mercredi 9 juillet 2014

223-ART CONTEMPORAIN : LA VOIE DU RÉEL -PREMIÈRE PARTIE


- PICASSO Pablo (1881-1973), Nature morte à la chaise cannée, printemps 1912,
 toile cirée et huile sur toile entourée de corde,  29x37 cm, Paris, musée national Picasso.



Parmi les voies empruntées par l'art depuis le début du XX° siècle, il en est une qui est basée sur l'idée que tout peut faire oeuvre : le réel et le quotidien, l'objet et la matière, la science et la technologie, le mouvement et le son, la lumière et l'odeur, le lieu et l'espace, la chose et l'animal, le corps et le geste, l'artiste et le spectateur. 
Voici quelques-unes des œuvres-clés des artistes pionniers des années 1910 (Europe) puis des années 1950-70 (Japon, Etats-Unis, Europe).



1-LES MATÉRIAUX PAUVRES ET LES OBJETS : collages et assemblages, 
dès 1912

Dès les années 1910, la peinture et la sculpture qui explorent parallèlement les voies figurative et abstraite, intègrent des éléments considérés jusqu'alors comme non-artistiques car non traditionnels, non nobles, non pérennes et non réalisés par l'artiste.

Ce sont Picasso et Braque qui ouvrent la voie, en 1912 (phase du Cubisme synthétique) en réinventant la technique du collage. Sur leurs toiles figuratives (natures mortes surtout), ils mêlent des éléments peints à l'huile, dessinés, écrits (manuscrits, typographiés) mais également collés. Leurs collages (2D) sont essentiellement constitués de morceaux de papier (papiers de couleur, papier journal imprimé avec sa typographie, papier peint ou adhésif imprimé de motifs ou d’effets de matière), d’échantillons de matières et de petits objets plats (cartes, boutons…). Des morceaux de réalité quotidienne sont ainsi mélangés à des éléments représentés et apportent des jeux de textures et de plans superposés réaffirmant notamment l'espace plan de la toile.
Dans la sculpture, Picasso va adopter une démarche semblable, influencée par les arts primitifs, et ajouter aux techniques traditionnelles celles de la construction et de l'assemblage (3D), en utilisant, notamment pour ses Guitares, des matériaux pauvres et industriels (carton, bois, tôle découpée, ficelle...).


- PICASSO Pablo (1881-1973), Guitare, décembre 1912,construction : carton découpé, papier collé, toile, ficelle, huile et traits de crayon33 x 17 x 7 cm, Paris, Musée National Picasso.
- PICASSO Pablo (1881-1973), Guitares, 1912,
photo noir et blanc (tirage gélatino-argentique, 8,6x11,5 cm) de son atelier,
 prise en décembre 1912, collection privée.


Le collage se répand rapidement chez les autres artistes cubistes (comme Juan Gris) puis touche les artistes du monde entier (figuratifs et abstraits), futuristes italiens (comme Carlo Carra), suprématistes russes (comme Kasimir Malevich), dadaïstes européens (comme Hans Arp, Marcel Duchamp ou Kurt Schwitters) et américains (comme Arthur Dove), constructivistes russes (comme Vladimir Tatline ou Naum Gabo). 


    
- GRIS Juan, 1887-1927, Le Lavabo, 1912,
 huile sur toile, papier et miroir collés, 51x35 cm, Paris, Coll. Vicomtesse de Noailles.

- CARRA Carlo, 1881-1966, Manifestation interventionniste, 1914, collage de 38,5x30 cm.

- MALEVICH Kazimir, R. 1878-1935, Réserviste 1eèe Division, 1914,
 huile sur toile avec collage de papiers imprimés, timbres et thermomètre, 53,7x44,8 cm, New-York, MOMA.



Les artistes constructivistes (comme Alexander Rodtchenko) et dadaïstes (Hannah Hoch, Raoul Hausmann, John Heartfield, Max Ernst...) vont particulièrement affectionner le photomontage, collage essentiellement réalisé à partir d'images photographiques (photos, images d'ouvrages et de catalogues...).

      
- HÖCH Hannah, 1889-1978, Da Dandy, 1919,
 photomontage, 30x23 cm, Collection particulière.

- HAUSMANN Raoul, 1886-1971, ABCD, 1923-1924, 
encre, reproductions de photos et imprimés collés sur papier, 40,4x28,2 cm, Paris, MNAM. 

- ERNST Max (1891-1976), Le Rossignol chinois, 1920,
photomontage, 12,2x8,8 cm.


Marcel Duchamp, lui, va décréter que tout élément choisi, intitulé, détourné ou exposé (présenté et décontextualisé) par l'artiste est une oeuvre d'art. 
Son premier assemblage, Roue de bicyclette, 1913, réunit deux objets (tabouret, roue) qui évoquent le rapport traditionnel de l'oeuvre sculptée et de son piédestal mais qui sont deux éléments qu'il n'a pas réalisés, deux éléments qui intègrent la transparence et le mouvement réel en sculpture, avec une roue qui s'offre à la manipulation du spectateur et apporte un aspect hypnotique.
Ses "ready-made" (objets tout faits), comme sa Fontaine, 1917 (urinoir), au-delà de l'aspect provocateur, expose un objet industriel renversé, réintitulé et signé.
La fascination pour les sciences et la technologie pousseront ensuite l'artiste à réaliser des machines en mouvement qui réaffirmeront son intérêt pour le cercle et les effets hypnotiques.


    
- DUCHAMP Marcel (1887-1968), Roue de bicyclette, 1913,
 assemblage de tabouret en bois peint et de roue métallique,
 126,5x31, 5x63, 5 cm, Paris, MNAM.

-  MUTT Richard (Marcel DUCHAMP-1887-1968), Fontaine (ou Urinoir), 1917,
porcelaine signée et datée, hauteur: 33,5 cm
 (photographie d'Albert Stieglitz pour la revue "The Blind Man").
L'original a été perdu et des répliques de faïence blanche recouverte de glaçure céramique
 et de peinture de 63x48x35 cm ont été réalisées sous la direction de l'artiste par la Galerie Schwarz, Milan, en 1964.


L'assemblage et la construction sont également adoptés comme techniques de sculpture, notamment chez les constructivistes et les dadaïstes, devenant exceptionnellement des installations, c'est-à-dire prenant en compte l'espace environnant (sol, mur, plafond).


    
- TATLINE Vladimir (1885-1953), Contre-relief d'angle, 1915,
fer, zinc et aluminium, 78,7x152,4x76 cm, oeuvre disparue.

- ARP Hans (1886-1966), La mise au tombeau des oiseaux et papillons, Portrait de Tristan Tzara,  1916-17,
 bois peint, 40x32, 5x9, 5 cm.

- HAUSMANN Raoul (1886-1971), Mechanischer Kopf (L'Esprit de notre temps, Tête mécanique), 1919,
marotte de coiffeur en bois et divers objets fixés dessus : gobelet téléscopique, un étui en cuir, tuyau de pipe, carton blanc portant le chiffre 22, un morceau de mètre de couturière, un double décimètre, rouage de montre, un rouleau de caractère d'imprimerie
32,5 x 21 x 20 cm, Paris, MNAM.


Kurt Schwitters, dans son art Merz, va utiliser des objets et matériaux de récupération, voire des déchets ou des débris des bombardements de la Première Guerre Mondiale (des billets d'autobus, des lambeaux d'affiches ou de journaux, des chiffons, des boutons, des morceaux de tissus, des cigares, des bouchons...) pour réaliser des collages, des tableaux-reliefs (mélangeant peinture et sculpture).


  
- SCHWITTERS Kurt (1887-1948), Construction for nobles ladies, 1919,
 carton, bois, métal, peinture, 102,87x83,82 cm, Los Angeles County Museum of Art.


- SCHWITTERS Kurt (1887-1948),  MZ 299, 1921, collage sur papier, 20x16 cm, Scotland, Dean Gallery.


- MAN RAY (RUDZITSKY Emmanuel, 1980-1965), L’Énigme d'Isidore Ducasse le Rébus ou encore Objet inconnu enveloppé dans une étoffe, 1920,
oeuvre perdue, machine à coudre, laine et ficelle,
oeuvre inspirée par la phrase de l'écrivain Lautréamont, dont le vrai nom est Isidore Ducasse (1846-1870), 
extraite des Chants de Maldoror : "Beau comme la rencontre accidentelle, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie".
 La machine à coudre a été enveloppée dans une couverture de l'armée tenue par des cordes.

- MAN RAY (1890-1976), Le cadeau, 1921,
 fer à repasser et 14 clous, 
17,8x9,4x12,6 cm, London, Tate Collection.




2-LE MOUVEMENT RÉEL, LE SON ET LA LUMIERE ARTIFICIELLE : dès 1913 mais surtout à partir des années 1920

Les études chronophotographiques et scientifiques du mouvement animal et humain (Muybridge et Marey, dès 1872) et l'invention du cinéma (Frères Lumière, dès 1895) influencent les artistes du début du XX° siècle. L'art entre également en écho avec le développement des machines industrielles (fabrication à la chaîne), de l'électricité (dès les années 1880) et des moyens de transport (automobile dès les années 1890, avion dès les années 1900).Le mouvement en peinture et en sculpture est traité de façon nouvelle par les futuristes (comme Umberto Boccioni) et les cubo-futuristes (comme Marcel Duchamp).  Dès 1913, La Roue de bicyclette de Marcel Duchamp permet à l'artiste ou au spectateur la mise en mouvement d'une partie de l'oeuvre.
La guerre de 1914-1918 accélère la rupture avec un art bourgeois et traditionnel, tant au niveau des formes que des matériaux et des techniques. De la représentation du monde et du mouvement, les sculpteurs passent à la présentation du monde et à l'intégration du mouvement réel dans les œuvres. Dans les années 1920-1930 en effet, l'intégration de mécanismes, de moteurs (à explosion et électriques) et parfois de sources lumineuses multiplient les effets visuels et sonores (bruits du moteur, du mécanisme, du frottement des matériaux, de l'air brassé, des vibrations, voire de la musique et des paroles) dans les oeuvres des constructivistes (Naum Gabo, Moholy-Nagy), des dadaïstes (Marcel Duchamp) et des artistes cinétiques (Alexander Calder).


   - GABO Naum (1890-1977), Kinetic Construction (Standing Wave) n° 1, 1919-1920,
 (réplique de 1985), première sculpture cinétique, métal, bois peint et mécanisme électrique
 (l'oeuvre est constituée d'une tige d'acier à laquelle un moteur imprime un mouvement d'oscillation), 61,6x24,1x19 cm, Londres, Tate Gallery.


- DUCHAMP Marcel (1887-1968), Rotative plaques verre, 1920,
série de cinq plaques de verre constituant un seul dessin circulaire
fait de lignes blanches et noires, moteur, support métallique,
New Haven, Yale University Art Gallery.



 - ROD(T)CHENKO Alexander (1891-1956), Construction ovale suspendue n°12, 1919
contreplaqué et fil de fer, 83,5 x 58,5 x 43,3 cm
The George Costakis Collection.

 - TATLINE Vladimir (1885-1953), Monument à la III° Internationale, 1919-1920,maquette du projet non réalisé de tour habitée de 400m de haut, prévue en fer, verre et acier
 pour Saint-Pétersbourg, constituée d'une double hélice en spirale avec en son centre
 trois structures géométriques en rotation, le cube (rotation sur un an),
le cône (sur un mois), le cylindre (rotation en un jour).

- BARANOFF-ROSSINÉ Vladimir (1888-1944), Piano optophonique, 1920-23 (reconstitution de 1971,  Paris, MNAM) et disque de verre original. 
Depuis la fin du XVII° siècle, des recherches étaient menées pour transcrire les compositions musicales en compositions colorées ; ces recherches se développent au début du XX° siècle avec "les orgues à couleur" des années 1920, notamment celles de l'artiste dadaïste Raoul Hausmann.
L'équipement d'origine de Baranoff-Rossiné comportait un dispositif mécanique composé de disques de verre dessinés et peints par l'artiste (pouvant être actionnés manuellement et reliés aux touches du clavier), de prismes, de lentilles, d'une source lumineuse et d'un écran de projection. L'artiste cubo-futuriste donne des concerts colorés qui annoncent la transformation de la musique en art visuel et créent 
"une peinture vivante dans le temps et non pas sourde-muette".



- MOHOLY-NAGY Làszlo (1895-1946), Modulateur Espace-lumière, 1922-1929.C'est une sculpture mouvante, placée sur une base circulaire, dans laquelle trois cellules spatiales distinctes sont créées pour favoriser le mouvement. Dans la première, des pièces rectangulaires métalliques se meuvent de façon irrégulière et ondulatoire. Dans la seconde, des disques métalliques perforés accomplissent un mouvement vertical vers le haut et vers le bas libérant une petite boule noire qui traverse et retraverse cet espace. Dans la troisième cellule, une spirale en verre tourne et produit un volume conique virtuel. La construction, mue par un moteur est équipée d’environ cent trente ampoules électriques de différentes couleurs qui sont reliées et contrôlées par une bobine créant un spectacle lumineux complexe.  Le mouvement des lumières et des ombres projetées sur les murs et sur le plafond et les reflets variés de lumières sur chaque élément métallique de la construction démontrent ce passage du matériel à l’immatériel des jeux de lumières projetées et réfléchies.L'oeuvre devient le sujet d'une série photographique et d'un film de l'artiste en 1930.
VOIR LE FILM (2 MN) DE 1930 DE MOHOLY-NAGY



VOIR LA VIDÉO DU CIRQUE DE CALDER DE 1927 ( 5 MN-FILM DE JEAN PAINLEVÉ-1955)  
  CALDER Alexander (1898-1976), Le Grand Cirque, 1926-1931,performance de l'artiste animant les figurines en fil de fer et en bois articulé
d'un cirque miniature, sur fond de musique et d'effets sonores.
Matières diverses : fil de fer, bois, métal, tissu, fibre, papier, carton, cuir,
ficelle, tubes de caoutchouc, bouchons, boutons, sequins, boulons et clous, capsules
de bouteille, 137,2 x 239,4 x 239,4 cm, New York, Whitney Museum of American Art.
Premier chef-d'oeuvre de Calder, le Cirque est également une expérience centrale dans
son oeuvre : il s'inscrit dans la continuité de ses dessins réalisés à New York à partir de
l'observation du mouvement des animaux et annonce, avec sa mise en mouvement
d'objets à trois dimensions, les futurs mobiles. Les exercices d'équilibrisme et d'acrobatie de ses personnages sont des défis aux lois de la pesanteur et témoignent d'une pensée plastique fondée sur la
tension entre équilibre et déséquilibre.


- CALDER Alexander (1898-1976), Sans titre, 1931, fil, bois, moteur.Structure en fil de fer et formes géométriques noires mises en mouvement par un mécanisme intégré et entraîné par un petit moteur. C'est cette oeuvre qui a été désignée de "mobile", terme inventé par Marcel Duchamp.
- CALDER Alexander (1898-1976), Poissons d'acier, 1934,
 tôle, fil de fer, plomb, peinture, New-York, Calder Foundation.
Les mobiles sans moteur sont régis par des principes de physique très simples de mise en tension. Ils s'animent au toucher ou par les courants d'air. L'oeuvre réalise une mise en tension permanente et c'est de cette mise en tension que résulte aussi la capacité de mouvement de l'objet, sa nervosité qui est proche des mouvements de certains objets naturels. Ses couleurs inaugurent la palette emblématique de l'artiste : le rouge, le noir, le blanc, qui sont aussi les couleurs fondamentales des constructivistes russes.




3-L'ESPACE ET LE LIEU : installations et environnements, dès 1914 mais surtout à partir des années 1960 



Inspiré par les sculptures de Picasso, Vladimir Tatline réalise dès 1914 des Contre-reliefs d'angle, sculptures abstraites construites avec des matériaux pauvres (carton, bois, métal, clos, ficelle) et positionnés en oblique dans l'angle d'une pièce, donnant un fort dynamisme à l'oeuvre et intégrant l'espace. 
Marcel Duchamp crée en 1918 une Sculpture de voyage, transportable et modulable, faite de lambeaux de bonnets de bain, qu'il installe comme une toile d'araignée et adapte aux dimensions et configuration des lieux, en fonction des chambres d'hôtel qu'il occupe. C'est la photo qui garde trace d'une installation par nature éphémère.

El Lissitzky, avec son Espace Proun de 1923, fait basculer les formes abstraites de la peinture dans un espace tridimensionnel. Le spectateur déambule dans un environnement abstrait (déplacement, multiplication des points de
vue, durée) : "A chaque mouvement du spectateur dans l'espace, l'effet des murs se transforme. De la
marche humaine naît ainsi une dynamique optique. Ce jeu rend le spectateur actif", El Lissitzky.

Laszlo Moholy Nagy, avec son Modulateur-Espace-Lumière, 1922-1929, crée une machine constituée de trois parties transparentes (métal et verre) mises en mouvement grâce à un moteur (son) et éclairées par 130 ampoules électriques colorées qui illuminent l'espace de la pièce et projettent des ombres portées sur les murs, sol et plafond, créant un environnement qui englobe le spectateur.Kurt Schwitters utilise tout élément (matériau, objet) à sa disposition (y compris les éléments corporels) pour créer avec son Merzbau, 1923-1933, une sculpture évolutive, modifiant l'architecture, envahissant peu à peu toute la maison et s'affirmant comme un environnement. 
Alexander Calder joue, avec Petite et grande sphère, 1932-1933, sur une installation au sol et une suspension au plafond faites de matériaux pauvres et d'objets ; une mise en rotation de la suspension grâce à la participation ludique du spectateur entraîne chocs, sons musicaux et renversement d'une partie des éléments de l'oeuvre.
Les artistes surréalistes, comme Marcel Duchamp ou Salvador Dali, développent pour les expositions internationales des installations et des environnements qui utilisent tous objets et matériaux, y compris des choses (végétaux, eau), des odeurs, des lumières ou des animaux vivants, et demandent une participation active du spectateur.

   - TATLINE Vladimir (1885-1953), Contre-relief d'angle, 1915,fer, zinc et aluminium, 78,7x152,4x76 cm, oeuvre disparue.

- Marcel DUCHAMP (1887-1968), Sculpture de voyage, New-York, 1918,
 installation en caoutchouc coloré aux dimensions variables ; oeuvre disparue.
"C'étaient des morceaux de bonnets de bain, en caoutchouc, que je découpais, que je collais ensemble, qui n'avaient aucune forme spéciale. Au bout de chaque morceau, il y avait une ficelle qu'on attachait aux quatre coins de la pièce ; on pouvait varier la longueur des ficelles, la forme était ad libitum, c'était ça qui m'intéressait. Ce jeu a duré trois ou quatre ans, mais le caoutchouc s'est vulcanisé et il a disparu". 


- MAN RAY (RUDZITSKY Emmanuel, 1980-1965), Obstruction, 1920,
 63 cintres en bois accrochés de façon à former une progression arithmétique qui, placée à hauteur d’homme, empêche le passage.



- EL LISSITZKY (Lazar Markovitch Lisitskii dit, 1890-1941), Espace Proun (Prounenraum), 1923/1965,  Grosse Berliner Kunstausstellung (Grande Exposition d’Art de Berlin) de mai à octobre 1923,
reconstitution de l'Espace Proun de 1923 (pièce avec sol, murs et plafond peints), en 1965,
 bois, 300x300x260 cm, Eindhoven (Pays-Bas), Stedelijk-Van-Abbemuseum.


 - MOHOLY-NAGY Làszlo (1895-1946), Modulateur Espace-lumière, 1922-1929.C'est une sculpture mouvante, placée sur une base circulaire, dans laquelle trois cellules spatiales distinctes sont créées pour favoriser le mouvement. Dans la première, des pièces rectangulaires métalliques se meuvent de façon irrégulière et ondulatoire. Dans la seconde, des disques métalliques perforés accomplissent un mouvement vertical vers le haut et vers le bas libérant une petite boule noire qui traverse et retraverse cet espace. Dans la troisième cellule, une spirale en verre tourne et produit un volume conique virtuel. La construction, mue par un moteur est équipée d’environ cent trente ampoules électriques de différentes couleurs qui sont reliées et contrôlées par une bobine créant un spectacle lumineux complexe.  Le mouvement des lumières et des ombres projetées sur les murs et sur le plafond et les reflets variés de lumières sur chaque élément métallique de la construction démontrent ce passage du matériel à l’immatériel des jeux de lumières projetées et réfléchies.
- SCHWITTERS Kurt (1887-1948), Merzbau, 1923-1933, maison de l'artiste à Hanovre, photo de 1932,sculpture évolutive, inachevée et disparue, occupant progressivement 3 étages et 8 espaces de la maison,construite avec des matériaux pauvres et de récupération placés dans des niches consacrées à des artistes,des amis, à l'amour... bois et plâtre peints en blanc, papiers, métaux en forme d'éléments géométriques,objets trouvés ou donnés, notamment des fragments de miroirs et de poupées, une cravate, un dentier, deslettres, une mèche de cheveux, un flacon d'urine...).

  
- Alexander CALDER (1898-1976), Small Sphere and Heavy Sphere (Petite sphère et grande sphère)1932-1933,
fer, bois, cordes, tiges et objets divers, H. 317,5 cm (dimensions variables), New York, Calder Foundation.
Cette installation occupe sol (terre) et plafond (ciel) et utilise des matériaux pauvres et des objets ; une mise en mouvement (rotation) des sphères par le spectateur entraîne des chocs sonores et musicaux sur les objets et leur renversement.


 - DUCHAMP Marcel (1887-1968), 1200 sacs de charbon suspendus au plafond au-dessus d'un poêle, détail, 1938,
Exposition Internationale du Surréalisme, Paris, janvier-février 1938.
L'artiste conçoit le hall principal pour ressembler à une grotte souterraine avec 1200 sacs de charbon
suspendus au plafond. Une seule ampoule fournissant l’éclairage, une lampe de poche est donnée à
chaque visiteur pour contempler les œuvres à l'intérieur. Le tapis est rempli de feuilles mortes, de
fougères et d'herbes, et l’arôme de torréfaction du café remplit l'air. 
Des hauts-parleurs diffusent le bruit de bottes de soldats et des rires hystériques de malades mentaux.

- DALI Salvador (1904-1989 ), Taxi pluvieux, 1938, ensemble,
installation (détruite), cour d'entrée de l'Exposition Internationale du Surréalisme 1938, Paris, Galerie des Beaux-Arts,
voiture noire, mannequins, endives, salades (laitue et chicorée), escargots de Bourgogne vivants, système d'arrosage
(une femme en robe du soir est conduite à l'Opéra en taxi par un conducteur au chapeau-requin ; elle est assise parmi les salades et les escargots).
 Une réplique de cette oeuvre est conservée au Théâtre-Musée Dali de Figueras.




- DALI Salvador (1904-1989 ), Dream of Venus, pavillon de l'Exposition Universelle, New York, 1939,
baraque foraine surréaliste avec des tableaux vivants, décors, accessoires et femmes dénudées.