vendredi 23 août 2013

150-MARCEL DUCHAMP (1887-1968) - Quatrième Partie-1938-1968





DUCHAMP Marcel (1887-1968), Photomontage,  extrait de la notice de montage,
 permettant une vue complète  de l'oeuvre Etant donnés, 1964-66, dans l'atelier de l'artiste.


1938-1968

Dans cette période, Marcel Duchamp se consacre beaucoup à l'écriture. Il devient également commissaire d'expositions qui sont consacrées aux surréalistes (avec André Breton), aux dadaïstes et aux membres de sa famille. Pour les Expositions Internationales du Surréalisme (1938, 1942, 1964), il réalise des scénographies où il fait intervenir le son, l'odeur, la pénombre (déstabilisation, peur, réseau de fils inextricables) et des éléments inhabituels dans la sculpture (sable, eau, poules..).
Dans les années 1960, il devient un artiste reconnu, notamment grâce à la réédition de ses œuvres (disparues ou détruites). De nombreuses expositions et rétrospectives lui sont alors consacrées.
Il travaille pendant 20 ans (1946-1966) à une grande oeuvre nommée, Etant donnés : 1/La chute d'eau, 2/Le gaz d'éclairage, une installation à connotation érotique qu'il ne souhaite voir révélée qu'après sa mort, et produit des oeuvres érotiques en relation.



 DUCHAMP Marcel (1887-1968), Ciel de roussettes (1200 sacs de charbon suspendus au plafond au-dessus d'un poêle), détail, 1938,
Exposition Internationale du Surréalisme, Paris, janvier-février 1938.
L'artiste conçoit le hall principal d'exposition pour ressembler à une grotte souterraine avec 1200 sacs de charbon
suspendus au plafond (en remplacement de parapluies prévus au départ). Une seule ampoule fournissant l’éclairage, une lampe de poche est donnée à
chaque visiteur pour contempler les oeuvres à l'intérieur. Le tapis est rempli de feuilles mortes, de
fougères et d'herbes, et l’arôme de torréfaction du café remplit l'air. Des hauts-parleurs diffusent des bruits de bottes de soldats et des rires hystériques de malades mentaux. 


DUCHAMP Marcel (1887-1968), Mannequin de la Rue aux Lèvres, détail, 1938,
photographie de Man Ray, Exposition Internationale du Surréalisme, Paris, janvier-février 1938.
Marcel Duchamp a eu l'idée de cette scénographie de 16 mannequins de vitrine alignés, investis par les artistes, dont le sien, peu insolite. Le mannequin féminin a le buste vêtu d'une chemise, d'une cravate et du veston et chapeau de Marcel Duchamp. Les jambes sont nues et près du pubis, l'oeuvre est signée Rrose Sélavy.

EN SAVOIR PLUS SUR CETTE EXPOSITION INTERNATIONALE DU SURRÉALISME


DUCHAMP Marcel (1887-1968), Le Fil (Sixteen Mile of String), 1942, 
installation dès le vernissage de l'Exposition First Papers of Surrealism, New-York, octobre-novembre 1942.
La ficelle en tension crée un parcours dans l'exposition et un voile et un réseau devant les peintures exposées, obligeant à regarder à travers.
Cependant, l'installation a surtout lieu au plafond, l'espace étant libre au-delà du premier plan.


DUCHAMP Marcel (1887-1968), Mannequin de vitrine, avril 1945, 
à la boutique new-yorkaise Gotham Book Mart, pour la sortie du livre d'André Breton, Arcane 17, photographie de Arturo Schwarz.
Le mannequin féminin, sans tête, en petite tenue, un robinet vissé sur la jambe droite (double identité sexuelle), fît scandale. Il évoque les souvenirs des jeux de massacre de la foire Saint-Romain de Rouen, les collages de Max Ernst (La Femme 100 Têtes, 1930), les mannequins de l'exposition surréaliste de 1938 et préfigure le mannequin de  Etant Donnés..., 1946-1966.

DUCHAMP Marcel (1887-1968), Vitrine du magasin Bamberger de Newark (près de New York), 1960, 
photographie de Jennifer Gough-Cooper,Philadelphie Museum of Art.


Marcel DUCHAMP (1887-1968), Etant donnés : 1) la chute d'eau 2) le gaz d'éclairage
1946-1966,
installation qui, par les œilletons aménagés dans une vieille porte de grange enserrée dans un mur, laisse entrevoir
 au-travers d'un trou dans un second mur de brique, une femme nue couchée sur un lit de brindilles dans une pose impudique,
 le visage invisible, tenant dans la main gauche levée un bec de gaz allumé, sur fond de paysage champêtre en diorama,
technique mixte, 242,6x177,8x124,5 cm, Philadelphie, The Philadelphia Museum of Art.


Marcel DUCHAMP (1887-1968), Etant donnés : 1) la chute d'eau 2) le gaz d'éclairage (détail), 
1946-1966.


VOIR UNE VIDÉO (2 MN) MONTRANT LES  ŒUVRES DE MARCEL DUCHAMP
 CONSERVÉES AU MUSÉE DE PHILADELPHIE DONT ÉTANT DONNÉS...
http://www.dailymotion.com/video/xezz3e_marcel-duchamp-etant-donnes-art-mus_creation


Diagramme, la section transversale de la construction du stéréoscope.


DÜRER Albrecht (1471-1528), Perspectographe ou Fenêtre à dessiner en perspective,1525,
machine inventée et dessinée par Dürer, gravure publiée dans un traité sur les mathématiques.



Marcel DUCHAMP (1887-1968), Paysage fautif, 1946,
liquide séminal sur satin noir tendu sur un cadre en bois, 21x17 cm,
Toyama (Japon), Museum of Modern Art.
Oeuvre faite avec son sperme et secrètement cachée dans une édition de la Boîte en valise
réservée et offerte à une femme aimée : la sculptrice brésilienne Maria Martins.



Marcel DUCHAMP (1887-1968), Prière de toucher, 1947,
sein en caoutchouc mousse (latex), collé sur velours noir sur carton,
41,8x34,7x7,1 cm.



Marcel DUCHAMP (1887-1968), Feuille de vigne femelle, 1950,
 plâtre galvanisé, 8,5x13x11,5 cm, Londres, Tate Gallery.
Deux épreuves d'artiste et dix exemplaires peints par Man Ray.

Marcel DUCHAMP (1887-1968), Objet-dard, 1951,
plâtre galvanisé avec incrustation d'un filet de plomb,
7,8x19,7x9 cm.
Des répliques en bronze ont été réalisées en 1962.



Marcel DUCHAMP (1887-1968),  With my Tongue in my Cheek, 1959,
expression anglaise équivalente à "se mordre la langue pour ne pas rire",
plâtre, crayon sur papier, monté sur bois, 25x15x5,1 cm, Paris, MNAM,
autoportrait de profil et moulage en plâtre de la joue avec des points de crayon pour indiquer les poils de barbe,
dessin et relief (évocation du mythe de Dibutade).

Marcel DUCHAMP (1887-1968),  Sculpture morte, 1959,
fruits et légumes en massepain (préparation culinaire), insectes, papier monté sur bois, dans une boîte en verre, 33,8x22,5x9,9 cm, Paris,MNAM,
un autoportrait arcimboldesque dans une boîte-reliquaire.

Marcel DUCHAMP (1887-1968),  Torture morte, 1959,
mouches artificielles collées sur plâtre peint (moulage du pied de l'artiste), 
boîte en bois et verre, 29,5x13,4x10,3 cm, Paris, MNAM.

Marcel DUCHAMP (1887-1968),  Rasée L.H.O.O.Q., 1965,
carte à jouer en couleur sur invitation imprimée, 21x13,8 cm, New York, MoMA.
Dernière des différentes versions de l'oeuvre réalisée pour un carton d'invitation (multiple),
cette version renvoie à toutes les autres et notamment à la première version iconoclaste de 1919 mettant en question, dans un jeu freudien, l'identité sexuelle de la Joconde, et à travers elle celle de Léonard de Vinci et celle de l'artiste lui-même (Rrose Sélavy). Cette version "rasée" efface en quelque sorte les ajouts dessinés de moustache et de bouc de 1919 et, par rebond fait voir l'original de La Joconde, comme une version "sans barbe".



Marcel DUCHAMP  (1887-1968), Morceaux choisis d'après Courbet, 1968,
dans la dernière année de sa vie, l'artiste réalise des dessins et gravures d'après des œuvres de Courbet et d'Ingres ;
 ici, ce sont des dessins d'après le tableau de Courbet, La Femme aux bas blancs, c.1864.



"C'est le regardeur qui fait le tableau".

L'ensemble de la production de Marcel Duchamp aura été marquée par :
-la mise en question de l'art (l'objet réel, la fenêtre), la perspective, la stéréoscopie,
-son intérêt pour le mouvement (représenté et réel), le cercle et sa rotation, la machine,
-ses fantasmes sexuels (scènes érotiques dissimulées, titres anagrammes, machines symboliques, nudité, moulages ambigus...),
-ses fausses identités (Richard Mutt, Rrose Selavy),
-l’auto-référenciation, le multiple, la collection, la boîte, la valise, la réplique, la miniature
-son intérêt au texte, au titre (souvent inscrit dans les oeuvres), aux notes.



-Epitaphe sur la tombe de Marcel Duchamp.



Marcel Duchamp, "l'anartiste", comme il aimait à se définir, et "l'homme le plus intelligent du siècle", selon André Breton, meurt en 1968 (sur sa tombe au cimetière de Rouen est gravée l'épitaphe suivante : "D'ailleurs, c'est toujours les autres qui meurent"). De nombreux mouvements l'ont reconnu comme précurseur, que ce soit dans la première moitié du XX° siècle (dadaïstes, surréalistes) ou la seconde moitié du siècle, aussi bien dans les années 1950 (néo-dadaïstes) que 1960 (pop artistes, op artistes, membres de Fluxus, artistes conceptuels, tenants de l'Anti-Art).


POUR EN SAVOIR PLUS-VOIR LE DOSSIER DU CENTRE G.POMPIDOU