision » pour mieux changer la vie.
Il
est l’un des rares artistes contemporains à être entrés au Musée des Offices
de Florence.
Il
dit : « Je suis né en même temps que la vidéo ». Cette
naissance/renaissance se traduit par tout d’abord des images mentales qu’il
inscrit ensuite dans ses nombreux carnets et cahiers.
Il
utilise principalement la vidéo Super 8 ou les bandes magnétiques, ses vidéos
dites structurales n’avaient pas de sujet précis, la vidéo étant prise
comme un moyen de communication, un objet de production esthétique.
Son
intérêt pour la musique le conduit à expérimenter et à associer de la vidéo
au son, en se servant de synthétiseurs. Il a découvert les capacités
plastiques du son à Florence dans les églises gothiques pleines de
réverbérations. Dans ses films, le monde se fait inframusique. Les images
digitales interrogent le réel et le monde.
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REPRÉSENTATION/
Les
problématiques fondamentales développées par l’artiste ont pour genèse un
événement de son enfance. A l’âge de six ans, il est tombé d’une barque et a
failli se noyer. Pendant sa perte de connaissance, son sentiment de plénitude
totale et les images d’une beauté extraordinaire qu’il a vues sous l’eau n’ont
cessées d’être déclinées dans son œuvre. Pour lui, l’eau est le lieu du
commencement et de la fin. Il veut traduire des réalités universelles, une
vision du monde.
Bill Viola
puise son inspiration dans les œuvres majeures de l’Histoire de l’Art et les
textes fondateurs. L’image n’est plus représentation mais une présentation,
elle se donne à voir comme vraie, comme une vera ikona, qui « ne concerne pas tant la clarté visuelle ou
le détail – il s’agit plutôt d’une fidélité à l’expérience, à l’existence. La
sensation pleine de ce qui semble vraiment être là remplit totalement ton
corps : ce que l’on perçoit comme si l’on était en train de respirer à ce
moment-là. Ce sont les vraies “images” ».
La
précision dans la définition du contour des corps filmés, produit un effet de
présence sur le spectateur par la
conjugaison de l’apparence d’un objet et son concept.
En liant
le spectateur émotionnellement, Bill Viola le projette directement dans
l’image. La mise en avant de l’expressivité originaire de l’homme, va
produire un effet émotionnel persuasif, affirmatif même, sur le spectateur
La
disposition des écrans donne
l’impression au spectateur de donner plus d’attention à l’effet histoire qu’à
l’histoire elle-même. Cet effet est
créé par la stimulation perceptive exercée sur les individus assistant au
déroulement de la vidéo. Cette simple mise en scène donne à voir des corps
qui ne se réfèrent pas à autre chose qu’à eux-mêmes.
Le
théâtre, art de l’écart et de la différence, est régi par le seuil de la
fiction marqué par le cadre de la scène. Dans la vidéo, un tel seuil est
supprimé. Nous avons le « devenir-image du personnage, le devenir-personnage
de l’image ». Le spectateur est plongé dans le noir, seul, ce qui privilégie
la rencontre sensible avec l’œuvre.
·
L’UTILISATION DU RALENTI :
Bill Viola
fait l’expérience du ralenti lors de la retransmission d’un match de
football. La décomposition des choses, des éléments, des émotions, la
possibilité de regarder une chose impossible à voir dans le monde réel. Sa
matière première est le temps. La lenteur est tellement présente que le
mouvement devient presque absent.
Son art
permet la création de l’oxymore: chuter vers le haut (Going Forth by Day,
« First Light », panneau 5), de jaillir vers le bas (The
Reflecting Pool).
Il se crée
ainsi des infratemps, des temps morts insérés dans des espaces inertes. Le
film dont l’unité d’image est le pixel permet d’entrer dans le tissu
infinitésimal du mouvement. Il est ainsi possible de distendre 45
secondes en 12 minutes.
·
LA MONUMENTALITÉ
Bill Viola
est l’un des premiers à avoir « installé » ses films dans l’espace
d’exposition. Il pense chaque espace: la taille de l’écran, l’inclinaison, le
mode d’accrochage, et de ce fait la place du spectateur. Celui-ci a ainsi
l’impression d’être immergé, voire submergé par les images.
·
« SUREXPOSITIONS
LUMINEUSES »
Les êtres
qu’il montre s’exposent. Cette exposition est intensifiée par le ralenti. La
question du temps est fondamentale dans ses surexpositions. Mais également celle
de la lumière de la vidéo projection qui permet de matérialiser l’image. Il
permet ainsi de transfigurer des gouttes d’eau en suspension qui deviennent
des étoiles gravitant.
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LE SENS
·
MIROIR DU MONDE
En 1976,
Rosalind Krauss affirmait dans Video : The Aesthetics of Narcissism,
que le narcissisme est tellement endémique dans l’art vidéo qu’elle le
considérait comme « la condition du genre dans son ensemble ».
La psyché
humaine est le canal de l’art de la vidéo et le corps en est l’instrument, le
mécanisme narcissique s’oppose au mouvement projectif d’empathie
susmentionné.
Le mythe
ovidien raconte l’histoire d’un jeune homme se penchant sur une étendue d’eau
et découvrant un beau visage masculin qui n’est autre que le reflet de
lui-même, mais cela, Narcisse l’ignore. Bill Viola affirme que « l’une des choses dont il est important
de se rendre compte dans l’histoire de Narcisse est que son problème n’est
pas qu’il a vu son propre reflet mais qu’il n’a pas vu l’eau. »
L’utilisation
du miroir dans « Slowly Turning Narrative », fait apparaître
le reflet du spectateur dans l’œuvre. L’utilisation fréquente des projections
monumentales donnent à voir de réelles fresques, miroirs du monde.
·
SCULPTER LE
TEMPS
Le rapport au
temps est également prépondérant : « la conscience de la temporalité
et celle de la séparation entre sujet et objet sont simultanément submergées.
Le résultat de cette submersion est, pour celui qui fait et celui qui regarde
la plupart de l’art vidéo, une sorte de chute sans poids à travers l’espace
suspendu du narcissisme » R. Krauss, « Video : The aesthetics of
narcissism » Le temps devient le sujet-même de l’oeuvre et se réfléchit
lui-même de manière tautologique. “Bill n’a aucun sens du temps réel”:
Kira Perov
·
IMAGE
ACHEIROPOÏÈTE
L’image n’est
plus représentation mais une présentation, elle se donne à voir comme vraie,
comme une vera ikona, qui :
« ne concerne pas tant la clarté visuelle ou
le détail – il s’agit plutôt d’une fidélité à l’expérience, à l’existence. La
sensation pleine de ce qui semble vraiment être là remplit totalement ton
corps : ce que l’on perçoit comme si l’on était en train de respirer à ce
moment-là. Ce sont les vraies “images” ».
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POÉTIQUE DU
CORPS
Il y a un
réalisme optique qui caractérise à chaque instant les corps presque taillés
dans l’écran, comme s’il s’agissait de portraits naturalistes.
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- VIOLA Bill (né en 1951), Ascension, 2000,
installation vidéo sonore, 10 minutes, performeur : Josh Coxx,
Bill Viola Studio, Long Beach, Etats-Unis, Photo Kira Perov.
MÉCÈNE, COMMANDITAIRE OU DONATEUR
Les commanditaires sont
généralement les commissaires d’expositions conçues partout dans le monde.
Par exemple, pour la dernière
œuvre de Bill Viola : Martyrs, une vidéo destinée à la St
Paul’s Cathedral, qui a été dévoilée le 21 mai 2014 et diffusée
par quatre écrans est la première des deux œuvres disposées
derrière le vaste autel de la cathédrale londonienne. Sa commande avait été
annoncée dès 2009. D’après the Art Newspaper, elle aurait coûté 2M$ à son
commanditaire. Par ailleurs, c’est la première fois que le médium vidéo est
exposé de manière permanente dans une église britannique.
La dernière exposition en France s’est déroulée de
mars à juillet 2014, et est la plus grande consacrée à l’artiste. Celle-ci
n’est pas considérée par le couple comme rétrospective mais introspective.
Les œuvres
importantes :
The Reflecting Pool (1977-79), The Dreamers (2013): films vidéos (Chott El Djerid, A Portrait in Light and Heat, 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000), pièces sonores (Presence,
1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres
intimistes (Nine Attempts to Achieve
Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002).
Tous
les genres de l'œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries
emblématiques, des Buried Secrets du pavillon
américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for a
Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine's Room, 2001)
à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s
Ascension, 2005),
des Transfigurations (Three Women, 2008)
aux Mirages (The Encounter, 2012).
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L’ARTISTE ET SES COLLABORATEURS
Bill VIOLA
Bill Viola est né en janvier
1951 à New-York.
Kira PEROV
Son épouse et collaboratrice
depuis 1978. Elle est le directeur exécutif de Bill Viola Studio. Elle a
travaillé en étroite collaboration avec Bill Viola, son mari et partenaire
depuis 1979, et s’occupe de la gestion, d'aider à la production de l'ensemble
de ses vidéos et installations, et de photographier le processus. Elle édite
toutes les publications Bill Viola, le choix des matériaux de son vaste
archive et la collaboration avec les professionnels des musées et des
designers. Elle organise et coordonne des expositions de l'œuvre dans le
monde entier.
Ensemble, ils quittent
rapidement New York, pour s’installer dans le désert californien, car Bill
Viola croit définitivement aux mirages.
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LE PUBLIC
Les installations sont conçues comme des espaces invitant les
spectateurs à s’immerger pour ressentir les émotions. Il se crée ainsi un
rapport du spectateur à la perception du temps, du mouvement et du
pictural.
Bill Viola utilise pour cela des objets (miroirs, moniteurs multiples,
rétroprojecteurs, écrans monumentaux, barils,…) ou l’architecture elle-même
(corridor: Passage, 1987).
La place du spectateur est prépondérante et son immersion dans ce que
Viola appelle lui-même le réalisme des sensations, des émotions, des
perceptions, et des expériences semble constituer l'axe central du travail de
l'artiste.
Le spectateur pose ainsi un regard introspectif sur lui-même:
« qui suis-je? » et les relations à l’inconscient, « où
suis-je? » et la place au monde, au cosmos; et enfin « où
vais-je? » et la question du voyage.
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LA MISE EN ABYME
Le paysage qui entoure le spectateur comme le ferait un environnement
est également l’extension de son corps sensible, le paysage se présentant
comme une intensification du corps.
« Le
paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur. »
C’est pour cela que l’espace des images de Bill Viola est toujours
conçu comme « interne », qui manque d’ouverture.
Une « fenêtre ouverte » vers l’altérité, conjoint et continu
entre le spectateur et l’œuvre. Le lieu de l’œuvre est en réalité le corps
sensible du spectateur.
« Le
véritable lieu dans lequel l’œuvre existe n’est pas la surface de l’écran ou
l’espace clos par les murs de la pièce, mais l’esprit et le cœur de la
personne qui l’observe »
Le spectateur du cycle fait l’expérience directe de lui- même et le
véritable thème des vidéos qu’il observe est l’émotion. Il se crée ainsi une
confusion entre celle du spectateur et l’émotion mise en scène rendant
compte de l’instantanéité qui caractérise la réception du public définie comme réactive.
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AUTRES
Nam June Paik, Electronic Superhighway: Continental U.S., Alaska, Hawaii, 1995.
Vito Acconci, Centers, 1971.
Dan Graham, Present Continuous
Past(s), 1974, installation vidéo en circuit fermé: caméra noir et blanc,
1 moniteur noir et blanc, 1 ordinateur, 2 miroirs, 1 microprocesseur.
Marina Abramovic, Ulay, Modus Vivendi –
Pieta , 1993.
Céleste Boursier-Mougenot Untitled, 1997.
Ange Leccia, La Mer, 1991.
Pierre HUYGHE, Exodus 1992/97 Super 8 colour film/ video transfer/ silent/ 1'05,
et, One Million Kingdoms, 2001.
Peter Fischli et David Weiss, Le
cours des choses, 1986-1987.
Cyprien Gaillard Cities of Gold and
Mirrors 2009
Dominique Gonzalez-Foerster, Parc Central ,
2006
Tony Oursler, Le Grand Mal,
1981.
Jeffrey Shaw, The Legible City, 1988-1991 Installation Interactive.
Dan Flavin, Alternating Pink and
Gold, 1967, environnement, néons colorés, chacun d'une hauteur de 244 cm,
Chicago Museum of Contemporary Art.
La Monte Young / Marian Zazeela : "Dream House 78' 17""
(Shandar, 1973).
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VOIR DES VIDÉOS DE BILL VIOLA
Merci pour ce tableau de liens précieux, réalisé par
FILIGRANNE
- des bandes vidéo aux écrans plasma :
The Reflecting Pool, 1977-79
Chott El-Djerid, 1979
Reverse Television - Portraits of Viewers, 1983-1984
Deserts, 1994
Walking on the Edge et The Encounter, 2012
The Dreamers, 2013
- sculptures vidéo et installations :
Heaven and Earth, 1992
The Sleepers, 1992
The Veiling, 1995
The Crossing, 1996
Going Forth By Day, 2002
The Tristan Project (Fire Woman et Tristan's Ascension), 2005
- références aux grands maîtres :
The Sleep of Reason, 1988
The Greeting, 1995
The Quintet of the Astonished, 2000
Merci pour ce tableau de liens précieux, réalisé par
FILIGRANNE
- des bandes vidéo aux écrans plasma :
The Reflecting Pool, 1977-79
Chott El-Djerid, 1979
Reverse Television - Portraits of Viewers, 1983-1984
Deserts, 1994
Walking on the Edge et The Encounter, 2012
The Dreamers, 2013
- sculptures vidéo et installations :
Heaven and Earth, 1992
The Sleepers, 1992
The Veiling, 1995
The Crossing, 1996
Going Forth By Day, 2002
The Tristan Project (Fire Woman et Tristan's Ascension), 2005
- références aux grands maîtres :
The Sleep of Reason, 1988
The Greeting, 1995
The Quintet of the Astonished, 2000
POUR EN SAVOIR PLUS SUR L'OEUVRE DE BILL VIOLA - VOIR NOTAMMENT
imagesrevues.revues.org/pdf/497 et http://www.oudeis.fr/wp-content/uploads/2008/10/bill_viola_fermer_les_yeux_gbv.pdf
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http://genevieveblons.blogspot.fr/