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dimanche 30 décembre 2012

139-LE MOUVEMENT EN SCULPTURE-4 (Seconde moitié du XX° siècle-2)




A partir des années 1960 (dès les années 50 à New-York et dès 1955 au Japon, avec le groupe Gutaï), le corps devient un médium (performance, happening, évènement, action) répandu en sculpture (Joseph Beuys - Fluxus, Richard Long - Land Art, Actionnisme viennois, Rebecca Horn - Body Art, Giuseppe Penone - Arte Povera, Yves Klein - Nouveau Réalisme...). Le corps de l'artiste devient sculpture vivante mais dans les happenings, le spectateur peut être amené à participer également. Ces actions éphémères ou répétitives sont conservées par des traces photos ou vidéos parfois accompagnées de croquis, de relevés et de notes. 

La sculpture intègre les notions de corps humain en mouvement et de parcours. Avec le Land Art, l'artiste s'intéresse à l'espace du lieu (oeuvre in situ) souvent naturel (loin des parcours balisés des musées et de la notion d'oeuvre-objet) et le découvre intimement par la marche avant d'intervenir dans le paysage tout à la fois support et/ou matériau. Certaines oeuvres créent parallèlement un parcours (Bruce Nauman) parfois à une échelle monumentale (Christo et Jeanne-Claude, Robert Smithson, Richard Serra) à destination du spectateur, multipliant pour lui les points de vue et les expériences sensorielles. Ce dernier fait alors partie intégrante de l'oeuvre et finalise une oeuvre qui n'existe pas sans lui.


YVES KLEIN


KLEIN Yves (1928-1962), Anthropométries, performance en public du 9 mars 1960, Paris, Galerie Maurice d'Arquian.
Sous la direction de l'artiste, deux femmes utilisées comme des pinceaux-vivants, s'enduisent le corps de peinture bleue puis s'appliquent sur des supports au sol et au mur, imprimant leur empreinte (sans les bras). Pendant ce temps, neuf musiciens jouent la "Symphonie monotone", formée d'un son continu suivi d'un énorme silence.

KLEIN Yves (1928-1926), Anthropométrie de l'époque bleue, 1960,
 pigment pur et résine synthétique sur papier monté sur toile, 155x281 cm, Paris, MNAM.


RICHARD LONG

LONG Richard (né en 1945), A line made by walking, England, 1967.
(Lors d'une marche de plusieurs heures dans le paysage, l'artiste imprime la trace de son corps en foulant l'herbe selon une ligne droite puis garde souvenir de sa performance par la photo).


GIUSEPPE PENONE


PENONE Giuseppe (né en 1947), Il poursuivra sa croissance sauf en ce point, Alpes Maritimes, 1968 et photo de 1978.
(Après avoir exercé une pression sur l'arbre avec sa main, l'artiste lui substitue un moulage traditionnel en bronze qui continue à exercer la pression au point choisi et modifie avec le temps le mouvement invisible lié à la croissance de l'arbre).


REBECCA HORN

HORN Rebecca (née en 1944), Unicorne, 1970-72 et Gants de doigts, 1972 (performances conservées par la trace photo et vidéo).
(L'artiste travaille avec son propre corps - malade - avec des prothèses qu'elle fabrique en bois, cuir, tissu et métal. Ces prothèses sont tout à la fois des extensions et des entraves qui permettent, par le déplacement et le geste, de nouvelles explorations sensorielles du corps et de l'espace. Dans Unicorne, une jeune fille "prête à marier" se promène nue dans la nature, portant uniquement une corne blanche sur le front et les bandages qui la maintiennent. Dans Gants de doigts, elle frotte les doigts interminables le long des murs de la galerie ou ramasse un objet). 


GILBERT AND GEORGE

GILBERT (né en 1943) et GEORGE (né en 1942), Singing Sculpture, Bruxelles, 1969 (performance conservée par la trace photo et vidéo).
(Les deux artistes, en costume, sont montés sur une table, le visage recouvert de peinture métallique dorée. Ils imitent, parfois pendant plusieurs heures, les mouvements syncopés des automates en mimant une chanson des années 1930, Underneath the Arches, diffusée par un magnétophone et son haut-parleur, placés sous la table).

Voir une vidéo (4 MN) :


JOSEPH BEUYS

BEUYS Joseph (1921-1986), I like America and America likes me, New-York, mai 1974.
(L'artiste, recouvert de feutre, avec chapeau, canne, triangle et lampe torche, coexiste pendant trois jours avec un coyote symbolique de l'Amérique et de ses Indiens).

VOIR UNE VIDÉO (3 MN)



POUR EN SAVOIR PLUS SUR L'ART DE LA PERFORMANCE :
TÉLÉCHARGER LE DOSSIER DU CENTRE G.POMPIDOU : QU'EST-CE QUE LA PERFORMANCE ?



BRUCE NAUMAN

NAUMAN Bruce (né en 1941), Going around the corner piece, 1970, installation vidéo en circuit fermé avec 4 caméras et 4 moniteurs en noir et blanc et muets, 1 cube blanc de 284x654x654 cm.
(Le spectateur circule autour du cube blanc aux angles duquel sont placés les caméras qui le filment et les moniteurs qui lui restituent son image en léger différé. déstabilisant ses points de repères. Le spectateur poursuit son image (et l'image de l'espace qu'il parcourt), sans pouvoir l'atteindre.


ROBERT SMITHSON

SMITHSON Robert (1938-1973), Spiral JettyGreat Salt Lake, 1970.Utah.
 (Réalisation d'une jetée en forme de spirale de 500 m de long et de 5 m de large,
 nécessitant le déplacement de 6 800 tonnes de terre et de roche.




WALTER DE MARIA

DE MARIA Walter (né en 1935), The Lightning field, 1969-1977, plateau désert du Nouveau-Mexique.
Cette installation pérenne qui se visite (séjours de 24h pour faire l'expérience du site) est constituée de 400 mâts d'acier alignés sur un même plan (leur hauteur varie, en fonction des ondulations du terrain, de 4 à 8 m), dans un rectangle de 1 km sur 1 mile et crée un vaste piège à foudre (dans une région sujette aux orages, avec des éclairs qui restent rares malgré tout). L'oeuvre intègre des éléments industriels alignés avec le caractère aléatoire des effets (lumière, temps atmosphérique, déroulement temporel) et des forces (son du tonnerre, lumière des éclairs) naturels. Des photographies mais aussi des vidéos conservent la trace du spectacle.



CHRISTO ET JEANNE-CLAUDE

CHRISTO (né en 1935) et JEANNE-CLAUDE (1935-2009), Running Fence, Sonoma and Marin Counties, California, 1972-76, photographie de 1976.
(Running Fence est installée le 10 septembre 1976 et démontée 14 jours plus tard, sans laisser aucune trace visible. Elle consiste en une clôture de près de 40 km de long, s'étendant d'est en ouest à travers les collines  dans le nord de la Californie, entre autoroute et mer. La clôture, formant un immense ruban mesurant 5 m de haut, est composée de 2 050 panneaux de nylon blanc, accrochés sur des câbles d'acier au moyen de 350 000 crochets. Ces câbles sont eux-mêmes supportés par 2 050 poteaux d'acier enfoncés dans le sol et stabilisés par des haubans ancrés dans la terreLa clôture débute près de la U.S. Route 101 et traverse 14 routes et les propriétés de 59 ranchs afin d'atteindre l'océan Pacifique  près de la baie de Bodega. Elle serait inspirée en partie par les clôtures démarquant le Continental Divide au Colorado).

Voir une vidéo (4 mn 30) :


RICHARD SERRA


SERRA Richard (né en 1939), Clara-Clara, 1983, Paris, Jardin des Tuileries. 
Deux plaques rouillées et monumentales d'acier corten, chacune en forme d'arc-de-cercle en écho aux murs du jardin, de 36 m de long et 3,40 m de haut. Photo noir et blanc de 1983 ; photo couleur aérienne, prise lors de la réinstallation temporaire de 2008 par Yann Arthus-Bertrand. 
(Légèrement inclinées, jouant de leur stabilité réelle et de leur instabilité visuelle, de leur poids écrasant, les murailles dominent le passant, l'intimident. Puissantes, protectrices et menaçantes, elles interrogent les notions d'équilibre, de gravité, d'espace et de perspective. Alors que dans la sculpture classique le spectateur tourne autour de l'oeuvre et peut l'appréhender entièrement, ici il se promène au milieu de l'oeuvre, à l'intérieur et à l'extérieur, et n'en a pas une vue d'ensemble sinon en trouvant un poste d'observation en hauteur. "Le spectateur devient conscient de lui-même. En bougeant la sculpture change. La contraction et l'expansion de la  sculpture résulte du mouvement. Pas à pas, la perception non seulement de la  sculpture mais de l'environnement tout entier change"disait Richard Serra à propos d'une autre de ses oeuvres).


PETER FISCHLI & DAVID WEISS

FISCHLI Peter (né en 1952) & WEISS David (1946-2012), Der Lauf der Dinge (The Way Things Go, Le Cours des Choses), 1987, film 16 mm de 30 minutes (voir un extrait ci-dessus de 3 minutes),
artistes suisses ayant collaboré depuis 1979
(Installations cinétiques montrant un univers d'objets avec des réactions en chaîne provoquées par des interactions physiques et chimiques).
Dans un entrepôt, une construction fragile a été mise en place avec divers objets sur 40 mètres de long. La mise en mouvement des éléments entraîne une réaction en chaîne. Le feu, l'eau, la gravité et la chimie déterminent le cours des objets et celui des évènements. Le résultat est un récit sur la cause et l'effet, les mécanismes et l'art, la précision et l'improbabilité.