VOIR LA VIDÉO (8 MN 59) SOUS-TITRÉE EN FRANÇAIS, CLAES OLDENBURG, LES ANNÉES 60, THE STREET, THE STORE,THE MOUSE MUSEUM, THE RAY GUN MUSEUM, NEW YORK MoMA, 2013.
- TOSANI Patrick (né en 1954), Le Plongeur, détail, 1982,
tirage couleur c-print.
VOIR LA VIDÉO (12 MN 31) DE GUILLAUME ZANIER, "PATRICK TOSANI, PHOTOGRAPHE EXPÉRIMENTATEUR", "MARS AUX MUSÉES", EXPOSITION, "IMAGES CONSTRUITES", 12 FÉVRIER- 29 MAI 2016, NICE, THÉÂTRE DE LA PHOTOGRAPHIE ET DE L'IMAGE CHARLES NÈGRE.
RICCARDO AURILI (1864-1943) - SUITE ET FIN J'ai accompli, pendant ces vacances de Pâques, un voyage en Toscane afin d'y vérifier la présence d’œuvres de Riccardo Aurili : le Monument à Luigi Fiaschi du Cimetière des Porte Sante de Florence, les sculptures funéraires du Cimitero Monumentale d'Arezzo, et enfin le Monument aux Morts du village de Pieve Santo Stefano. LE MONUMENTÀ LUIGI FIASCHI (FLORENCE) Le Cimetière des Porte Sante est attenant à la basilique San Miniato Al Monte qui domine la ville de Florence. Le Monument à Luigi Fiaschi fait partie d'un carré de tombes situé à l'extrémité orientale du cimetière, sur la terrasse de la galerie de chapelles. On le découvre de dos (2, 50 m de hauteur).
Il est constitué d'une stèle de pierre qui porte le buste du coureur cycliste mort à 25 ans. Sur le devant, la pierre est recouverte d'une plaque de bronze sculptée en bas-relief sur laquelle une figure féminine (Douleur) suspend une couronne de fleurs (symbole d'Amour et de Vie) à une Croix latine de sa taille. La Croix, gravée en son centre du mot PAX est dominée par une lampe à huile logée dans une niche, symbole de l'âme et du souvenir vivants (cf. photo en-tête de l'article), et son montant vertical est entouré d'un lierre grimpant, symbole d'éternité.
La figure féminine, de profil, est vêtue d'une longue robe qui se révèle être à l'antique, du fait de l'agrafe qui attache le tissu sur l'épaule. La femme semble être en prière, les yeux tournés vers le buste et le ciel, évoquant ainsi la figure traditionnelle de Marie-Madeleine auprès de la Croix. Le journal relatant l'inauguration du Monument, parle cependant de Pietà,faisant référence à la Vierge Marie, Vierge de Douleur.
Au bas de la stèle, la plaque de bronze se prolonge sur la droite par une sorte de parchemin dont le texte est dédié à Luigi Fiaschi, et précise ses dates de naissance et de mort : 11 octobre 1888/14 février 1914.
Le buste à la française, au-dessus de fleurs de pavot (symbole de Mort et de Résurrection), révèle le port altier et le beau visage de Luigi Fiaschi qui a eu une fin dramatique, poignardé par un homme ivre, à la suite d'une dispute.
Le Monument a été réalisé par Riccardo Aurili entre février 1914, date du décès, et novembre 1914, date de son inauguration (Voir l'article de l'inauguration publié dans La Stampa Sportiva). Nous le savons, Riccardo Aurili était passionné de cyclisme et, accompagné d'un ami français, il avait lui-même, à 30 ans, relié Florence à Paris à vélo, en août 1895 (1277, 5 km en 6 jours, 14 heures et 15 minutes). Il avait de plus réalisé et exposé au Salon de 1893, un buste de M. Corre, champion vélocipédiste. Riccardo Aurili connaissait et admirait probablement Luigi Fiaschi ; de plus, Luigi appartenait peut-être à la famille du sculpteur florentin Emilio Fiaschi (1858-1941) qui vivait à Volterra, la ville où s'était justement réfugié Riccardo Aurili en 1914 (dès août ?), fuyant l'invasion de la Belgique. Le Monument a peut-être été réalisé entre août et novembre 1914, dans un atelier florentin, celui d'Emilio Fiaschi (?) ou bien celui de l'Académie des Beaux-Arts de Florence où Riccardo avait été élève. Riccardo a signé le buste et la plaque sur la droite, et les a fait fondre à Florence, Via del Giudice.
LE CIMETIÈRE MONUMENTAL D'AREZZO Mon périple toscan s'est continué par la ville d'Arezzo, située à 80 kms au sud-est de Florence. Ma venue dans cette ville était motivée par un article de La Stampa de Turin du 29 septembre 2008 où un expert d'art affirmait : "Riccardo Aurili est un auteur sur lequel nous avons peu de renseignements biographiques. Il créa des bustes et des œuvres, exposa au Salon de Paris et à Florence. Ses œuvres se trouvent dans le cimetière d'Arezzo" (La Stampa - Torino).
Le Cimetière monumental d'Arezzo possède peu d’œuvres sculptées et très peu réalisées dans la période de référence. Grâce aux personnels, j'ai pu visiter l'ensemble du cimetière, des tombes, aux catacombes, en passant par le Chemin de vie conservant les sculptures des tombes disparues. Le géomètre et les archivistes ont de même vérifié s'il existait des traces du sculpteur. Il semble malheureusement n'y avoir aucune oeuvre de Riccardo Aurili dans le cimetière monumental, comme dans les autres cimetières de la ville. LE MONUMENT AUX MORTS DE PIEVE SANTO STEFANO Ma dernière visite a eu lieu dans le village de Pieve Santo Stefano, situé à 50 kms au nord-est d'Arezzo, afin de vérifier l'attribution du Monument aux Morts de la Première Guerre Mondiale à Riccardo Aurili, comme expliqué sur le site de la commune : "Nel 1925 viene collocato in Piazza S. Stefano il "Monumento ai Caduti", opera dello scultore Aurili di Firenze" (Storia del Comune di Pieve Santo Stefano).
Déception, là encore, car le monument est clairement signé de l'Atelier d'Antonio Frilli et l'attribution à Aurili vient d'une mauvaise lecture de la signature en hauteur. J'ai d'ailleurs noté, sur Internet, la même confusion entre les deux noms des sculpteurs, à propos d'autres œuvres.
L'attribution du Monument à Riccardo Aurili était d'autant plus crédible que le village était toscan et que Riccardo a réalisé ensuite un Monument aux soldats italiens de la Première Guerre Mondiale, en 1932, au Consulat d'Italie de Nice. Rappelons, de plus, que Riccardo a perdu son seul fils, Aurelio, lors de cette Guerre, en mars 1916. CONCLUSION Ma recherche sur ce sculpteur s'achève. Je dois désormais reconnaître qu'en dehors du Monument Luigi Fiaschi de Florence, il ne semble pas y avoir d'autres monuments de Riccardo Aurili en Italie. Les œuvres italiennes qui passent régulièrement en vente sur Internet sont des bustes ou statuettes crées par Riccardo dans sa période parisienne et, davantage encore, dans sa période bruxelloise. Il est probable cependant que Riccardo Aurili ait exposé certaines de ses œuvres à Florence, voire créé quelques bustes de personnalités italiennes. En dehors de l'année 1914-15 où il a vécu à Volterra, nous savons qu'il est régulièrement retourné en Toscane, notamment les étés, dans sa famille. Je vais donc corriger la biographie du sculpteur, à laquelle je renvoie dans l'article ci-dessous.
Est-ce pendant l'un de ces séjours en Italie ou lors de son année à Volterra que Riccardo a sculpté Femme nue se séchant, assise sur une jardinière ? Cette oeuvre qui est l'une de ses plus belles créations porte les signatures et inscriptions suivantes,"Prof. R.Aurili - Eseguita sotta la direzione del Prof. R.Romanelli". Si Rafaello Romanelli a été "professeur" dès les années 1880 (au plus tard en 1889), Riccardo Aurili n'a porté ce titre qu'à partir des années 1904/1905. Rafaello est décédé en 1928, ce qui situe obligatoirement cette oeuvre au XX° siècle et réduit la période d’exécution possible entre 1904 et 1928.
- AURILI Riccardo (1864-1943) et ROMANELLI Raffaëllo (1856-1928), Baigneuse ou Femme nue se séchant, assise sur une jardinière, vers 1904-1928,
- VASARI Giorgio (1511-1574), Autoportrait, vers 1566-1568,
huile sur toile, 101x80 cm, Florence, Musée des Offices, photo Wikipédia.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes,
couverture, édition de 1568, photo Wikipédia.
Cet article, suite à ma visite du 13 avril 2016 à la Casa Vasari, a été rédigé d’après la traduction des textes de l’historien d’Art, Michele Loffredo. Les photos sont, sauf mention contraire, personnelles et libres de droits.
Le message global des peintures murales peut être mis en relation avec celui de Véronèse à la Villa de Maser, en rapprochant notamment le décor de la Sala del Trionfo della Virtù d'Arezzo (1548) avec celui de la Sala dell'Olimpo de Maser (c.1561).
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Autoportrait, 1568,
fresque du mur nord de la Sala del Camino.
L'artiste s'est représenté en train de lire (ou relire les Vite) dans la maison
dont il reproduit avec exactitude le modèle de fenêtre accosté de bancs de pierre.
LA CASA VASARI Peintre et architecte maniériste, Giorgio Vasari (1511-1574) s’est rendu célèbre comme artiste pour avoir notamment exécuté à Florence les décors muraux du Palazzo Vecchio et avoir édifié les Uffizi, et comme historien d’art pour avoir écrit et publié, Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens (première édition de 1550 et seconde édition complétée de 1568).
L’une des maisons de Giorgio Vasari (1511-1574) est située dans sa ville natale d’Arezzo (Toscane, à 80 kms au sud-est de Florence). Achetée et aménagée par l’artiste en 1541, elle est ensuite richement ornée de peintures de sa main entre 1542 et 1568. Cette Casa Vasari s’affirme comme l’une des plus hautes expressions de l’esprit italien du XVI° siècle.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Putto, 1568,
caisson peint dans l'angle du plafond de la Sala del Camino.
LA SALA DEL CAMINO OU SALA DEL TRIONFO DELLA VIRTÙ
VOIR MA VIDÉO (3 MN 05) DE LA SALA DEL TRIONFO DELLA VIRTÙ, 2016
LES MURS - La salle la plus richement ornée de fresques sur les murs et de panneaux peints à l’huile et tempera sur les panneaux du plafond, est la Sala del Camino (salon de réception avec cheminée), peinte entre août et décembre 1548.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, 1568,
fresque du mur sud de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, 1568,
fresque du mur nord de la Sala del Camino.
La salle, d'environ 45 m2, est de forme rectangulaire avec deux petits murs latéraux (sud et nord) dont l'un porte la grande cheminée de pierre (sud), et deux grands murs (est et ouest) dont celui de façade (est) est percé de deux fenêtres.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, 1568,
fresque du mur ouest de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, 1568,
fresque du mur est de la Sala del Camino.
Le bas des murs est orné de fausses tables de bronze patiné rouge entourés de cadres de pierre et accostées de cariatides dorées, qui évoquent la vies d'illustres peintres de l'Antiquité, comme Apelle, Protogène ou Zeuxis.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Cariatide, détail, 1568,
fresque du mur ouest de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Vie du peintre Protogène, 1568,
fresque du mur ouest de la Sala del Camino.
Le bandeau supérieur est pour sa part orné, au centre chacun des murs, de statues en marbre debout, se détachant sur un drapé coloré. Trois, dont Abondance à l'est et Charité à l'ouest, sont peintes, mais au-dessus de la grande cheminée de pierre, c'est une véritable statue de Vénus (attribuée à Ammannati, 1511-1592) qui fait face à la représentation peinte de la Diane d'Éphèse.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, La Charité, 1568,
fresque du mur ouest de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Diane d’Éphèse, 1568,
fresque du mur nord de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Cheminée, 1568,
sommet du mur sud de la Sala del Camino.
la statue de Vénus repose sur l'architrave de la cheminée gravée d'inscriptions latines
(Ignem Gladio Ne Fodieo /Homo Vapor Est) et au-devant d'un tableau d'une ville en feu.
Ignem Gladio Ne Fodieo ("Je ne remue pas le feu avec une épée") est une citation pythagoricienne qui peut renvoyer à la prudence et à l'humilité (Ne pas exciter la colère et l'indignation des puissants).
Homo Vapor Est ("L'homme est vapeur") est une citation biblique (Psaumes 39 (38), v. 6-7 et 144 (143), v. 4) rappelant la vanité de la vie humaine.
Ces représentations blanches alternent avec huit fausses statues assises ou allongées de bronze doré, représentant des Vertus et autres figures allégoriques (Sagesse, Prudence, Justice, Honneur, Abondance, Travail...), en alternance avec des tableaux imaginaires de paysages urbains antiques. Sur le mur oriental, deux bustes dorés représentent des philosophes antiques. L'ensemble, est complété par un décor peint de moulures, de vases, de guirlandes et de masques.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Abondance et Sagesse, 1568,
fresque de l'angle des murs sud et ouest de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Abondance, Buste de philosophe, Vase, 1568,
fresque de l'angle des murs nord et est de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, tableau de ville antique, 1568,
fresque du mur ouest de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, vase, 1568,
fresque du mur est de la Sala del Camino.
LE PLAFOND - Le plafond de bois est pour sa part orné de dix-sept caissons à fond peint dont un grand panneau central de forme octogonale, entouré de quatre panneaux des Quatre Âges/Quatre Saisons (occupant les écoinçons)...
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, La Jeunesse/Le Printemps, et LaVieillesse/L'Hiver,
1568, caisson peint d'un écoinçon du plafond de la Sala del Camino.
puis de huit panneaux (longeant les murs) des Dieux planétaires antiques accompagnés chacun de leur symbole zodiacal, et enfin de quatreputti d'angle tenant des armoiries.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Mars/Bélier,
1568, caisson peint du plafond de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Diane/Cancer, 1568,
caisson peint du plafond de la Sala del Camino.
La scène centrale offre la clé symbolique de l’ensemble, avec le Triomphe de la Vertu sur la Fortune et l’Envie. L’artiste a cependant disposé les trois figures de manière à ce que le spectateur, selon sa position dans la pièce, perçoive tour à tour la domination de chacune des trois allégories.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Le Triomphe de la Vertu sur la Fortune et l'Envie, 1568,
caisson octogonal et central du plafond de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Le Triomphe de la Vertu sur la Fortune et l'Envie, détail de la Vertu, 1568,
caisson octogonal et central du plafond de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Le Triomphe de la Vertu sur la Fortune et l'Envie, détail de la Fortune, 1568,
caisson octogonal et central du plafond de la Sala del Camino.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, Le Triomphe de la Vertu sur la Fortune et l'Envie, détail de l'Envie, 1568,
caisson octogonal et central du plafond de la Sala del Camino.
LE MESSAGE - La salle dans son ensemble relate la vie humaine (Quatre Âges/Quatre Saisons), déterminée par les astres (Divinités cosmiques), aspirant aux Vertus, faisant face aux événements négatifs et luttant contre les Vices (Triomphe de la Vertu). Le tout est mis en relation avec la grandeur de l’Art (peintures, vies de peintres tirées de Pline l’Ancien, statue de Vénus, bustes peints de philosophes), inspiré de la Nature (Diane d'Éphèse, Paysages en ruines, Ville en feu, inscriptions de la cheminée), qui lutte contre les ravages du Temps.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, 1568,
Sala del Camino, masque du mur ouest.
Enfin, il faut citer, deux peintures en trompe-l’œil montrant dans les angles du mur faisant face à la cheminée, deux enfilades de portes et de pièces, avec pour l’une un autoportrait de l’artiste en train de lire.
- VASARI Giorgio (1511-1574), Casa Vasari d'Arezzo, fausses portes, 1568,
angles nord-ouest et nord-est de la Sala del Camino.
Il est à noter que les autres salles sont consacrées aux Arts (Salle de la Renommée, avec les Arts et les artistes de son temps, Salle d’Apollon et les Muses), et à la Descendance (Chambre nuptiale, avec la figure patriarcale d’Abraham entourée des Vertus), avec des figures notamment tirées de la mythologie antique et de la religion Chrétienne.